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Les communautés minoritaires donc assez endogames de Palestine : Druzes, Palestiniens chrétiens ; ainsi que Libanais chrétiens comme musulmans (chiites ?) d'ailleurs (il est largement démontré aujourd'hui que les Phéniciens et les dits Israélites étaient, au Ier millénaire avant notre ère, génétiquement et ethniquement indiscernables, marqués par la même souche cananéenne, mais simplement de religions différentes...) ; forment bien un "cluster" autochtone*, descendant des habitants du début de l'ère chrétienne, avec les Samaritains qui peuvent être considérés comme le point de référence (800 personnes environ aujourd'hui, jamais bougé, très endogames).
[* Principe des distances génétiques : jusqu'à 0,03, même peuple ou différence entre peuples voisins ayant constamment interagi au long de l'histoire (Français et Italiens du Nord, Allemands, Anglais...). 0,05, c'est la distance entre un Français et un Italien de la région de Rome. À 0,06, on a déjà plus que la différence avec un Grec ou un Russe, on arrive aux limites du continent. 0,1, c'est le Maroc, c'est un AUTRE continent.]
Il s'agit de descendants des 10 tribus hébraïques du Nord (royaume d'Israël proprement dit, après Salomon et jusqu'à la conquête assyrienne en -722) ; des Israélites, mais qui ne reconnaissent que la Torah (pas les livres ultérieurs) et refusent le Temple de Jérusalem comme sanctuaire exclusif, lui préférant Béthel et le Mont Garizim ; étant pour cela rejetés par les Judéens (les Juifs proprement dits), bien qu'ils auraient pu avoir accès au Temple jusque tardivement, à l'époque romaine.
Les Galiléens, peuple de Jésus, étaient quant à eux juifs (reconnaissant les autres livres que le Pentateuque), mais néanmoins considérés "mauvais" juifs, à la pratique religieuse "impure", par les Judéens ; d'où la question "ne serais-tu pas un Samaritain ?" qui lui est souvent posée dans les Évangiles – ce n'est sans doute pas par hasard qu'il s'était engagé dans cette voie spirituelle "dissidente" et contestataire du pouvoir des "gardiens du Temple"...
Il n'en reste pas moins que ces populations étaient bien les descendantes des tribus israélites/hébreues, certes sans doute mâtinées d'apports ultérieurs dans les contextes assyrien, perse et hellénistique ; mais pas plus ni moins (soyons sérieux) que les Judéens qui se prétendaient pour des raisons politico-religieuses plus "purs".
Autre fait fascinant, d'ailleurs, mais qui risquerait hélas de provoquer des débats sans fin en commentaires : le SANG trouvé sur le fameux Suaire de Turin (qui n'est cohérent et rationnel que comme celui de l'homme mort effectivement drapé dans le linceul), s'est avéré "matcher" essentiellement avec celui des actuels Druzes, qui vivent entre la Galilée et le Sud du Liban et en sont clairement une population très autochtone, qui a adopté cette spiritualité syncrétique autour de l'an 1000... Autrement dit, avec un ADN typiquement galiléen !
Les Juifs qui ne sont pas très éloignés du "cluster", même dans la diaspora (Égypte, Irak), sont les KARAÏTES (non talmudiques) qui ont eux aussi fait preuve d'une forte endogamie depuis leur départ de la Terre Promise.
Les Palestiniens musulmans en sont un peu plus éloignés, s'étant forcément plus brassés au fil des siècles dans la grande Oumma musulmane.
Mais rien à voir avec les Ashkénazes d'Europe centrale ou les Sépharades d'Afrique du Nord, dont l'éloignement équivaut largement celui des Grecs anatoliens, des Bédouins arabes ou des descendants des Égyptiens...
La réalité, qui apparaît ici pure et simple, est tout simplement qu'après la chute du Temple (en l'an 70) puis la destruction pure et simple de Jérusalem par les Romains (an 135), en l'espace d'un ou deux siècles, la majorité du peuple de Jésus, voyant ainsi ses prophéties s'accomplir, s'est tout simplement convertie à sa foi.
Puis, au VIIe siècle (en prenant en compte aussi, entre temps, l'hécatombe de la Peste justinienne), viendra l'Islam, auquel un nombre croissant de Palestiniens se convertiront ; s'insérant dès lors au sein de vastes empires et d'une communauté s'étendant depuis l'Inde jusqu'au Maroc, avec nécessairement plus de mélanges.
Le judaïsme survivra finalement mieux dans les communautés expatriées loin de leur ancienne terre de Sion et épargnées par les répressions romaines ; notamment les groupes de marchands itinérants, les Radhanites, qui seront les vecteurs du talmudisme et compenseront leur petit nombre par une forte exogamie : de là naîtront les mythes (juif) de la "diaspora" et (chrétien médiéval) du "Juif errant"...
Il y a en réalité deux Talmud : celui dit "de Jérusalem", en réalité rédigé essentiellement... en Galilée, peu après la deuxième guerre judéo-romaine en 135 ; et dont de nombreux fragments ont tout simplement... disparu, peut-être parce qu'ils tendaient vers une certaine conciliation avec le messianisme chrétien (certains fragments qui nous sont en revanche connus se sont avérés carrément écrits... par dessus du texte chrétien, en araméen "christopalestinien" !) ; et celui dit "de Babylone", élaboré deux siècles plus tard, qui s'imposera et est entièrement voué quant à lui à contredire la dangereuse "hérésie" chrétienne émergente ; faisant en cela preuve d'un certain prosélytisme.
Il n'y a jamais eu d'"exil (diaspora) des Juifs après la destruction du Temple (puis de Jérusalem elle-même) par les Romains" ; mais un peuple "hasmonéen" du Christ qui s'est largement converti, entre cette époque et la légalisation du christianisme dans l'Empire au IVe siècle, à sa nouvelle religion ; et un judaïsme qui a finalement mieux survécu dans des communautés éloignées déjà largement préexistantes à ces événements (et qui commenceront alors parfois, à l'encontre du dogme de l'élection strictement "réservée" aux descendants des 12 tribus, à convertir des populations environnantes). Le mythe de la "dispersion" visant évidemment à nier le premier fait, gênant.
Ceux qui ne reconnaissent pas le Talmud, les Karaïtes, sont comme on l'a dit restés quant à eux nettement plus endogames, et, pour ceux qui ne sont pas très éloignés de leur terre d'origine (Égypte, Irak), "collent" nettement plus au cluster.
A contrario, même si le "légendaire" apport khazar (peuple d'Asie centrale installé dans la steppe pontique au VIIe-VIIIe siècle et converti au judaïsme) est sans doute parmi eux minoritaire, peut-être de l'ordre de 10 ou 15%, les Ashkénazes d'Europe apparaissent extrêmement éloignés de ceux qui se rattachent le plus probablement au peuple israélite/"hébreu" qui peuplait la Palestine il y a 2000 ans*.
