• "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    AUX SOURCES D'UNE LÉGENDE

    Platon (ou plutôt, pour être exact, Solon, dont il fait la source du récit qu'il aurait lui-même reçu d'un prêtre égyptien) a emprunté le nom d'un Titan mythologique, Atlas, en modifiant substantiellement sa généalogie (devenant fils de Poséidon et d'une autochtone de la grande "île", Cleito), pour en faire le fondateur de son "Atlantide" :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Atlantide#Sources

    https://fr.wikisource.org/wiki/Timée_(trad._Chambry)

    https://fr.m.wikisource.org/wiki/Critias_(trad._Chambry)

    Dans le mythe original, Atlas, fils de Japet (!! nom qui évoque incontestablement Japhet, le "père" des populations européennes selon la Bible) et petit-fils de Cronos qui régnait alors sur le monde à ses origines ("Âge d'Or"), fut pétrifié par Zeus "à la bordure occidentale du monde connu" d'alors, devenant le massif montagneux marocain de ce nom aujourd'hui – mais cela pouvait peut-être également inclure les hauts massifs ibériques en face, tels que la Sierra Nevada (notion de "Colonnes d'Atlas", avant d'être rebaptisées "d'Hercule") ; et condamné sous cette forme à "porter la voûte céleste sur ses épaules".

    Et surtout, il avait un frère : le célèbre Prométhée... qui lui, est mythologiquement associé au Caucase, où Zeus le fit enchaîner pour qu'un aigle lui dévore chaque jour le foie.

    ALLÉGORIE (conjointement à d'autres indices comme l'appellation identique, pour les Grecs, d'Ibérie pour la péninsule aujourd'hui de ce nom... et une région du Caucase, partie de l'actuelle Géorgie) de ce GIGANTESQUE mouvement de population aujourd'hui attesté par l'archéo-génétique batisseurs-du-site-stonehenge-angleterre-etaient-originaires-turquie-recente-etude-1656940.html, et "prométhéen" certes pas par la maîtrise du feu (antérieure de dizaines de milliers d'années), mais de l'agriculture et de techniques avancées pour l'époque, qui à partir de -6500 voire -7000 avant notre ère (voire -7700, date à laquelle le mystérieux site anatolien récemment découvert de Göbekli Tepe https://youtu.be/HK5ODzlNFDY, aux constructions monumentales évoquant tant le mégalithisme que nous allons voir ci-après, est subitement abandonné et enterré...) conduira des milliers d'agriculteurs-éleveurs de la région anatolo-caucasienne jusqu'à l'Europe occidentale, suivant globalement deux "voies" : une "voie sud" méditerranéenne, possiblement maritime (cabotage, "sauts de puce" d'île en île), correspondant peu ou prou à la diffusion de la poterie dite cardiale et une autre plus au nord, terrestre, par les Balkans, le Danube et les Alpes, à la céramique "rubanée" ; les deux se "rejoignant" au niveau de l'Armorique et globalement de l'ouest de l'Hexagone, avant de passer dans l'archipel britannique.

    https://www.wikiwand.com/fr/Groupes_du_Néolithique_en_France

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Europe_néolithique#Génétique_du_Néolithique

    Mouvement attesté également par les similitudes, étudiées par le soviétique Nicolas Marr et plus tard Federico Krutwig et Josef Henriet, entre la langue basque (euskara) et celles dites "kartvéliennes" du Caucase actuel (à lire pour le nombre de parallèles saisissants, en dépit du ton volontairement et insupportablement dubitatif-zététicien de l'auteur) ; derniers vestiges "aux deux extrémités" d'une commune langue européenne néolithique ("arpetar") "submergée" depuis par les langues indo-européennes – similitudes PARTIELLES certes*, car les langues du foyer originel anatolo-caucasien ont connu leur évolution propre par la suite (7 millénaires !), disparaissant pour certaines (hatti, hourrite), tandis qu'à l'extrémité occidentale elles se sont "posées" sur le substrat préhistorique "des cavernes" avant de subir l'influence des apports ultérieurs celtes et latins (sur les origines génétiques des Basques : https://www.gasconha.com /spip.php?article2958 – ceux-ci seraient bel et bien, avec les Sardes ce qui a son importance pour la suite, les plus gros porteurs actuels de patrimoine génétique de ce peuplement de fermiers néolithiques ; mais marqués cependant par un beaucoup plus fort métissage avec les populations préhistoriques antérieures "Cros-Magnon", alors que la Sardaigne était quant à elle inhabitée lors de leur arrivée ; patrimoine relié, bien entendu, à celui des populations anatoliennes et du sud du Caucase...).

    Peuple basque dont la mythologie fondatrice (pour naviguer encore, comme nous le ferons tout au long de cet article, entre archéologie, mythologie, génétique et linguistique) fait remonter les origines à un certain Tubal, fils, là encore, de Japhet.

    Caucase, où se trouvent aujourd'hui les plus fortes concentrations d'un autre marqueur fameux de cette migration néolithique d'origine anatolienne : l'haplogroupe du chromosome Y (transmission masculine) G2a ; dont la région d'origine il y a plus de 10 000 ans correspond totalement à celle de l'émergence de l'agriculture, de Göbekli Tepe etc. ; et les zones de prévalence actuelles semblent de là "traverser" littéralement l'Anatolie pour, en Europe et Méditerranée, présenter des "poches résiduelles" remarquables dans les régions montagneuses, où ces populations se sont visiblement "repliées" face à l'arrivée des indo-européens (sur laquelle nous reviendrons longuement plus loin) : dans les Alpes, "arpétares" jusqu'à leur conquête romaine selon la théorie d'Henriet et Krutwig ; le Massif Central et les Pyrénées, les Apennins et notamment l'ancienne Étrurie en Italie, et bien sûr en Sardaigne ; les montagnes berbères d'Afrique du Nord ou encore dans la Péninsule ibérique (côte méditerranéenne ou chaîne cantabrique au nord) ; bref toutes les régions décrites par Platon comme "atlantes" – mais pas, en revanche, au Pays Basque, où pour des raisons toujours objet de controverse prévaut aujourd'hui l'haplogroupe R1b typiquement indo-européen, ainsi qu'à 10-15%, prévalence notablement élevée pour l'Europe de l'Ouest, le I2a des chasseurs-cueilleurs préhistoriques européens auxquels se sont mêlés les arrivants néolithiques (mais le génome "global", comme on l'a vu, reste très largement dominé par ce "mélange", et la présence très élevée également, fait connu, du groupe sanguin O, etc. etc.).

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    [* Notre idée serait en fait que les langues caucasiennes actuelles proviendraient plutôt de celles des peuples "J2" (haplogroupe) de la culture dite "kouro-araxe", dont les héritiers historiques les plus connus sont les Hourrites et les Urartéens (culture fortement associée par ailleurs à la diffusion de la métallurgie du bronze, donc à "Prométhée", encore une fois) ; langues parentes, mais DIFFÉRENTES de celle du peuplement anatolien "G2a" de l'Europe néolithique qui constitue le superstrat du basque (sur un substrat chasseur-cueilleur préhistorique). D'où le fait que les concordances trouvées sont bien réelles (ne serait-ce que déjà le caractère ergatif et agglutinant), mais n'ont jamais pu être totalement satisfaisantes.

    À la rigueur, le hatti pourrait avoir été un héritier plus direct de la langue "G2a" anatolienne néolithique, mais là encore les concordances avec le basque sont relativement minces – la langue est de toute façon mal connue, les sources textuelles réduites, essentiellement dûes aux Hittites qui l'avaient conservée comme langue liturgique ; nonobstant, elle a pu être rapprochée des langues caucasiennes du Nord-Ouest (abkhaze etc.) avec lesquelles la parenté du basque faisait (en tout cas) consensus à l'époque des savants réellement brillants en leurs domaines, au milieu du siècle dernier (article de 1949 qui dit globalement les mêmes choses que nous disons ici, mais avec une tendance à "comprimer" les dates "autour de la fin du IIIe millénaire av. J.-C.", car bien entendu les méthodes de datation des mégalithes, du cuivre, des céramiques etc. étaient à l'époque beaucoup moins perfectionnées qu'aujourd'hui, et l'archéo-génétique évidemment inexistante : on sait désormais que c'est au moins 5000 ans avant notre ère que s'est opéré l'apport humain anatolien en Europe atlantique, et avec lui le superstrat voisin des actuelles langues caucasiennes qui donnera lieu à la langue basque, sur une population conservant certes une "souche ethnique" préhistorique "de Lascaux" importante)...

    Ici un autre travail récent (2017), et intéressant qui relance l'hypothèse avec une approche sérieuse et en faisant le lien avec les preuves génétiques de la migration anatolienne :

    https://www.academia.edu/35486614/Basque and Its Closest Relatives A New Paradigm annotated December 2017

    Ou encore :

    https://elmiradoriu.wordpress.com/novedades-sobre-el-origen-del-euskera/  intéressant en termes de "stratigraphie" linguistique substrats/superstrats, car en réalité JAMAIS aucune langue ne remplace/"efface" complètement une autre...

    Simplement, la notion de "paléo-indo-européen" évoquée serait plutôt selon nous ce que l'on pourrait appeler du "paléo-eurasiatique" préhistorique, parfois appelé aussi "nostratique" : il y avait 10 000 ans avant notre ère, il faut le savoir, 4 MILLIONS d'êtres humains à peine sur toute la planète ; dont sans doute quelques centaines de milliers tout au plus dans toute l'Europe, la Sibérie et l'Asie centrale ; il est donc largement possible d'imaginer que les langues de ces populations étaient fortement apparentées, et ont laissé des traces aussi bien dans le proto-indo-européen qui déferlera sur l'Europe à partir de -3500 que (comme substrat) dans les langues qui s'y parlaient antérieurement au Néolithique... En revanche, celles des premiers agriculteurs d'Asie occidentale qui viendront coloniser le continent et former le superstrat de ces langues néolithiques étaient notablement différentes, et leurs racines bien identifiables dans le proto-basque et l'ancien ibère qui en étaient les héritiers.]

    LA CIVILISATION MÉGALITHIQUE : L'EUROPE-MÉDITERRANÉE D'AVANT L'HISTOIRE (... telle qu'on nous l'a contée)

    Ce sont ces populations qui, supplantant (probablement absorbant, sans massacres) la maigre population de chasseurs-cueilleurs de type Cros-Magnon, ont érigé la brillante civilisation MÉGALITHIQUE sur toute la façade atlantique du continent et même jusqu'au Maroc (y entrant, peut-être, en contact avec les populations nombreuses d'un Sahara alors verdoyant et arrosé de grands fleuves comme le "Tamanrasset", véritable Jardin d'Éden de l'époque ? en tout cas, sur la côte nord du continent le contact est avéré par la génétique...) ; avec des monuments impressionnants tels que Barnenez ou Gavrinis (en Bretagne), Newgrange (Irlande) et aussi au Nord que Skara Brae dans les îles Orcades (Écosse), antérieurs de plus d'un millénaire aux pyramides de Gizeh (et d'autres plus contemporains comme le fameux Stonehenge en Angleterre) ; ainsi que dans la Méditerranée occidentale jusqu'à l'"avant-poste" de Malte, avec ses fameux temples colossaux pour l'époque également (et ayant peut-être, à des yeux grecs, "quelque chose de barbare"... comme dans le texte de Platon) ; ou encore la Sardaigne et la Corse, la Sicile et plusieurs sites en Afrique du Nord – la carte de la répartition des sites, comme celle de la diffusion de la céramique cardiale, fait écho de manière saisissante aux indications données par Platon : "en deçà du détroit, ils régnaient sur l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie (l'Italie, en clair), et sur la Libye (Afrique du Nord) jusqu’à l’Égypte".

    C'est aussi ce que dans une acception plus large (incluant les non moins fascinantes civilisations néolithiques-chalcolithiques du Danube et des Balkans), certains courants "protohistoriens" ont pu appeler la "Vieille Europe" ; ici, plus précisément, la "Vieille Europe-Méditerranée" DE L'OUEST :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithe - https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithisme_en_Europe

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Carnac, sur les traces du royaume disparu" (documentaire absolument passionnant : la pierre - jadéite - des lames de haches polies provient du Mont Viso, dans les Alpes piémontaises, et la variscite des bijoux, d'Andalousie ; des pierres ayant d'ailleurs une couleur verte évoquant le cuivre oxydé : "cuivre" des montagnes = "orichalque" ? et l'évocation très sérieuse d'un déclin brusque de cette civilisation... par un phénomène de submersion marine)

    https://www.academia.edu/2460253/Occupation du Néolithique moyen autour de la butte de Lillemer Ille-et-Vilaine (au niveau de l'habitat, dont la conservation par là-bas est rare, mais favorisée ici par la tourbe : une butte entourée d'une enceinte de 1,3 km renfermant, donc, plus de 10 hectares ce qui pouvait signifier plusieurs centaines voire milliers d'habitants ; des constructions en brique crue, bref... pas rien !)

    https://www.connaissancedesarts.com/monuments-patrimoine/archeologie/archeologie-oubliee-depuis-plus-dun-siecle-une-dalle-gravee-pourrait-etre-une-des-premieres-cartes-geographiques-deurope-11155071/

    - Provence (Fontvieille) : https://www.actes-sud.fr/node/50819 - http://dolmen2.free.fr/crbst_17.html (parcourir aussi le reste du site, très intéressant sur le Midi de la France... ce site de Fontvieille était probablement, comme Valencina en Andalousie que nous évoquerons plus loin, un "Gizeh", site sacré d'un établissement habité probablement d'importance, mais dont l'instabilité des terrains de la région - Delta du Rhône - a vraisemblablement englouti les vestiges à jamais)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Statue-menhir

    - Malte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Temples_mégalithiques_de_Malte - https://youtu.be/vD78nBjyAi8 - https://the-past.com/feature/megalithic-malta/

    - Sardaigne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_prénuragique -https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_d'Accoddi -https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_d'Ozieri -https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_d'Abealzu-Filigosa (on remarquera l'importance des représentations de taureaux, dont Platon évoque le culte, associé à celui de Poséidon, dans son "Critias"... l'île est de fait souvent envisagée comme une "candidate" très sérieuse pour la localisation de l'Atlantide, ce qui selon nous est à la fois vrai et faux : elle en faisait indubitablement "partie", mais ce qui est devenu la légende n'était pas un pays précis mais une "aire" culturelle, commerciale et "civilisationnelle" ; conformément à la description platonicienne d'un continent - l'Europe occidentale, + éventuellement le Maroc - et de ses "ramifications" jusqu'à la Mer Tyrrhénienne, puis même au-delà, et jusqu'aux portes de l'Égypte)

    - https://www.persee.fr/ doc/efr_0000-0000_1988_mon_109_1 (en Corse)

    https://www.gigalresearch.com/uk/pyramides-sicile.php (en Sicile, comme à Accoddi en Sardaigne, de véritables petites pyramides à gradins !)

    - Lampedusa (entre Sicile et Malte) : http://www.archiviostoricolampedusa.it/ 2016/08/ un-tempio-preistorico-sommerso-nel-mare.html

    - Levant : https://www.unige.ch/expositions-virtuelles/megalithes/liban.html - https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithisme_au_Proche-Orient ; avec une question prégnante : "Historiquement, le mégalithisme du Proche-Orient, qui se caractérise notamment par grandes concentrations dolméniques a longtemps été considéré par certains spécialistes comme le berceau d’origine du mégalithisme d'où il se serait diffusé vers le monde méditerranéen puis vers l'Europe de l'Ouest. Les découvertes et les premières datations au radiocarbone réalisées dans les années 1950 en Europe et les travaux réalisés au Proche-Orient (notamment par Claire Epstein, Frank Braemer et Tara Steimer) ont contribué à déconnecter les deux phénomènes et à en inverser la chronologie" – nous aurions ici une théorie à proposer, que nous verrons en fin d'article (périple des "Amazones libyennes" chez Diodore) ; mais à présent, la découverte des "Tepe" du Sud de la Turquie (Göbekli, Karahan etc.), ou de sites submergés comme Atlit Yam en Palestine, extrêmement anciens, conduisent à relativiser encore cette affirmation ; bref, vraiment difficile de se prononcer !

    - Afrique du Nord : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cromlech_de_M'zora -https://fr.wikipedia.org/wiki/Vestiges_de_Roknia -https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithes_d'Ellès -https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibéromaurusien#Néolithique : contact avéré par la génétique entre les populations préhistoriques d'Afrique du Nord et les populations "atlantes" d'origine anatolienne évoquées : "entre 20 et 50 % du patrimoine génétique des Maghrébins modernes serait issu des Ibéromaurusiens", (mais) "des fermiers de la culture de la céramique cardiale de la Péninsule ibérique, issus de l'Anatolie, seraient venus répandre le Néolithique en Afrique du Nord et contribuer au trois-quarts de l'ascendance restants" ; "les Marocains du début du Néolithique sont lointainement reliés aux chasseurs-cueilleurs natoufiens du Levant (vers 9000 avant notre ère) et aux agriculteurs du Néolithique pré-poterie (vers -6500)" (en outre, "l'ADN autosomal d'échantillons marocains du Paléolithique final, du site de Taforalt, indique qu'au moins un tiers de leur ascendance provenait de populations d'Afrique subsaharienne") ; "en revanche, les Marocains du Néolithique tardif (vers -3000) partagent une composante ibérique, la même composition génétique que la culture du Néolithique méditerranéen cardial qui a atteint la Péninsule ibérique vers 5500 avant notre ère : ces similitudes génétiques et culturelles entre Ibériens et Nord-Africains néolithiques renforcent l'idée d'une immigration depuis la Péninsule vers le Maghreb à cette époque" ; ou encore, autre étude, "la présence d'ADN européen chez les Nord-Africains varie, atteignant au maximum 25%, et est semblable aux populations méditerranéenne d’Europe du Sud comme les Basques et les Toscans"... les langues berbères étant par ailleurs normalement considérées comme apparentées aux langues "tchadiques", en premier lieu le haoussa, à l'égyptien antique ou encore aux langues "couchitiques" de la Corne de l'Afrique, ce qui serait cohérent avec la "dispersion saharienne" de populations suite à la désertification de la savane verdoyante qui prévalait entre -9000 (et même dès -12 500, avec l'interruption du Dryas autour de -10 000) et -3000... mais d'éventuels liens avec le basque ne semblent pas non plus à balayer d'un revers de main.

    https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/prehistoire-sahara-neolithique-232/ - https://fr.wikipedia.org/wiki/Période_humide_africaine - https://fr.wikipedia.org/wiki/Tamanrasset_(fleuve)https://journals.openedition.org/pm/715 ("Périodisation et chronologie des images rupestres du Sahara central", J.-L. Le Quellec) : sur cette question du Sahara humide entre -9000 et -3000, et des liens possibles...(a)

    Sur la possibilité qu'une telle civilisation ait pu avoir un système d'écriture :

    https://argarica.es/index.php/allcategories-es-es/49-argarica/epigrafia/53-proto-escritura-lineal-pre-tartessia-eltar-en-la-rambla-de-gergal-un-santuario-de-iniciacion-y-culto-astral

    https://argarica.es/index.php/allcategories-es-es/49-argarica/epigrafia/111-entrevista-escrituras-prehistoricas# 

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/une-proto-ecriture-dans-l-art-des-grottes-la-pseudo-decouverte-qui-ravit-les-medias-et-herisse-les-prehistoriens_168877 : sur le Paléolithique, article zététicard hostile par principe à toute recherche audacieuse (comme si la science pouvait être autre chose que l'audace intellectuelle par définition...), mais bien obligé de reconnaître que "Depuis la découverte de l’art pariétal du Vieux continent il y a près d’un siècle et demi, traits, points et pléthore d’autres figures géométriques posent un problème d’interprétation aux chercheurs. Doivent-ils être compris comme les représentations symboliques d’importants concepts ou idées ? Comme les éléments d’une véritable construction syntaxique ? Ou encore comme rien qui ne puisse être appréhendé par les humains que nous sommes devenus ? À l’heure actuelle, ces questions restent sans réponse, et il est fort probable qu’elles n’en obtiendront jamais" (sic)... bien entendu, il est clair qu'ici nous serions dans la "figuration" d'idées, de concepts, de choses qui en tout cas ne se réduisent pas à une scène vue ; loin d'un système d'écriture tel que nous l'entendons aujourd'hui, mais nous savons qu'en général lesdits systèmes découlent toujours de ce type de symbolisme "idéographique".

    - https://www.persee.fr/doc/bmsap_0301-8644_1893_num_4_1_5412 (Les signes alphabétiformes des inscriptions mégalithiques, C. Letourneau, 1893)

    https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1964_num_108_2_11755 (Les pré-écritures de la Préhistoire, M. Gorce, 1964)

    https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1944_num_41_10_1838 (Les peintures rupestres de style ibérique dans la vallée du Caramy (Var), IIIe millénaire au moins)

    - Prosper Mérimée, "Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France", 1836 : "Toutes les pierres (de Gavrinis) sont sculptées et couvertes de dessins bizarres. Parmi cette multitude de traits, on en distingue que leur régularité et leur disposition singulière pourraient faire ressembler à des caractères d'écriture"...

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    https://fr.wikipedia.org/wiki/Indalo : célébrissime symbole andalou issu d'une figure idéographique du Néolithique ; petit bonhomme semblant... supporter la voûte céleste sur ses épaules et dont il est intéressant de remarquer, liminairement, que son nom proviendrait "de l'ibérique indal eccius"... qui n'est pas sans évoquer une origine possible du nom "Andalus", mais aussi, par contraction extrême... "Atlas" ; et qui signifierait en outre... "messager des dieux" - or toute la tradition mythologique associée au lointain Occident, au niveau ou au-delà des Colonnes d'Hercule = Gibraltar, identifie cette région comme la "terre d'origine des dieux", ce qui est sans doute à interpréter comme "là où sont apparues les premières manifestations massives et monumentales de religion"...

    Un rapport possible, peut-être, avec la fameuse écriture tifinagh berbère ; dont l'ancienneté réelle demeure un mystère, sinon que la fantasmagorique idée d'une "origine phénicienne" est aujourd'hui à peu près totalement abandonnée ?

    (Ici, art extrêmement symbolique-idéographique, typique du symbolisme susceptible d'évoluer ensuite en écriture, à Sefar, Tassili, Sud algérien ; probablement plusieurs millénaires avant notre ère - peut-être précisément l'époque de l'arrivée des Méditerranéens néolithiques "atlantes" que nous venons de voir... Ou encore ici... Quelle que soit la datation, on est en tout cas extrêmement loin de toute "influence phénicienne" possible et envisageable !)

    De fait, on a bel et bien retrouvé ce qui pourrait fort être une forme d'écriture dans ce qui était vers -6000 ou -5500 la culture balkanique de Vinča, ou encore à Dispilio en Grèce (près de la frontière macédonienne et albanaise)... autrement dit (cf. la carte plus haut) la première étape de la grande migration anatolienne qui allait gagner l'Ouest du continent durant le millénaire suivant, en y apportant possiblement (en toute logique) ce système. Et les signes de cette possible écriture peuvent effectivement évoquer dans leur "style" aussi bien l'ancien phénicien que le tifinagh, les systèmes d'écriture ibères (ici exemples de tartessique - il est clair qu'en comparant avec l'alphabet phénicien dont ils sont censés "être issus", les similitudes n'apparaissent que très partielles et 3 signes sur 4 semblent bien, de fait, provenir d'ailleurs...), étrusque ou encore le linéaire A crétois (60 signes seraient pratiquement identiques) ; sans même parler des runes nordiques ; tandis que des tentatives de déchiffrement auraient été tentées à travers le basque, bref... encore un sujet qui mériterait plus que d'être creusé.

    https://www.agenciasinc.es/Noticias/La-escritura-mas-antigua-de-Iberia-puede-estar-en-la-estela-de-Montoro (curieux... et tout aussi curieusement "impossible à dater" – soyons sérieux, c'est visuellement très ancien, clairement pas de la veille de la conquête romaine ; en général ce type de stèles est daté d'au moins -1000 : "Ces signes apparaissent compatibles aussi bien avec les plus anciennes écritures ibériques connues, comme le levantine, tartessienne et méridionale, qu'avec des écritures orientales comme le phénicien, le protosinaïtique, le proto-cananéen ou l'arabe méridional"...)

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    Ce qui est même évoqué dans cette vidéo en espagnol, c'est que les Phéniciens, loin d'avoir amené leur alphabet dans ces régions de la Méditerranée et jusqu'à l'Atlantique, pourraient bien plutôt l'en avoir... TIRÉ – et il est certes vrai que les tentatives d'en relier les origines au cunéiforme proche-oriental (vraiment aucun rapprochement crédible de ce côté-là, pour autant que cela ait été la première forme d'écriture connue au Levant Nord - à Ebla, Ougarit...), ou aux hiéroglyphes égyptiens, sont toujours restées il faut bien le dire peu convaincantes... Diodore, que nous aurons maintes fois l'occasion d'évoquer dans cette étude, ne nous dit-il pas dans sa Bibliothèque historique Livre III, LXVII, que "Cadmos a apporté de Phénicie les lettres" qui "furent appelées, d'une dénomination générale, phéniciennes, parce qu'elles avaient été apportées de la Phénicie en Grèce", MAIS que ces lettres "portaient plus particulièrement le nom de pélasgiennes, parce que les Pélasgiens se sont les premiers servis de ces caractères" : les "Pélasgiens" ou Pélasges, sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir plus loin ; appellation grecque des premiers habitants pré-indo-européens, d'origine néolithique anatolienne, autrement dit "atlante", de la Méditerranée... ? Il n'est d'ailleurs pas improbable ici que Diodore confonde l'écriture grecque de son temps, celle que nous connaissons aujourd'hui (largement tirée de l'alphabet phénicien avec ajout des voyelles), et l'antérieure : le linéaire B mycénien (ce qui correspondrait plus à l'époque de "Cadmos"), très similaire au linéaire A minoen qui aurait lui-même partagé plusieurs dizaines de signes avec l'écriture ("proto-pélasgienne") de Vinča.

    L'influence de tout ceci sur l'alphabet phénicien restant à étudier, mais le fait est que l'origine aujourd'hui principalement invoquée : le "proto-sinaïtique", proto-cananéen, "tiré des hiéroglyphes égyptiens" (encore que "tiré", parfois... un peu par les cheveux) et dont les premières attestations, entre -1850 et -1600, apparaissent par ailleurs fortement liées au contexte hyksôs (ou immédiatement pré-hyksôs) en Égypte (point dont vous comprendrez toute l'importance un peu plus loin dans l'article), "tient (encore que très vaguement) la route" pour une dizaine de caractères phéniciens seulement, sur 22... D'où venaient alors les autres ?

