• Les Arvernes : un exemple de monarchie populaire vs régime oligarchique/ploutocratique

    "La royauté arverne dépendait du prestige personnel gagné à la guerre et entretenu au quotidien par la redistribution des richesses à la collectivité, selon des cercles de sociabilité politique et économique de plus en plus larges, au cours de cérémonies publiques, démonstratives soigneusement organisées dans des lieux précis du territoire. Les textes antiques nous montrent aussi à cette occasion l'importance des bardes : leur talent est là pour relayer le pouvoir du roi, l'affirmer, le pérenniser. (...)

    En 125 av. J.-C., la colonie grecque de Massalia entre en conflit avec ses voisins celtes Salyens. Par le jeu des alliances et de l'infiltration de plus en plus poussée du système diplomatique romain à l'ouest de la Méditerranée, le conflit s'étend bientôt et implique les Romains et les Éduens, alliés des Massaliotes. De leur côté, les Arvernes et les Allobroges forment une coalition aux côtés des Salyens.

    Les Arvernes : un exemple de monarchie populaire vs régime oligarchique/ploutocratique

    La "confédération" arverne en 125 av. J.-C.

    Les Arvernes commandés par le roi Bituitos surgissent en août 121 devant l'armée de Quintus Fabius Maximus au confluent de l'Isère et du Rhône. À marche forcée, Cnaeus Domitius Ahenobarbus réussit à faire la jonction avec l'armée de son collègue et rejoint le théâtre de la bataille, menant l'assaut victorieux des Romains. La défaite est cinglante pour la coalition des Arvernes de Bituitos, qui est fait prisonnier. Cet échec signe la fin de l'influence arverne sur les peuples de la Gaule centrale et sud-centrale, du fait de l'affaiblissement de sa puissance militaire d'une part et du fait de la capture de son chef.

    Malgré cette défaite, les Arvernes restent un peuple important. Privés de leur hégémonie, ils n'en demeurent pas moins des acteurs centraux du monde celtique continental, devant désormais compter avec la formation de la province de Gaule transalpine au sud. L'exil de Bituitos et de son fils après la défaite de -121 a par ailleurs des conséquences politiques importantes au cœur du monde politique arverne. Comme pour bien d'autres peuples celtes à cette époque, la royauté cède la place à un gouvernement collectif aristocratique : au Ier siècle av. J.-C., les Arvernes étaient dirigés par une assemblée de magistrats et le magistrat suprême s'appelait peut-être le vergobret comme pour d'autres peuples gaulois.

    Ce système de compétition pour les postes à responsabilité semble correspondre aux phénomènes de révolutions oligarchiques que l'on connaissait pour le monde grec et romain de l'époque archaïque, menant à des systèmes juridiques et politiques variés (comme la République à Rome par exemple). Il est possible que cette montée en puissance de l'aristocratie ait été associée à une concentration relative de la propriété foncière au profit des plus riches, considérant que leur mode de domination économique constitue le cœur de leur légitimité à participer à la politique de la communauté. Le grand nombre de noms de magistrats monétaires sur les monnaies arvernes du Ier siècle et la mobilité du peuplement laissent penser que le pouvoir politique est à la fois instable et très disputé. Toujours est-il que ce régime aristocratique ne fait pas l'unanimité, et les partisans d'une royauté populaire sont sans doute encore nombreux. Les tensions politiques sont très fortes. Celtillos, père de Vercingétorix, se trouvant en position de puissance, aurait, selon César, aspiré à la royauté : ses compagnons le mirent alors à mort pour prévenir tout retour à la monarchie traditionnelle. (...)

    Les Arvernes : un exemple de monarchie populaire vs régime oligarchique/ploutocratique

     Aire d'influence arverne à l'époque de Vercingétorix 

    Lors de la dernière partie de la guerre des Gaules, Vercingétorix, noble arverne, revendique à nouveau la royauté pour lui. Il se heurte à son tour aux autres aristocrates et notamment à son oncle Gobannitio. Prenant la fuite, il s'appuie sur le peuple des campagnes pour s'imposer et prendre le titre de roi. Ce changement politique obtenu, il demande à toutes les tribus gauloises de lui envoyer des otages nobles, puis il prend la tête de la coalition gauloise contre César."