Tout ceci ne signifie pas, bien sûr, que quiconque n'aurait "pas le droit" de vivre en Palestine... sans quoi, certaines communautés juives auraient plus ce "droit" que les Palestiniens musulmans. Mais lorsqu'une idéologie prétend s'emparer d'une terre, et en faire déguerpir ceux qui y vivaient depuis des générations (au moins) au motif que "c'est la terre de ses ancêtres", il peut être permis d'avancer quelques arguments qui la contredisent.
[* https://fr.wikipedia.org/wiki/Études génétiques sur les Juifs#ADN-Y_des_Juifs_ashkénazesLes lignages masculins ashkénazes : environ 20% de E1b1b, et 40% de J qui rattachent au Proche-Orient... Mais aussi 10% de R1b ouest-européen ; et 7 à 20% (ce n'est pas très clair... peut-être parce que ça dérange) de R1a est-européen/eurasien (potentiellement khazar, 15% au Kazakhstan, très haut chez les Lévites) ; le mystérieux G2c, pour l'instant identifié seulement en Afghanistan, potentiellement centre-asiatique, de même que Q1, qui pointe lui aussi vers cette région du monde (2% au Kazakhstan) ; bref environ 30% Europe de l'Est et/ou Asie centrale...
Les lignages maternels sont encore plus largement étrangers au Proche-Orient.]
Il peut être intéressant de reproduire ici ce que nous avons pu écrire dans notre article sur l'Égypte :
"Concernant la fameuse question "du", ou plutôt des "pharaons de l'Exode" : il est en effet question, dans le texte biblique, non pas d'un mais d'au moins deux souverains ; et sans doute plus en réalité, si l'on s'efforce de rattacher rationnellement le récit à des évènements historiques réels.
"Le" pharaon qui jette "les Hébreux" dans l'esclavage (au moins une, voire deux générations avant la naissance de Moïse) pourrait selon nous correspondre au "triumvirat" formé par le "putschiste militaire" Horemheb, qui "liquide" réellement et définitivement l'expérience monothéiste atonienne après la mort prématurée de Toutankhamon, tout en tâchant également de limiter le pouvoir du clergé d'Amon de Thèbes, c'est à dire du Sud ; son "adjoint", qui lui succèdera, Ramsès Ier, d'une famille aristocratique du Delta ; et le fils de celui-ci, Séti Ier, d'ores et déjà associé au pouvoir et successeur désigné de son père âgé. "Les Hébreux" désigneraient ici un groupe de partisans irréductibles de l'atonisme, ou en tout cas d'opposants politiques à la dérive tyrannique de la monarchie millénaire, condamnés aux "travaux forcés" sur les grands chantiers et qui dans leur servitude entreront forcément en contact avec la main d'œuvre exploitée venue du Levant, alors "protectorat" de l'Égypte.
Le pharaon sous lequel ces esclaves participent, entre autres, à l'édification de Pi-Ramsès (commencée, de fait, sous Séti) ; et qui, craignant leur possible révolte, ordonne la mise à mort des nouveaux-nés, dont réchappe Moïse qui grandira ensuite à sa cour (réalité, ou récit mythifié quant à un jeune noble d'origine plus ou moins levantine ?) jusqu'à son meurtre d'un contremaître et sa fuite vers le désert du Sinaï ; pourrait tout simplement être Ramsès II, au long règne de près de 70 ans (-1279 à -1213 selon les dates les plus communément acceptées).
Enfin, le pharaon qui explicitement dans le texte lui "succède" après sa mort "âgé", alors que Moïse lui-même est supposé avoir 80 ans et vivre auprès des Madianites dans le désert depuis 40 ans ; serait bien entendu son successeur Mérenptah, sous lequel apparaît sur une stèle la toute première mention d'Israël (comme peuplade, et non comme cité, d'après le hiéroglyphe déterminatif), sur qui il revendique évidemment la victoire (les Égyptiens ne relataient jamais par écrit leurs défaites, mais pouvaient éventuellement "enjoliver" en victoires des revers relatifs à leurs yeux).
Dans les faits, c'est effectivement sous le règne de celui-ci, par ailleurs soumis aux premiers assauts des Peuples de la Mer, et autres troubles et difficultés diverses (symbolisées par les "plaies" ?), que débute le processus qui conduira à brève échéance à la perte de l'hégémonie égyptienne (établie depuis -1500 environ) sur le Levant/Canaan ; d'où la campagne militaire rapportée sur la fameuse stèle : c'est de fait, en réalité et comme certitude historique que l'on peut avoir, le Levant en tant que tel qui est "sorti d'Égypte" à cette époque ; et peut-être aussi, par voie de conséquence, une bonne partie de la main d'œuvre servile qu'il lui fournissait ; les eaux de la "Mer des Roseaux" (région marécageuse-lagunaire à l'emplacement actuel du canal de Suez) qui se "referment" sur les troupes pharaoniques, pouvant alors symboliser la "fermeture" de cette frontière et la fin de cette domination...
Suite à cela, les semi-nomades "hébreux" (du vieux terme à la fois égyptien et levantin "hapirou", désignant ces bandes errantes et plus ou moins pillardes du désert) "régleront leur compte" aux cités cananéennes, auxquelles était peut-être reprochée leur longue "collaboration" avec le pouvoir égyptien, et en tout cas leur appropriation des terres ; affaiblies, forcément, par la rupture de leur lien avec la vallée du Nil, en ces temps troublés qualifiés d'"effondrement de l'Âge du Bronze"...
https://laviedesidees.fr/Jacob-Rogozinski-Moise-l-insurge
Le "yahvisme décalogique" de "Moïse", qui deviendra la religion pilier d'Israël, était sans doute le fruit d'une interpénétration de plusieurs siècles entre spiritualité et philosophie de Kemet ("Maât"), et les religions tribales du désert "madianite"-"shasou", "bédouin", entre Sinaï et Nord de l'Arabie ; peut-être, notamment, autour d'un puissant et impressionnant volcan de cette région dont la "Montagne de Dieu", "Horeb" ou "Sinaï" du récit a toutes les caractéristiques (et qui ne serait bien sûr pas le Mont Sainte-Catherine actuellement désigné comme tel).
Cette "coexistence" entre ces deux composantes sera de fait à l'origine d'une "tension" permanente dans l'idéologie spirituelle hébraïque ; entre la rude religion tribale de pasteurs nomades, et les valeurs de Maât portées par les prophètes et qui triompheront finalement dans le messianisme chrétien (imprégné également, quant à lui, d'une certaine philosophie grecque et peut-être de zoroastrisme).