    L'attestation la plus ancienne d'écriture phénicienne (sarcophage d'Ahiram) ne daterait pas, selon une étude paléographique et philologique de 2005, d'avant le Xe siècle (-900, -950...) ; soit bien après les dates données par les anciens pour l'arrivée des premiers Phéniciens en Occident (-1000 ou -1100) ; très tardif pour une civilisation censée puiser dans celle des cités portuaires cananéennes (qui elles, écrivaient en cunéiforme) depuis -2000 au moins ; et finalement assez peu antérieur à l'écriture proto-grecque eubéenne censée en "découler", attestée dès -740 en Italie (Ischia) mais sans doute plus ancienne (précédant par ailleurs de peu son adoption par les Étrusques...) ; ainsi qu'à des inscriptions en zone philistine ("Peuple de la Mer" - voir plus loin - aux origines mystérieuses, peut-être très occidentales), d'autres dans le même secteur (Ashkelon, Tell es-Safi = "Gath"), classifiées comme "chypro-minoennes" (écriture linéaire de Chypre) ou "proto-sinaïtiques", pouvant s'avérer peut-être bien plus anciennes encore (-1000 ?).

    Sans aller, donc, jusqu'à affirmer que les Phéniciens "tirent leur système d'écriture" de la Péninsule ibérique "atlante", ce qui pourrait certes être légitimement considéré aller "un peu loin" ; quelque chose interdirait-il d'imaginer une apparition au moins SIMULTANÉE de cet "esprit" et "style" scriptural (il y a toujours des différences entre les différents peuples), dans une "koinè" alphabétique absolument pan-méditerranéenne et nullement seulement "phénicienne" ; puisant dans des sources aussi bien orientales ("proto-sinaïtique") que balkaniques-égéennes... voire occidentales, bien antérieures ; dans le cadre d'un commerce maritime méditerranéen qui "ressuscite" sous l'égide phénicienne ainsi que chypriote (il ne faut pas les oublier, ceux-là), puis rapidement eubéenne, après la grande crise d'autour de -1200/-1100 qui a vu déferler des peuples égéens mais aussi de beaucoup plus à l'Ouest vers le Proche-Orient, puis, dans une "foulée" de quelques siècles, un mouvement inverse d'expansion de la Méditerranée orientale (Phéniciens, Asie Mineure, Eubée) vers l'Ouest (ou pourquoi pas, même, avant ces évènements : le matériel archéologique ATTESTE que le Levant s'inscrivait clairement, déjà à l’Âge du Bronze, dans des circuits commerciaux maritimes jusque loin en Méditerranée occidentale et même au-delà, puisqu'on a trouvé de l'étain britannique dans une épave au large de Haïfa)... ?

    Le cas sarde est également, à cet égard, intéressant : 

    https://gianfrancopintore.blogspot.com/2011/11/scrittura-nuragica-ecco-il-sistema.html - https://gianfrancopintore.blogspot.com/2009/03/allinizio-lalfabeto-nuragico-era-solo.html - https://gianfrancopintore.blogspot.com/2008/03/scritta-nuragica-intervista-con-lo.html - https://www.sardegnainblog.it/14449/scrittura-nuragica-prove/ - "Una tavoletta in scrittura Shardana a Pozzomaggiore" => casse-tête et polémiques sans fin, encore une fois, entre historiens et archéologues : "apport phénicien" ? Ou "chypriote" ou "proto-cananéen", en tout cas oriental, mais bien antérieur ? Ou création locale ? Voire, qui aurait carrément amené au Levant ce concept scriptural ?? Ou "symbiose" de tout cela ? Bien l'illustration de tout ce que nous venons de voir...

    Pour l'archéologue britannique Leonard Woolley (1880-1960), c'était clairement les Peuples de la Mer ("post-atlantes", Sardes nuragiques etc., nous y reviendrons plus loin) qui auraient "apporté à leurs partenaires cananéens les secrets de la navigation, de la pourpre... et de l'écriture" : vision sans doute, "dans l'absolu", simpliste et en grande partie erronée ; mais "intuition" qui pourrait aussi contenir sa part de vérité.

    Le "creuset" méditerranéen oriental, égéen-levantin-égyptien de l'Âge du Bronze ; la mythologie d'Io et de sa descendance, mêlant "Océanides" "atlantes"' et Pélasges, "Phénicie"' et Égypte ; ou encore la grande "virée" de l'Amazone Myrina, "Atlantide" -> Libye-Sahara -> Égypte -> Proche-Orient ; toutes choses que nous verrons plus loin ; pourraient peut-être également représenter des "clés" de compréhension de ce complexe processus.

    En tout cas, cette idée d'une émergence liée au monde de la mer a tout pour apparaître convaincante lorsque l'on pense à l'aspect pratique d'une écriture rapide, simple (en puisant, justement, dans des figures "primitives") et facile à maîtriser par le plus grand nombre (y compris des peuples assez "rudimentaires" que pouvaient rencontrer les marchands) ; comparée à des scribes "tranquillement" assis dans leurs palais, à rédiger des jours durant des écrits complexes que seule une infime minorité lettrée pouvait lire.

    Rappelons toutefois qu'il a parfaitement pu exister de brillantes civilisations sans ce nous appellerions une écriture : typiquement, les Incas ; ou encore, écrivant exclusivement en idéographique, avec un symbole (des milliers au total) pour chaque chose ou idée ; ce que font les Chinois depuis 3000 ans, et qui ne les a pas empêchés d'être la civilisation la plus avancée au monde pendant les 1500 premières années de notre ère...

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Beaucoup, pour ne pas dire la totalité de ces sites monumentaux présentent en outre (dès lors que l'on a décidé de se pencher sur la question...) de surprenantes caractéristiques d'alignement astronomique (dans la mythologie grecque, Atlas est aussi le Titan "bienveillant envers les hommes qu'il initie à l'astronomie, en leur révélant les rouages de la sphère céleste"...).

    Pourquoi s'obstiner à chercher ailleurs que dans cette civilisation, incontestablement la plus avancée de l'époque hors Proche-Orient (et même peut-être plus que ce dernier), même en allant chercher jusqu'en Chine ou en Amérique, l'origine mémorielle de l'Atlantide de Platon ?

    Une civilisation qui pourrait bien, par ailleurs, avoir été... égalitaire, "socialiste" : les sépultures (nombre de gros monuments avaient une vocation funéraire) étaient en effet collectives, et ne semblent pas indiquer une différenciation sociale très marquée ; bien que des chefs (peut-être élus ?) aient certainement été nécessaires à la planification et la supervision de tels ouvrages.

    https://www.labrujulaverde.com/2023/10/una-economia-sin-explotacion-entre-grupos-favorecio-el-esplendor-de-las-comunidades-de-la-edad-del-cobre-en-la-peninsula-iberica

    Ou sinon "parfaitement" égalitaire, à entendre peut-être, du moins, dans le même sens où l'on pouvait parler parfois de "socialisme inca" dans les milieux académiques du siècle dernier...

    Une certaine hiérarchie et caste supérieure ayant ainsi pu commencer à se former sur la fin de période, à l'époque de la céramique dite "campaniforme" qui émerge vers -2900 dans la Péninsule ibérique ; de fait, probable "épicentre" civilisationnel de l'ensemble avec par exemple le site emblématique de Los Millares (-3200 à -2200), dont on peut observer sur près de 6 hectares les fortifications "cyclopéennes" impressionnantes de 5 à 6 mètres de hauteur, nouveauté pour l'époque et sans doute signe de changements dans la situation sécuritaire en lien avec ce qui va suivre (une tendance similaire s'observe à la même époque dans le Midi de la France : Fontbouisse, Boussargues, ainsi que dans l'Ouest, en Vendée) ; et un habitat (pour potentiellement dans les 1500 habitants minimum) toujours pas construit en "très dur" mais néanmoins en pierre, ayant donc laissé des traces de fondations circulaires jusqu'à 6 mètres de diamètre :

    https://www.argarica.es/index.php/allcategories-es-es/14-argarica/calcolitico/35-visita-al-yacimiento-calcolitico-de-los-millares

    Ou mieux encore : toujours en Andalousie, les vestiges d'une cité d'à peu près la même époque mais beaucoup plus grande (de 30 à peut-être 120 hectares, 650 mètres à près de 2 km de diamètre, et peut-être – par "extrapolation" à partir des 6 ha de Los Millares – entre  7 000 et... 30 000 habitants), construite selon un étonnant plan en cercles concentriques EXACTEMENT comme la métropole "atlante" de Platon ; mise à jour dans les années 1990 à proximité de Jaén mais encore très peu connue du grand public, les recherches archéologiques étant en conflit permanent avec des projets immobiliers (voir la vidéo en fin d'article à partir de 39:20, ou les liens suivants - en espagnol, utiliser la traduction automatique de Chrome éventuellement) :

    https://www.argarica.es/index.php/allcategories-es-es/14-argarica/calcolitico/61-entrevista-estela

    https://lacontradejaen.com/entrevista-no-sabria-describir-lo-senti-al-ver-marroquies-bajos/

    https://terraeantiqvae.com/m/blogpost?id=2043782%3ABlogPost%3A60873

    https://atlantisng.com/blog/wp-content/uploads/2018/09/JAEN-NATIONAL-GEOGRAPHIC-ATLANTIS-GEORGEOS.pdf

    On ne peut pas non plus ne pas évoquer ici le vaste site mégalithique des (impressionnants) dolmens d'Antequera (https://sciencepost.fr/dolmen-menga-plus-grande-prouesse-technique-lage-de-pierre/), à quelques dizaines de kilomètres au nord de Malaga ; sans oublier, surtout, celui de Valencina, juste à l'ouest de Séville, où autour de dolmens-tholos massifs connus de longue date (la Pastora, Montelirio etc.), foisonnant d'objets fabuleux (or, ivoire, dague en cristal de roche...), apparaît peu à peu mis à jour un ensemble qui pourrait atteindre les... 470 hectares, une bonne moitié à vocation funéraire et religieuse et une autre (200 à 250) d'habitation (à raison de 250 habitants par hectare... faites vous-mêmes le calcul !) : 

    https://www.europapress.es/andalucia/sevilla-00357/noticia-descubren-valencina-sevilla-nueva-vasta-necropolis-edad-cobre-casi-80-posibles-tumbas-20230306101947.html

    https://terraeantiqvae.com/m/blogpost?id=2043782%3ABlogPost%3A400180

    https://terraeantiqvae.com/m/blogpost?id=2043782%3ABlogPost%3A490669

    https://www.upo.es/patio-colorado/2020/02/25/aparece-en-valencina-de-la-concepcion-un-hacha-de-cobre-del-tercer-milenio-a-c/

    https://www.diariodesevilla.es/sevilla/Valencina-calcolitico-europa-occidental-sevilla_0_1772223006.html

    (À moins qu'il ne soit agi d'un site essentiellement sacré à l'habitat humain secondaire, étalé dans l'espace et le temps ; auquel cas la véritable cité se trouvait ailleurs, probablement non loin... mais où ?)

    La  région recèle aussi, à Laja Alta non loin de Cadix et Gibraltar, les plus anciennes représentations de navigation à voile au monde ; longtemps considérées d'époque phénicienne, mais qu'une étude de 2018 avec des moyens pointus fait finalement bien apparaître de cette même époque autour du IVe millénaire avant notre ère... Ce qui est plutôt "pas mal", pour une civilisation censée selon le récit dominer les mers – voir aussi ici, à Los Millares ; ou encore en Galice, au nord-ouest de la Péninsule... ou encore en Bretagne : https://www.facebook.com/profile/100063507004866/search?q=barcos

    De toute façon, dès le début du Néolithique, il était impossible sans navigation d'atteindre et peupler les îles de la Méditerranée, ni la Grande-Bretagne (totalement séparée du continent vers -6000), ni de passer d'Europe en Afrique du Nord, quelque part entre -5500 et -3500 (et dans ce cas, une navigation chevronnée, forcément à voile même : impossible de vaincre les courants sinon). Elle était donc nécessairement maîtrisée dès cette époque ; qu'elle l'ait été dès le départ au Levant et en Asie Mineure, ou acquise "en cours de route" de la migration par la voie méditerranéenne : c'est par elle que (symboliquement, dans le récit) "Poséidon" a abordé les rivages de la "grande île" occidentale, dont les habitants, eux, l'ignoraient...

    De fait, toujours selon Platon, "l'extrémité de l'île (qui - nêsos - peut tout aussi bien désigner une péninsule, d'ailleurs les Arabes eux aussi avaient cette pratique d'appeler djeziret aussi bien les îles que les péninsules : Djeziret al-Andalus était ainsi la Péninsule ibérique, et d'ailleurs, AnDaLuS - fils de Japhet selon certaines traditions islamiques médiévales... - ne sonne-t-il pas un peu comme ATLaS - donc l'île d'Atlas ??) la plus proche des Colonnes d'Hercule" portait le nom de "Gadirique", c'est à dire la région de Cadix (ou encore, autre frère d'Atlas, et autre royaume issu du partage de la grande "île" : Élasippos... Olisippos étant le nom antique préromain de Lisbonne, etc. etc.) ; la (grande) "plaine entourée de montagnes qui s’étendaient jusqu’à la mer", protégée par ces montagnes des vents du nord et exposée à ceux du sud, évoque fortement le bassin du Guadalquivir (dont les dimensions mêmes tendent à correspondre !) ; sans oublier la découverte ces dernières années de possibles structures très anciennes enfouies sous les marécages de la Doñana, la "Camargue" andalouse du Guadalquivir - de fait, cette grande zone marécageuse résulte du comblement ces 2000 dernières années de ce qui était encore à l'époque gréco-romaine (donc de Platon) un vaste "golfe" lagunaire s'enfonçant profondément jusqu'à Séville, le Lacus Ligustinus... qui aurait pu être ces "eaux limoneuses", "difficilement navigables" à l'ancien emplacement de la métropole engloutie dans le texte du Timée : bref, beaucoup d'éléments tendent tout de même à pointer en direction de cette région andalouse située "au devant (les mots du texte original grec signifiant bien "JUSTE au devant", pró toú stómatos = littéralement "devant la bouche", AU DÉBOUCHÉ) des Colonnes d'Hercule" = Gibraltar...

    C'est ce que pense, notamment, Stavros Papamarinopoulos, professeur de géophysique à l’université de Patras et l’un des experts les plus respectés au monde au sujet de l’Atlantide : "Si vous suivez Platon, vous allez tout droit à la Péninsule ibérique, parce que c’est là où le texte vous mène, littéralement. Il décrit une vallée plate et allongée entourée de montagnes. Ces montagnes sont la Sierra Nevada et la Sierra Morena. La vallée a la même position et la même orientation. Cela correspond exactement à la description de Platon. Comme une pièce de puzzle"...

    https://www.slate.fr/story/100727/atlantide-platon

    (Papamarinopoulos qui pense par ailleurs, tout comme nous, qu'un "mythe qui importe, un mythe 'authentique', est une histoire très ancienne, souvent pleine d’éléments surnaturels, qui explique un événement ou un phénomène d’autrefois. Les mythes de ce type incluent généralement des vérités historiques, telles que le mythe de la guerre de Troie raconté par Homère dans L’Iliade, qui a amené l’archéologue allemand Heinrich Schliemann à trouver les ruines de Troie en Turquie au XIXe siècle"...)

    Diodore, sur lequel nous reviendrons amplement par la suite, évoque quant à lui un "pays très fertile" sur le "littoral de l'Océan", ce qu'est effectivement l'Andalousie ; au cœur d'un vaste empire s'étendant "principalement du côté de l'Occident et du Nord" du monde connu d'alors, ce qui ne peut signifier que (globalement) depuis les Canaries jusqu'à la Grande-Bretagne, soit l'extension de la civilisation mégalithique dont nous venons de parler.

    Le terme d'"Atlantes" lui-même apparaît pour la première fois sous la plume d'Hérodote, environ un siècle avant Platon (mais pourrait résulter d'une tradition plus ancienne), pour désigner le peuple le plus occidental de Libye = Afrique du Nord berbère, vers la montagne portant le nom d'Atlas : ici nous sommes plutôt au Maroc, mais enfin ce n'est pas très loin, "en face". Cinq siècles plus tard, Pline parlera lui aussi (mais là, peut-être sous l'influence de Platon) d'une "île Atlantis, en face de l'Atlas", à "cinq jours de navigation" au nord de la "Corne occidentale" de l'Afrique (qui désigne probablement le Cap Blanc en Mauritanie) ; pointant lui aussi vers la même région, ou peut-être les Canaries (réputées abriter les "survivants d'une grande catastrophe" et effectivement peuplées, à l'arrivée des Espagnols au XVe siècle, de Berbères non-islamisés au mode de vie ancestral et aux traditions très anciennes : les Guanches).

    Mais ce qui est certain en tout cas, c'est que c'est de cette tradition là ; en lien avec l'association mythique des hautes montagnes de la région (de part et d'autre du détroit) au Titan Atlas ; que Platon a tiré l'appellation qu'il a "collée" sur sa contrée fabuleuse.

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Vu sous cet angle... c'est sans doute plus parlant (carte des grands sites de menhirs de la péninsule)

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Dague en cristal de roche retrouvée au tholos de Montelirio (Valencina, à côté de Séville), -3000 av. J.-C. environ

    "Atlantide" : la probable réalité historique "Atlantide" : la probable réalité historique

    Visages "atlantes" : "Calpeia", Gibraltar, -5400 ; et la "femme de Whitehawk", Angleterre, -3600  (un site, d'ailleurs... à
    l'EFFARANT plan, encore une fois, en fossés circulaires concentriques ! et il y en a plein comme cela dans tout le pays,
    ainsi qu'en France et dans tout le Nord-Ouest de l'Europe... à mettre en relation avec les "Mil Espaine", ce peuplement
    humain venu d'Espagne dans la mythologie irlandaise ? https://www.bbc.com/news/science-environment-53059527 :
    "Génétiquement, les premiers agriculteurs irlandais étaient le plus étroitement liés aux personnes vivant à la même époque
    dans la Péninsule ibérique
    (...) Les agriculteurs ont traversé la Méditerranée depuis l’Anatolie jusqu'à la Péninsule ibérique,
    puis remonté les côtes françaises avant de rejoindre l’Irlande par la mer"
    ...).

    LA "SUBMERSION" INDO-EUROPÉENNE

    Alors ensuite, bien sûr, il n'y a évidemment jamais eu de guerre entre cette "Atlantide" et "Athènes", inexistante avant l'époque mycénienne (vers -1500) en Mer Égée.

    Mais il s'est bien passé quelque chose de très important, que l'on peut situer vers -2300/2200 avant notre ère, et qui semble bien être une INVASION meurtrière qui aurait visiblement été le fait de "proto-indo-européens", donc des ancêtres (entre autres) des Grecs, venus d'Europe centrale ; caractérisés par la céramique dite "cordée", la métallurgie du bronze et reliés désormais par le consensus archéologique à la culture dite Yamna ou "kourgane", entre Ukraine et Sud de la Russie actuelle (b).

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_la_céramique_cordée#Apports_récents_de_la_génétique

    https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/ethnologie-espagne-hommes-ont-ete-decimes-peuple-barbare-il-y-4500-ans-75406/

    https://youtu.be/Mpiw4dy_kus

    [Par ailleurs les populations néolithiques de la "céramique rubanée" du Nord-Centre-Est de l'Europe semblent avoir elles-mêmes développé dès -5000 - avant les "Yamnas", donc - des mœurs assez belliqueuses, peut-être sous l'influence d'événements climatiques, comme l'attestent de nombreux restes de massacres en Allemagne ou encore en Alsace, ainsi que la tendance à la fortification - palissades - des sites ; et parfois des sociétés assez fortement hiérarchisées avec une aristocratie guerrière, comme à Varna en Bulgarie, préfigurant donc ce que seront les principaux traits caractéristiques indo-européens un à deux millénaires plus tard... à moins qu'il ne s'agisse d'une première pénétration plus ancienne qu'on ne le pense ? : "L'ADN de la célèbre nécropole de Varna est génétiquement similaire à celui des autres premiers agriculteurs européens. Cependant, nous trouvons également un individu de Varna et plusieurs individus sur des sites voisins en Bulgarie qui avaient des ancêtres de la steppe d'Europe orientale. C'est la première preuve d'ascendance steppique aussi loin à l'ouest, 2000 ans avant la migration massive de la steppe qui a remplacé plus de la moitié de la population du nord de l'Europe" https://www.mpg.de/ancient-dna-study-reveals-the-prehistory-of-southeastern-europe ; de même qu'à Cucuteni-Trypillia plus au nord (entre Roumanie et Ukraine) : "Trois individus ont également montré des quantités considérables d'ascendance liée à la culture Yamna, suggérant un afflux précoce dans le pool de gènes de Cucuteni-Trypillia de gènes des pasteurs des steppes d'Ukraine orientale. Ce dernier scénario est appuyé par les preuves archéologiques". Ou alors, pour ce qui est des massacres en Allemagne autour de -5000, des "I1" ; ces chasseurs-cueilleurs d'Europe du Nord ayant adopté au fil du temps une certaine agriculture mais en tout cas, irrités par la "prise de place" des néolithiques anatoliens et menant des raids réguliers contre eux (à voir peut-être aussi dans les "Fomoires" de la mythologie irlandaise...) ; et qui se mêleront ensuite largement aux "Yamnas" dans la culture des "haches de combat" associée à la céramique cordée (le fameux "type nordique", ce sont eux ; pas les "Yamnas" qui devaient beaucoup plus ressembler à des Scythes = Ossètes).]

    Des populations, quant à elles, également communautaires et relativement égalitaires "entre elles", mais à la civilisation très fortement hiérarchique en revanche lorsqu'elles arrivent par invasion "chez les autres", dont elles font leurs serfs. Il suffit de penser au cas de Sparte avec ses hilotes.

    En tout cas, farouchement guerrières, ne "rigolant pas" ; car certainement poussées à l'assaut de nouveaux territoires par... la faim, du fait de modifications climatique, tout en connaissant en parallèle, du fait d'une alimentation riche (viande, lait : gros éleveurs, d'où leur structure sociale patriarcale également marquée, contrairement aux peuples où domine l'agriculture ou la cueillette, et comme ceux où domine au contraire la chasse), une forte expansion démographique.

    Elles sont peut-être associées à ces mythes communs à toutes les civilisations antiques, de "titans", "géants", "néphilim" etc. etc. (de premières incursions "kourganes" pourraient avoir eu lieu au Proche-Orient vers la fin du IVe millénaire, même si l'implantation définitive - hittite, iranienne... - sera plus tardive, soit peu de temps avant... la date estimée des dépôts alluviaux signes d'inondations catastrophiques qui auraient donné naissance au mythe du Déluge) ; des populations qui peut-être, allant au-delà de la "classique" division du travail selon les sexes, en asservissant les communautés de cultivateurs, s'étaient "réservées" les travaux d'élevage et de chasse, donc une alimentation leur conférant haute stature et robustesse physique (la Bible en parle comme des fruits de l'union des "enfants de Dieu", ce qui a traditionnellement été interprété comme la descendance de Seth, frère puîné et "héritier" de l'éleveur Abel, avec des "filles des hommes" interprétées comme des descendantes du cultivateur Caïn : "Il y avait des géants sur la terre à cette époque-là. Ce fut aussi le cas après que les fils de Dieu se furent unis aux filles des hommes et qu'elles leur eurent donné des enfants. C'étaient les célèbres héros de l'Antiquité." - Genèse 6:4 ; rejoignant la "politique", attestée par l'archéologie, de ces populations de systématiquement épargner et s'emparer des femmes des communautés agricoles néolithiques, rarement retrouvées dans les vestiges de massacres de cette époque... d'autres interprétations, comme dans le Livre d'Hénoch, en font des "anges déchus" au rôle assez "prométhéen", enseignant aux populations la métallurgie des armes et l'art de la guerre, ainsi que le goût pour les parures de luxe, bref ; dans tous les cas, on "tourne" toujours plus ou moins autour de la même chose : l'entrée dans l'ère des métaux, l'explosion subséquente de la violence - déjà présente depuis "Abel et Caïn" = les temps préhistoriques - et de l'injustice d'une société de classes ; et une ou plus probablement une multiplicité - fusionnée en une seule - de catastrophes naturelles perçues comme le châtiment divin de cela).

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    [https://umap.openstreetmap.fr/en/map/ancient-human-dna_41837 (naviguer sur la carte : les points verts foncés et clairs sont de l'époque de l'invasion ; les jaunes et les oranges sont du Néolithique)]

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Le "taux" d'ascendance génétique indo-européenne en Europe et en Afrique du Nord, fait encore aujourd'hui apparaître de 
    manière extrêmement visuelle cette "Pelasgia" = "Atlantide" du Bronze sur laquelle les Mycéniens (-1500 à -1100), puis les
    Grecs archaïques du début du Fer (-800 à -500) s'efforceront d'asseoir leurs colonies et routes commerciales.

    L'archéo-génétique, encore elle, montre ainsi par exemple qu'en Grande-Bretagne c'est 90% du patrimoine génétique de la population mégalithique "atlante" qui a été totalement remplacé par un autre, probablement originaire de l'intérieur du continent, en quelques générations dans la seconde moitié du IIIe millénaire avant notre ère ; bien que les nouveaux venus aient parfois perpétué l'usage de certains sites comme Stonehenge.

    C'est dans la région de Stonehenge, justement, qu'ont été mises à jour deux sépultures datées d'environ -2300 et qui ne laissent guère d'équivoque : l'archer d'Amesbury, à 5 kilomètres du site (probablement entouré alors d'une certaine agglomération en bois, n'ayant pas laissé de traces), que les études génétiques font clairement apparaître comme un étranger, probablement né en Suisse ou en Bavière actuelle ; et "celui", sur le site même, qui en fait d'"archer" a manifestement été VICTIME des flèches tirées par l'autre ou l'un de ses congénères...

    [Cette invasion ne serait en revanche pas à l'origine des langues celtiques parlées dans l'archipel, liées quant à elles à une autre vague de peuplement plus tardive, au début du Ier millénaire (qui s'avère avoir "ramené", paradoxalement, de l'ascendance néolithique dans les îles, s'agissant d'une population d'Europe centrale désormais "bien mélangée" avec ses prédécesseurs anatoliens, ce qui n'était pas le cas au IIIe millénaire). Mais elle aurait pu néanmoins être d'une langue assez proche, dans la mesure où le "noyau" indo-européen à l'origine des langues italiques et celtiques, établi sur le versant nord de l'arc alpin comme on peut le voir sur la carte plus haut, était probablement déjà le point de départ de l'invasion de -2300...]