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Arvernes#Montée_en_puissance_romaine_et_perte_d'indépendance_:_un_siècle_mouvementé

    Ce n'est pas pour faire d'Éric Cantona une grande référence philosophique, pour sympathique que soit le bonhomme, mais oui, en effet, "être français, c'est être révolutionnaire"... Il n'y a pas d'autre manière possible de se concevoir tel, au sens d'aboutissement du roman national que l'on nous sert à l'appui, lorsque l'on voit ainsi rigoureusement étudiée la réalité historique qui se cache derrière ses différents épisodes ; une fois dissipé l'enrobage idéologique dont une certaine élite l'a entouré.

    Toute autre compréhension est forcément, conformément encore à la pensée de notre philosophe, "être un con" (qui sont hélas légion, sans quoi notre pays n'aurait pas les dirigeants qu'il a actuellement et qu'il mérite ; qu'il n'estime même plus, en réalité, mais faisant mentir Rivarol, s'insurge encore contre ceux qui ont cessé de leur obéir).

    Cet exemple arverne nous montre bien, en tout cas, cette opposition fondamentale de toute société post-égalitarisme néolithique : la ROYAUTÉ POPULAIRE, c'est à dire le Prince-chevalier "incarnant" la volonté du peuple dans le Sens hégelien de l'Histoire, et garantissant sa soif de justice en plus de prospérité et sécurité (les sociétés humaines ont pour besoin premier ces deux dernières, mais finissent toujours par exiger aussi la première, car si elles peuvent accepter une certaine inégalité de richesse par le mérite et l'effort, elles abominent l'usurpation et l'accaparement malhonnête) ; celle qu'ont incarnée, dans l'histoire récente, non pas les fins de race sur papier glacé faire-valoir de la Finance, mais les grands leaders révolutionnaires à la Fidel et Che, Sankara ou Hugo Chavez ; et que le plus grand tort peut-être de Robespierre fut de ne pas assumer, laissant ce soin au beaucoup plus "optimate" Napoléon... vs la "République", concept né 5 siècles avant notre ère sur les bords du Tibre et qui hors cas exceptionnels comme celle des Sans-Culottes, ou des cantons suisses d'autrefois, ne signifie jamais que le pouvoir du petit nombre qui s'accapare les richesses, sur le grand nombre qui les produit ; plus ou moins assumément par imposition de leur seule volonté faite loi (sans principes supérieurs intangibles, en général), ou en invoquant à l'appui de celle-ci les suffrages des 50 et quelques % les plus imbéciles de la société ("l'opinion", ce concept qui, disait Platon, n'est plus l'ignorance totale mais encore fort éloigné de la connaissance et d'une quelconque sagesse).

    Vercingétorix aura donc été, non seulement un résistant patriotique à un envahisseur qui de son propre aveu exterminera un million de Gaulois et en réduira le même nombre en esclavage (car César était, lui aussi, un leader "du peuple" à Rome, mais il ne pouvait pour sa part d'ores et déjà plus assumer ce rôle que sur le dos d'autres peuples) ; mais également un de ces princes-chevaliers révolutionnaires au niveau de son propre peuple. Il faut dire que les Arvernes, de par leur situation géographique, étaient bien placés pour assurer potentiellement ce "Sens" hégélien de l'Histoire qu'était d'unifier ces terres celtes comprises (pour le moins) entre Alpes, Atlantique, Rhin et Garonne et que leur conquérant romain, celui qui s'en chargera par défaut, appellera Gaule ; ce qui explique aisément leur vaste aire d'hégémonie acquise à la veille de la pénétration romaine en Provence en -121.

    Les Éduens, quant à eux, idéalement placés "au fond" du couloir rhodanien, avaient développé depuis plusieurs siècles avec les Grecs de Marseille, puis avec les Romains de juteux échanges commerciaux qui en avaient fait l'archétype du régime oligarchique des plus riches, sous la conduite des vergobrets.

    Le génie militaire de Vercingétorix, seul homme rappelons-le à avoir alors infligé des revers à Rome depuis Hannibal un siècle et demi plus tôt, les poussera néanmoins finalement à un opportun ralliement, qui sera toutefois de courte durée puisque la terrible défaite d'Alésia suivra de peu – et la vengeance romaine sera alors terrible, leur oppidum-capitale Bibracte, sur le Mont Beuvray, étant rasé et remplacé par Augustodunum-Autun, ce grand centre de formation d'"énarques"-vautours de l'époque (déjà cette grande spécialité de notre beau pays !), qui concentrera comme on l'a vu, trois siècles plus tard, la colère des Bagaudes.


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