Une autre conséquence de cette "sortie du Levant d'Égypte" autour de -1200, étant qu'elle affaiblira "mécaniquement" le Delta voisin, bastion de la lignée ramesside (XIXe dynastie) ; et permettra sans doute le "retour en force" du Sud "noir" avec la XXe (vers -1190) puis XXIe dynastie que nous allons maintenant voir."
Par la suite, et contrairement à l'impression d'extermination totale et de "grand remplacement" donnée par le récit biblique, ces "Hapirous" se mêleront largement à la population de souche cananéenne (peut-être à la population laborieuse, seules les élites étant massacrées comme décrit) ; tout comme d'ailleurs, cet autre élément arrivé "en force" au Levant à l'époque qu'étaient les Peuples de la Mer (vus dans notre article sur le mythe "atlante")... C'est cette admixture qui "fondera" pour l'essentiel l'ethnicité de l'Israël (puis des deux royaumes d'Israël et de Juda) dit "du premier Temple", avant les conquêtes assyrienne du Nord, puis babylonienne du Sud, et enfin perse puis grecque de l'ensemble ; tout comme, d'ailleurs, celle absolument identique des Phéniciens voisins, qui ne partageaient simplement pas la religion yahviste. Telle est la base, avec les apports encore postérieurs à -500 jusqu'au Ier siècle, de la composition génétique de notre "cluster" vu ici.
À cette époque, entre -1000 et -600 grosso modo, la Phénicie endossera comme on le sait le rôle du grand "hub" entre l'Orient, l'Occident et, sans doute par l'entremise des dynasties libyennes de la 3e période intermédiaire en Égypte, un grand quart Nord-Est de l'Afrique ; et le royaume de David et Salomon en était selon toute vraisemblance un des multiples petits États "clients" de l'arrière-pays, bénéficiaire de leurs routes commerciales, qui bâtira sur cela sa légende... aujourd'hui mondialement connue. Tous les récits de ses relations avec "Tarshish" (très probablement Tartessos en Andalousie, aboutissement occidental ultime des routes méditerranéennes et probable dernier "avatar"-inspiration de l'Atlantide), comme avec "Saba" (Yémen-Éthiopie-Érythrée), s'inscrivaient sans l'ombre d'un doute dans le contexte phénicien.
La lutte de longue haleine contre les Philistins, "Peuple de la Mer" établi sur la côte du Levant Sud, imprégné de culture égéenne mais certainement d'origine beaucoup plus occidentale, tyrrhénienne, en fait également, on l'a dit, les véritables grands vainqueurs de ce que le célébrissime récit de Platon entendait par "Atlantes" ; et il est d'ailleurs amusant que Simcha Jacobovici dans le documentaire de Cameron, grand militant sioniste par ailleurs, ne semble "tilter" cela à aucun moment...
Malato, que nous avons vu dans notre article consacré aux Bagaudes, donnera de l'État israélite la convaincante description qui suit : "des institutions empreintes de socialisme. (...) L’usure était sévèrement proscrite. Tous les cinquante ans, les terres aliénées faisaient retour à leurs anciens possesseurs, et les esclaves sémites recouvraient la liberté. La grande fête nationale était la Pâque qui, plus tard, passa dans le judaïsme réformé ou christianisme et qui commémorait l’émancipation du prolétariat israëlite, jadis opprimé par les Égyptiens."
"Les Juifs vécurent longtemps sous une sorte de république élective, les mutineries du peuple tempérant l’autorité dictatoriale des juges. À la fin, lassés de ces tiraillements et devenus moins nomades, ils demandèrent un roi. La fonction quelque agréable qu’elle fût, avait ses désagréments, et le premier de ces souverains, Saül, eut à combattre, après son couronnement, l’hostilité parfois sourde, jamais assoupie de l’ex-juge Samuel qui, non sans peine, s’était démis de ses fonctions en sa faveur, croyant trouver en lui un simple instrument. Les autres rois eurent à lutter contre des démagogues au verbe enflammé, qualifiés de prophètes et qu’une partie du peuple, plus durement asservi que jamais, soutenait de ses vœux et de ses espérances."
[Et puis, il convient peut-être de revenir sur le sujet de ce "dogme", pseudo-"scientifique", que nous avons déjà maintes fois évoqué pour le dénoncer : "Ex Oriente Lux" ; c'est-à-dire que la "lumière" de toute civilisation sur la planète, ou en tout cas une bonne partie (les plus réalistes ne revendiquent tout de même pas la Chine ou les Amériques), serait exclusivement "venue" du Proche-Orient ; et "rien" ne se serait développé localement de manière autonome, notamment, en Europe et en Afrique. Eh bien, il est tout de même assez "curieux" de constater que les contours de l'"Oriente" d'où est censée être sortie ("Ex") cette "Lux"... correspondent assez exactement aux frontières revendiquées par les courants ultra-sionistes comme celles du "Grand Israël". N'est-il pas intéressant, en effet, tant qu'à revendiquer un vaste territoire, que celui-ci soit en plus celui d'où est supposée être sortie "toute civilisation" humaine ; ce dont l'"élection divine" dont on se réclame, ne serait au fond qu'un "aboutissement logique" ? Une "légitimité" d'autant plus "nécessaire" d'ailleurs que, une fois instauré, ce "Grand Israël" est supposé régner sur "les nations", autrement dit l'humanité entière !
Le dogme étant par ailleurs, bien sûr, pour plaire à nos principaux fournisseurs arabes (siono-complaisants) de pétrole ; et au biblisme littéraliste (et profondément pro-sioniste) de la grande masse de l'Amérique profonde ; soit, tous les "piliers" de l'ordre géopolitique mondial actuel. Comme si l'humanité sous domination occidentale, qui prétendait hier à une matrice "caucasienne" si ce n'est carrément "nordique" de toute civilisation, avait désormais après les affres de la Seconde Guerre mondiale cédé le pas à une prétendue matrice "orientale-sémite", bien entendu toute aussi fantasmagorique.
Est-ce "antisémite" que de penser et écrire cela ? Nous ne voyons nullement en quoi, dès lors qu'il s'agit là du dogme théologique bel et bien établi, et vérifiable, de certains courants "messianiques" (pas la totalité) du judaïsme, d'ailleurs flanqués des mêmes du côté du "christianisme" prétendu "évangélique". Mais certains courants libéraux, pour ne pas dire non-religieux ne sont pas loin de penser la même chose, en proposant par exemple sous les auspices de leur propre conception de la "démocratie" et du "droit" un "gouvernement mondial", dont une bonne capitale pourrait bien être Jérusalem...