    Un millénaire plus tôt (vers -3300/3200), "Ötzi", retrouvé en 1991 congelé dans un glacier des Alpes autrichiennes et attesté génétiquement aujourd'hui comme un fermier néolithique de souche anatolienne, aurait fort possiblement pu faire la même (mauvaise) rencontre de ces mêmes populations guerrières conquérante : on sait de manière à peu près certaine aujourd'hui qu'il est mort après avoir reçu de cruelles blessures au combat ; ce qui serait cohérent avec l'historique de l'expansion de ces peuples issus des steppes, implantés dans le bassin du Danube et y développant une importante métallurgie à partir de -4000 environ. 

    Voilà ce qu'il s'est passé, et qui est très certainement la réalité proto-historique de la "destruction de l'Atlantide" de Platon ; le récit d'une submersion par un puissant phénomène tellurique étant probablement une digression faisant référence à des catastrophes comme celle de Santorin ayant affecté la civilisation minoenne crétoise, dont la défaite et la soumission par les Mycéniens est sans doute une autre grande inspiration du récit légendaire ; et/ou encore, potentiellement, une catastrophe similaire en Sardaigne, où de nombreux vestiges gisent sous une couche de plusieurs mètres de boue qui pourraient être le résultat d'un puissant tsunami... La région du sud de la Péninsule ibérique que nous venons de voir, étant elle-même aussi particulièrement sujette aux tsunamis, qui auraient été pas moins de 8 d'ampleur ces 7000 dernières années ; dont un... manifestement autour de 2200 avant notre ère, date extrêmement concomitante de la chute de la civilisation mégalithique sous l'invasion indo-européenne ; et le dernier en date en 1755 (ici il est même question de trois catastrophes majeures à l'époque qui nous intéresse, respectivement autour de -2000, -1500 et -1250 avant notre ère, "super vagues qui provoqueront l'inondation de la zone : l'estuaire du Guadalquivir en ressortira plus ouvert et soumis aux processus marins"... autrement dit le Ligustinus ; les "établissements humains de la région" ayant été quant à eux "complètement balayés : dans la Doñana, il n'est pas possible de trouver des vestiges archéologiques plus anciens que l'époque romaine, car ils sont engloutis sous des mètres et des mètres de sédiments").

    [Il peut être intéressant, à cet égard, de comparer avec le cas de Thônis-Héracléion en Égypte, dans le Delta du Nil, zone alluviale côtière finalement assez similaire à l'Andalousie occidentale : des "tremblements de terre, suivis de raz-de-marée" auraient "déclenché des phénomènes de liquéfaction des terres et provoqué l'effondrement total sous la mer d'une zone de 110 kilomètres carrés, emportant avec elle la totalité de la ville"... (cette destruction, probablement au IIe siècle avant notre ère, étant postérieure à l'époque de Platon, non, ce n'est pas une inspiration possible pour l'Atlantide).]

    Cela, et/ou tout simplement la transgression marine holocène (montée du niveau de la mer suite à la fin de la dernière glaciation) : la présence sur tous les continents d'immenses étendues englouties par celle-ci (en Europe de l'Ouest et en Méditerranée comme en Asie-Pacifique avec le Sundaland, etc.) ; non pas en quelques jours ou quelques années, mais sur plusieurs millénaires (la Grande-Bretagne n'a ainsi été totalement séparée du continent que vers 5000 avant notre ère, Malte de la Sicile très tardivement aussi...) pour ne s'achever pratiquement qu'à l'Âge du Bronze ; poursuivie encore ensuite par des mouvements du sol, tectoniques ou autres, entraînant la submersion de nombreux sites archéologiques côtiers (comme le cromlech d'Er Lannic dans le Morbihan, ou le site extrêmement ancien - VIIe millénaire - d'Atlit Yam et toute la côte au sud d'Haïfa au Levant ; cette chaussée vieille de 7000 ans sous l'Adriatique en Croatie, la cité "pélasge" helladico-minoenne - Âge du Bronze, IIIe-IIe millénaire - de Pavlopetri en Grèce, ou ces vestiges aussi bien du Néolithique que de l'Âge du Bronze à Agde dans le Languedoc ; ou encore, beaucoup plus récente, la ville romaine de Baiae près de Naples) ; a probablement donné naissance dans l'Antiquité à une multitude de traditions légendaires (il suffit de penser à "Ys" en Bretagne, probable christianisation d'une telle légende bien antérieure, ou encore Tauroeïs sur le littoral provençal, "disparition" très postérieure à l'époque de Platon en principe, mais dont les références de la légende locale au mythe atlante sont frappantes) : partout où des peuples ont vécu au bord et tournés vers la mer, l'Europe, la Méditerranée et le monde entier regorgent d'"Atlantides" !

    Il semblerait d'ailleurs qu'un nombre important de propositions de datation, y compris antiques (Eumélos de Cyrène), de la "chute" de la civilisation "atlante" ; plus sérieuses que les "9000 ans" avant Platon qui renverraient pratiquement à l'époque des cavernes ; évoquent cette période de la seconde moitié du IIIe millénaire : https://atlantipedia.ie/samples/2200-bc/ ; première "crise générale" (si l'on peut dire) de l'histoire humaine, avec notamment ces violentes invasions et l'émergence des fortifications et des armes en bronze ; voyant même la chute du premier (Ancien) Empire égyptien (celui des pyramides) ; avant celle, un millénaire plus tard, qui verra l'effondrement de la Crète puis de Mycènes et Troie, le déclin définitif de l'Égypte pharaonique et des civilisations mésopotamiennes de la Haute Antiquité etc. (Platon a peut-être, dans son exposé visant la vanité qui entraîne la mort des civilisations, "mélangé" plus ou moins volontairement et "propulsé" dans un passé forcément allégorique ces deux crises, sous les auspices d'un Zeus olympien dont on sait qu'il n'est pas le créateur de l'univers comme le Dieu de la Bible, mais un "ethno-dieu" incarnant les indo-européens, en premier lieu les Grecs, et leur supposée "mission" de restauration de la Vertu et de la Sagesse sur terre).

    Il est par ailleurs fascinant de remarquer combien ce "séquençage" des peuplements par l'archéo-génétique, dans l'archipel britannique, peut "recouper" en quelque sorte les "âges" successifs de l'historiographie mythologique grecque : "âge d'or" = peuplement premier de chasseurs-cueilleurs comme l'homme de Cheddar ; "âge d'argent" = peuplement anatolien des mégalithes (femme de Whitehawk), effectivement aux origines de l'agriculture et dont les titanesques monuments sont peut-être la "folle démesure" qui leur valut le courroux des dieux, et que l'on retrouve dans le récit de Platon (par ailleurs la période néolithique s'achève partout en Europe et dans le monde par l'"âge du cuivre" ou chalcolithique, métallurgie caractéristique notamment à Los Millares, or l'"orichalque" des Atlantes dont parle Platon signifie littéralement "cuivre des montagnes", on a proposé mille théories pour la nature de ce fameux métal, mais n'aurait-il peut-être pas fallu prendre les mots grecs au pied de la lettre ?) ; "âge de bronze" = les envahisseurs destructeurs venus d'Europe centrale, "race guerrière, fille des frênes, terrible et puissante" qui inaugure... l'Âge du Bronze (comme son nom l'indique) ; l'"âge héroïque" est bien sûr absent (il ne concerne que la région égéenne) ; et plus tard, avec les Celtes (vers -700) débute l'"âge de/du fer". Au niveau des dites "ères astrologiques", la fin du IIIe millénaire avant Jésus-Christ voit l'entrée dans celle du Bélier (animal impulsif et "fonceur", et en outre symbole du sacrifice d'Abraham, vers cette même époque, et donc de la "Première Alliance") ; après celle du Taureau, animal emblématique des Minoens mais aussi de la religion de l'"Atlantide" selon Platon ; et avant celle, qui commence avec notre ère, des Poissons, symboles comme on le sait du christianisme...

    "Atlantide" : la probable réalité historique"Atlantide" : la probable réalité historique

    Newgrange (Irlande) : -3200 av. J.-C., 85 mètres de diamètre, 12 mètres de haut...

    À l'autre extrémité de la façade occidentale du continent, dans la Péninsule ibérique, ce que montrent en revanche les études génétiques c'est un remplacement, vers la même époque, de 40% du patrimoine génétique de la population antérieure mais, dans certaines régions en tout cas, de 100% de celui porté par le chromosome Y (masculin).

    Là, hypothèse 1 : les envahisseurs sont entrés dans la péninsule, comme d'autres après eux (Celtes, Suèves et Alains), par le côté atlantique (plus "doux") des Pyrénées, en "négociant" avec les Basques leur passage en échange de les laisser tranquilles (raison de la survie de leur langue jusqu'à nos jours) ; et se sont emparés des régions occidentales et centrales, où les Lusitaniens pourraient être un de leurs reliquats demeurés jusqu'à l'époque romaine ; massacrant la population, du moins, masculine ; en revanche les régions côtières de l'Est et du Sud, protégées par des montagnes difficiles à franchir (le système ibérique de l'Andalousie à la Catalogne), leur auraient résisté pour devenir le foyer de civilisations ultérieures que les Grecs et les Romains de l'époque historique nommeront Ibères.

    Ou alors, hypothèse 2 : une PARTIE de ces envahisseurs, tout en s'emparant largement des régions précitées, s'est MÊLÉE aux élites autochtones des régions méditerranéennes (les restes humains bien conservés dans des tombes, ce sont en général des élites sociales hein...), par mariage de ses guerriers avec leurs filles ; donnant naissance (approximativement à cette même époque : à partir de -2300/2200 jusque vers -1600/1500, voire -1450/1400) à la civilisation étatique et nettement hiérarchisée d'El Argar https://dailyscience.be/06/01/2020/el-argar-une-civilisation-prehistorique-tombee-dans-loubli/ http://www.la-bastida.com/LaAlmoloya/ https://argarica.es/index.php/allcategories-es-es/52-noticias/nationalgeographic-com/75-el-argar-sociedad-guerrera ; civilisation qui pourrait d'ailleurs fortement avoir péri, non d'une attaque extérieure ou d'une catastrophe... mais d'un soulèvement social, qui serait alors le premier attesté de l'histoire humaine (quoi qu'il en soit, sa disparition subite et visiblement brutale - traces d'incendies etc. - vers le milieu du IIe millénaire, concomitamment à la civilisation minoenne en Crète, est un point important à retenir pour la suite...) ; et établissant, contre leurs anciens comparses demeurés barbares et belliqueux, la ligne de défense constituée par les "motillas" (petits sites fortifiés) de la Mancha (moyen Guadiana) (première photo tout au début de l'étude) ; dans l'une desquelles (Castillejo de Bonete) on a effectivement trouvé la sépulture conjugale d'une femme autochtone et d'un homme étranger.

    Mais par contre, du fait de la grande supériorité culturelle de la civilisation locale, en s'y ASSIMILANT ; et en conservant sa langue, le futur ibère, qui n'est clairement pas indo-européenne (sans quoi, disposant de nombreux écrits lisibles en alphabet grec ou phénicien, on l'aurait déjà traduite, ce qui n'est pas le cas – c'est, de fait... avec le basque que les études tentées ont toujours trouvé le plus de correspondances potentielles*, même si les similitudes avec les langues berbères ne seraient pas rares non plus :

    https://istika.blogia.com/2011/070501-similitudes-entre-el-vasco-el-bereber-y-el-ibero.php

    https://en.wikipedia.org/wiki/Iberian_language#External_relations

    https://www.deia.eus/cultura/2011/05/15/convencido-euskera-iberico-son-lengua-5548843.html

    * Sachant, pour bien situer les choses, que la différence entre de l'ibère d'inscriptions des derniers siècles avant notre ère, du basque de textes médiévaux, et la langue qui pouvait se parler dans la péninsule et peut-être tout l'Ouest de l'Europe mégalithique en -2200, c'est sans doute la même qu'entre du latin des débuts de la république romaine, du françoys médiéval de Chrestien de Troyes et de l'espagnol d'aujourd'hui !)

    Bref, rien de plus ni de moins que ce qu'ont fait plus tard les Francs et autres Germains en Gaule, à la fin de l'Empire romain, ou quelques siècles plus tard les Vikings en Normandie (s'installer sur un territoire qu'ils défendront dès lors contre les assauts de leurs anciens congénères, et s'assimiler à sa langue et à sa culture).

    Ou alors, autre et dernière possibilité, car après tout nous ne savons pas (pas d'écrits, déchiffrés en tout cas, etc.) quelle langue pouvait parler cette civilisation à l'époque : la langue de la féroce élite dominante argarique était bien proto-indo-européenne, conformément à leur génétique masculine ; et ce sont les soulèvements sus-évoqués qui ont réimposé celle, "proto-ibérique", de la population locale qu'ils opprimaient et qui n'a bien sûr jamais disparu (sa génétique est encore aujourd'hui présente à 40% des haplogroupes masculins, et deux bons tiers du bagage génétique global) : à ce moment-là seulement serait née la civilisation ibère proprement dite, avec son idiome caractéristique que seuls les plus abrutis zététiciens peuvent considérer "sans rapport" avec l'ancêtre du basque ; autrement dit la langue péninsulaire issue de la fascinante civilisation mégalithique.

    Au plan génétique, les toutes dernières études menées sur des individus d'El Argar semblent de fait plutôt corroborer désormais la deuxième (ou la dernière...) de ces hypothèses : "La récupération de l'ADN de leurs ossements a enfin permis d'identifier la zone d'origine des fondateurs de cette civilisation de l'Âge du Bronze, qui, comme pour de nombreux autres peuples arrivés dans la Péninsule ibérique à cette époque, correspond à la steppe eurasiatique"...

    Ce qui expliquerait aisément la disparition du monumentalisme funéraire mégalithique que nous avons vu jusqu'à présent, au profit d'inhumations individuelles... le plus souvent à l'intérieur ou sous les domiciles mêmes : d'abord parce que les indo-européens sont coutumiers de ces sépultures individuelles et de petite taille ; et ensuite, parce que lorsque l'on est une oligarchie étrangère qui craint les masses autochtones qu'elle opprime durement, on se réfugie dans des citadelles avec ses défunts, que l'on ne va pas exposer "aux quatre vents" accompagnés de richesses fabuleuses dans des nécropoles extérieures qui peuvent être pillées, qu'il faudrait faire garder en permanence etc.

    Ceci pourrait expliquer également que l'on associe souvent ces grandes invasions de la fin du IIIe millénaire à la céramique campaniforme, dont les débuts en Espagne et au Portugal sont pourtant antérieurs (fin de la période Los Millares) ; tandis que les populations d'Europe centrale étaient alors plutôt associées à la céramique dite cordée : ces envahisseurs assimilés de la Péninsule ibérique se seraient tout simplement appropriés la céramique de leur terre d'adoption et l'auraient dès lors diffusée dans le reste de l'Europe occidentale, passée sous la coupe de leurs cousins. C'est d'ailleurs ce que tendent largement à démontrer les études les plus récentes : avant -2500, la diffusion de ce type de poterie ne s'est clairement accompagnée d'aucun mouvement de population depuis la Péninsule, où il est apparu (plutôt dans le Sud-Ouest,  Portugal etc.), vers l'Europe centrale ; apparaissant donc purement commerciale ; et ensuite, comme nous l'avons vu jusqu'ici, c'est bien dans l'autre sens qu'un mouvement aura lieu, comme dans ce que l'on pourrait qualifier d'"attraction" des barbares indo-européens "clients" vers l'épicentre civilisationnel de production, d'où ils "accéléreront" alors cette diffusion (en Grande-Bretagne par exemple, c'est bien la grande invasion de vers -2300 qui introduira le style campaniforme, absent auparavant). Mais une fois entrés dans la civilisation argarique proprement dite (à partir de -2200), par contre, si certains éléments (boutons perforés "en V" etc.) sont bien présents et établissent la continuité, la poterie caractéristique "en cloche" disparaît quant à elle, remplacée par un tout autre style (plus élaboré dans ses formes, mais lisse - comme "poli" - et sans décorations).

    En revanche, il est question ici qu'"en Andalousie occidentale", où l'on situe généralement, au millénaire suivant, la civilisation de Tartessos sur laquelle nous reviendrons plus loin, "les traditions chalcolithiques sont maintenues et perdurent même jusqu'à l'Âge du Bronze tardif"... (mais peut-être sous une forme politiquement "vassalisée" par El Argar).

    On a longtemps pensé, au début, que cette civilisation du Sud-Est ibérique serait le résultat d'une "colonisation" venue de Mer Égée, et en particulier de Crète. Sauf qu'il y a... une ANTÉRIORITÉ, en fait ; donnée qui ne "pardonne pas" en archéologie : -2200 voire 2300 pour des sites comme La Bastida, contre -2000 environ pour l'émergence des premiers véritables palais (assez semblables à certains sites argariques comme La Almoloya) en Crète ; ce qui pourrait même être de nature à suggérer... un mouvement dans l'autre sens (sur le plan culturel-civilisationnel du moins, car au plan génétique la Crète minoenne ne montre par contre aucune trace d'une aristocratie issue des steppes – en revanche leur ADN mitochondrial - maternel - présente de surprenantes affinités avec les individus néolithiques et de l'Âge du Bronze du Sud-Ouest "atlante" de l'Europe, Péninsule ibérique et Sardaigne notamment). 

    L'étude de novembre 2021 montre de fait que si une part d'ascendance "Iran_N", caractéristique de l'Orient méditerranéen et notamment de l'Égée du Bronze, peut bel et bien être détectée chez des individus d'El Argar, elle augmente avec le temps et ne devient vraiment significative que vers la fin de la période ; ce qui montre bien que des contacts ont incontestablement existé, s'intensifiant au fil des siècles, mais qu'ils n'ont en revanche pas été fondateurs pour cette civilisation.

    Pour ce qui est de la pratique de la navigation, la découverte du même "profil" génétique que celui d'El Argar (environ un tiers à 40% d'ascendance des steppes, haplogroupe masculin R1b-Z195) aux îles Baléares, ainsi qu'en Sicile à l'Âge du Bronze tend également à la démontrer de manière assez irréfutable (impossible d'atteindre ces îles autrement) ; ce qui serait là une autre assimilation de la culture des conquis, et de fait, les premiers Yamnayas navigateurs plus de 5 siècles avant les Mycéniens.

    Quoi qu'il en soit, cela semble bien être ces invasions indo-européennes qui de manière soit "pénétrante" (prenant la place des sociétés néolithiques mégalithiques ou en tout cas, les intégrant pour y former une nouvelle élite), soit "réactive" (poussant celles-ci à se retrancher, s'armer, développer une culture guerrière bref changer de mode de vie), ont entraîné cette "mutation" dont parle le récit de Platon (qui ignorait tout, bien sûr, de cet aspect des choses) ; de sociétés "spirituelles", relativement pacifiques et démocratiques (sinon égalitaires), "attachées à la vérité, ne s’ouvra(n)t qu’à de nobles sentiments, leur prudence et leur modération éclata(n)t dans toutes les circonstances et dans tous leurs rapports entre eux, ne connaissant d’autres biens que la vertu" (Critias), vers des sociétés militarisées, agressives et conquérantes, "domin(ées) par l’injuste passion d’étendre leur puissance et leurs richesses".

    En réalité, si l'on veut s'aventurer sur ce terrain là, ce sont bel et bien les deux grandes "traditions" européennes, démocratique et aristocratique (et liminairement, "bourgeoise" dans le cas d'une évolution thalassocratique marchande), traversant toute l'histoire du continent, qui puisent leurs racines l'une dans la société néolithique "arpetar"/"atlante", l'autre dans celle issue des envahisseurs de l'Âge du Bronze venus des steppes...

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Remparts de Los Millares (-3200 à -2200 avant notre ère)

    "Citadelle" de La Bastida, civilisation d'El Argar, -2200 à -1500 (reconstitution 3D)

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Stèle de guerrier", Bronze final, musée archéologique de Badajoz

    LES PROLONGEMENTS DANS L'ÂGE DU BRONZE : "PÉLASGES", PEUPLES DE LA MER, HYKSÔS, GRANDE "CONFÉDÉRATION" MÉDITERRANÉENNE...

    Cette civilisation ibère se perpétuera donc comme on le sait jusqu'à l'époque de sa conquête par les Romains, dans les deux derniers siècles avant notre ère ; et il est impossible ici de ne pas évoquer également la mythique (mais historiquement incontestée) cité de Tartessos https://youtu.be/s-C4cMiOguo, dans la région de Cadix au sud-ouest de la péninsule ; "Tarshish" dans la Bible ou encore (selon certaines interprétations) sur la stèle phénicienne de Nora en Sardaigne, ce qui tendrait à indiquer un rôle assez "clé" dans la Méditerranée de la transition du Bronze au Fer : une "piste atlante" sérieusement envisagée de longue date et attestée par de multiples sources antiques grecques, assyriennes, bibliques comme on l'a vu etc. ; plongeant ses racines dans l'ère argarique avant de régner commercialement sur la Méditerranée entre -1500 environ et sa destruction (probablement par les Carthaginois, pour son alliance avec les Phocéens de Marseille) au VIe siècle ; en lien étroit avec les Phéniciens, cet autre et unique peuple sémite connu à l'époque pour ses talents de navigateurs, dont elle pourrait même (voir la vidéo) avoir été sur cet aspect la "mère" civilisationnelle ; tout comme la "métropole" des cultures "shardanes" / "peuples de la mer" de la Méditerranée occidentale auxquelles nous allons maintenant venir.

    https://www.totallyawesomehistory.com/blog/tartessos-the-lost-civilization-youve-never-heard-of

    https://algarveprop.com/fr/est-la-cité-perdue-de-l'atlantide-en-algarve/

    https://www.huelva24.com/huelva/muro-demuestra-huelva-ciudad-antigua-occidente-20231225000514-nth.html (murailles de pratiquement 1000 avant notre ère... "phéniciennes", ou d'une brillante civilisation locale en lien avec le commerce phénicien, et où des Phéniciens étaient présents ?)

    https://www.nationalgeographic.fr/histoire/lorigine-du-tresor-del-carambolo-enfin-revelee (lire le contenu qui, en relation avec tout ce que nous venons de voir, contredit totalement ce qui est affirmé - "pas lié à Atlantide"... - en introduction : "Grâce à cette nouvelle étude, nous savons désormais que l'or a été extrait des mines d'Espagne. (...) L'analyse a révélé que le matériau provenait vraisemblablement des mêmes mines associées aux tombes souterraines monumentales de Valencina de la Concepción, qui datent du IIIe millénaire avant J.-C. et qui sont également situées près de Séville. Les auteurs de l'article affirment que les bijoux du Trésor d'El Carambolo marquent la fin d'une tradition continue du traitement de l'or, initiée en Espagne 2000 ans plus tôt.")

    https://www.almendron.com/blog/el-santuario-tartesico-de-cancho-roano/

    Il va de soi, en tout cas, que si Platon était philosophe, il n'était pas archéologue : il connaissait l'existence d'une brillante civilisation, mégalithique-chalcolithique et Bronze ancien, dans le lointain Occident plusieurs millénaires avant lui ; y puisant comme on l'a vu l'inspiration première de son récit ; mais il ne pouvait se la représenter, et la décrire comme il l'a fait, qu'au travers de réalités beaucoup plus récentes ou même contemporaines de lui ; et en cela, ce "monde" ibérique-tartessien et plus largement méditerranéen occidental profondément "imbriqué" de pénétration et d'influence phénicienne-carthaginoise, apparaît bien sûr comme la référence évidente.

    Si la "question atlante" pouvait au moins conduire à mieux découvrir, étudier... et mettre en valeur cette superbe civilisation ; par trop négligée (en dehors de l'Espagne elle-même en tout cas) car "mère" ni de la Grèce classique comme les Mycéniens et la Crète (que nous verrons bientôt ci-après), ni de Rome comme les Étrusques, ni même de "nos ancêtres les Gaulois" ; souvent perçue comme de purs "sauvages" et "sages élèves" des Phéniciens, alors que nous savons avec El Argar qu'elle présentait de véritables "Troie d'Occident" plus d'un millénaire avant eux... ce serait déjà une très bonne chose !

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibères

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Dame_d'Elche

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Trésor_de_Villena - https://es.wikipedia.org/wiki/Tesoro_de_Villena ("post-argarique", -1000 av. J.-C. au moins) -
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Trésor_de_Caldas_de_Reis (à l'autre bout de la Péninsule, Galice) : des concentration d'objets en or seulement égalées par Mycènes en Grèce... tout à fait le débordement de richesses impressionnantes que décrit Platon !

    tutugi-archaeological-site - necropolis-iberica-de-el-cabo-de-andorra - carmona-tombs-circular - necropolis-dinastica-de-cerrillo-blanco : nécropoles, pour admirer la formidable continuité funéraire (tumulus-tholos etc.) depuis l'époque mégalithique...

    En dehors de ce cas spécifique ibérique, on observe donc après la grande invasion yamna l'extinction subite de la civilisation des temples de Malte, ce qui laisse entendre que ce peuplement (sur une petite île très sèche) n'était pas vraiment autonome, mais plutôt un "avant-poste" de quelque chose "derrière" qui a disparu ; et la civilisation "atlante" des mégalithes se réfugie, en revanche, dans les derniers endroits vivables et fortement à l'abri que sont les grandes îles de la Méditerranée occidentale (Sardaigne et Corse, Sicile, Baléares : les Sardes auraient ainsi comme les Basques également très peu connu d'apport génétique indo-européen, même si par contre leur langue est devenue latine par la suite ; selon Thucydide, "il est établi que les Sicanes - en Sicile - étaient des Ibères, chassés par les Lygiens des bords du fleuve Sikanos en Ibérie", tandis que pour Salluste, Pausanias et Solin la Sardaigne connut la venue depuis l'Ibérie de Norax, qui ne peut pas ne pas évoquer les nuraghi ou nuraxi ; sans aucun doute une trace mémorielle de ce "repli" devant les proto-indo-européens... la parenté linguistique de la langue sarde pré-romaine avec l'ancien ibère ou le basque étant par ailleurs largement etudiée et documentée de longue date, de manière il faut le dire assez convaincante, de même d'ailleurs qu'aux Baléares, où "les liens linguistiques particulièrement significatifs avec le paléo-sarde suggèrent une unité linguistique et ethnique du bassin méditerranéen occidental au IIIe millénaire, altérée par l'irruption des langues indo-européennes") ; où le mégalithisme évolue vers le torréen/cyclopéen à caractère défensif (car malgré tout, même à des centaines de kilomètres de mer d'adversaires qui sont de grands guerriers et cavaliers mais pas encore de grands marins, on n'est jamais trop sûr...)
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuraghe https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_nuragique https://youtu.be/FJKHQtegw5M https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_torréenne https://www.academia.edu/1265030/Les_monuments_turriformes_de_l_Âge_du_Bronze_en_Corse  https://it.wikipedia.org/wiki/Sese_(architettura) File:Lipari_Villaggio_Preistorico_Castello.jpg https://parchiarcheologici.regione.sicilia.it/himera-solunto-iato/en/siti-archeologici/area-archeologica-del-villaggio-dei-faraglioni-ustica/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Castelluccio https://www.parcodisegesta.com/home/aree-tematiche/siti/mokarta.html https://ca.wikipedia.org/wiki/Periode_pretalaiotic (culte du taureau en talayotique tardif, contemporain de Platon) (voir aussi le toujours mystérieux cas, sur le continent, des Ligures : pré-indo-européens repliés dans les régions montagneuses ? ou indo-européanisés "partiellement" ?) ; et entre en lien croissant (de fait, probablement toujours existant et jamais rompu depuis la migration anatolienne néolithique - d'ailleurs les temples de Malte auraient pu représenter un "jalon" essentiel sur cette "route") avec la civilisation "pélasge" de Mer Égée, issue de ce même peuplement... mais aux liens culturels forts, quant à elle, avec l'Orient* (où se développent déjà les prémisses de la culture maritime cananéenne, bientôt phénicienne - Ougarit, Byblos) : nous allons donc voir, à présent, comment cette "interconnexion" d'un bout à l'autre de la Méditerranée (et au-delà, jusqu'à l'Europe atlantique) est absolument centrale dans ce que Platon a voulu nous relater comme "l'Atlantide", dans sa phase "agressive".