L'antisémitisme, c'est selon nous de tenir TOUS les Juifs, par cette qualité même acquise par leur seule naissance, pour "coupables" de tout un ensemble de faits, imaginaires ou pourquoi pas bien réels, commis par des Juifs ; et insusceptibles "par essence" de se dissocier de ces agissements. Nous ne souscrivons évidemment pas un instant à une telle vision.
La vieille pensée racialiste européenne, confluant dans sa "quintessence" nazie, proposait quant à elle, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, un mythe de "race civilisatrice" bien entendu "blanche", "aryenne", jaillie du Caucase voire d'une fantasmatique "Hyperborée" nord-européenne (ou "de l'Orient", "Ex Oriente" là aussi mais au sens où des "Caucasiens" seraient venus développer les premières civilisations sur ces terres fertiles favorables), et elle aussi à l'origine de tout ce qui a pu être qualifié de civilisation sur la planète ; mythe fort heureusement totalement tombé aux oubliettes depuis. Une telle "théorie" a bien entendu sa place dans les poubelles de l'histoire ; et c'est tout simplement de la même manière que nous pensons que, portée par quelque juif ou non-juif que ce soit (généralement abruti zététicien de base, le plus souvent "de gôche", mais la "droâte", qui jadis à défaut de bonnes idées avait au moins de grands esprits, n'en est plus qu'une version plus crassement imbécile encore), toute "théorie" similaire, telle que "Ex Oriente" ou oserions-nous dire "Ex Grand Israël Lux", y a sa place également. Ce n'est pas parce que, si respectable soit-elle pour sa grande portée historique, la mythologie d'un peuple particulier affirme que l'humanité décimée par un "Déluge" s'est redéployée depuis "l'Ararat", effectivement probable région d'origine des pasteurs d'haplogroupe J qui constituent les lignages masculins du dit peuple ; qu'en réalité le génie du "phénomène humain" n'a pas jailli d'une multitude de foyers géographiques distincts, donnant le tableau magnifique de sa diversité.]
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De récentes études historiques menées notamment par l'historien Mikel Pozo Flores, ont montré que l'émergence historique du Pays Basque au Haut Moyen Âge (duché de Vasconie, puis Royaume de Navarre) pourrait bien avoir été le résultat d'une de ces révolutions sociales de la fin de l'Empire romain que nous avons déjà évoquées dans un précédent article ; mais qui dans les conditions spécifiques de l'endroit aurait ici été menée à son terme, aboutissant à une véritable "république démocratique" médiévale (comme il a pu en exister d'autres par ailleurs, qui trouveront leur place dans la société féodale par des "contrats" avec les princes environnants, on pense notamment à Andorre, aux Escartons des Alpes briançonnaises et à tout ce qui sera qualifié d'"alleux", mais pas dans de telles dimensions) :
https://lehoinabarra.blogspot.com/2023/10/como-surgieron-los-buruzagis-o.html
"Aux VIe et VIIe siècles, ne régnaient en Vasconie ni les descendants des dirigeants germaniques (Goths, Suèves ou Francs), ni les héritiers des derniers possesseurs romains, mais les successeurs de chefs (les fameux buruzagis) dont le noyau était les rusticani / bagaudes" ; issus du "peuple des saltus, habitants de la zone forestière et montagneuse de la Vasconie, en dehors des latifundia romaines"...
En pratique, il se serait agi plus précisément de sortes de miliciens autochtones chargés de sécuriser "la route qui, venant de Bordeaux, se dirigeait vers Astorga. Cette route traversait la région sur un parcours d'environ 150 kilomètres si l'on prend comme référence la hauteur d'Ibañeta à l'est et les Conchas de Arganzón qui ferment la Llanada Alavesa à l'ouest".
"Autour de cette route s'organisaient les principales structures de l'État impérial, articulées en huit grandes propriétés et les deux villes de Pampelune (Iruñea) et Veleia (Iruña de Oka en Alava, près de Vitoria-Gasteiz), les principaux centres du territoire. Les familles des propriétaires et des dirigeants dont les villae se trouvaient également à proximité avaient probablement leur résidence dans ces dernières".
Mais, pour la sécuriser, Rome recrutait donc des "rusticani", "milices locales fortement enracinées dans la communauté dans laquelle elles opéraient, ce qui leur conférait une grande capacité d'auto-reproduction.
Les soldats étaient recrutés dans les territoires environnants et avaient donc des relations familiales dans la région. Il était courant que les membres d’une même famille appartiennent à l’armée, puisqu’il existait des lignées militaires. Même leurs dirigeants sont issus de la communauté".
"Ces soldats et la population partageaient des problèmes et une même culture, qui pouvait également inclure la langue et les coutumes onomastiques. De plus, ils disposaient de mécanismes qui permettaient leur survie, puisqu'ils vivaient des impôts qu'ils collectaient eux-mêmes auprès de leurs compatriotes. Ainsi, toutes les ressources nécessaires à la formation et au maintien de l’armée provenaient des populations environnantes : nourriture, matériel, main d’œuvre, soldats et dirigeants."
C'est alors que commenceront à survenir les événements qui conduiront l'Empire romain d'Occident à sa chute :
"L'empereur Honorius transfère la capitale de l'Empire à Ravenne et devient Auguste d'Occident en 393 à l'âge de 8 ans. Honorius dut faire face à d'innombrables attaques de la part des peuples « barbares », notamment germaniques (qui franchissent massivement la frontière du Rhin à la fin de l'année 406, notamment).
Mais bien plus importante fut la rébellion interne de son général Constantin III, qui se proclama empereur d'Occident en Grande-Bretagne, débarqua avec ses troupes en Gaule puis traversa les Pyrénées et décapitant les frères Dirimus et Virianus, grands propriétaires terriens qui tentaient avec leurs troupes de lui barrer la route à Orreaga-Roncevaux.
Contre Constantin, l'empereur Honorius dut mobiliser ses armées impériales, qui agissaient avec force. Tout cela se produisit entre les années 407 et 411, lorsque Constantin abdiqua et fut assassiné peu de temps après. (...)
La Vasconie a été exposée au pillage probable des barbares ainsi qu'aux abus des armées envoyées par Ravenne. Une telle situation d'impuissance initiale pouvait commencer à détériorer l'ordre romain, mais il est très probable qu'il y ait eu des tentatives pour s'adapter au nouveau scénario.
L'insécurité a renforcé le poids des troupes rusticani et burgarii (soldats qui gardent les forts ou castrum) initialement destinées à garder la route Astorga-Bordeaux et l'entrée par les Pyrénées en Hispanie. Après la victoire finale d'Honorius, l'ordre romain fut rétabli dans la région. Il est plus que probable que les rustiques, qui selon les sources étaient les défenseurs traditionnels des cols pyrénéens, furent également rétablis, car ils avaient été efficaces dans leur tâche et ils étaient restés fidèles à l'empereur légitime.
Mais si l'ordre avait été rétabli en Hispanie, la situation avait radicalement changé du jour au lendemain. Les barbares avaient pris le contrôle du reste des provinces et la Vasconie devint une zone frontalière exposée aux incursions et soumise au mouvement continu des armées. Au fur et à mesure que le Ve siècle avançait, la situation se détériorait et l'Empire devenait de plus en plus faible. Dans ce scénario d'insécurité et d'instabilité, il n'est pas difficile d'imaginer une importance croissante des troupes rustiques. Ce fut un contexte très favorable à l’émergence de dirigeants d’origine militaire, comme cela se produit ailleurs.
La présence de plus en plus lointaine de l'État romain avait fait des troupes d'Astorga-Bordeaux une des puissances de terrain, et de leurs dirigeants des autorités locales. C'est alors que les rusticani deviendront les Bagaudes des chroniques romaines, nom dérivé du breton « bagad » qui désigne les « bandes » armées qui parcouraient l'Empire d'Occident et qui en Vasconie étaient depuis lors très nombreuses et puissantes."
En résumé : ce sont ces miliciens "rustiques", d'extraction populaire rurale-montagnarde, qui mèneront une "révolution bagaude" comme celle que nous avons déjà vue en Gaule ; mais qui ici réussira, et donnera naissance sur un vaste territoire de part et d'autre des Pyrénées occidentales au "duché de Vasconie", en réalité une véritable république démocratique "forale" fondée sur les "fors"/"fueros", lege zaharra en basque : les lois coutumières populaires ancestrales.
L'archéologie tend à le confirmer, avec des tombes de ces "élites" dirigeantes de l'époque (VIe-VIIIe siècles) "en général modestes, ce qui nous renseigne sur des dirigeants dont l'accès à la richesse était assez limité.
Les nécropoles basques ressemblent à celles des espaces périphériques des royaumes anglo-saxons (l'ouest du Kent) et les tombes les plus riches sont comparables à celles des Alamans associées à des individus dont le pouvoir dépasse de peu l'échelle locale.
Nous sommes confrontés à ce que, dans le contexte anglo-saxon des Ve et VIe siècles, on a appelé une flat society, une société sans grandes hiérarchies.
En Vasconie, il existe une mosaïque de pouvoirs locaux et régionaux, des familles qui ne possèdent pas de vastes propriétés ni de nombreux esclaves et qui, compte tenu de la faiblesse des autres formes de supériorité sociale et des mécanismes internes d'extraction des surplus, tirent surtout de la guerre (on pourrait dire : de la résistance aux volontés hégémoniques des puissances voisines...) leurs ressources et le prestige nécessaire pour maintenir leur position."
Ce système politique perdurera lorsque le "duché" se "formalisera", au regard de l'Europe qui l’entoure, en Royaume de Navarre à partir du IXe siècle ; puis, après l'annexion de celui-ci par l'Espagne au XVIe siècle, les monarques de Madrid jureront normalement de respecter ces "fueros", jusqu'à leur abolition dans le courant des réformes modernistes des années 1830.
De là vient sans doute l'attachement séculaire et bien connu de ce peuple à ses libertés, depuis la dérouillée infligée aux troupes de Charlemagne à Roncevaux en 778 (sa seule défaite en 45 ans de règne...), en passant par la théologie "révolutionnaire" des Jésuites d'Ignace de Loyola et François de Xavier, avec leur "républiques socialistes" auprès des Guaranis du Paraguay aux XVIIe-XVIIIe siècles, la résistance à l'occupation napoléonienne (1808-1813) et les guerres carlistes (des années 1830 à 1870) contre les centralisme espagnol, jusqu'à la lutte contre le franquisme et le mouvement de libération nationale depuis lors.
Ceci pourrait expliquer, également, le "paradoxe basque" d'une langue pré-indo-européenne chez un peuple à l'une des plus hautes prévalences de R1b indo-européen en Europe (plus de 80%) : ce "paradoxe" s'expliquerait par ce que l'on appelle la thèse de la "revasconisation", certes assez peu prisée dans les milieux nationalistes locaux ; une "revasconisation" = réimposition de la langue basque, précisément par le biais de cette révolution politique et sociale.
Le "très haut R1b basque" est en réalité composite. Le R1b caractérisé comme ibérique (DF27) s'y élève à 60% et quelques, c'est à dire le taux autrefois "normal" de toute la Péninsule avant qu'il ne soit "dilué" ailleurs par les divers apports phénicien, grec, romain, wisigoth, arabe et berbère (J et E1b1b) etc. etc. Mais s'y ajoute, "faisant la différence", plus de 10% et jusqu'à 15-20% localement de R1b-L21 "celte atlantique", le même que l'on trouve en Bretagne, Écosse, Irlande etc. ; dont la présence pourrait s'expliquer par les liens maritimes des grands ports locaux avec ce Nord-Ouest celtique du continent. Les noms des peuples antiques de ce que l'on appelle aujourd'hui les Vascongadas, la Communauté autonome basque (CAV), avaient des consonances plutôt celtiques : Vardules, Caristes, Autrigones ; le terme même de Vascongadas pouvant s'interpréter comme "vasconizadas" = "basquisées", comprendre : "postérieurement". Les Vascons, qui sont clairement la latinisation de "eusko" = basque, étaient localisés seulement dans l'actuelle Navarre, les régions montagneuses pyrénéennes + le grand port vascon (au nom à consonance indiscutablement basque) d'Oiasso, à l'embouchure de la Bidasoa (actuelle Irun).
Les R1b-S28 italique et "celte alpin", S21 germanique et à fortiori L23 grec, ainsi que les haplogroupes méditerranéens E1b1b ou J, y apparaissent en revanche dans des quantités négligeables, montrant bien la faiblesse de tous ces apports ultérieurs.
Le G2a caractéristique du peuplement néolithique anatolien y apparaît également très faible, au contraire de la Sardaigne et de toutes les autres régions montagneuses du continent ; mais il est également rare dans les prélèvements anciens (néolithiques) de la région, comme si de fait, il ne s'y était jamais tellement implanté. Ce qui apparaît significatif, dans ces prélèvements anciens (regarder tous les points jaunes et verts foncés sur cette carte : ADN d'individus entre -4000 et -2000 avant notre ère) comme dans une vaste "poche" ouest-pyrénéenne aujourd'hui, c'est le fameux I2 des chasseurs-cueilleurs préhistoriques antérieurs à la néolithisation anatolienne (l'haplogroupe spécifique I-L158, qui caractérise 40% des lignages paternels en Sardaigne dont nous avons montré les liens génétiques comme linguistiques avec l'Ibérie / Europe du Sud-Ouest néolithique "atlante", se trouve ainsi significativement à près de 10% dans la comarque de Bortziriak au nord de la Navarre, et en Jacétanie dans les Pyrénées aragonaises, et autour de 8% dans le Val d'Aran ou encore en Basse Cerdagne, dans les Pyrénées catalanes...).