    [* "Fécondation" démique et civilisationnelle de la Méditerranée orientale, à partir de -3000 environ, par des métallurgistes d'haplogroupe J de la civilisation "kouro-araxe" Zagros-Caucase, dont les autres axes d'expansion s'étendront jusqu'à la Mésopotamie et au Levant - c'est à peu près prouvé aujourd'hui pour les prémisses de la civilisation cananéenne - voire jusqu'à la vallée de l'Indus/"Meluhha" ; à moins qu'il ne se soit agi d'un même "bloc" de populations, J1 plutôt "descendus" de l'actuelle Arménie - de l'Ararat ! - vers la Mésopotamie et l'Arabie pour s'y mêler aux populations "chamites" natoufiennes E1b1b et donner naissance aux Sémites, J2 de la Basse Mésopotamie et du Caucase jusqu'à l'Inde, à la différentiation tant génétique que culturelle ancienne* (la civilisation de l'Indus se révèle en effet, à chaque nouvelle découverte, d'une ancienneté toujours plus ahurissante !) ; peut-être flanqué de L et T, également notablement présents de l'Inde à l'Afrique du Nord-Est et qui pourraient même (surtout T) "faire le lien", évoqué par certaines sources antiques et envisagé par des chercheurs comme Henry Rawlison, entre cette dernière région et les Sumériens ; bref : on retrouve en tout cas là encore - un peu - Prométhée le "Caucasien", initiateur des peuples au travail des métaux... (* avec la fameuse question de la parenté entre sumérien et langues dravidiennes pré-indo-européennes d'Inde, balayée d'un revers de main par tous les zététiciens de service aux relents au demeurant souvent colonialo-racistes, mais qui apparaît saisissante et documentée dès que quelqu'un, notamment un concerné dravidophone qui connaît un peu son sujet c'est-à-dire sa langue, se penche sérieusement sur la question et compare bien sûr avec des formes ARCHAÏQUES et non actuelles de langues dravidiennes, sachant que ce dravidien archaïque est lui-même postérieur de quelques 2000 ans à la toujours indéchiffrée à ce jour langue de l'Indus, qui pourrait elle-même s'être différenciée plusieurs millénaires auparavant de ce qui deviendra le sumérien, ou le proto-élamite voisin et contemporain lui aussi indéchiffré - l'élamite déchiffré aujourd'hui date du 1er millénaire avant notre ère)...
    La découverte en Iran de la civilisation de Jiroft https://youtu.be/MDjZyLfk-ds, dans une région aujourd'hui aridifiée mais qui ne l'était pas à l'époque, pourrait bien selon toute vraisemblance être l'Aratta des textes sumériens et surtout le "chaînon manquant" démontrant l'existence de ce "bloc" culturel d'émanation "J2" qui s’étendait donc de la Mésopotamie et du Caucase, depuis lequel il aurait "fécondé" les civilisations du Levant et de Mer Égée (et même jusqu'en Méditerranée occidentale : on en trouve dès le début du IIIe millénaire en Italie du Sud près de Naples ; notable prévalence aujourd’hui en Italie, Sicile, Sardaigne/Corse et même dans le Sud de l'Espagne... et de la France) ; jusqu'à l'Inde et - dernière extrémité - la Bactriane entre Turkménistan et Ouzbékistan ; et dont pourraient par ailleurs être issues les brillantes traditions spirituelles, indo-européanisées par les invasions ultérieures, que sont l'Avesta en Iran et le Rig Veda en Inde, sans oublier la mythologie mésopotamienne et sa contribution à la Bible.
    Après, les nombreuses études évoquant des similitudes entre le sumérien et le basque pourraient aussi conduire à suggérer pour ce peuple une origine caucasienne, ou "göbeklitépéenne", ce qui invaliderait en grande partie ce qui vient d'être dit (quoi que... le schéma de l'étude en lien plus haut montre bien, de fait, à la fois cette part d'ascendance anatolienne = Göbekli Tepe et une part d'ascendance "iranienne" paléolithique - qui elle, fait le "lien" avec l'Inde - chez les fermiers néolithiques iraniens de l’Ouest, donc pourquoi pas en Mésopotamie, si bien que les deux thèses pourraient être en même temps vraies !) ; mais expliquerait les difficultés à relationner la langue avec, par exemple, l'élamite de l'Iran voisin, et apparaîtrait cohérent avec le récit biblique d'une "descente" de populations depuis l'Anatolie-Caucase ("Ararat"), à la fois vers l'Europe et la Méditerranée ("Japhet"), la Mésopotamie ("Sem") et le Levant et le Delta du Nil ("Cham"), après le "Déluge" (Dryas récent ? ou un autre événement ?) – même si, nous l'avons dit et répété, l'Égypte pharaonique ne leur "doit" pas sa civilisation ; tandis qu'en Mésopotamie, la langue sémitique de la famille afro-asiatique tend à montrer que la population de type "natoufien" et d'haplogroupe E1b1b était la population autochtone ; les fameuses "têtes noires" qui contrairement à ce que l'on entend généralement, ne désignaient visiblement pas "les Sumériens" au sens de l'élite dirigeante, mais le "troupeau" humain de Basse Mésopotamie : selon la mythologie sumérienne, "le roi" était en effet "le représentant terrestre des dieux, en premier lieu le roi des dieux Enlil, mais aussi la divinité tutélaire de leur royaume, comme Ningirsu à Lagash, voire d'autres divinités aux attributs royaux, comme Inanna" ; "dans les temps antédiluviens, la royauté était descendue du ciel, c'est-à-dire du monde divin, puis s'était transmise aux plus méritants selon la volonté des dieux" ; et le roi Shulgi d'Ur, par exemple, pouvait ainsi se définir dans une ode à lui-même comme le "berger des têtes noires"... un "troupeau" donc, exploité, opprimé (problème déjà soulevé vers -2350 par le souverain sumérien Urukagina lui-même) et qui a peut-être fini par se révolter vers -2300 derrière Sargon d'Akkad... (dans la Bible, "Nimrod" fils de Koush et petit-fils de Cham = claire origine afro-asiatique, est généralement assimilé à Sargon ou à son successeur Naram-Sim, plus grand des souverains akkadiens ; et rattaché par ailleurs à la racine sémitique marad = "se rebeller" ; se rebeller "contre Dieu"... ou contre les "dieux" sumériens ?).
    Bref, fin de cette parenthèse moyen-orientale, tout ceci étant tellement intéressant qu'on pourrait en pondre 300 lignes (ici, une recension des diverses hypothèses quant aux origines des Sumériens : https://www.quora.com/Were-Sumerians-descendants-of-Anatolian-Levant-or-Iranian-farmers/answer/Ygor-Coelho).]

    En fait, on peut peut-être même aller jusqu'à parler de "hub", de "plaque tournante" entre cet Orient y compris lointain, avec des objets jusque de l'Indus retrouvés à Égine (île de la Mer Égée) ou encore à Troie ; l'Égypte bien sûr ; et toute la Méditerranée et au-delà, loin en Europe atlantique ; ce qui en fera la prospérité et la splendeur civilisationnelle (protégée, par ailleurs, "militairement" par l'insularité) :

    https://www.harappa.com/answers/there-any-evidence-trade-egypt-and-minoan-crete

    https://www.smithsonianmag.com/smart-news/bronze-age-metal-trade-extended-for-thousands-of-miles-across-the-mediterranean-180979642/

    https://www.quora.com/Were-the-Islands-of-Corsica-and-Sardinia-in-the-Minoan-and-Phoenician-trade-network (TRÈS intéressant et documenté !!)

    https://www.chemistryworld.com/news/bronze-age-tin-from-israeli-shipwrecks-was-mined-in-britain/4010404.article

    https://novoscriptorium.com/2019/09/08/minoan-crete-and-western-tin-trade-routes/ (très intéressant, celui-là, quant à cette interconnexion évoquée depuis le Proche-Orient jusqu'au Nord-Ouest de l'Europe, que suffit de toute façon à démontrer la simple présence d'étain - dans le bronze - en Méditerranée orientale, qui était totalement dépourvue de gisements)

    https://www.ancient-origins.net/artifacts-other-artifacts/uluburun-shipwrecks-001962 (épave d'Uluburun, Turquie, datée de vers -1300 : "la provenance des artefacts (de l'épave) suggère que l'Égée de l'Âge du Bronze s'inscrivait dans un vaste réseau international de commerce entre la Syrie-Palestine, Chypre, l'Afrique du Nord et l'Égypte, et parfois jusqu'aussi loin à l'ouest que la Sardaigne")

    http://dispatchesfromturtleisland.blogspot.com/2011/06/case-for-minoan-as-greater-hurrian.html (sur la question linguistique... où l'on retrouve encore une fois la connexion "prométhéenne" avec le Caucase – et, faut-il en déduire, avec le "frangin" Atlas à l'horizon lointain extrême-occidental ?)

    https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01414130/document ("Les Minoens et l’Orient : mise en évidence d’échanges à partir de l’étude des vases", Nina Lespy-Labaylette)

    https://www.persee.fr/doc/casa_0076-230x_1992_num_28_1_2601 ("La période pré-phénicienne en Péninsule ibérique : relations avec la Méditerranée centrale" - que l'on sait avoir été elle-même connectée à la Crète et l'Egée à la même époque...)

    Cerro de la Encantada (Ciudad Real, Espagne) : le site présentant peut-être le plus d'évidences de relations entre la Péninsule ibérique et la Méditerranée orientale, au milieu du IIe millénaire (sachant que de fait, les "autels à cornes" qui y ont été trouvés abondent non seulement en Crète et Méditerranée orientale, mais aussi sur le territoire d'El Argar - provinces d'Almeria et Murcia ; attestant de liens de plus en plus indiscutables à mesure de ce type de découvertes ; outre le fait qu'El Argar ne se limitait certainement pas à ces deux provinces, mais était une puissante civilisation s'étendant sur tout le Sud et le Sud-Est de la Péninsule, avec pour "ligne de front" face aux "purs Yamnas" des sites comme celui-ci ou les motillas, et n'était certainement autre que le royaume de Chrysaor et Géryon dans la mythologie herculéenne que nous verrons plus loin)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Épave_de_Douvres (navigation en Atlantique-Manche à l'Âge du Bronze, "dernière étape" de la grande "route" maritime "atlante" : les "autres îles" en face du "grand continent" bordant une "véritable mer" ; Platon puisant sans doute là son inspiration dans l'ancienne tradition autour des "Cassitérides", "archipel" semi-fictif faisant office de "hub" du commerce de l'étain, indispensable au bronze, et qui aurait pu désigner "plusieurs pays successivement : les îles de l'ancien golfe de la Brière (ou plus globalement de toute la Bretagne Sud et la Vendée), où la ville de Tartessos se procurait l'étain", puis, "au temps de l'hégémonie carthaginoise, les îles Scilly à l'entrée de la Manche, où se faisait l'échange de l'étain provenant des mines du Devon et de Cornouailles" ; îles effectivement bordées par les "véritables mers" que sont l'Atlantique, la Manche, le Golfe de Gascogne - pas un "port fermé par un goulet étroit" comme la Méditerranée ; et faisant face à la grande masse continentale "hercynienne" de l'Europe...)

    Laquelle civilisation, donc, après la période cycladique du IIIe millénaire (et helladique ancienne sur le continent), passera comme on le sait sous la suzeraineté de la célèbre Crète minoenne (entre -2000 et -1500) (origines génétiques : "Les Minoens descendent principalement des premiers agriculteurs du Néolithique. Ces derniers ont migré des milliers d’années avant l’Âge du Bronze depuis l'Anatolie, dans ce qu’on connaît aujourd’hui comme la Turquie", comme l'ensemble du peuplement égéen "pélasge" ; de grandes proximités ont de fait été trouvées, en ADN mitochondrial - lignée maternelle - du moins, avec les populations néolithiques de la Péninsule ibérique,  de Sardaigne, du Sud de la France et même de Grande-Bretagne) ; suzeraineté qui s'étendra d'ailleurs peut-être jusqu'à la Méditerranée occidentale : mythe de Dédale en Sicile, trouvant refuge auprès du roi sicane Kokalos qui apparaît comme un "vassal" de Minos ; commerce de l'étain, ressemblances parfois notables avec El Argar dans l'urbanisme ou les inhumations dans de grandes jarres - pithoi - etc. etc. ; les liens avec Chypre, les royaumes du Proche-Orient et l'Égypte (en particulier le royaume "hyksôs" du Delta, nous y reviendrons) étant pour leur part avérés.

    Cette carte de la prévalence de l'admixture génétique "Mycénienne Bronze" (en réalité, à très forte composante pélasge c'est-à-dire peuplement néolithique anatolien + J2 du Bronze kouro-araxe, additionnée d'un peu d'indo-européen), offre peut-être une assez bonne idée des contours de ce "monde pélasge" dont il est question ici.

    Diodore (toujours lui) nous dit que Minos et son frère Rhadamanthe, fils de Zeus et d'Europe ("phénicienne" fille d'Agénor et descendante de la "pélasge" Io - voir plus loin : "symbole" du "mix" entre ascendance vieille-européenne néolithique et ce "courant" J2 venu du Levant ?), régnaient sur "de GRANDES îles (donc pas seulement celles, petites, de la Mer Égée) et presque toutes les côtes de l'Asie"...

    Cette hégémonie maritime minoenne-pélasge pourrait donc bien n'être autre que l'ultime expression historique réelle de l'"Atlantide", "marchant insolemment" et asseyant sa domination sur "l'Europe (au-delà donc de ce qui était contrôlé jusque là, de Gibraltar "jusqu'à la Tyrrhénie" = Italie) et l'Asie toutes entières" ; donnant ainsi sa part de vérité à la grande et déjà ancienne thèse crétoise quant à la mystérieuse civilisation perdue ; mais sans que cette dernière s'y réduise.

    "Creuser" le sujet à travers l'étude approfondie de la mythologie, mettre en perspective notamment Diodore (voir en bas de page) et la légende d'Io (voir plus loin), permet de fait de relier totalement cette tradition "atlantide"-"océanide" à la mythologie grecque pré-héroïque ("origine des dieux" et de multiples lignées légendaires, notamment, dans le couple Océan-Téthys - "Je pars visiter les limites de la Terre, l'Océan, père des dieux, et Téthys leur mère" : Diodore, citant Homère - autrement dit la "rencontre" entre l'Atlantique et la Méditerranée, et peut-être, symboliquement, entre la grande migration néolithique anatolienne et les peuples autochtones d'Europe de l'Ouest) ; et de mettre en évidence le lien entre la civilisation extrême-occidentale dont nous avons parlé jusqu'ici, et cette civilisation minoenne-pélasge de Mer Égée (dans laquelle les interventions et accouplements répétés de Zeus symbolisent probablement la pénétration proto-grecque indo-européenne).

    De fait, cette période entre -2000 et -1500 approximativement semble bien avoir vu une intensification des contacts et, pour tout dire, une "imbrication civilisationnelle" entre l'Égée, ethniquement, commercialement et culturellement reliée à la Méditerranée occidentale "post-atlante" et progressivement pénétrée par les indo-européens proto-grecs ; le Levant, et le Delta du Nil (où elle atteindra son paroxysme avec les Hyksôs que nous verrons plus loin) ; de laquelle jailliront littéralement toutes les grandes civilisations de la période suivante (y compris le Nouvel Empire égyptien refondé) et les traditions mythologiques associées (Bélos/Baal, Hercule/Melqart, Osiris/Zeus, Isis/Athéna, DanaosCadmos, Athènes "de la même origine que les Saïtes" égyptiens, comme rapporté dans le Timée, etc. etc.)...

    Puis, donc, cette thalassocratie crétoise déclinera (avec comme évènement clé, on le sait, l'éruption de Théra-Santorin vers -1600 ou -1550, dont le tsunami consécutif dévastera ses côtes et ses ports mais épargnera ceux, mieux abrités, de Grèce continentale), sera militairement vaincue et passera sous la coupe des Achéens/Mycéniens ("Même si les Minoens et les Mycéniens possèdent des origines génétiques des premiers agriculteurs et des Orientaux" - fondamental substrat "pélasge" y compris jusque dans la langue : les termes maritimes notamment, comme "thalassa" ou "pélagos" qui fait bien sûr penser à "pélasge", n'ont rien à voir avec les racines indo-européennes "mar" ou "see" = étendue d'eau - "les Mycéniens ont une composante supplémentaire de leur ascendance vers les anciens habitants de l’Europe de l’Est et de l’Eurasie septentrionale : cette lignée, connue comme l’Ancien Nord eurasien est l’une des trois populations ancestrales des Européens actuels et elle se trouve également dans les Grecs modernes" -> bref même scénario qu'en Espagne, visiblement, à peu de choses près...), première grande civilisation de Grèce continentale (on entre là dans l'"âge héroïque" de la mythologie grecque et, on l'a dit, probablement l'autre grande inspiration du récit du Timée de Platon et de sa "guerre" d'"Athènes" contre l'"Atlantide") ; qui s'en approprieront les routes commerciales dans une probable "confédération" avec les très antiques cités pélasges, passées un temps dans l'orbite (indo-européenne) hittite-louwite, d'Asie Mineure, dont la fameuse Truwisa = Troie / Wilusa = Ilios ; ET sans doute les reliquats "atlantes" des îles italiennes...

    https://mobile.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/de-minos-a-thesee-et-ulysse-139769

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Les routes maritimes de l'Âge du Bronze (évidemment bien antérieures à -1400, mais auparavant dominées 
    par la Crète minoenne...). La Péninsule ibérique n'apparaît pas sur la carte, mais elle y était bien entendu
    connectée, de même que toute l'Europe du "Bronze atlantique". L'enjeu géopolitique de leur prise de contrôle
    par les Mycéniens est sans doute en grande partie ce qui sera retranscrit par Solon et Platon dans l'"Atlantide".

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Temple-source" de Su Tempiesu, dédié au culte de l'eau. Ci-dessous, vue d'ensemble de celui de Santa Cristina :

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Castellu d'Arraghju, Corse du Sud... impressionnant !

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Statue-menhir de guerrier armé, Filitosa, Corse (FILITosa... PHILIsTins ?)

    "Confédération" qui sous le nom de "Peuples de la Mer" (strict équivalent en égyptien du grec "Pélasgoi" : "pélagos" = en mer, au large, navigateurs ou îles loin de toute terre...), s'étant appropriée le talent maritime de ses glorieux prédécesseurs crétois, se lancera vers -1200 à l'assaut de l'Égypte de Mérenptah et Ramsès III, et du Proche-Orient où elle entraînera le déclin et la chute de l'Empire hittite, et l'établissement d'un peuplement que la Bible retiendra sous le nom de Philistins (Peleshet dans les écrits égyptiens) ("Les quatre échantillons ADN (philistins) incluent proportionnellement plus d'origines européennes additionnelles dans leurs signatures génétiques (environ 14 %) que les échantillons antérieurs à l’Âge du Bronze (2 % à 9 %), les modèles les plus plausibles renvoyant à la Grèce, la Crète, la Sardaigne et la Péninsule ibérique"...).

    Car des noms de ces peuples déchiffrés sur les stèles égyptiennes, les Aqwesh ou Aqishwaya sont de manière transparente les Achéens (périple de Ménélas "sur les côtes de Chypre, de la Phénicie et de l'Égypte", "amassant de grandes richesses", dans l'Odyssée chant IV) ; les Shardanes renvoient clairement à la Sardaigne (et la Corse torréenne avec laquelle aucune différence n'était probablement faite – et nullement à la région anatolienne de Sardes, en Lydie, comme cela a longtemps été affirmé : ce nom - Sârdis en grec - n'apparaît pas dans les sources avant le Ier millénaire, et sa forme sémitique et perse - Sfard/Spard - est par ailleurs employée en hébreu... pour désigner le lointain Occident, notamment l'Espagne, si bien que loin d'en provenir, les Shardanes pourraient même bien l'avoir fondée !*) ; et les Shekelesh aux Sicules (distincts des Sicanes, "pénétration-assimilation" dans l'Est de la Sicile - Castelluccio - d'ascendance des steppes, dès peut-être la fin du IIIe millénaire, mêlée peut-être de "Pélasges" égéens et de "Bronze oriental" J2 - influence frappante notamment à Thapsos : nombre d'auteurs antiques les disaient venus du continent, chassés par les Italiques, Denys d'Halicarnasse les dit même avoir occupé un temps le futur site de Rome...) ; les Turesh ou Tourousha... de manière toute aussi transparente aux Troyens (à moins que ce ne soit de la cité minoenne de Tylissos, qui se transcrirait "Tu-ru-sa" en linéaire A ?), dont ce n'est que plus tard qu'une colonie "tyrsénienne" en Italie centrale sera connue comme les Étrusques*, donnant lieu au "mythe" (pas si mythologique que cela, du coup) des origines troyennes (Énée) qui sera après la période des Tarquins approprié par Rome ; les Tjeker (seconde vague d'attaques) pouvant eux aussi renvoyer à "Teucros", ancêtre mythique (originaire de Crète...) des Troyens, également appelés (par conséquent) "Teucriens" dans l'Antiquité ; flanqués des Lukka = Lyciens (Asie mineure également, originaires de Crète selon les auteurs antiques et alliés de Troie dans l'Iliade) ; des "Meshwesh" (que nous retrouverons plus loin) et autres "Weshesh", qui désignent selon toute vraisemblance des populations libyco-berbères ; sans oublier l'origine "incertaine", aux théories multiples, des Denyens (dnjn) – bref, de fait, toute la "Pelasgia" que nous venons de voir, réunie...

    Sachant que certains de ces peuples ("Libyens" berbères, Shardanes sardes) avaient déjà pu attaquer et être combattus et repoussés par les Égyptiens auparavant (parfois de longue date), mais aussi... intégrer leur armée comme auxiliaires ; ce qui aurait pu leur permettre d'"alimenter" l'Égypte en informations sur leurs terres d'origine, les régions occidentales de la Méditerranée et au débouché de Gibraltar ; ces fameux éléments qui seront ensuite rapportés à Solon.

    Dans la foulée de ces expéditions militaires, la "confédération" se rompra, peut-être pour cause de contentieux sur le partage du butin (bien plus probablement, en tout cas, que pour un "enlèvement d'Hélène" déjà contesté par les auteurs de l'Antiquité eux-mêmes) ; ce qui donnera lieu à cet autre grand mythe incontournable de la Grèce antique : la guerre de Troie https://una-editions.fr/les-historiens-et-la-guerre-de-troie/ https://youtu.be/BWPAKdPrMgU ; archéologiquement attestée par des traces de violente destruction militaire (incendie manifestement consécutif à une attaque ennemie) au niveau Troie VIIa, vers -1180, soit la datation qui recueillait le plus large consensus déjà chez les auteurs antiques (une autre destruction, antérieure, est également constatée au niveau Troie VI vers -1300 ou -1250 : peut-être pourrait-il s'agir d'une première expédition correspondant à celle d'Hercule contre le roi Laomédon, à la place duquel il aurait installé Priam sur le trône - les tablettes hittites attestent effectivement d'importants changements politiques à "Wilusa" vers cette époque, peut-être effectivement avec une intervention mycénienne, et de manière générale, de "200 ans de conflits larvés" dans la région...) ; et de laquelle découleront par la suite les mythes fondateurs des "origines troyennes" que, à la suite des Romains l'ayant emprunté aux Étrusques*, revendiqueront également de nombreux peuples européens : Celtes belges ou bretons, ou Francs ; récits éminemment politiques bien sûr, pour tenter de s'approprier la "légitimité" de Rome, mais faisant écho, consciemment ou pas, à l'origine bien réelle de tous ces peuples dont, dans leur "masse" originelle des Balkans et du Danube ("Sicambrie"), la "confédération" mycéno-troyenne était effectivement l'"épicentre" économique et civilisationnel...

    Tandis que "deux générations" (ce qui ferait 50 ou 60 ans environ) après ce conflit, la civilisation mycénienne périra quant à elle sous l'assaut des Doriens, et la Grèce plongera pour plus de trois siècles dans les "âges obscurs".

    [* Cette question de l'origine des Étrusques, complexe et controversée de longue date (depuis... l'Antiquité même), mérite peut-être que l'on s'y attarde quelques lignes : d'origine anatolienne (souvent lydienne) pour la majorité des auteurs antiques ; voire de Troie elle-même, bien que Virgile les distingue bien d'Énée et ses compagnons, et d'autres auteurs les font même le combattre, leur prêtant dans tous les cas une arrivée bien antérieure (a pu par exemple être évoqué un certain "Esio", "roi pélasge" arrivé vers -1500 par la côte adriatique), ceci étant cependant peut-être un moyen de leur "voler" cette ascendance glorieuse comme on l'a dit ; mais absolument autochtones par contre pour Denys d'Halicarnasse, réfutant ses confrères ; il est désormais claironné après de récentes études génétiques (2019, 2021) qu'ils auraient été "absolument identiques à leurs voisins romains et autres italiques", et même "avec des niveaux substantiels d'ascendance liée aux populations (indo-européennes) de la steppe pontique"...

    Alors, et c'est un principe absolu à retenir : lorsqu'il est question de telles études génétiques, il faut absolument aller voir par soi-même. Et de fait, le constat effectué sur l'étude elle-même n'est pas tout à fait celui-là... : en analyse des proximités (anciennes et actuelles) du génome "global", les anciens Étrusques apparaîtraient presque... comme des "Minoens (tels que vus plus haut) de l'Ouest", auxquels il est d'ailleurs vrai que dans leurs représentations picturales, à un millénaire de distance, ils ressemblent un peu.