Il est alors tout à fait imaginable que la langue basque (qui, parente de l'ancien ibère, était très probablement celle de la civilisation mégalithique "atlante" du Néolithique) ait été portée par ces populations montagnardes I2, ainsi que des R1b "ibériques" DF27 ayant pour les mêmes raisons (toujours discutées) qu'ailleurs dans la Péninsule conservé la langue pré-indo-européenne ; populations qui constituaient ces miliciens rusticani gardant la route Bordeaux-Astorga, et qui par leur révolution "bagaude" ici réussie, ont imposé cette langue à des populations des vallées, plaines et littoraux de langue autrefois celtique et (sans guère de doute) devenue romane.
On sait l'importance de l'Église pour la romanisation linguistique de l'Europe occidentale ; importance supérieure, sans doute même, à celle de la civilisation romaine, qui n'avait probablement pas romanisé la langue au-delà des centres urbains d'une certaine importance. Mais ici, dans le cadre de cette "république vasconne", c'est l'euskara que choisira l'Église pour s'adresser aux masses paysannes et les évangéliser (comme par ailleurs, la langue celtique brittonique en Bretagne, pour le même résultat).
Bien sûr, on y parlait aussi une langue romane qui deviendra le roman navarro-aragonais, dans lequel est notamment rédigé le For général (loi coutumière) de Navarre de 1238, par exemple (et non en basque, hormis quelques mots). Mais dans ce cadre politique qui se perpétuera jusqu'à l'annexion du Royaume de Navarre en 1512, voire jusqu'à la suppression du régime foral au XIXe siècle, pourra survivre une langue originellement parlée par les populations rurales montagnardes dans une beaucoup plus large partie des Pyrénées mais que l'on trouve, par exemple, interdite par décret à Huesca (Aragon) au XIIIe siècle.
Le pays euskaldun, car là est la seule définition réelle du Pays Basque : là où l'on parle basque ; a ainsi une existence aux facteurs avant tout politiques (sans oublier la "renaissance" et "nouvelle revasconisation" depuis 1978, dans le cadre des autonomies de la Constitution espagnole post-Franco) ; déconnectée du facteur anthropologique d'une population faiblement indo-européanisée (ce qui n'est pas le cas sauf dans les régions montagneuses pyrénéennes et ce, très vite en allant vers l'Est, indépendamment de ce que la langue y soit aujourd'hui romane - occitane, aragonaise, catalane même, etc. ; car là, ces populations n'ont pas été "protégées" par ce facteur politique de la romanisation "montant" des grandes villes et des plaines).
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"La royauté arverne dépendait du prestige personnel gagné à la guerre et entretenu au quotidien par la redistribution des richesses à la collectivité, selon des cercles de sociabilité politique et économique de plus en plus larges, au cours de cérémonies publiques, démonstratives soigneusement organisées dans des lieux précis du territoire. Les textes antiques nous montrent aussi à cette occasion l'importance des bardes : leur talent est là pour relayer le pouvoir du roi, l'affirmer, le pérenniser. (...)
En 125 av. J.-C., la colonie grecque de Massalia entre en conflit avec ses voisins celtes Salyens. Par le jeu des alliances et de l'infiltration de plus en plus poussée du système diplomatique romain à l'ouest de la Méditerranée, le conflit s'étend bientôt et implique les Romains et les Éduens, alliés des Massaliotes. De leur côté, les Arvernes et les Allobroges forment une coalition aux côtés des Salyens.
La "confédération" arverne en 125 av. J.-C.
Les Arvernes commandés par le roi Bituitos surgissent en août 121 devant l'armée de Quintus Fabius Maximus au confluent de l'Isère et du Rhône. À marche forcée, Cnaeus Domitius Ahenobarbus réussit à faire la jonction avec l'armée de son collègue et rejoint le théâtre de la bataille, menant l'assaut victorieux des Romains. La défaite est cinglante pour la coalition des Arvernes de Bituitos, qui est fait prisonnier. Cet échec signe la fin de l'influence arverne sur les peuples de la Gaule centrale et sud-centrale, du fait de l'affaiblissement de sa puissance militaire d'une part et du fait de la capture de son chef.
Malgré cette défaite, les Arvernes restent un peuple important. Privés de leur hégémonie, ils n'en demeurent pas moins des acteurs centraux du monde celtique continental, devant désormais compter avec la formation de la province de Gaule transalpine au sud. L'exil de Bituitos et de son fils après la défaite de -121 a par ailleurs des conséquences politiques importantes au cœur du monde politique arverne. Comme pour bien d'autres peuples celtes à cette époque, la royauté cède la place à un gouvernement collectif aristocratique : au Ier siècle av. J.-C., les Arvernes étaient dirigés par une assemblée de magistrats et le magistrat suprême s'appelait peut-être le vergobret comme pour d'autres peuples gaulois.
Ce système de compétition pour les postes à responsabilité semble correspondre aux phénomènes de révolutions oligarchiques que l'on connaissait pour le monde grec et romain de l'époque archaïque, menant à des systèmes juridiques et politiques variés (comme la République à Rome par exemple). Il est possible que cette montée en puissance de l'aristocratie ait été associée à une concentration relative de la propriété foncière au profit des plus riches, considérant que leur mode de domination économique constitue le cœur de leur légitimité à participer à la politique de la communauté. Le grand nombre de noms de magistrats monétaires sur les monnaies arvernes du Ier siècle et la mobilité du peuplement laissent penser que le pouvoir politique est à la fois instable et très disputé. Toujours est-il que ce régime aristocratique ne fait pas l'unanimité, et les partisans d'une royauté populaire sont sans doute encore nombreux. Les tensions politiques sont très fortes. Celtillos, père de Vercingétorix, se trouvant en position de puissance, aurait, selon César, aspiré à la royauté : ses compagnons le mirent alors à mort pour prévenir tout retour à la monarchie traditionnelle. (...)
Aire d'influence arverne à l'époque de Vercingétorix
Lors de la dernière partie de la guerre des Gaules, Vercingétorix, noble arverne, revendique à nouveau la royauté pour lui. Il se heurte à son tour aux autres aristocrates et notamment à son oncle Gobannitio. Prenant la fuite, il s'appuie sur le peuple des campagnes pour s'imposer et prendre le titre de roi. Ce changement politique obtenu, il demande à toutes les tribus gauloises de lui envoyer des otages nobles, puis il prend la tête de la coalition gauloise contre César."
Ce n'est pas pour faire d'Éric Cantona une grande référence philosophique, pour sympathique que soit le bonhomme, mais oui, en effet, "être français, c'est être révolutionnaire"... Il n'y a pas d'autre manière possible de se concevoir tel, au sens d'aboutissement du roman national que l'on nous sert à l'appui, lorsque l'on voit ainsi rigoureusement étudiée la réalité historique qui se cache derrière ses différents épisodes ; une fois dissipé l'enrobage idéologique dont une certaine élite l'a entouré.
Toute autre compréhension est forcément, conformément encore à la pensée de notre philosophe, "être un con" (qui sont hélas légion, sans quoi notre pays n'aurait pas les dirigeants qu'il a actuellement et qu'il mérite ; qu'il n'estime même plus, en réalité, mais faisant mentir Rivarol, s'insurge encore contre ceux qui ont cessé de leur obéir).
Cet exemple arverne nous montre bien, en tout cas, cette opposition fondamentale de toute société post-égalitarisme néolithique : la ROYAUTÉ POPULAIRE, c'est à dire le Prince-chevalier "incarnant" la volonté du peuple dans le Sens hégelien de l'Histoire, et garantissant sa soif de justice en plus de prospérité et sécurité (les sociétés humaines ont pour besoin premier ces deux dernières, mais finissent toujours par exiger aussi la première, car si elles peuvent accepter une certaine inégalité de richesse par le mérite et l'effort, elles abominent l'usurpation et l'accaparement malhonnête) ; celle qu'ont incarnée, dans l'histoire récente, non pas les fins de race sur papier glacé faire-valoir de la Finance, mais les grands leaders révolutionnaires à la Fidel et Che, Sankara ou Hugo Chavez ; et que le plus grand tort peut-être de Robespierre fut de ne pas assumer, laissant ce soin au beaucoup plus "optimate" Napoléon... vs la "République", concept né 5 siècles avant notre ère sur les bords du Tibre et qui hors cas exceptionnels comme celle des Sans-Culottes, ou des cantons suisses d'autrefois, ne signifie jamais que le pouvoir du petit nombre qui s'accapare les richesses, sur le grand nombre qui les produit ; plus ou moins assumément par imposition de leur seule volonté faite loi (sans principes supérieurs intangibles, en général), ou en invoquant à l'appui de celle-ci les suffrages des 50 et quelques % les plus imbéciles de la société ("l'opinion", ce concept qui, disait Platon, n'est plus l'ignorance totale mais encore fort éloigné de la connaissance et d'une quelconque sagesse).
Vercingétorix aura donc été, non seulement un résistant patriotique à un envahisseur qui de son propre aveu exterminera un million de Gaulois et en réduira le même nombre en esclavage (car César était, lui aussi, un leader "du peuple" à Rome, mais il ne pouvait pour sa part d'ores et déjà plus assumer ce rôle que sur le dos d'autres peuples) ; mais également un de ces princes-chevaliers révolutionnaires au niveau de son propre peuple. Il faut dire que les Arvernes, de par leur situation géographique, étaient bien placés pour assurer potentiellement ce "Sens" hégélien de l'Histoire qu'était d'unifier ces terres celtes comprises (pour le moins) entre Alpes, Atlantique, Rhin et Garonne et que leur conquérant romain, celui qui s'en chargera par défaut, appellera Gaule ; ce qui explique aisément leur vaste aire d'hégémonie acquise à la veille de la pénétration romaine en Provence en -121.
Les Éduens, quant à eux, idéalement placés "au fond" du couloir rhodanien, avaient développé depuis plusieurs siècles avec les Grecs de Marseille, puis avec les Romains de juteux échanges commerciaux qui en avaient fait l'archétype du régime oligarchique des plus riches, sous la conduite des vergobrets.
Le génie militaire de Vercingétorix, seul homme rappelons-le à avoir alors infligé des revers à Rome depuis Hannibal un siècle et demi plus tôt, les poussera néanmoins finalement à un opportun ralliement, qui sera toutefois de courte durée puisque la terrible défaite d'Alésia suivra de peu – et la vengeance romaine sera alors terrible, leur oppidum-capitale Bibracte, sur le Mont Beuvray, étant rasé et remplacé par Augustodunum-Autun, ce grand centre de formation d'"énarques"-vautours de l'époque (déjà cette grande spécialité de notre beau pays !), qui concentrera comme on l'a vu, trois siècles plus tard, la colère des Bagaudes.
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Adieu l'inepte légende noire autour de la "chute de l'Empire romain" et des "âges obscurs" qui auraient suivi...
Légende noire évidemment construite par une Modernité occidentale qui veut ainsi faire passer l'éventualité de sa propre chute pour une catastrophe à éviter absolument ; et effectivement tous les discours "réactionnaires" que l'on entend à l'heure actuelle consistent en dernière analyse à vouloir "sauver" une "civilisation" qui ne rime plus à rien depuis belle lurette, pour ne pas dire N'EXISTE DÉJÀ PLUS.
La Modernité occidentale a par ailleurs toujours fait de l'Antiquité gréco-romaine son modèle ; car en effet, on a les "modèles" qu'on peut... :
"Nous avons reproché à nos ancêtres l'adoration superstitieuse des Hébreux, et nous sommes tombés dans une adoration non moins superstitieuse des Grecs et des Romains ! Nos ancêtres juraient sur la Bible et sur Jérusalem ; une nouvelle secte a juré sur Sparte, Athènes et Tite-Live.
Ce qui est curieux dans ce nouveau genre de religion, c'est que ses apôtres n'ont jamais eu une vision correcte de la doctrine qu'ils étaient en train de prêcher, et que les modèles qu'ils nous ont proposés sont diamétralement opposés à leurs déclarations et à leurs intentions. Ils nous ont vanté la liberté de Rome et de la Grèce, et ils ont celé qu'à Sparte une aristocratie de 30 000 nobles tenait sous un horrible joug 600 000 esclaves ; que pour empêcher l'accroissement numérique de ce genre de nègres, les jeunes Lacédémoniens allaient de nuit à la chasse aux ilotes, comme des bêtes sauvages, et qu'à Athènes, ce sanctuaire de toutes les libertés, pour chaque personne de condition libre, il y avait quatre esclaves, qu'il n'y avait pas de maison dans laquelle le régime despotique de nos colonies d'Amérique n'était exercé par ces présumés démocrates ; que sur environ cinq millions de personnes qui peuplaient la Grèce entière, plus de trois millions cinq cent mille étaient esclaves."