    Si leur éloignement des populations du Proche-Orient, du Caucase actuel comme préhistorique (CHG) et du Néolithique iranien semble en effet considérable, et peu compatible à priori avec une origine anatolienne à l'Âge du Bronze, ils ne sont pas ou guère moins éloignés des populations d'Europe du Nord et de la steppe indo-européenne ; et, comme l'étaient les Minoens, très proches en revanche du Sud-Ouest européen actuel et des fermiers néolithiques anatoliens (les "origines anatoliennes" évoquées dans l'Antiquité pourraient-elles être tout simplement... celles-là ?). En tout cas, leur "positionnement" génétique entre ascendances steppe et néolithique n'apparaît pas très différent de celui des Ibères du Bronze et du Fer et des Basques actuels, locuteurs eux aussi d'une langue non-indo-européenne ou en tout cas "hybride" (le basque compte en effet un tiers sinon plus de son vocabulaire rattachable aux langues indo-européennes, mais le reste non et il ne l'est pas dans sa structure, ergative et agglutinante).  

    Par ailleurs, en termes d'haplogroupe masculin, leur région d'Italie centrale et globalement tout l'Apennin se caractérise par une notable prévalence de G2a (~10%), aussi bien dans des lignages comme L497, clairement lié au peuplement néolithique (culture de Rinaldone - IVe-IIIe millénaire - qui occupait strictement la même aire en Italie centrale) et dont de très nombreux anciens individus étrusques s'avèrent porteurs ; rejoignant la thèse de l'"autochtonie", en tout cas de la pré-indo-européanité, et de son "repli" devant l'invasion indo-européenne ; que dans d'autres comme L293 qui, couplés à une présence également importante de J2 (15 à 30%), traduisent là encore comme en Crète et en Mer Égée une importante pénétration en Italie du "Bronze oriental" depuis, effectivement, l'Asie mineure ; rejoignant ici la "thèse anatolienne".

    En d'autres termes, les Étrusques pourraient bien être considérés comme des "Pélasges" (autre affirmation à leur sujet de maints auteurs antiques), qui peuplaient largement la Botte italienne à l'Âge du Bronze puis, devant la montée en puissance des Italiques indo-européens, se seraient "concentrés" civilisationnellement en Toscane. Ceci n'excluant pas pour autant que, sachant bien (encore une fois) "où ils allaient", des rescapés de la civilisation troyenne aient pu gagner ces mêmes rivages après la destruction de leur cité ; d'une part, probablement en trop petit nombre pour laisser une empreinte génétique considérable (on a vu comment les Philistins établis en Palestine se sont "dissous" génétiquement dans la population locale en moins de 200 ans) ; et d'autre part, ne présentant peut-être pas de toute façon de différence génétique réellement discernable, dès lors que les Troyens auraient eux-mêmes été des "Pélasges" (mélange d'ancestralité néolithique anatolienne "atlante" et d'apport "prométhéen" kouro-araxe J2 du Bronze), si l'on suit notamment les nombreuses traditions antiques les disant issus de Crète.

    http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/ABC/Ampere_JJ/Histoire_Romaine_Rome/HRR_106.htm

    Un autre "scénario" tout à fait envisageable pourrait d'ailleurs être que les Peuples de la Mer, certains issus de la région égéenne mais d'autres de provenance occidentale, les deux régions étant comme on l'a vu étroitement liées depuis l'ère minoenne et même depuis les origines néolithiques, ont donc déferlé sur les côtes de l'Orient et y ont fondé des établissements, le plus fameux étant celui des Philistins au Levant, mais sans doute pas le seul : la fameuse Sardes en Lydie, dont on a longtemps affirmé que les Shardanes étaient "originaires", aurait comme on l'a vu bien pu en être un autre ; puis, pas immédiatement, mais dans une "foulée" d'un ou deux siècles, passé le grand chaos de l'effondrement de l’Âge du Bronze, ils auraient repris contact avec leurs "mères patries" d'Occident, cherchant à "rétablir" les routes maritimes sur lesquelles ils régnaient autour de -1500 ; et, ce faisant, "relancé" l'élan civilisationnel là-bas : on pensera bien sûr au rôle bien connu des Phéniciens (que Ludovic Richer "Arcana", dans la vidéo sur Tartessos plus haut, qualifie de "mariage" des Cananéens sémites avec les Peuples de la Mer, ce qui est tout sauf improbable) dans tout le bassin occidental de la Méditerranée, mais pourquoi pas, aussi, des "Lydiens" = Peuples de la Mer établis en Anatolie, fondant la civilisation étrusque comme les anciens l'affirmaient... De fait, si le G2a caractéristique de la Sardaigne et de toute l'Europe néolithique est naturellement présent en Anatolie, d'où il est originaire, il s'y est largement "effacé" devant d'autres lignages postérieurs ; mais montre sur les cartes une "poche" remarquable... pile à la hauteur de la fameuse Lydie.

    D'autres pratiques, comme la crémation des défunts et leur placement en urnes funéraires, semblent en revanche reliées aux cultures proto-celtiques d'Europe centrale. Mais si la présence d'une part d'ascendance génétique indo-européenne est absolument indiscutable, celle-ci semble s'être manifestement "fondue" dans un substrat ethnique, culturel et linguistique antérieur qui ne l'était pas – comme, après tout et pour "mystérieux" que cela apparaisse aux auteurs de l'étude, à El Argar, et plus largement en Espagne...

    Le site de Frattesina (Vénétie), de la culture protovillanovienne (entre -1200 et -1000, grosso modo) souvent considérée comme principale prémisse de la civilisation étrusque, révèle en tout cas de très importants échanges commerciaux et une pénétration culturelle, qui ne saurait exclure un apport de population, depuis la région égéenne ; ce qui pourrait constituer une base sérieuse à la thèse antique de l'origine en Asie mineure ; tandis que la précocité de Populonia (Piombino) et de l'île d'Elbe dans la même civilisation semble de son côté mettre en relief l'importance de liens et d'une influence de la civilisation corso-sarde, rejoignant plutôt ici la thèse de l'"autochtonie tyrrhénienne" ; le territoire étrusque constituant, de fait, un "pont terrestre" entre ces deux "pôles". Sur cette carte, les implantations étrusques (en gris) dessinent très nettement une "route" reliant l'Italie à l'Anatolie (originelle ?) et la Mer Égée à travers les Alpes et les Balkans (il manque le très probable comptoir de Lemnos, à quelques encablures de la Troade, où des inscriptions en langue étrusque ou très proche ont été découvertes) ; tout en montrant par ailleurs de multiples implantations en Andalousie, Provence et Midi méditerranéen (manquent, là encore, les sites languedociens de Pech Maho ou encore Lattes), et des comptoirs au Proche-Orient ; bref, toutes les "routes méditerranéennes pélasgo-atlantes" d'une extrémité à l'autre de la grande mer que nous avons vues jusqu'à présent, disputées aux Grecs ioniens héritiers des Mycéniens repoussés par les Doriens ; en alliance (plutôt que conflit) avec les Phéniciens/ Carthaginois autres nouveaux grands maîtres de ce "circuit"... En plus d'être également un "pôle" d'attraction économique essentiel pour toute l'Europe alpine et danubienne, la Gaule (en concurrence avec les Phocéens de Marseille) etc. etc.

    Au plan génétique encore, l'haplogroupe R1b-L23 caractéristiquement associé à l'Anatolie, Balkans et Égée est notablement présent en Italie (entre 5 et 10%), de manière assez uniformément répartie sur le territoire au-delà des fortes prévalences associées à la colonisation grecque dans l'extrême Sud ; et de là, apparaît comme "relié" à travers le col du Brenner à une "route" qui traverse toute l'Europe danubienne jusqu'à... la région de Troie (les Détroits de Turquie). Sachant que l'Europe centrale, entre Suisse et Autriche, était pour sa part le domaine de la culture proto-celtique de Hallstatt (dominée quant à elle par le R1b-S28) ; qui s'étendra sur la plus grande partie de l'Europe au tournant du Bronze au Fer, et influencera considérablement on l'a dit la culture de Villanova et de là les Étrusques mais aussi les premières civilisations italiques ; on retombe encore une fois ici sur les divers mythes des "origines troyennes" précédemment évoqués.

    Le nom étrusque "Tarquin" (porté par une de leurs villes et deux rois de Rome) pourrait bien être rattaché, au travers de la caractéristique racine T(voyelle)R impliquant puissance et "seigneurie", aussi bien au dieu hittite Tarhun(t)a qu'au dieu celte Taranis ; rejoignant ici aussi la mythologie des "origines" aussi bien étrusques que "sicambres" (Hallstatt) dans une Troie qui ne dominait pas seulement l'Égée après la chute de la Crète, mais étendait aussi son influence le long du Danube jusqu'aux Alpes. Le premier nom grec même des Étrusques, "Tyrsènes", aurait fort bien pu être une contraction de cette racine de puissance/seigneurie "Tyr" (comme dans "tyran"), et "Rasna", leur autonyme ("les seigneurs Rasna").

    Pourrait-on alors aller, quelque part, jusqu'à qualifier les Étrusques non seulement d'héritiers de la mythique cité de l'Iliade, mais aussi de "derniers des Atlantes" (ou "atlanto-pélasges", du moins) parvenus jusqu'à l'époque "pleinement" historique contemporaine de la Grèce classique et de la naissance de l'Empire romain ? Ceci ne semble effectivement pas pouvoir être totalement écarté... (voir la stupéfiante comparaison de monuments funéraires en fin d'article). En tout cas, en tant que "seconds maîtres" de la Méditerranée occidentale (avec les Carthaginois), ils feront indubitablement partie (nous le verrons également plus loin) des enjeux contemporains de Platon qui sous-tendent également son récit.

    Leur civilisation se "dissout" dans l'Italie romaine (à laquelle elle aura, culturellement, énormément apporté) au cours des deux derniers siècles avant l'ère chrétienne.]

    Voici pour le versant "grec"-égéen ("Athènes") de la légende ; côté égyptien, pour sa part, s'il faut chercher une période d'"oppression" étrangère ayant durablement marqué la conscience nationale, ce n'est pas vers ces "Peuples de la Mer", trop tardifs (-1200), incluant les "Athéniens" (Achéens-Aqwesh), et ayant visiblement été repoussés, qu'il faut se tourner ; mais sans doute plutôt vers les "Hyksôs" ("souverains des pays étrangers") qui dominèrent effectivement la Basse Égypte (Delta du Nil) entre le XVIIIe et le XVIe siècle avant notre ère (période intermédiaire entre le Moyen et le Nouvel Empire).

    https://antikforever.com/hyksos/

    Généralement considérés comme des Sémites, "poussés" par l'irruption des Indo-européens (Hittites etc.) au Levant ; parmi lesquels on trouverait même un "Yakub-Her" qui évoque immanquablement le Jacob de la Bible, rejoignant son fils Joseph en Égypte avec ses 11 autres fils et s'y établissant jusqu'à l'Exode de Moïse ; cette identification est en réalité loin d'être certaine à 100%, car elle repose pour l'essentiel sur l'unique source antique de Manéthon (IIIe siècle av. J.-C.) qui a mal retranscrit en shasou = "pasteurs", "bédouins" (donc proche-orientaux sémites) ce qui est en réalité khasout = (princes des) pays étrangers ; notion que l'on retrouve parfaitement dans la désignation des Peuples de la Mer ("gens des pays étrangers de la mer") quelques siècles plus tard (au demeurant Manéthon lui-même, cité par Flavius Josèphe car nous n'avons pas le texte d'origine, dit "venus de l'Orient" mais "un peuple de race inconnue"... or les Égyptiens connaissaient très bien leurs voisins sémites du Levant, qui n'étaient pas du tout des "inconnus" pour eux !).

    Des chercheurs tels que Dominique Valbelle ont par ailleurs pu contester que les caractéristiques de ce que l'on connaît de la langue des Hyksôs, soient si clairement sémitiques qu'on le dit habituellement ("Dictionnaire de l'Antiquité", sous la direction de Jean Leclant, éditions PUF, 2005).

    Il est également possible d'imaginer que la différence entre "Asie", au sens de Levant et Anatolie, et les îles de la Mer Égée et de la Méditerranée orientale (Chypre) ait été dans l'esprit des Égyptiens relativement nébuleuse (voir la notion complexe et débattue de "Haou-nebout") ; tant les ethnicités (migrations néolithiques et peut-être ultérieures), les langues (de type "hourritique"), les cultures et productions matérielles pouvaient être apparentées : la notion d'une Europe distincte de l'Asie occidentale de part et d'autre de l'actuelle frontière gréco-turque, était alors totalement inexistante !

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Atlantide" : la probable réalité historique "Atlantide" : la probable réalité historique

    Fameuse fresque taurine de Knossos / Fresque de femme minoenne et magnifique reconstitution faciale à partir de celle-ci

    De récentes études isotopiques menées sur des individus de l'époque suggéreraient même que ces "Hyksôs" n'auraient... pas été une invasion brutale d'un peuple précis à un moment précis, mais le résultat d'une longue immigration, dès le début du Moyen Empire, de populations aux origines diverses, "Cananéens, Hittites, Amalécites et même Minoens de Crète et d'autres régions de la Mer Égée", dans le Delta du Nil où elles auraient fini par prendre le pouvoir... ce qui pourrait peut-être conduire à poser la question de qui, quelle INFLUENCE EXTÉRIEURE aurait éventuellement pu fomenter une telle sécession de ces populations installées là "sans histoires" depuis des générations, et dans quel but ; ce à quoi une réponse plus vraisemblable que les autres pourrait bien sembler se profiler.

    Car en effet, sémites proche-orientaux ou pas, on imagine mal ce royaume du Delta du Nil (qui signifiait, il faut l'avoir à l'esprit, contrôler le commerce extérieur d'un quart du continent africain...) ne pas s'inscrire dans le contexte d'une Méditerranée orientale sous hégémonie crétoise (ou peut-être même... méditerranéenne occidentale, "ibéro-sarde", "tartessienne"-"atlante", dont la Crète n'aurait été que le "poste avancé"), alors à son apogée.

    Loin, très loin d'une culture de "barbares" nomades tournés vers le pastoralisme en milieu semi-désertique, les Hyksôs régnaient en effet surtout... sur le plus grand port de la Méditerranée et, de fait, peut-être une des plus grandes villes du monde à cette époque : "Le site portuaire de Tell ed-Dab’a (Avaris) voit s’établir une colonie de marins, de marchands, de constructeurs de navires venus du Levant ; leur présence devient tellement importante qu’apparait sur place une culture originale où se mêlent des éléments égyptiens et levantins : ainsi on trouve des inhumations au sein même des habitations, ce qui est une pratique « asiatique » (mais également courante... à El Argar par exemple) ; la taille des sanctuaires, des palais, des bâtiments augmente tandis qu’apparaissent dans les palais des salles de banquets qui réunissaient les alliés du roi. Par ce site transitaient les importations venues ou à destination des mondes égéens (Chypre) et levantins (dont Byblos, relais important vers Mari et la Mésopotamie) : on a retrouvé deux millions d’amphores pour l’huile et le vin à Tell ed-Dab’a ; les échanges s’effectuaient aussi vers la Haute Égypte, la Nubie et le royaume de Kerma. La richesse de Tell ed-Dab’a est incontestable selon les inscriptions même de son vainqueur le roi Kamosé : « des centaines de bateaux chargé d’or, d’argent de lapis lazuli, de turquoise, de haches de bronze, d’encens, de bois précieux et d’huiles parfumées (celles-ci étaient une spécialité minoenne...), tous les beaux produits du pays de Retenou (= Canaan). »" https://www.archeobiblion.fr/les-samaritains-2/...

    De fait, si l'on se base sur d'autres sources mythologiques comme la légende (grecque) d'Io ; ainsi que sur des découvertes archéologiques comme celle d'un "scarabé" du roi "hyksôs" Khian en Crète (équivalent à l'époque de lettres de créance : preuve de liens diplomatiques forts), ou ces statuettes "hyksôs" au style cycladique marqué (voire... sarde), ou encore ces fresques incontestablement minoennes dans leur réputée capitale Avaris* ("La découverte d'un temple érigé à l'époque hyksôs a fourni des objets provenant de toutes les régions de la Mer Égée. Ce temple possède encore des peintures murales de type minoen qui pourraient même être antérieures à celles trouvées dans le palais de Knossos en Crète. (...) Des objets témoignant de contacts avec les premières civilisations méditerranéennes ont également été mis à jour"...), attestant de liens indiscutables ; ces "princes étrangers" pourraient bien avoir été le fruit d'un "mariage" entre, en effet, des Levantins cananéens proto-phéniciens (ce peuple aux talents de navigateurs si peu communs chez les peuples sémites de l'époque : influence "atlante" manifeste ?), qui enlèvent Io et sur lesquels règneront plus tard "Bélos" (Baal) et "Agénor" ; et... des Pélasges égéens ("Argos", "Pélasgos", "Europe" - dont le nom provient tout simplement du sémitique "Ereb" = ... le Couchant, l'Occident, vs "Assou" = le Levant, aux origines respectives des termes Europe et Asie - mère de... Minos, dans la même "famille") ; en profonde "interpénétration" de longue date dans cette grande "confédération" thalassocratique d'émanation "atlante" (aux origines de la généalogie d'Io : OCÉAN et Téthys, "parents de tous les dieux" - cf. Diodore en bas de page - séjournant à l'extrême Occident...) qui régnait alors sur les îles et les routes commerciales de la Méditerranée ; allant peut-être même chercher des "renforts" caucaso-hourritiques et indo-européens (périple d'Io jusqu'en Scythie-Cimmérie).

    [* Nous assumons ici ne pas du tout croire à la datation très "basse" de ces fresques, des Thoutmosides du XVe siècle av. J.-C., qui s'est développée depuis leur découverte et qui apparaît totalement contre-intuitive, fondée sur des arguments très faibles (alors que ceux en faveur de la datation initiale hyksôs étaient solides) et appelant des explications plus alambiquées les unes que les autres ; une "aberration" au regard de 200 ans d'archéologie égyptienne : JAMAIS, au grand jamais un édifice royal, officiel, autrement dit sacré, en Égypte n'a été décoré autrement que dans le style égyptien ! Cette nouvelle datation n'est d'ailleurs pas restée incontestée, notamment par Eric H. Cline qui a par ailleurs travaillé sur des artefacts de style crétois-égéen parfaitement similaires, et même des éléments architecturaux de la même époque... au Levant cananéen, ce qui irait totalement dans le sens de notre thèse d'une "confédération" entre ces entités,  rejoindrait la légende d'Io etc. etc. Ces œuvres ne peuvent selon nous avoir décoré que le palais hyksôs, comme cela avait été estimé lors de leur découverte, et serait au demeurant cohérent avec le fait qu'elles aient été retrouvées... en mille morceaux (dont certains, clairement en dehors de l'enceinte thoutmoside), évoquant fortement l'enlèvement "furieux" ("ôtez moi cette horreur !") des décorations du vaincu lors de la prise de possession et du réaménagement subséquent d'un édifice ; étant bien entendu par les historiens que "lorsqu'ils furent finalement chassés d'Égypte, toutes les traces de l'occupation des Hyksôs furent détruites".]

    D'autres éléments peuvent encore être évoqués : selon la principale source antique sur le sujet, Manéthon, les Hyksôs auraient "introduit en Égypte le culte d'Apis" (par ailleurs autre personnage important de la mythologie d'Io), ce qui est bien sûr inexact (il était vénéré, associé à Osiris, depuis les temps les plus reculés), mais ce Apis est un dieu... TAURIN, ce qui peut certes se rattacher à la religion proche-orientale de Baal, mais aussi... bref : en tout cas, ce culte d'un taureau divin aussi bien en Égypte qu'au Levant, en Crète, en Sardaigne ou dans le Sud de l'Espagne montre bien que ces différentes régions ne fonctionnaient certainement pas en vase clos à l'époque ; de même que, de l'autre côté, la fameuse "déesse aux serpents" de Cnossos en Crète a tout, jusque dans ce qui a pu être déchiffré de son probable nom (A-sa-sa-ra), d'une Astarté-Ishtar-Ashera proche-orientale : on retrouve là, en réalité, le double principe masculin-solaire-taurin et féminin-serpentin-chtonien de toutes les religions de la proto-histoire dans le bassin méditerranéen, y compris occidental "atlante" (dualité qui se retrouve jusque dans la Bible et le christianisme, avec Adam - image de Dieu - et Ève - sauf que là, le serpent a le mauvais rôle... ; puis avec le Christ, assimilé au "Sol Invictus" = Soleil invaincu romain, et la Vierge Marie, "Nouvelle Ève" et "mère" de l'humanité...).

    On pourrait (d'ailleurs) encore parler de la troublante légende tardive (Nouvel Empire) du dieu Yam ; également connue comme le "Papyrus d'Astarté" : Yam, divinité d'origine proche-orientale (tout comme d'ailleurs Astarté) qui constitue peut-être le premier exemple d'intégration d'une telle divinité étrangère dans un mythe égyptien, y "incarne" une terrible invasion venue de la mer qui soumet le Delta du Nil à sa botte tyrannique ; vaincue avec l'aide d'Astarté et surtout de Seth, qui symbolise historiquement les "Libyens" berbères. Si l'auteur de la vidéo en lien date ce récit d'environ -1100, et le relie donc aux Peuples de la Mer ; l'autre document présente une argumentation solide pour le dater du règne d'Amenhotep II, soit vers la fin du XVe siècle avant notre ère, se rattachant donc à des événements antérieurs qui pointent nécessairement vers l'ère Hyksôs (cohérente au demeurant avec l'intervention de divinités du Levant). Les Peuples de la Mer, qui ne surgissent pas de nulle part vers -1200 mais apparaissent déjà dans des textes antérieurs, notamment comme auxiliaires dans l'armée égyptienne (sort fréquent des peuples envahisseurs sur lesquels une civilisation a pris le dessus), pourraient donc bien n'avoir été que l'ultime épisode de siècles de relations conflictuelles de l'Égypte avec ces populations méditerranéennes-pélasges-"atlantes" ; notamment à l'époque des Hyksôs, "un peu rapidement" résumés (et de manière érigée en dogme) comme étant des "envahisseurs sémites", "bédouins" profondément terriens etc. etc. (et la conscience nationale égyptienne, en particulier dans le Sud thébain, était on le sait particulièrement sensible à ces agressions et dominations étrangères – il y aura même encore, par la suite, une nouvelle "période intermédiaire" de -945 à -715 environ, marquée par la domination de dynasties... libyennes - berbères, "Meshwesh", autre "Peuple de la Mer" post-"atlante" - sur le Nord, probablement non sans lien - à cette époque - avec l'expansion phénicienne ; bref, encore un nouveau "schéma hyksôs" de domination étrangère sur le débouché commercial du Delta en lien avec une thalassocratie méditerranéenne, avec conservation de l'identité dans le Sud autour des "prêtres-rois" de Waset-"Thèbes" et finalement "libération", cette fois, par les "pharaons noirs" koushites nubiens de la XXVe dynastie ; tout cela un peu plus d'un siècle avant la date supposée de la rencontre de Solon avec le prêtre... date à laquelle, sous la dynastie suivante - le voyage du dirigeant athénien n'étant ainsi sans doute pas un hasard... - des Grecs jouent encore une fois comme auxiliaires un grand rôle dans les forces de défense terrestres comme navales du royaume, ainsi que dans le négoce : autre "inspiration", cette fois contemporaine, encore ?).

    Il est d'une clarté cristalline que Yam peut totalement être assimilé à Poséidon, tout comme Baal à Zeus. Donc non seulement - d'une part - leur affrontement résonne d'une manière particulière au regard de celui entre Poséidon et Zeus dans la mythologie grecque ; mais encore, d'autre part, le récit de Solon et Platon quant à Poséidon qui "féconde" une jeune femme autochtone (en réalité, un peuple) du lointain Occident, prend une toute autre dimension... Sauf que, par contre, si une "fécondation" de l'Occident DEPUIS le Levant s'applique bien aux Phéniciens à partir de 1000 avant notre ère, auparavant, rien ne dit que ladite fécondation ne se soit pas opérée dans le sens inverse. Comment les Sémites de Canaan sont ils devenus des navigateurs, qui deviendront les Phéniciens ? Cela n'avait rien de "naturel" pour de tels peuples, issus du mélange de très anciens agriculteurs locaux (E1b1b ou G2a) avec des pasteurs (J) venus du Zagros ou du Caucase. D'où leur est venue cette influence maritime ? Il est tout à fait possible que ce soit d'Occident, dès le IIIe voire le IVe millénaire ; au travers peut-être, comme on l'a vu, de la "plaque tournante" qu'étaient la Crète et la Mer Égée (à moins que... certaines populations des côtes du Levant et d'Anatolie aient très tôt su naviguer au long cours, et que le courant de peuplement néolithique "cardial" de la Méditerranée par voie maritime - "Poséidon" abordant les côtes du lointain Occident... - soit directement parti de là, comme pourraient le suggérer par exemple ces vestiges mégalithique de plus de 8000 ans, et établissements humains y compris munis de digues, tellement côtiers qu'ils sont aujourd'hui... sous la mer, au large de la côte d'Haïfa ; auquel cas les plus grands navigateurs de l'Antiquité classique, qu'étaient les Phéniciens et les Ioniens d'Asie Mineure, ne l'étaient pas par hasard mais bien comme héritiers d'une tradition maritime millénaire, transmise au Levant aux plutôt terriennes populations sémitiques, tout en conservant des liens jamais rompus avec les "émigrés" d'Occident : les éléments que nous fournit l'archéologie ne permettent pas, de fait, d'arrêter pour le moment une position définitive sur ce point).

    Quoi qu'il en soit, selon la légende, si les Phéniciens ont vogué (au moins vers -950, voire -1000 selon le matériel archéologique et plus anciennement encore, vers -1100 au moins, selon les sources antiques) jusqu'aux Colonnes d'Hercule et au delà, aux rivages de Cadix-Gadir et Huelva-Tartessos ; ce serait suivant... "un oracle", qui leur en aurait révélé les richesses – mais oui, bien sûr !! À d'autres, l'"oracle" : ils avaient tout simplement CONNAISSANCE, une connaissance de tradition millénaire, de ces terres et de leurs richesses ; ils n'auraient jamais entrepris, investi dans un tel voyage de milliers de kilomètres vers le plus total inconnu, sans savoir s'ils allaient y trouver autre chose que des peuplades primitives avec trois chèvres et quatre moutons (leurs expéditions n'ont jamais visé une colonisation de peuplement, auquel cas il aurait en effet pu être intéressant de tomber sur des peuples arriérés et peu coriaces ; mais bien la recherche de partenaires commerciaux).

    Bref, le fait que les Hyksôs aient bel et bien été des Sémites, comme cela semble faire consensus, n'exclut en rien leur appartenance (et leur perception comme tels par les Égyptiens, répercutée dans leur tradition orale jusqu'aux oreilles de Solon) au contexte beaucoup plus large d'une Méditerranée sous hégémonie minoenne/pélasge post-"atlante".

    Une "confédération" autour de la Crète minoenne, possible "pointe avancée" au IIIe millénaire de l'expansion mégalithique "atlante" vers l'Est et "point de contact" avec les cultures du Proche-Orient ; ayant en quelque sorte "pris son relais" après -2200, un peu comme les États-Unis ont pris au XXe siècle celui de la puissance britannique ; dominant commercialement et bientôt militairement, en alliance avec divers peuples pouvant être utilisés comme "mercenaires"-"proxies" (comme les fameux "Hyksôs"), la Méditerranée de l'Âge du Bronze ; finissant dans son avidité de richesses ("folle démesure") par "piloter", donc, cette domination "hyksôs" sur une partie de la vieille Égypte ; puis affaiblie par les assauts des "Athéniens"-Achéens (d'aucuns ont même suggeré, comme origine des impressionnantes richesses retrouvées dans les cités mycéniennes du XVIe siècle av. J.-C., le retour de mercenaires partis combattre les pharaons hyksôs en Égypte - Schachermeyr, à noter aussi la reine Ahhotep, mère du "libérateur" Ahmôsis, qualifiée de "princesse des rivages Haou-nebout" = Mer Égée...) ; ainsi peut-être que par des catastrophes naturelles comme l'éruption de Théra-Santorin (qui aurait d'ailleurs bien pu être la véritable métropole de toute cette civilisation "égéenne", vu les vestiges impressionnants d'Akrotiri...) et le tsunami consécutif ; permettant en Égypte la contre-offensive des souverains de Thèbes... voilà qui "collerait" de manière plus que séduisante, encore une fois, au récit fait à Solon et rapporté par Platon (Timée, trad. Chambry) :

    "Les monuments écrits disent que votre cité ("Athènes" = les proto-Grecs, la civilisation mycénienne – ceci dit, si l'on se penche encore une fois sur les autres sources mythologiques, c'est bien Thésée l'Athénien qui mit réellement fin au joug crétois sur la Grèce, incarné par Minos et ses sacrifices humains au Minotaure...) détruisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur l’Europe et l’Asie (Anatolie-Levant et même, si on lit le texte un peu plus haut, Égypte...) toutes entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique ("venant" = "liée" ethniquement, culturellement, économiquement par un "courant civilisateur" ou peut-être plutôt un grand "circuit" d'influences reliant depuis les temps néolithiques un bout à l'autre de la Méditerranée...).

    Un jour cette puissance, réunissant toutes ses forces, entreprit d’asservir d’un seul coup votre pays, le nôtre (l'Égypte, par le biais des Hyksôs) et tous les peuples en-deçà du détroit. Ce fut alors, Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux du monde sa valeur et sa force. Elle vainquit les envahisseurs, éleva un trophée (les splendides trésors de vers -1600/1500 retrouvés dans les cités mycéniennes ?), préserva de l’esclavage les peuples qui n’avaient pas encore été asservis et rendit généreusement la liberté à tous ceux qui, comme nous, habitent en-deçà des Colonnes d’Hercule.

    Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit funestes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d’un seul coup dans la terre, et l’île Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de même (ce qui n'est pas sans évoquer fortement, en "toile de fond" de tous ces évènements, la catastrophe de Santorin, datée de cette même époque autour de -1600/1550 et seule à avoir pu frapper de la sorte à la fois les Grecs ET leurs adversaires dans la même partie orientale de la Méditerranée, mais dont la puissance phénoménale, impliquant aux yeux de ses contemporains un caractère "mondial", a peut-être conduit à en faire erronément la cause de la disparition d'une grande cité énéolithique-chalcolithique du littoral andalou, qui pourrait quant à elle avoir subi un autre évènement catastrophique du même type à une époque relativement proche – les tsunamis, on l'a dit, ne sont pas rares du tout non plus au sud de la Péninsule ibérique et un "mélange" avec un tel évènement, comme l'un ou un "condensé" des trois qui seraient survenus d'après les études vers -2200 ou -2000, -1500 et -1250, est loin d'être à exclure).

    Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, cette mer-là est impraticable et inexplorable, la navigation étant gênée par les bas fonds vaseux que l’île a formés en s’affaissant" (ce qui là par contre pointe clairement en direction du Lacus Ligustinus antique et de l'actuelle Doñana, rien de sérieusement envisageable en Mer Égée ou Méditerranée orientale).

    [À noter que sous le Nouvel Empire, gouverné d'ailleurs par une "curieuse" lignée thoutmoside ayant pris le pouvoir dans des circonstances mal élucidées après Amenhotep Ier (fils d'Ahmôsis le grand vainqueur des Hyksôs) et aux traits étonnamment "européens" pour certains (en début de lignée en tout cas), ayant abandonné la pratique funéraire millénaire des pyramides au profit des hypogées de la Vallée des Rois et dont le dernier représentant, Toutânkhamon, a été testé génétiquement R1b (voir notre article sur l'Égypte ici) ; peut-être issue, donc, de ces "auxiliaires" égéens-achéens de la reconquête contre les Hyksôs et qui correspondrait à ces "rois grecs" (Danaos, Égyptos, Cadmos...) que la mythologie fait avoir régné sur le pays du Nil ; les "Keftiou" = Crétois semblent même devenus tributaires, VASSAUX d'une Égypte alors au sommet de sa puissance ; à l'époque même où l'île est supposée passer définitivement sous la domination mycénienne. L'épineuse question, débattue de longue date et de plus en plus remise en cause, du supposé "pacifisme" des Minoens pourrait peut-être trouver ici une forme de réponse : celle d'une nation démilitarisée par ses vainqueurs après sa défaite, comme l'Allemagne et le Japon après 1945 ; l'essentiel du matériel archéologique dont nous disposons aujourd'hui datant de cette ultime période (les vestiges nettement plus anciens d'Akrotiri, "figés" par l'éruption à l'époque de l'apogée de la civilisation, présentant pour leur part beaucoup plus de représentations martiales...) ; l'"absence"... ou ne serait-ce plutôt la privation de fortifications, évoquant depuis les temps antiques jusqu'au Moyen Âge et même l'époque moderne une sanction "classique" des cités vaincues, etc. etc.]

    ÉPILOGUE... ?

    Se rejoindraient donc ici les deux "grandes théories" historiquement élaborées sur l'Atlantide* : celle d'une brillante civilisation, très avancée pour son époque (néolithique, chalcolithique) et située "quelque part" au-delà des "Colonnes d'Hercule" (Gibraltar) donc en Europe atlantique, avec des ramifications sur toute la Méditerranée occidentale ; vaincue et conquise par des proto-indo-européens (ce dont la mémoire est peut-être parvenue jusqu'à leurs descendants grecs...) et transformée par eux en sociétés de l'Âge du Bronze militarisées et agressives ; et celle d'une civilisation crétoise qui n'est en réalité pas "l'Atlantide" à proprement parler, mais la "pointe avancée" ultime de son influence en Méditerranée orientale et son "héritière", en quelque sorte, après l'invasion proto-indo-européenne de l'Europe occidentale, au sein d'un vaste réseau économique et civilisationnel depuis Tartessos (Andalousie) jusqu'à la Phénicie (Liban) ; qui prendra jusqu'au contrôle par le biais des "Hyksôs" du Delta du Nil, débouché maritime donc commercial de l'Égypte et de toute l'Afrique, avant d'en être chassée ; et dominera la Mer Égée avant d'être vaincue et de passer à son tour sous la domination des Achéens (proto-"grecs") ; les "Peuples de la Mer" d'environ -1200 étant la dernière séquelle de cette offensive méditerranéenne en Orient, mais avec cette fois les Achéens (Aqwesh) conquérants et successeurs de la Crète et la cité para-hittite de Troie (Turesh) dans la partie en chefs de file (donc là on n'est plus dans le récit du Timée et du Critias, mais on s'achemine doucement vers les épopées d'Homère...).

    Quant à la question de savoir si les Mycéniens auraient RÉELLEMENT pu, dans ce contexte de leur montée en puissance en Méditerranée dont fera les frais la Crète, mener également une expédition militaire jusque dans la Péninsule ibérique, contre El Argar par exemple (qui s'effondre subitement à cette époque, vers le XVIe siècle avant notre ère)... eh bien cela ne peut pas non plus être exclu du tout, dès lors que Hercule, qui symbolise mythologiquement en partie (avec d'autres comme Thésée, etc.) cette montée en puissance, est supposé avoir "traîné ses basques" par là-bas (c'est très net dans le récit qu'en fait Diodore) ; tuant le cruel prince libyen (berbère) Antée (dont Lixus au Maroc aurait été la capitale, Tingis=Tanger une autre ville nommée d'après son épouse, et le... cromlech de M'zora a longtemps été considéré comme le tombeau) (juste après, ou avant selon les sources, le tout aussi cruel roi "égyptien" Bousiris pourrait bien quant à lui symboliser les Hyksôs : à la lecture encore une fois de l'analyse de la légende d'Io, il ne serait en effet qu'un autre nom de Bélos, qui ne serait lui-même autre que le roi hyksôs Khian...) ; passant par "Tartessos" dont on trouve là une des toutes premières mentions, et... l'île d'Érytheia (traditionnellement localisée dans le golfe de Cadix) pour s'y emparer des... bœufs (encore les bovins, les taureaux...) de Géryon ("Voyant que cette entreprise demandait beaucoup de peine et d'appareil, Hercule équipa une belle flotte, et leva un grand nombre de soldats dignes d'une telle expédition", "Chrysaor, ainsi nommé à cause de ses richesses, régnait sur toute l'Ibérie, il avait pour compagnons d'armes trois fils remarquables par leur force et leur vaillance, chacun d'eux commandait de puissantes armées" - dans le mythe original, Géryon a trois têtes : Diodore "rationalise" ici la chose en trois individus différents ; "Hercule les tua dans un combat singulier, soumit l'Ibérie, et emmena ces fameux troupeaux de vaches"...) ; puis des "fruits d'or" (oranges ? dattes ?) du fabuleux jardin des Hespérides (qui n'est pas sans évoquer la grande et riche plaine de l'Atlantide de Platon), recevant pour cela l'aide d'Atlas, certes, mais celui-ci tentera finalement de le trahir et il lui échappera par la ruse (Diodore donne cependant une autre version, et fait par ailleurs de ces Hespérides des filles d'Atlas, également nommées par conséquent... "Atlantides" – il faut savoir que "Hespérie", de hesper/vesper = vêpres, soir, a toujours désignés chez les Grecs comme les Romains les terres "au Couchant", à l'Ouest - pour les Grecs cela pouvait même commencer à l'Italie, mais en général, l'Ibérie et les terres à la jonction de la Méditerranée et de l'Atlantique : Diodore nous donne donc ici, en filigrane, une indication absolument claire de localisation) ; tous situés dans ces régions de l'extrême Occident au-delà des "colonnes" (détroit) auxquelles il donnera d'ailleurs son nom ; régions où son aïeul Persée avait pour sa part combattu les Gorgones... Et sur le retour, à travers le Sud de la future Gaule et l'Italie, affrontant les "Géants" (Gigantomachie, dont il est un personnage clé dans toute la mythologie) aux Champs Phlégréens près de Naples. Plus tard, tandis qu'il s'"occupera" en compagnie de Jason du "versant" Mer Noire / Caucase ; il enverra également son neveu et fidèle second Iolaos fonder une colonie en... Sardaigne.

    Si Platon ne fut pas le seul à parler d'Atlantes, mais effectivement le seul à évoquer une guerre entre ceux-ci et les Grecs de l'époque héroïque (guerre dont Solon, nous dit-il, aurait voulu faire une "épopée qui surpasserait celles d'Homère", mais en fut empêché par les trop prenantes affaires politiques athéniennes...) ; l'on voit bien néanmoins que l'éventuelle mémoire d'un tel conflit n'est pas sans possibles "points d'attache" dans d'autres récits mythologiques, dont il est, encore une fois, d'une improbabilité totale qu'ils ne reposent pas sur quelques faits réels ; opposant, donc, des expéditions mycéniennes au monde ibéro-tyrrhénien.

    N'a-t-on pas longtemps pensé que des sites comme Los Millares ou ceux d'El Argar étaient l'œuvre de "colons" égéens ? On sait aujourd'hui que c'est faux, et que ces sites sont même antérieurs de plusieurs siècles voire plus de 1000 ans à l'apogée des civilisations minoenne et mycénienne ; mais c'est bien, donc, que l'on estimait alors la chose tout à fait possible ; et de fait les découvertes d'objets mycéniens (bien d'époque mycénienne, -1200 au moins), outre l'Italie-Tyrrhénie où elles sont extrêmement abondantes, ne sont pas si rares en Espagne et même dans le Sud de la France. Lorsqu'aux VIIIe-VIIe siècles les marins grecs essentiellement ioniens (d'Asie mineure : Phocée etc.), c'est-à-dire "réfugiés" et héritiers achéens suite aux invasions doriennes, referont leur apparition en Méditerranée occidentale, naviguaient-ils à l'aveugle ? Ou selon "un oracle" comme (soi-disant) les Phéniciens de Tyr ? Ou alors, savaient-ils parfaitement où ils allaient, voire, venaient-ils "reprendre possession" de quelque chose ??

    Ce serait ainsi bel et bien, non pas un simple "axe", d'ores et déjà établi avec une quasi certitude, entre Minoens et Hyksôs qu'auraient défait chacun de leur côté, voire avec une coordination loin d'être improbable, les Mycéniens et les Égyptiens ; mais bien une "triade", au "troisième acteur" sis dans la Péninsule ibérique, vouée au contrôle des routes commerciales méditerranéennes entre Orient et Occident ; routes dont nos proto-Grecs prendront alors un certain contrôle avant de décliner et s'effondrer à leur tour, et que ne leur succèdent les Phéniciens (possibles "plus orientaux des héritiers de l'Atlantide"...), puis que leurs héritiers phocéens et autres ne fassent leur grand come back cinq siècles plus tard.

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    "Géryon représente ainsi la population autochtone ibérique éleveuse de bovins, correspondant au stade final du Bronze Atlantique
    et située sur les îles de Cadix, à proximité du noyau dur originel de Tartessos. Selon toute probabilité, Géryon a été diabolisé par
    les Grecs afin de justifier leur expansion civilisationnelle vers l'Occident, en s'ouvrant les routes commerciales tant convoitées."

    - Elisa Rivero Bañuelos

    Autres hypothèses possibles (qui réactiveraient pour le coup la thèse classique et répandue des Peuples de la Mer comme l'offensive "atlante" en Méditerranée orientale) :

    - Les Égyptiens auraient confondu, et appelé "Aqwesh"/Achéens ceux qui étaient en réalité des PÉLASGES habitant la Grèce continentale (et/ou des Doriens ?) ; que certaines sources mythologiques grecques décrivent expulsés (notamment d'Athènes/Attique...) vers cette époque, dans le cadre de l'apogée de la civilisation mycénienne indo-européenne, mettant brutalement fin à une cohabitation séculaire. Les Égyptiens avaient en effet parfois tendance à se "perdre" dans l'"ethnologie" des contrées étrangères, et à raisonner plus par terre d'origine que par ethnicité réelle des peuples dont ils parlaient ("Hatti" = Hittites, par exemple, alors que les vrais Hattis avaient justement disparus devant ces derniers). Cette expulsion aurait alors été l'une des causes majeures des offensives des "Peuples de la Mer", dont on l'a dit, une traduction en grec peut très bien être pela(s)gos qui évoque la haute mer, le grand large, et qu'il peut aussi nous sembler retrouver dans "Peleshet"/Philistins (qui apparaissent dans la deuxième inscription, celle de Ramsès III, où les "Aqwesh" ont "disparu"...) ; en lien avec le "phare de la résistance" pélasge qu'aurait alors été Troie (contre laquelle la guerre des Achéens s'inscrirait dans le même contexte), et les habituels "contacts" en Méditerranée occidentale (Sardes, Sicules...). Dans le cas de Doriens, on sait qu'Athènes ("ni pillée, ni abandonnée") leur a "résisté" ; l'Attique n'adoptant jamais ce dialecte du grec (Sparte, en revanche, sera la cité dorienne par excellence). On pourrait peut-être même envisager, dans la coalition des Peuples de la Mer, la présence d'Achéens MAIS pas Athènes, au regard du passage du Timée "réduite à ses seules forces par la défection des autres" ; fait grossi par la suite en "Athènes seule contre tous a défait la terrible invasion"...

    En tout cas, deux faits historiquement établis sont que 1/ ce contexte d'"effondrement de l’Âge du Bronze", marqué par les Peuples de la Mer, s'est traduit en Grèce par sa plongée dans les "siècles obscurs" et sa "dorianisation", et 2/ Athènes y a "survécu", bien qu'il lui faudra longtemps pour s'en relever et devenir le phare de la civilisation grecque classique qu'elle commencera tout juste à être, de fait, à l'époque de Solon (mais Platon ne la décrit-il pas, à la fin du premier récit "synthétique" du Timée, durement frappée, "tous ses guerriers engloutis" par la grande "catastrophe" ; seuls des "gens sans lettres" des montagnes la perpétuant, "sans mémoire" de l'histoire antérieure ?).

    Ces Peuples de la Mer, qui seront rondement vaincus mais marqueront le début du déclin irréversible du Nouvel Empire, auraient par ailleurs peut-être pu être vus en Égypte comme un "retour" de la "botte étrangère" des Hyksôs (chute du Moyen Empire) et de là, plusieurs siècles après, "confondus" dans la mémoire collective avec ceux-ci ; et les deux "héroïques" victoires pareillement confondues ; bref.

    - Ou alors... Solon aurait totalement inventé tout ce qui est relatif à Athènes et à sa campagne victorieuse contre les "Atlantes" ; par patriotisme et pour glorifier sa cité. Il aurait bien reçu, en Égypte, un récit relatif à ces attaques des Peuples de la Mer venus du "Grand Vert" (grand large, haute mer, particulièrement en regardant vers l'Ouest...) ; qu'il aurait alors relié aux diverses traditions grecques quant aux peuples d'Extrême-Occident, parlant sans doute déjà d'"Atlantes" comme le peuple d'Atlas vivant au bord de l'Océan occidental ; et rajouté une héroïque mais fabulée résistance athénienne à leur offensive. Les Aqwesh de la stèle de Mérenptah pourraient alors très bien être les Achéens, ou un mélange de ceux-ci et de Pélasges ; dans tous les cas, il n'allait évidemment pas le claironner. Il serait même possible que Platon se soit rendu compte de la supercherie, et que ce soit la raison pour laquelle, attaché à la vérité lorsqu'il a présenté un récit comme authentique, il interrompt brutalement son "Critias" sans raison qui nous soit connue. Et quels seraient alors, dans ce cas, les peuples ayant réellement arrêté les "Atlantes" ? Eh bien, de ce qui peut nous être connu par une certaine historiographie, nous avons donc les Égyptiens (Mérenptah et Ramsès III), et puis, un peu plus tard... les Israélites : Barak et Déborah contre le général Siséra de la cité d'Harosheth Haggoyim, que l'archéologue Adam Zertal a pu identifier à El Ahwat et ses vestiges d'aspect étonnamment nuragique shardane ; et bien sûr les "guerres philistines" avec Samson et surtout, David : "C’est toi (Dieu) qui as divisé la mer par ta puissance, toi qui as brisé la tête des monstres dans les eaux / C’est toi qui as écrasé les têtes de Léviathan (monstre marin assimilé à Yam), et l’as donné en pâture au peuple du désert" - Psaume 74, 13-14 (d'ailleurs le dieu principal des Philistins, Dagon selon les cultures sémitiques, mais qu'eux-mêmes appelaient peut-être autrement, était un dieu aquatique associé à un poisson, et de fait tout à fait assimilable à Poséidon)... Il n'est d'ailleurs même pas impossible que les "plaies d'Égypte" de l'Exode, "nuées de sauterelles" gigantesques, rivières rougies de sang, fils aînés des nobles familles décimés etc., soient en réalité une allégorie... des premières attaques des Peuples de la Mer, qui, fragilisant l'Empire ramesside, auraient facilité la libération des Hébreux ; allégorie d'autant plus nécessaire, évidemment, que ces derniers sont ensuite eux-mêmes entrés en conflits avec ces peuples, et ne pouvaient donc les glorifier.

    Ce qui est certain, ou en tout cas hautement probable (à ce niveau-là d'histoire antique, la certitude n'existe pas, seulement la probabilité plus ou moins haute...), c'est que Solon (dont nous croyons par contre absolument au rôle dans l'affaire : pourquoi Platon aurait-il inventé une chaîne de transmission du récit aussi "tordue" ?) ait effectivement entendu parler de "quelque chose" en Égypte ; "quelque chose" ayant peut-être voire probablement trait aux Peuples de la Mer ("les monuments écrits disent" : les fameuses stèles de Mérenptah et Ramsès III parlant de ce conflit), et peut-être aussi (ou confondu avec...) les Hyksôs et le Papyrus d'Astarté / légende de Yam ; aux lointaines "îles" du "Grand Vert" (la haute mer), le "neuvième arc" des "Haou-nebout", les terres du Couchant demeure, rappelons-le, pour les Égyptiens, des dieux et des bienheureux défunts dans leur séjour éternel ("Amenti" ou "Bel Occident"), etc. etc. ; et qu'il ait alors fait le rapprochement entre ces récits et ses propres traditions historico-mythologiques grecques : la lointaine terre extrême-occidentale des dieux primordiaux (Ouranos, Océan et Téthys etc.), des Titans dont (surtout) Atlas et son supposé peuple (duquel Hérodote tirera le nom d'"Atlantes" pour sa population la plus occidentale de "Libye" = Afrique du Nord), ce que nous "clarifie" la lecture de Diodore ci-après ; les "travaux" extrême-occidentaux d'Hercule (Géryon en son île d'Érytheia, Antée, Hespérides, colonie de Iolaos en Sardaigne) ou encore les péripéties d'Ulysse dans l'Odyssée d'Homère (Lotophages, Cyclopes et Lestrygons, Circé, Calypso... fille d'Atlas, Phéaciens, enfin, habituellement localisés à Corfou par les auteurs antiques mais dont la comparaison de la fabuleuse contrée "aux extrémités de la mer onduleuse" avec la description de l'Atlantide de Platon peut s'avérer surprenante...) ; probables, on l'a dit, souvenirs "romancés" d'expéditions mycéniennes vers ces contrées (afin de se positionner sur les routes commerciales millénaires, comme l'atteste un matériel archéologique non-négligeable) ; la longue lutte des proto-Grecs achéens contre les Pélasges et la Crète de "Minos", reliés eux aussi ethniquement et mythologiquement (Océanides) à ces terres occidentales ; ainsi peut-être que l'État hyksôs en Égypte, contre lequel (pensaient de nombreux archéologues et historiens il y a quelques décennies) des combattants mycéniens auraient pu participer à la lutte des Égyptiens ; le tout avec en toile de fond la catastrophe de Santorin, etc. etc. etc.

    Et que, du "scénario" ainsi construit petit à petit à partir de ces rapprochements, il ait formé le projet d'une "épopée qui surpasserait celles d'Homère", glorifiant bien sûr sa cité athénienne (qui n'a, dans le reste de la mythologie grecque, joué de rôle éminent que contre la Crète) en avant-garde de la geste héroïque ; récit qu'il commencera à coucher par écrit et qui est celui (et non exactement ce qu'il a entendu en Égypte) qui parviendra via la famille de Critias jusqu'à Platon... dont il n'est pas non plus exclu que lui aussi ait, dans son optique de conte philosophique, rajouté de l'hyperbole, notamment dans sa description de la fabuleuse capitale "atlante".

    Un Platon qui (et peut-être, probablement même, déjà Solon lui-même), avec la très bonne connaissance déjà en -600 de l'Extrême-Occident par les Grecs (rappelons que Tartessos était non seulement connue, mais l'alliée des Phocéens de Marseille contre Carthage !), et à plus forte raison en -400, sait vraisemblablement très bien de quoi il parle ; et multiplie les indices désignant la Péninsule ibérique et sa grande plaine du Guadalquivir (peut-être dans un certain degré de mélange avec la Crète minoenne, et d'autres éléments encore comme la Tunisie de Carthage), sans toutefois jamais la nommer clairement, afin de préserver bien sûr la force allégorique de son récit dans lequel l'Atlantide doit être un symbole absolu de la "démesure" thalassocratique ayant subi le plus grand des châtiments divins : la destruction et la disparition totale de la surface de la terre comme de la mémoire des hommes (donc impossible, forcément, de désigner nommément un pays qui... existe encore).

    Le tout, également sans l'ombre d'un doute, non sans considérations géopolitiques bien de leur temps : l'époque de Solon est celle, entre le VIIIe et le VIe siècle, où la Grèce "ressuscitée" après son effondrement de la fin de l’Âge du Bronze commence à implanter ses colonies au-delà de la Mer Ionienne ; en Sicile, en Italie continentale, puis à Marseille (-600) et en Espagne ; y rencontrant ces peuples aux cultures et aux langues si étrangères et mystérieuses pour elle, qui nécessairement fascinaient ; et surtout, s'y confrontant aux puissances carthaginoise (appuyée sur le monde berbère, ibère et nuragique) et étrusque (bataille d'Alalia, en Corse, vers -540/-535) ; confrontation se poursuivant à l'époque de Platon, en plus de celle entre une Athènes sur le déclin (dont l'objet central des deux dialogues est, rappelons-le, de retrouver la "vertu"-virilité perdue) et les colonies grecques mêmes refusant son hégémonie ; époque marquée notamment par la désastreuse expédition de Sicile (-415) au cours de laquelle "Alcibiade, disciple de Socrate (qui pour sa part n'est pas favorable à l'expédition), fait miroiter aux Athéniens les richesses de l'Occident" (objet déjà de longue date de toutes les fascinations et convoitises : voyages d'Himilcon, carthaginois, vers -450, et du Grec massaliote Pythéas si plus ancien que sa datation la plus commune vers -330, ou encore si, tout simplement, son prétendu "récit" "perdu" n'était en fait qu'une compilation de descriptions de marchands et voyageurs depuis plusieurs siècles auparavant ; tandis que sur le "versant" africain de la "mer extérieure" - l'"Atlantide" de Platon présente aussi des "inspirations" africaines marquées, au niveau de la faune et de la flore notamment - les voyages d'Hannon et d'Euthymènes pourraient remonter jusque vers -600)...

    Le "monde phénicien" était, on l'a dit, selon nous issu des contacts millénaires entre le Levant sémitique (a priori peu tourné vers la mer par lui-même...) et l'influence trans-méditerranéenne "atlante" ; avec peut-être, comme ultime "mariage", celui de cette civilisation cananéenne levantine avec les Peuples de la Mer (Philistins etc.) établis là-bas après leur échec face à l'Égypte ; et de multiples éléments, mis face au récit de Platon (association du dieu Baal au taureau, rapport à la mer et à la navigation bien sûr, ainsi qu'aux sources et aux eaux souterraines, grandes richesses, architecture portuaire circulaire et habitude de s'établir sur des îlots entourés par la mer - proches de la côte - ou de lagunes - Carthage, Carthagène, Tyr, Motya... - etc. etc.), sont bel et bien saisissants :

    https://facebook.com/groups/376621696607558/permalink/1429224374680613/

    https://www.histoire-et-civilisations-anciennes.com/monuments-de-carthage-les-ports-puniques-tophet-de-carthage-les-necropoles/

    https://commons.m.wikimedia.org/wiki/File:Siege_of_Cartagena_209_BC.svg#mw-jump-to-license

    Un "monde", on l'a vu également, dès -1000 avant notre ère profondément "imbriqué" avec la Méditerranée occidentale et son "débouché" atlantique (Ibérie-Maghreb) "post-atlante" (depuis l'Atlantique, la "Gadirique" = région de Cadix et même "Élasippos" = Olisippos = Lisbonne, "en Europe jusqu'à la Tyrrhénie" = Italie, et "en Libye" = Afrique du Nord "jusqu'à l'Égypte"...) ; face auquel le "conte" platonicien n'était, donc, certainement pas exempt d'arrière-pensées...

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Mais dans ce cas, encore une fois, plus qu'Athènes, les fers de lance grecs de l'affrontement seront plutôt les Phocéens de Marseille (à Alalia), ou encore Syracuse (bataille d'Himère, -480, avec selon Hérodote des contingents carthaginois de "Phéniciens, des Libyens, des Ibères, des Ligyens - Ligures - et des Hélisyques du Sud de la Gaule, des Sardes et des Corses"... bref tout le monde post-"atlante" coalisé, pour une raclée mémorable par les Syracusains !). Mais Syracuse, colonie de Corinthe, n'était pas vraiment une amie d'Athènes ; plutôt une rivale, et même le grand "frein" à ses ambitions occidentales (l'influence athénienne peinait à s'imposer hors de Mer Égée) ; d'où peut-être une forme de "frustration" géopolitique qui sous-tend le "conte" (Platon étant personnellement, pour sa part, plutôt un admirateur des modèles politiques siciliens contre la "démocratie" d'agora de sa propre cité).

    L'"Atlantide" de Platon pourrait donc, en définitive, être l'allégorie d'une réalité historique étalée sur plus de quatre millénaires ; avec trois "avatars" essentiels :

    - Néolithique/Chalcolithique : civilisation mégalithique, Vieille Europe ; liée à l'Orient d'origine, proto-Pélasges de la Mer Égée, proto-Cananéens du Levant ; colonisant l'Afrique du Nord qui devient "blanche" à cette époque (voir ci-après). Destruction par l'invasion yamnaya de la steppe (vers -2300/2200).

    - Âge du Bronze : "complexe" trans-méditerranéen argarique-minoen-cananéen ; grande "interconnexion", "route" maritime culturelle et commerciale depuis le Proche-Orient jusqu'au Bronze atlantique du Nord-Ouest de l'Europe, en passant bien sûr par la magnificente Crète minoenne, la Sardaigne nuragique et la Péninsule proto-ibère. "Route" de laquelle un grand combat des Mycéniens sera de prendre le contrôle (ce qu'ils parviendront dans une certaine mesure à faire à leur apogée), notamment face à la Crète (leur "suzeraine" au début de leur civilisation), mais peut-être aussi en aidant l'Égypte contre les Hyksôs cananéens, ainsi qu'avec de possibles expéditions au-delà de l'Italie, jusqu'à la Péninsule ibérique (mythes herculéens) – probable inspiration "première" du récit quant à la grande "guerre". Effondrement de l'Âge du Bronze (grande catastrophe frappant également la Grèce "dans la suite" de ces événements) ; Peuples de la Mer (-1200).

    - Âge du Fer (de -1000 à l'époque de Platon, "enjeux contemporains" du récit) : "monde" phénicien-carthaginois en Méditerranée occidentale ("Tartessos" et Ibères, "Libyens" berbères, Sardaigne et Corse, Étrusques alliés, Ligures, Sicile sicane et sicule, etc.) ; confronté aux colonies grecques, elles-mêmes en proie aux ambitions hégémoniques d'Athènes (et/ou à l'attrait de ses philosophes pour leur "meilleur", de leur point de vue, système politique).

    Finalement inachevé (aussi bien par Solon, trop absorbé par la politique athénienne, que par Platon qui interrompt son Critias juste avant la grande et épique guerre - peut-être parce que Solon lui-même s'arrêtait justement là ?), ce récit dans sa globalité n'aura jamais pu se constituer en véritable nouveau "chapitre" de la mythologie grecque, alternatif à la tradition herculéenne ou homérique et auquel nous accorderions aujourd'hui la même valeur ; ne nous étant connu (donc) que par Platon, raison pour laquelle "on n'a (à première... et courte, zététicienne, vue) pas d'autres sources" que lui, ce qui "démontrerait" qu'il a "tout inventé"...

    Mais "creuser" un peu (encore faut-il s'en donner la peine !) permet en réalité aisément de retrouver les éléments de tradition qui le composent, tant du côté égyptien que grec ; chez (on l'a dit) Diodore, du côté d'Hercule ou de la Titanomachie,  etc. etc. ; et de là, rechercher sérieusement le fond historique réel de chacun.

    En raisonnement probabiliste et "économique" en explications alambiquées (la probabilité d'une hypothèse est inversement proportionnelle à la quantité d'explications complexes et finalement improbables que sa démonstration nécessite : Guillaume d'Ockham), cela fait plus que se tenir...

    En réalité, le récit de Platon présente deux défauts essentiels ; outre le fait de plus que possiblement mélanger et "synthétiser" des événements en réalité multiples et étalés dans l'espace et le temps (ce que font tous les récits mythologiques), et la possibilité également que certaines informations soient inexactes voire inventées de toutes pièces : 1/ celui de donner dans un superlativisme volontaire et une "projection" de son époque (dans ce qu'elle pouvait avoir de plus fastueux) sur celle des faits qu'il évoque ; ce qui a pu conduire à égarer des générations entières dans la recherche d'une fabuleuse cité perdue remplie de trésors engloutie dans les profondeurs marines, plutôt qu'une approche "réaliste" et "civilisationnelle" ; et permis la floraison de théories farfelues qui ont durablement décrédibilisé, aux yeux de tous les zététiciens de service, la simple évocation des mots "Atlantide" ou "Atlantes" (alors que nul, que l'on sache, ne s'est gêné ni n'est gêné aujourd'hui pour appeler la civilisation crétoise "minoenne" d'après le tout aussi légendaire et fantasmagorique récit de Minos et du Minotaure...) ; et 2/ de se vouloir le récit d'une GUERRE, enfermant ainsi la question de l'Atlantide dans une logique d'opposition Occident/Orient dont peuvent être friands les adversaires (parfois pour des raisons nauséabondes) de l'effectivement fort discutable axiome "Ex Oriente Lux" ("la lumière de la civilisation est venue d'Orient") ; alors qu'il faut plutôt, selon nous et comme nous l'avons fait tout au long de cette étude, l'analyser au travers d'un "ping pong", un "tourbillon" permanent sur plus de 5000 ans entre les deux extrémités de la Méditerranée ; finissant, peut-être, par se "poser" sur le cœur géographique même du "dispositif" : l'Étrurie, l'Italie centrale, où pour finir, ROME "raflera" finalement la mise dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne.

    De fait, la source que représente Diodore de Sicile et que nous verrons en bas de page ci-après, avec ses Atlantes et aussi ses Amazones, est pour ainsi dire plus instructive et intéressante encore à cet égard.

    Nous espérons, en tout cas, avoir exposé ici la possibilité d'une approche tout à fait sérieuse et scientifique de cette "énigme" historique de plus de deux millénaires...

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    [(a) Sur ce dernier point, il serait trop long de partir dans un nouveau développement qui nécessiterait un autre article entier. Rappelons simplement qu'il y a 10 000 ans, à la sortie de la dernière ère glaciaire, le Sahara (ainsi que la Péninsule arabique) n'était pas un désert comme aujourd'hui mais une verdoyante savane arborée parcourues d'une faune africaine abondante ; ce qui pourrait encore une fois rejoindre le récit de Solon et Platon évoquant des éléphants en grand nombre (qui auraient par ailleurs pu être présents jusque dans la Péninsule ibérique, tant il est difficile de croire que l'ivoire retrouvé en abondance sur les sites mégalithiques n'ait pu être que "fossile"... il y en avait en tout cas à l'époque des Carthaginois, que ceux-ci auraient supposément "introduits" et les Romains éradiqués par la suite, bref) ; ainsi que des "taureaux" = bovidés à longues cornes ; et baignée, donc, par ce fameux grand fleuve "Tamarasset" à l'existence détectée par les scientifiques dans les années 2010, qui partait du Hoggar pour se jeter sur l'actuelle côte mauritanienne ; et de très nombreux lacs comme l'"Adrar" (voire carte), ou un Tchad 20 fois plus vaste qu'aujourd'hui :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Dernière période pluviale du Sahara

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Période_humide_africaine

    Dans ce cadre luxuriant évoluaient des populations humaines nombreuses, au milieu d'une abondance pour subvenir à leurs besoins qui pourrait avoir donné naissance aux mythes antiques du Jardin d'Éden, de l'Âge d'Or etc. (Jardin d'Éden baigné selon la Bible par quatre fleuves qui sont le Tigre et l'Euphrate, en Mésopotamie ; le "Gihon" qui est de toute évidence le Nil ; et le "Pishon" qui a été rapproché au choix de l'Indus voire du Gange, du Danube, des fleuves du Sud-Caucase comme le Tchorokhi ou la Koura, mais qui pourrait bien être aussi, pourquoi pas, le "Tamanrasset"...).

    Chasseuses-cueilleuses comme toute l'humanité au départ, ces populations pourraient selon des datations récentes avoir développé l'agriculture et l'élevage avant même (peut-être un millénaire avant) le Croissant Fertile et l'Anatolie longtemps considérés comme leur berceau ; et nous ont laissé de célèbres et magnifiques peintures rupestres représentant leur quotidien, de multiples artefacts, poteries etc. ainsi que parfois des mégalithes, tumulus voire édifices de type torréens ; bien que les mettre à jour soit, on s'en doute, difficile dans les conditions d'aujourd'hui (sables du désert etc.) :

    https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/prehistoire-sahara-neolithique-232/

    https://journals.openedition.org/pm/715 ("Périodisation et chronologie des images rupestres du Sahara central", J.-L. Le Quellec)

    L'assèchement progressif, qui s'est opéré entre -4000 et -2000 grosso modo, a conduit ces populations à migrer soit vers le sud (bassin Niger-Sénégal), où les Peuls pourraient en être les lointains descendants ; soit vers la vallée du Nil, participant à l'émergence de la civilisation pharaonique ; soit vers le nord, entrant en contact et se mêlant avec les populations ibéromaurusiennes (paléolithiques) et capsiennes (venues plus tard au Néolithique, et estimées proches des populations dites "natoufiennes" qui peuplaient le Proche Orient), et... les "Atlantes" ? En tout cas, une certitude est que le contact avec les populations venues d'Anatolie-Caucase en Europe occidentale au VIe millénaire s'est bel et bien opéré, puisque vers -5000 on trouve leur poterie cardiale caractéristique sur les côtes de l'Afrique du Nord ; et que "selon une étude de juin 2018, entre 20 et 50 % du patrimoine génétique des Maghrébins modernes serait issu des Ibéromaurusiens", mais "des fermiers de la culture de la céramique cardiale de la Péninsule ibérique, issus de l'Anatolie, seraient venus répandre le Néolithique en Afrique du Nord et contribuer au trois-quarts de l'ascendance restants""les Marocains du début du Néolithique sont lointainement reliés aux chasseurs-cueilleurs natoufiens du Levant (vers 9000 avant notre ère) et aux agriculteurs du Néolithique pré-poterie (vers -6500)" (en outre, "l'ADN autosomal d'échantillons marocains du Paléolithique final, du site de Taforalt, indique qu'au moins un tiers de leur ascendance provenait de populations d'Afrique subsaharienne") ; "en revanche, les Marocains du Néolithique tardif (vers -3000) partagent une composante ibérique, la même composition génétique que la culture du Néolithique méditerranéen cardial qui a atteint la Péninsule ibérique vers 5500 avant notre ère : ces similitudes génétiques et culturelles entre Ibériens et Nord-Africains néolithiques renforcent l'idée d'une immigration depuis la Péninsule vers le Maghreb à cette époque" (ou encore, autre étude, "la présence d'ADN européen chez les Nord-Africains varie, atteignant au maximum 25%, et est semblable aux populations méditerranéenne d’Europe du Sud comme les Basques et les Toscans"...) :

    https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1800851115

    Cette "rencontre" aurait-elle apporté une contribution majeure à la grande civilisation néolithique des mégalithes que nous venons de voir in extenso ?

    Aux alentours de -3000, de surprenantes peintures rupestres du Sud algérien nous donnent à voir des femmes.... blanches, aux cheveux blonds et roux même, montées sur des bœufs ; à mettre en parallèle, peut-être, avec les débuts de l'expansion des populations claires de peau aujourd'hui caractéristiques de l'Afrique du Nord ; avec, peut-être, ces individus de "type berbère" dont un aux cheveux roux (et portant des tatouages notamment de... bovins), découverts aux portes de la vallée du Nil (Gebelein) où ils vivaient à la veille de l'émergence de la grande civilisation égyptienne (-3400) (voir aussi le surprenant site mégalithique de Nabta Playa) ; ou encore avec cet étrange haplogroupe génétique R1b-V88 originaire d'Europe où il aurait même été présent d'ailleurs dès le Néolithique, bien avant l'irruption massive des populations indo-européennes R1b, "trouvé chez des chasseurs-cueilleurs d'Europe de l'Est (Serbie etc.) d'il y a près de 10 000 ans (et) ensuite répandu avec l'expansion néolithique de la céramique cardiale, qui a établi l'agriculture en Méditerranée occidentale" (...) "chez les anciens individus néolithiques du centre de l'Italie, de la Péninsule ibérique et, à une fréquence particulièrement élevée, en Sardaigne" (plus "atlante" tu meurs, quoi...) ; et que l'on retrouve à présent "en faibles pourcentages (1 à 4 %) dans le Levant, parmi les Libanais, les Druzes et les Juifs" (sur la côte quoi, chez ces Sémites de manière si peu commune NAVIGATEURS qu'étaient les Phéniciens), mais surtout au cœur du continent africain, "en Égypte (5%), chez les Berbères de la frontière égypto-libyenne (23%), les Coptes du Soudan (15%), les Haoussas (40%), les Peuls du Sahel (54% au Niger et au Cameroun)" ou encore les Toubous du Tchad (34%) ; "et parmi les tribus tchadiques du nord du Nigéria et du Cameroun (surtout chez les Kirdis), où R1b-V88 est l'haplogroupe de 30% à 95% des hommes" : "en deçà (dixit le Timée) du détroit (à l'Est de Gibraltar), ils régnaient encore sur LA LIBYE JUSQU'À L'ÉGYPTE (la moitié nord de l'Afrique jusqu'au Nil, quoi...), et sur l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie" (Sardaigne etc.)...

    [Voir aussi : https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1556 - Here-come-the-brides-Reading-the-neolithic-paintings-from-Uan-Derbuaen-Tasili-n-Ajjer-Algeria.pdf

    Et, à propos du R1b-V88, CET ARBRE "généalogique" du plus haut intérêt : les porteurs de cet haplogroupe semblent de fait bel et bien être originaires d'Ukraine, comme tous les R1b ; mais être un rameau qui s'est détaché très tôt, au Mésolithique, de ce berceau originel pour venir faire souche (en deux sous-clades "frères", FGC21056 et PF6362) dans les Balkans, où ils seront effectivement "embarqués au passage" par la migration néolithique anatolienne et diffusés de là dans toute l'Europe du Sud-Ouest (notamment en Sardaigne, "dernier réduit" très représentatif aujourd'hui de la génétique européenne du Néolithique) ; puis, pour certains (ici, visiblement à ce jour en tout cas, uniquement de la descendance FGC21056), prendront le chemin de l'Afrique du Nord et du "Sahara vert" ; les actuels individus africains, y compris égyptiens, ainsi que les proche-orientaux d'ailleurs, apparaissant bien comme de lointains mais CLAIRS descendants de ceux d'environ 5500 av. J.-C. mis à jour dans les Abruzzes en Italie et à Els Trocs en Aragon (Espagne), laissant donc ces deux seules origines géographiques possibles ; et par ailleurs, AUCUN ancêtre commun entre individus subsahariens et nord-africains (ou proche-orientaux) aujourd'hui ne remontant à moins de 2000 ans avant notre ère ; ce qui démontre bien leur origine commune dans une population SAHARIENNE de cette époque qui s'est dispersée lors de l'assèchement de l'actuel grand désert.

    Si les populations à 80 ou 90% de cet haplogroupe résultent probablement d'"effets fondateurs" (une poignée d'hommes V88 ont "fondé" ces peuples il y a des millénaires et l'ont transmis de père en fils à toute leur descendance masculine jusqu'à nos jours), celles à "50-50" (peu ou prou) comme les Peuls du Niger ou les Haoussas sont en revanche caractéristiques de véritables "mariages" entre peuples, dont elles sont les descendantes : dans le Sahara Vert d'il y a 5000 ans, des communautés V88 d'origine européenne ont rencontré et fait alliance avec des tribus locales africaines, les hommes des unes épousant les femmes des autres et réciproquement ; le document "Here come the brides" ("Voici les promises") ci-dessus étant à cet égard instructif – on y voit clairement sur une de ces peintures d'Iheren/Uan Derbuaen, page 14, des individus noirs africains caractéristiques des populations du Sahara Vert avant l'arrivée des Européens ibériques "atlantes" ; et auxquels les "brides" étaient certainement destinées (bien que ce ne soit pas l'interprétation de l'auteur de l'étude, qui voit dans cette "composition n°6" aux hommes noirs une œuvre "sans rapport" avec les autres, mais nous assumons penser qu'il se trompe : ces fabuleuses peintures montrent bel et bien ni plus ni moins que la genèse, la "conception" de ces peuples du Sahel aux traits métissés fameux tels que les Peuls, les Touaregs - un bon tiers de V88 chez ceux du Niger - ou les Toubous - un bon tiers également - etc.).

    Quant à l'haplogroupe aujourd'hui hégémonique en Afrique du Nord, E-M81, apparu environ 2000 ans avant notre ère, il descend en ligne directe d'un autre, E-L19, qui ne semble guère s'y être déployé depuis le Proche-Orient (auquel l'ancêtre commun qui le relie remonte à plus de 20 000 ans) mais dont les individus les plus anciens connus à ce jour (autour de -5000) ont au contraire été mis à jour dans le nord-ouest du Maroc, en pleine zone cardiale/mégalithique/"atlante" ; une autre branche de sa descendance (E-PF2431) présentant pour sa part des individus à la fois au nord... et au sud du Sahara (Gambie, Tchad etc., E-M81 étant, lui, apparu trop tard - vers -2000, après la désertification totale du Sahara - pour cela) ; les deux branches présentant un nombre conséquent d'individus actuels en Sardaigne : de quoi envisager là des "accompagnateurs" de V88, un autre "marqueur" et preuve de cette grande migration "atlante" vers l'Afrique, aux origines profondes de la berbérité ? (en revanche, si G2a présente des prévalences notables dans certaines populations berbères du Maghreb, ainsi qu'en Égypte, il est totalement absent au sud du Sahara, ce qui reste à creuser... selon une "intuition" confirmée par les membres d'un forum spécialisé, ce serait parce que les G2a étaient avant tout des cultivateurs qui sont donc "sagement" restés dans les régions méditerranéennes, tandis que la pénétration dans le Sahara encore un peu vert mais déjà assez aridifié a été le fait d'éleveurs, qui se trouvaient être essentiellement des communautés V88)]

    Une autre source antique maintes fois mais assez succinctement évoquée jusqu'ici, Diodore de Sicile (90-30 av. J.-C.), nous livre à cet égard un récit absolument fascinant ; au sujet des dites "Amazones libyennes" (à ne pas confondre avec celles du Caucase, clairement associées, elles, au monde "prométhéen" kouro-araxe et dont des preuves de l'existence commencent à être découvertes) : 

    https://www.mediterranees.net/geographie/diodore/livre3.html#Libye

    "On rapporte qu'aux confins de la terre, à l'ouest de la Libye, habite une nation gouvernée par des femmes, dont les moeurs sont toutes différentes des nôtres. (...) Selon la tradition, ces Amazones habitaient une île appelée Hespéra, et située à l'Occident, dans le lac Tritonis (on a ici très concrètement une identité parfaite entre ces "Amazones" et les Hespérides de la mythologie herculéenne, que Diodore identifie quant à lui aux "Atlantides", filles d'Atlas...). Ce lac, qui est près de l'Océan qui environne la terre, tire son nom du fleuve Triton, qui s'y jette. Le lac Tritonis se trouve dans le voisinage de l'Éthiopie (l'Afrique noire, pour les Grecs) au pied de la plus haute montagne de ce pays-là, que les Grecs appellent Atlas, et qui touche à l'Océan. L'île Hespéra est assez spacieuse, et pleine d'arbres fruitiers de toutes espèces, qui fournissent aux besoins des habitants. (...) Les Amazones soumirent d'abord par leurs armes toutes les villes de cette île, excepté une seule nommée Méné, qu'on regardait comme sacrée. Cette ville était habitée par des Éthiopiens mangeurs de poisson. Après cela, les Amazones subjuguèrent dans les environs beaucoup de tribus de Libyens nomades et bâtirent, dans le lac Tritonis, une ville qu'elles appelèrent Chersonèse d'après son aspect" : comment ne pas être (plus que) tentés d'y voir les "Dames du Tassili", à la tête d'une société matriarcale comme pourraient le laisser supposer leurs riches vêtements comparés à la tenue des hommes ; qui venant (donc) du sud-ouest de l'Europe, se seraient établies sur une île d'un grand lac ("Tritonis") du Sahara humide qui ne peut de toute évidence être QUE le lac "Adrar" ("au pied de l'Atlas, vers l'Océan"), alimenté par le fameux "Tamanrasset" ("Triton") !

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    Ensuite de quoi, "encouragées par ces succès, les Amazones parcoururent plusieurs parties du monde. Les premiers hommes qu'elles attaquèrent furent, dit-on, les Atlantes, le peuple le plus civilisé de ces contrées, habitant un pays riche et contenant de grandes villes (en effet, Jaén, Valencina, c'est ce qu'on peut appeler "grand" pour l'époque...). C'est chez ces Atlantes, et dans le pays voisin de l'Océan, que, selon la mythologie, les dieux ont pris naissance ; et cela s'accorde assez avec ce que les mythologues grecs en racontent ; nous en parlerons plus bas en détail" : la civilisation mégalithique ibérique et méditerranéenne occidentale que nous avons vue tout au long de cette étude, dont cette migration "R1b-V88" des "Dames"-Amazones et de leur peuple était peut-être une "dissidence" (?) ; plus précisément, ses établissements en Afrique du Nord : ayant "envahi le territoire des Atlantes, elles défirent d'abord en bataille rangée les habitants de Cerné", que l'on est tenté d'identifier aux îles Kerkennah, au large de la Tunisie, mais qui pourrait aussi être une île de la côte marocaine.

    Les Atlantes frappés d'effroi, un "traité" est alors passé ; suite à quoi, "à la prière des Atlantes, souvent attaqués par les Gorgones établies dans leur voisinage et qui de tout temps étaient leurs ennemies, la reine Myrina s'en fut combattre (ces dernières) dans leur pays" : très présentes dans la mythologie grecque (Persée etc.) et systématiquement situées à l'ouest de l'Afrique, ces "Gorgones" étaient peut-être une autre société matriarcale africaine, établie dans la région du fleuve Sénégal, et dont les chevelures tressées façon "dreadlocks" seraient devenues dans l'imaginaire des "serpents".

    Mais le périple de Myrina ne s'arrête pas là : elles se rend ensuite jusqu'en Égypte "où elle se lia d'amitié avec Horus, fils d'Isis, qui était alors roi du pays", ce qui nous renvoie clairement à l'aube prédynastique de cette civilisation, vers le IVe millénaire ; et poursuit jusqu'au Proche-Orient (où "son" passage pourrait bien sembler attesté par ces édifices mégalithiques comme le Rujm el-Hiri, absolument fascinant de similitude avec ceux du Sahara et le "schéma" circulaire concentrique "atlante" de manière générale, ou le Rujm en-Nabi Shu'ayb, tous deux estimés à environ -3000 av. J.-C. et aux bâtisseurs toujours inconnus à ce jour, les surprenants dolmens de Jordanie, vers la même époque, ou encore Mari ou Tell el-Rawda en Syrie, "villes neuves" subitement apparues par "volonté politique" vers la même époque et à l'étonnant plan circulaire concentrique qu'Uruk par exemple, typique cité mésopotamienne quadrangulaire, ou plus anciennement Çatal Höyük, n'avaient pas), l'Anatolie et la Mer Égée, qu'elle soumet à leur tour (la "boucle" étant ainsi, si l'on ose dire, "bouclée"...) ; n'étant finalement arrêtée que par "les Thraces et les Scythes" (les civilisations des Balkans type Varna ? la culture "kouro-araxe", ou de Maïkop - auxquelles Diodore semble fortement assimiler les "Scythes" de la "première période" dans un autre chapitre ? ou déjà les premiers Yamnayas ? le moins improbable étant très certainement ces "porteurs du bronze" venus du Caucase dans la Méditerranée orientale à cette époque, dont on a vu plus haut que les civilisations égéennes, crétoise en particulier, étaient probablement "nées" de la "rencontre" entre l'influence "atlante" venue de l'Ouest et la leur - on trouve, par ailleurs, un important mégalithisme de la fin du IVe au début du IIe millénaire avant notre ère dans le Nord-Ouest du Caucase).

    Une autre tradition (évoquée par Homère, notamment) la relie même... à Troie, où elle serait inhumée.

    S'ensuit une longue description de ces fameux "Atlantes" sus-évoqués, aux nombreuses différences avec les dialogues de Platon, mais néanmoins très largement concordante : "Les Atlantes habitent le littoral de l'Océan, et un pays très fertile. Ils semblent se distinguer de leurs voisins par leur piété et par leur hospitalité. Ils prétendent que leur pays est le berceau des dieux ; et le plus célèbre de tous les poètes de la Grèce paraît partager cette opinion, lorsqu'il fait dire à Junon : Je pars visiter les limites de la Terre, l'Océan, père des dieux, et Téthys leur mère". "Leur premier roi" n'est plus Atlas, mais "Ouranos" (normalement, le dieu du ciel), dont l'"empire s'étendait presque sur toute la terre, mais principalement du côté de l'Occident et du Nord" ; qui civilise les peuples (il "rassembla dans l'enceinte d'une ville les hommes qui avant lui étaient répandus dans les campagnes") et leur enseigne l'astronomie ("exact observateur des astres, il prédit plusieurs événements qui devaient arriver dans le monde, et apprit aux nations à mesurer l'année par le cours du soleil, et les mois par celui de la lune"...). Atlas est un de ses fils (grand astronome lui aussi, et "bon"), tout comme Cronos/Saturne qui lui, par contre, "se fit au contraire remarquer par son impiété et son avarice" ; ces deux frères semblant incarner la "bonne" et la "mauvaise" Atlantide du Critias (Cronos "régna sur la Sicile, la Libye, et même l'Italie" - anciennement appelée "Saturnie" selon beaucoup d'auteurs antiques, "en un mot, il étendit son empire sur tous les pays de l'Occident", construisant dans ces pays "des forteresses" : les nuraghi, les citadelles d'El Argar etc., symboles de l'"Atlantide militariste-agressive"... CQFD). Et Ouranos a par ailleurs un frère : Zeus/Jupiter, qui aurait été le... "roi de Crète".

    L'AUTRE Jupiter/Zeus, le "vrai", l'Olympien, étant quant à lui le fils de Saturne/Cronos à qui il succédera, "soit qu'il lui eût cédé volontairement (le trône), soit qu'il y eût été contraint par ses sujets, auxquels il était odieux" ; puis qu'il vaincra alors qu'il "était venu l'attaquer avec les Titans" : on retrouve là la Titanomachie, symbole absolu de l'imposition des premiers Grecs en Méditerranée contre tous les "Atlantes", "Pélasges", "prométhéens" d'émanation kouro-araxe etc.

    On voit donc bien nettement comment, après une première étape où règne (selon lui) Ouranos, "principalement sur l'Ouest et le Nord" du monde connu ce qui correspond totalement à la civilisation mégalithique ; puis Atlas ; c'est bien, avec Cronos, le monde "tyrrhénien" (Sardaigne-Corse, Sicile sicane etc.) et "pélasge" que devient l'"Atlantide" de Diodore ; "Atlantide" version "mauvaise" qui finira par s'effondrer devant "Zeus" = les premiers Grecs ; exactement comme dans tout ce que nous venons d'analyser jusqu'à présent.

    Par ailleurs, dans son Livre II, XLVII, il nous parle des "Hyperboréens", habitant une "île située au nord", "au delà de la Celtique, dans l'Océan", dans laquelle "on peut voir une vaste enceinte consacrée à Apollon" (à un culte solaire), "ainsi qu'un temple magnifique de forme ronde et orné de nombreuses offrandes" : il s'agit évidemment là, de manière absolument transparente, de la Grande-Bretagne et de Stonehenge (que les successeurs indo-européens et celtes de ses bâtisseurs mégalithiques continuaient probablement à utiliser).

    Montrant bien que, loin d'une "invention" et d'une "fable philosophique", le récit du Timée et du Critias reprenait une tradition extrêmement commune dans le monde hellénique de l'Antiquité classique (entre -500 et le début de l'ère chrétienne) ; fut-ce en "jouant" avec les noms tirés du "panel" mythologique (les différences vont justement en ce sens, de montrer qu'il ne s'agit pas de simples "copiés-collés" d'une seule source).

    Quant à savoir si cette brillante civilisation située sur la façade atlantique pourrait avoit atteint... l'Amérique, il n'est bien sûr tout simplement pas possible de ne pas évoquer la fameuse CHAUSSÉE DE BIMINI, aux Bahamas ; située à environ 5 mètres sous la surface autrement dit au niveau de la mer il y à 4 ou 5000 ans ; dont les affirmations "scientifiques" qu'il s'agirait d'une formation "naturelle" peuvent paraître confiner au ridicule ; et qui au premier coup d'œil du commun des mortels, semble bien avoir tout... d'un port.

    Des études génétiques récentes pourraient commencer à venir sérieusement corroborer la thèse d'une navigation néolithique :

    https://www.argarica.es/index.php/allcategories-es-es/13-argarica/megalitismo/152-viajeros-iberia-america-hace-7000-momias-chinchorro-chile-ancestria-neolitica-europea

    "Cette momie d'un homme de la culture Chinchorro est datée d'environ 6 200 ans (vers 4292 - 4242 av. J.-C.) et contre toute attente, la lignée paternelle de cet individu n'appartient à aucune des lignées amérindiennes habituelles (BT, IJK, Q, P, C, F) venues d'Asie via la Béringie ou le Pacifique, mais à une lignée eurasiatique, CT-M168, qui à l'époque où vivait l'homme Chinchorro n'existait qu'en Europe et en un seul endroit de Jordanie. De fait, elle n'atteindra l'Asie centrale que des milliers d'années plus tard. La proportion d'ascendance mésolithique européenne de 21% et d'ascendance néolithique afrasiatique-anatolienne de 14% observée chez les momies Chinchorro penche en faveur d'une origine dans la Péninsule ibérique. L'étude complète peut être consultée ici."

    Sur ce point, la traduction du Timée par Victor Cousin (1822-1840) semble certes peu concluante : "De cette île on pouvait facilement passer aux autres îles, et de celles-là à tout le continent qui borde tout autour la mer intérieure ; car ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port ayant une entrée étroite : mais c’est là une véritable mer, et la terre qui l’environne, un véritable continent" ; ce qui semble faire référence au continent européen bordant la Méditerranée ("mer intérieure", qui "ressemble à un port ayant une entrée étroite") ; mais celle-ci, par Émile Chambry (1864-1951), est beaucoup plus évocatrice : "De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer. Car tout ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port dont l’entrée est étroite, tandis que ce qui est au-delà forme une véritable mer et que la terre qui l’entoure a vraiment tous les titres pour être appelée continent"... des terres "en face" (de l'autre côté de l'océan ?), un "véritable continent" auquel on peut accéder via "des îles" (Canaries, Açores – voir la vidéo ci-dessous à partir de 1:23:50, Cap-Vert...), BREF...

    Rappelons que l'œuvre de Diodore (encore lui) contient, livre V chapitre XIX, un passage plus que troublant : "Après avoir parlé des îles situées en deçà des colonnes d'Hercule, nous allons décrire celles qui sont dans l'Océan. Du côté de la Libye, on trouve une île dans la haute mer, d'une étendue considérable, et située dans l'Océan. Elle est éloignée de la Libye de plusieurs journées de navigation, et située à l'Occident. Son sol est fertile, montagneux, peu plat, et d'une grande beauté. Cette île est arrosée par des fleuves navigables. On y voit de nombreux jardins plantés de toutes sortes d'arbres, et des vergers traversés par des sources d'eau douce. On y trouve des maisons de campagne somptueusement construites et dont les parterres sont ornés de berceaux couverts de fleurs. C'est là que les habitants passent la saison de l'été, jouissant voluptueusement des biens que la campagne leur fournit en abondance. La région montagneuse est couverte de bois épais et d'arbres fruitiers de toute espèce ; le séjour dans les montagnes est embelli par des vallons et de nombreuses sources. En un mot, toute l'île est bien arrosée d'eaux douces qui contribuent non seulement au plaisir des habitants, mais encore à leur santé et à leur force. La chasse leur fournit nombre d'animaux divers, et leur procure des repas succulents et somptueux. La mer qui baigne cette île renferme une multitude de poissons, car l'Océan est naturellement très poissonneux. Enfin l'air y est si tempéré, que les fruits des arbres et d'autres produits y croissent en abondance pendant la plus grande partie de l'année. En un mot, cette île est si belle qu'elle paraît plutôt le séjour heureux de quelques dieux que celui des hommes".

    Il en attribue la découverte aux Phéniciens, qui "tentèrent de naviguer au-delà des colonnes d'Hercule, sur la mer qu'on appelle Océan", et "pendant qu'ils longeaient la côte de la Libye, furent jetés par des vents violents fort loin dans l'Océan. Battus par la tempête pendant beaucoup de jours, ils abordèrent enfin dans l'île dont nous avons parlé"... Ce passage étant littéralement AU BORD de démontrer une navigation transatlantique peut-être 800 voire 1000 ans avant notre ère (de quelle autre "île", "d'une étendue considérable", avec des fleuves navigables et habitée, donc pas Madère, les Açores ni même les Canaries, pourrait-il s'agir sinon ?), quel argument pourrait interdire d'en envisager une encore antérieure ?]

    "Atlantide" : la probable réalité historique "Atlantide" : la probable réalité historique
    "Atlantide" : la probable réalité historique "Atlantide" : la probable réalité historique

    Newgrange, Irlande, mégalithisme, IVe millénaire av. J.-C. / Tholos de Los Millares, Chalcolithique 
    andalou, IIIe millénaire (reconstitution) / Nécropole étrusque de Cerveteri, Ier millénaire av. J.-C. /
    Mausolée numide d'Imedghassen (Algérie), IIIe siècle avant notre ère... Jugez par vous-mêmes !

    [(b) La diffusion des indo-européens "Yamnayas" semble aujourd'hui être un sujet assez net et à la plupart des questions tranchées.

    À la base, les populations d'haplogroupe R émanent de ce que l'on appelle l'Ancien Nord Eurasien ; aux côtés de celles d'haplogroupe le plus proche, "frère" si l'on ose dire, issu de P, qui est l'haplogroupe Q... dominant chez un certain nombre de tribus sibériennes, notablement présent chez les peuples turco-mongols, mais surtout, marqueur absolu des Amérindiens, venus de Sibérie au Paléolithique par le détroit de Béring ! Eh oui : l'un des plus grands génocides de l'histoire de l'humanité, celui de la conquête des Amériques, s'est en quelque sorte perpétré entre "frères"... L'éternel retour d'Abel et Caïn.

    C'est là, par adaptation à la faiblesse du rayonnement solaire sous ces latitudes (qui impacte la sécrétion de vitamine D), que se situe l'origine de l'évolution physionomique vers un éclaircissement de l'épiderme (qui "arrêtera" ainsi moins, et "absorbera" plus, la luminosité) ; en un mot, des êtres humains "blancs" (des peaux plus claires que celles, noires africaines, des origines de l'humanité se sont également développées en Asie du Sud comme de l’Est, mais néanmoins pas à ce point, sauf... à ce que des mélanges avec des individus de l'Ancien Nord se produisent, notamment lors des "maximums glaciaires" comme vers -15 000, qui impliquaient nécessairement des replis vers le sud).

    Une partie (plutôt les Q, manifestement), continue l'article ci-dessus, se mélangera il y a 20 à 25 000 ans avec la composante de l'Ancien Est Asiatique pour donner donc les peuples sibériens et les Amérindiens, aux traits asiatiques effectivement plus marqués encore que pas totalement "mongols", si l'on regarde bien (nez, contours du visage...). L'haplogroupe R2 s'est quant à lui déplacé plutôt en direction de l'Asie du Sud, où il constitue aujourd'hui des lignages très minoritaires.

    Les populations R1, quant à elles, iront s'établir et faire souche plus à l'ouest, aux portes de ce qu'on appelle aujourd'hui l'Europe (mais qui rappelons-le, d'un strict point de vue géographique, ne signifie rien : c'est l’Ouest de l'Eurasie...) : les R1b plutôt autour de la Mer Noire ; les R1a, plutôt vers la Caspienne. Là, ces peuplades encore essentiellement chasseuses-cueilleuses, commençant peut-être à développer un peu d'élevage nomade voire à domestiquer le cheval (attesté domestiqué et utilisé par elles en Europe centrale vers -3000, en tout cas), entreront en contact, disons entre -5000 et -3000, avec les puissantes civilisations caucasiennes du contexte "kouro-araxe" et notamment celle de Maïkop, dont ce caractère de zone de contact est désormais avéré ; et à ce contact, se "civiliseront" probablement de manière notable, acquérant diverses techniques telles que la métallurgie etc. (avec pour autre marqueur possible, intéressant, de ce contact fondateur, l'haplogroupe J2b-L283, que l'on pourrait peut-être se permettre de rebaptiser "Prométhée"...). L'importance de cette vaste zone de contact, entre Caucase et steppe, pour la genèse linguistique des langues dites indo-européennes, a également été récemment soulevée par une étude scientifique.

    Puis, dans le courant du IVe millénaire, des facteurs encore mal identifiés, peut-être d'ordre climatique, donneront le signal de l'expansion : les R1b vers l'Ouest, l'Europe jusqu'à ses péninsules (ibérique, Italie, Grèce) et l'Anatolie dont ils s'empareront totalement vers ou peu après -2000 ; les R1a vers l'Est et le Sud, jusqu'à l'Iran et l'Inde, "occupant" par ailleurs progressivement l'espace est-européen laissé "libre" par les R1b (c'est aujourd'hui l'haplogroupe typique des peuples slaves et on le trouve également chez les peuples germaniques, jusqu'en Angleterre).

    Les "nordiques" blonds aux yeux bleus, auxquels ils sont généralement associés dans l'imaginaire collectif (mais ce trait d'égalité, comme nous allons le voir, est faux...), résultent comme on peut le voir en superposant les trois cartes qui suivent d'un mélange de populations R1b (décroissantes d'Ouest en Est), R1a (décroissantes, elles, d'Est en Ouest, étant les plus nombreuses et Pologne et Russie du Nord) et I1, c'est à dire la population la plus septentrionale des chasseurs-cueilleurs "I" d'Europe, antérieurs au peuplement anatolien néolithique.

    Ce "mélange" donnera lieu à partir de vers -3000 (ou un peu avant) à la culture de la "céramique cordée" et des "haches de combat", dont on voit bien là encore le recoupement quasi parfait sur la carte, entre Scandinavie, Allemagne du Nord et pourtours de la Baltique ; même si des éléments pouvaient peut-être déjà être présents au sein de la culture antérieure (-4200 à -2800) des "vases à entonnoir", déjà un peu dans les mêmes régions (Nord de l'Allemagne, Pologne, Danemark, Sud de la Suède...).

    Voilà donc pour les "nordiques", mais leur diffusion en Europe, hors de ces régions, sera historiquement tardive : en fait, à l'époque romaine... avec le déferlement des Cimbres et des Teutons sur le Nord de l'Italie et le Sud de la Gaule, puis l'offensive d'Arioviste qui sera le prétexte au lancement de la Guerre des Gaules. Elle n'est pas à confondre avec celle, aux IVe et IIIe millénaires avant notre ère, des peuples indo-européens "Yamnas" en tant que tels ; qui loin de "blonds aux yeux bleus" devaient plutôt rassembler à ceux d'entre eux qui dans l'Antiquité classique n'avaient jamais quitté leur région d'origine : les Scythes, autrement dit les Ossètes (peuple du Nord-Caucase).

    Les R1b proprement dits ont surtout été majoritaires sur un autre "axe" de pénétration. Leur diffusion apparaît en effet fortement corrélée à celle d'un autre haplogroupe, E-V13, d'origine probablement proche-orientale comme la plupart des "E" mais apparu dans les Balkans, où on le trouve encore principalement implanté aujourd'hui (Kosovo et ses alentours, Bulgarie...), mais en voyant bien qu'il s'est, seul "E" dans ce cas, diffusé même en faibles proportions dans pratiquement toute l'Europe, loin de la Méditerranée.

    Parce qu'il a, ce qui est le plus probable, ACCOMPAGNÉ les R1b dans leur diffusion vers ces mêmes régions ; étant certainement le marqueur d'une population antérieure à leur arrivée, présente dès le Néolithique, et qu'ils auraient "recrutée" et emmenée avec eux... parce que bons métallurgistes, par exemple ? Les Balkans, qui sont leur probable origine et leur lieu de plus forte prévalence encore aujourd'hui, sont connus pour avoir été les précurseurs dans la métallurgie du cuivre et du bronze en Europe, dès l'époque des civilisations de Varna, CucuteniVinča en Serbie (où ont été retrouvés les plus anciens objets en bronze au monde) etc., au Ve millénaire avant notre ère.

    Et "curieusement", l'haplogroupe R1b, dans ces Balkans où ils est nettement moins bien implanté que dans l'Ouest du continent, montre une prévalence notablement plus importante... précisément là où E-V13 est très présent également.

    Il n'en faut pas beaucoup plus pour déduire que les "Yamnayas" R1b se sont, peut-être dès -4000 voire avant, "appropriés" les civilisations balkaniques et leurs forgerons E-V13 et de là, lancés à la conquête de l'Europe occidentale ; où ce seront eux qui s'empareront jusque des Îles Britanniques (où R1a et I1 sont assez peu présents et probablement liés aux apports vikings très ultérieurs ; des I1 ou un mélange R1a-I1 attaquaient peut-être déjà ces régions dans des temps très anciens, et seraient peut-être les "Fomoires" de la mythologie irlandaise, mais n'y ont pas beaucoup fait souche avant que la "Loi Danoise" ne s'impose sur une grande partie de l'archipel au IXe siècle de notre ère).

    Il est aujourd'hui démontré par les études scientifiques que l'"archer d'Amesbury" (exhumé près de Stonehenge et daté de vers -2300), qui n'était pas un autochtone mais bien un envahisseur étranger, provenait très probablement des Alpes, entre Suisse, Autriche, Bavière etc.

    Ainsi l'invasion des R1b apparaît-elle très clairement s'être déployée depuis les Balkans et le Bas Danube, où ils n'étaient plus tout à fait des "barbares", mais les nouveaux maîtres d'une civilisation techniquement très avancée pour l'époque (dans ce qui deviendra, en clair, le domaine "thraco-illyrien"), le long du versant nord des Alpes jusqu'aux Îles Britanniques au nord-ouest et à la Péninsule ibérique au sud-ouest ; avec une pénétration plus tardive (après -2000) au sud des Balkans (Grèce), des Alpes (Italie) et en Anatolie (Hittites etc.) où l'on verra également, comme dans l'Est de la péninsule ibérique, une assimilation assez forte aux cultures antérieures.

    Ce R1b est aujourd'hui le marqueur génétique le plus fortement répandu en Europe occidentale et "alpine" et, au regard de ses régions de plus forte prévalence, mis à part le Pays Basque dont le cas (langue absolument non-indo-européenne mais R1b à plus de 75%, MAIS en dehors de cela un génome "global" portant très peu de marque "des steppes") reste en questionnement, peut de fait être considéré comme le marqueur "celtique" par excellence, même si l'on ne parlera proprement de Celtes qu'à partir du début de l'Âge du Fer, soit à partir de -1000... 

    En revanche, malgré quelques "noyaux" de forte prévalence en Asie centrale, il n'a guère à voir dans la diffusion de la branche indo-iranienne en Asie du Sud, qui aura principalement été le fait d'éléments R1a ; eux aussi plus tout à fait "barbares", mais longuement civilisés au contact de la civilisation bactro-margienne.]

    Un documentaire qui reprend assez largement tout ce que nous avons vu ici :

    Pour bien comprendre : carte des grands mouvements de population et "civilisateurs" avec leurs marqueurs génétiques (cliquer dessus pour agrandir)

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Les civilisations, plus que toute autre chose – plus même que des "bassins" – sont avant tout des "routes" ; sur lesquelles vont se dresser selon les époques de plus ou moins grands "hubs" ; c'est avant tout cela qui va conduire à tel et tel endroit à se développer une civilisation, et non plus une société rudimentaire :

    "Atlantide" : la probable réalité historique

    Et c'est ce que nous avons ici, en définitive, montré que la "civilisation atlante" était...

    Mais l'archéologie académique (celle qui doit dire ce que les "vieilles barbes" mandarinales attendent d'elle si elle veut voir ses travaux validés, et percevoir ses financements) a bien sûr tendance à raisonner "bassin", et surtout, à se focaliser sur la magnificence de tel ou tel de ces "hubs" d'une période donnée ; en méprisant tout ce qui se "cache" derrière, ou du moins, en "déconnectant" les choses les unes des autres.

    La Crète minoenne, par exemple, que nous avons longuement vue dans cet article : à la base, c'est la Vieille Europe, le peuplement néolithique de notre continent depuis l'Anatolie ; ce sont les Cyclades, les "Pélasges diminiens" ; point, il n'y a pas à chercher plus loin. Mais qui, par sa position de "hub" en Méditerranée orientale, véritable carrefour névralgique entre trois continents à l'époque ; au cœur d'un commerce reliant comme on l'a vu le Proche-Orient jusqu'aussi loin que l'Europe atlantique ; a atteint une magnificence inégalée en Europe auparavant et même pendant encore près d'un millénaire ensuite ; et s'est aussi, de ce fait, "orientalisée" (tout en "minoïsant", par ailleurs, le Levant et le Delta du Nil hyksôs, comme l'ont montré Cline et d'autres).

    Pour autant, pas plus que son rejeton (car c'en était civilisationnellement un) mycénien, son absence d'équivalent en raffinement jusqu'à la Grèce et aux Étrusques de -700 ne doit nous dissimuler et faire mépriser tout le reste de la Vieille Europe et des civilisations méditerranéennes ainsi qu'atlantiques de notre continent, depuis le Néolithique jusqu'au début du Fer, qui sont ce qui se "cache" derrière "l'Atlantide" de Platon et Diodore !

    C'est pourtant ce qui a tendance à être le cas (au point d'avoir à une époque, rappelons-le, envisagé une "origine égéenne" pour les très antérieures civilisations chalcolithiques du Sud de l'Espagne !). Car évidemment, au-delà de son raffinement civilisationnel indiscutable, la Crète minoenne fait jubiler le dogme parce que "c'est l'Orient" ; au large de la Grèce, non loin du Levant ; omphales de toute la cosmogonie gréco-biblique de notre Occident moderne ! C'est ainsi que l'île de Minos est "devenue", à elle seule, "l'Atlantide"... dans une théorie aussi bienvenue et intellectuellement confortable, qu'en contradiction totale avec les descriptions et indications géographiques des deux auteurs.

    Il en va exactement de même pour l'Égypte pharaonique (sur laquelle nous vous invitons également vivement à consulter notre article qui là aussi "plie" la controverse...) ; au plus grand mépris de la "matrice éthiopienne" de cette civilisation sur laquelle toutes les sources antiques concordent pourtant.

    Car en réalité, autant qu'il y a un "continuum" civilisationnel dans le bassin Niger-Sénégal ; dont Djenné et Wagadou, Ghana, Mali et Songhaï ne sont que des noms transitoires à un moment donné (et probablement d'autres manifestations bien plus anciennes encore, en lien notamment avec l'héritage "saharien vert" que nous avons évoqué plus haut, mais quand on part du principe qu'une région n'a "pas d'histoire", forcément l'archéologie n'y sera pas à la fête...) ; ou encore un "continuum" au Maghreb depuis le Néolithique, en liens constants avec l'Europe du Sud "atlante" à travers l'arrivée de la "composante ibérique" à partir de -5000, puis l'alliance Libyens-Peuples de la Mer, l'Empire carthaginois, puis Rome qui a bien sûr tout mis sous sa coupe (avec à une époque des empereurs berbères), et enfin la civilisation islamique : Aghlabides, Almoravides, Almohades etc. ; il y a, tout autant, un "continuum" que l'on pourra appeler koushite, ou "nilo-éthiopique", depuis Kerma puis Napata puis Méroé jusqu'à (après légère "déportation" géographique du centre de gravité vers le Massif éthiopien) Axoum etc. ; qui existe d'ailleurs encore, puisque la civilisation abyssine existe encore (Éthiopie) ; et la Haute Égypte, c'est à dire Nagada, n'était à la base ni plus ni moins qu'un "appendice" de ce continuum nilo-éthiopique originel ; qui en se conquérant avec Narmer un débouché sur la Méditerranée orientale (le grand "hub"), a atteint une magnificence n'ayant bien sûr plus rien à voir ; et s'est (elle aussi) "orientalisée" (culturellement, génétiquement et en type humain)...

    Mais sa matrice était bien là, comme les auteurs grecs antiques l'ont dit et répété ; et il ne faudrait pas, là non plus, que cette "façade" resplendissante qu'est devenue l'Égypte pharaonique nous dissimule, et conduise à mépriser ce "creuset" civilisationnel millénaire entre (grosso modo) première cataracte, Massif éthiopien et Grands Lacs ; plus modeste, mais aussi fascinant qu'encore insuffisamment exploré (Doukki Gel n'a commencé à être mise à jour, sous un établissement égyptien du Nouvel Empire, qu'il y a une douzaine d'années seulement...).

    Nous venons pour notre part de montrer de manière éclatante, dans cet article, qu'il faut raisonner en termes de "routes" et que "l'Atlantide" était, en réalité, avant tout une telle "route" ; depuis la Méditerranée orientale (le grand "carrefour névralgique" avec aux "avant-postes", à son contact immédiat côté européen, la Crète et la région égéenne) jusqu'au Nord-Ouest atlantique de l'Europe, en passant par Gibraltar ; dont l'enjeu pour les Grecs, tant mycéniens que de l'époque de Solon et encore de Platon, était de prendre le contrôle ; et la vallée du Nil en était bien sûr une autre, majeure, depuis la Méditerranée jusqu'au cœur du continent africain.

    Car en vérité, les "Atlantides", les civilisations perdues, ne gisent pas tant sous l'eau ou sous les sables ; qu'elles ne gisent sous nos décisions qu'"il n'y avait rien" à tel ou tel endroit "avant" la civilisation que nous avons décrété y avoir été la première ; décidant, de manière générale, que tout est nécessairement "parti" des abords de la Méditerranée orientale et que ce que l'on trouve au loin n'en saurait être que des "apports" ; alors que c'est plutôt, tout au contraire, en "venant" à elle de ces "au loin" que des cultures ont développé à son contact leur quintessence ; et que "Koush", notamment, a engendré l'Égypte pharaonique...

    C'est "là-dessous", sous cette ignorance voulue, que sont enfouies et que, nous l'assumons, nous pensons avoir "dégagées", aussi bien "l'Atlantide" que la réponse à cette interminable controverse de l'identité ethnique de l'ancienne Égypte.

    Voilà ce que l'on peut finalement dire, en dernière analyse !


  • Commentaires

    1
    Tintin77
    Mardi 2 Mai 2023 à 12:23
    Açorres = Atlantide ! Mont Pico
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