(François Constantin Volney, cours à l'École Normale)
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"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
– Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, Préambule de la Constitution du 24 juin 1793, article 35"Le Prince qui viole la république, livre les fortunes publiques et privées au pillage, viole et méprise les lois publiques (...) qui, au moyen de la force et des armes, occupe la république au mépris du droit et sans le consentement des citoyens ; il est permis à quiconque de lui ôter la vie et le priver du trône."
– Juan de Mariana (théologien jésuite), De rege et regis institutione, 1598Qui l'eût cru ? La Révolution française jacobine, sans-culotte, de Robespierre ; et les Jésuites... ces deux entités a priori (surtout du point de vue français) totalement incompatibles et inconciliables !
Dans le premier texte, résident en gestation toutes les barricades du XIXe siècle et les maquis partisans et guérilleros du XXe ; mais le premier n'aurait-il pas été, sinon l'inspirateur, du moins le pressentiment des révoltes qui secoueront tout le XVIIe siècle, tant en Espagne (et dans ses dépendances comme Naples) qu'en France (Croquants, etc.), où l'ouvrage de Mariana fut interdit ; sans oublier la Révolution anglaise, mais aussi la résistance contre celle-ci, qui sut vite se faire à son tour oppresseuse, en Irlande catholique...
Ne serait-il pas temps que ces deux traditions, exaltant le droit sacré des peuples à faire respecter leurs droits, se "réconcilient" face à ce que "certains" sont en train de faire de notre monde ?
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En effet, c'est la seule date qui corresponde à la fois :
- Au règne d'Hérode le Grand en Judée (mort en -4) ;
- À ce que "César Auguste ait ordonné le recensement de toute la terre" (tout l'Empire) - Luc 2:1 : un tel recensement a effectivement été ordonné en -8, mais on imagine qu'une telle opération à l'époque ne prenait pas quelques jours ou même semaines, et que dans les provinces périphériques elle pouvait donc se poursuivre en -7 ;
- "Alors que Quirinus était gouverneur de Syrie" (Luc 2:2) : il le fut entre -12 et -2 (et une nouvelle fois entre 5 et 8, mais à cette époque la Judée était devenue une province à part entière, gouvernée par Coponius ; peut-être l'occasion d'un recensement, mais alors purement local - Flavius Josèphe s'est manifestement mélangé les pinceaux) ;
http://www.trigofacile.com/jardins/chronica/civilisation/1199-recensement.htm
- Enfin, année d'une exceptionnelle (une fois tous les 900 ans apparemment) conjonction de Jupiter et Saturne en Poissons ♓ : la fameuse "étoile"...
https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/ydutil/2006/12/19/etoile-bethleem
Ç'aurait très bien pu être en décembre, d'ailleurs : "quand Saturne et Jupiter passèrent l’un près de l’autre trois fois en l’espace de quelques mois, il s’agissait d’un événement remarquable d’autant plus qu’une telle conjonction dans la constellation des poissons ne se produit qu’une fois tous les 900 ans. La première conjonction se produisit en mai de l’an 7 avant notre ère alors que les mages auraient entrepris leur voyage. La seconde s’est produite en septembre alors qu’ils auraient visité le roi Hérode et la troisième au sud en direction de Bethléem, au début décembre"...
Que les moutons aient été dehors à ce moment-là... bah, c'est la Palestine les gens : décembre là-bas c'est pas décembre dans les Alpes hein. C'est peut-être même le moment où l'herbe serait la plus verte. Même en Provence, les moutons de mon grand-père ne passaient pas tout l'hiver enfermés... ça coûte des ronds en fourrage, sinon.
Quant à sa mort, pour que le 14 Nîsan tombe un vendredi, que Ponce Pilate et Caïphe soient tous deux en poste (entre 26 et 36)... et qu'il ait commencé sa prédication (à partir de "la 15e année du règne de Tibère César" soit 28-29 selon Luc 3:1, "la 46e année du Temple d'Hérode", soit 27, selon Jean), c'était soit en 30 soit en 33.
https://www.onelittleangel.com/sagesse/citations/jesus-christ.asp?level=1
Il aurait donc eu 36 ou 40 ans ; et prêché 2 à 3 ou 5 à 6 ans. Avec personnellement une nette préférence pour la première hypothèse, car les synoptiques (Marc, Luc, Mathieu) présentent une très forte "unité de temps" qui pourrait même sembler quelques mois, et Jean évoque trois fêtes de Pâques (qui seraient 28, 29 et 30, à ce moment-là...), mais aucun Évangile ne laisse transparaître une durée qui dépasserait la demi-décennie.
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"Dès les années 1920, Albert Mathiez considère que les causes de l'insurrection vendéenne, au printemps 1793, sont à chercher dans les conditions économiques et sociales de l'époque.
Au début des années 1950, Marcel Faucheux montre que les causes profondes de l’insurrection sont à chercher bien au-delà de la constitution civile du clergé, de l'exécution de Louis XVI ou de la levée en masse, et qu'elles doivent être reliées à ce qu’il nomme le « paupérisme vendéen ». La Révolution n'a pas su satisfaire les espérances engendrées par la convocation des États généraux en 1789 : les métayers, majoritaires en Vendée, ne bénéficient pas de l’abolition des droits féodaux, qui sont rachetables (jusqu'en 1793), les biens nationaux profitent essentiellement aux bourgeois et aux marchands.
À partir de là, le bouleversement des structures sociales traditionnelles, la réforme autoritaire du clergé et la levée en masse constituent tout au plus l’étincelle qui a provoqué l'explosion d'un mécontentement plus ancien. Se fondant sur l'analyse détaillée de la Sarthe, Paul Bois approfondit la question, en mettant en valeur la haine qui oppose alors le paysan au bourgeois et montre l’existence d’un profond clivage social entre urbains et ruraux, très antérieur à la Révolution, qui constitue l'une des causes majeures du soulèvement." (...)
"Ces travaux ont été largement confirmés par les travaux du sociologue américain Charles Tilly, pour qui la croissance des villes françaises du XVIIIe siècle, l'agressivité économique de celles-ci et leur tendance à accaparer le pouvoir politique local ont suscité des résistances et des haines paysannes, dont l'insurrection vendéenne n'est qu'un exemple exacerbé." (...)
"De son côté, Albert Soboul décrit des masses paysannes dans la gêne, prédisposées « à se dresser contre les bourgeois, très souvent fermiers généraux en ce pays de métayage, négociants en grains et acquéreurs de biens nationaux », (...) enfin l'assimilation, par les paysans, du tirage au sort pour la levée des 300 000 hommes à la milice, institution de l'Ancien Régime particulièrement honnie. S'il considère que « le caractère simultané du soulèvement autorise à penser qu'il fut concerté », il explique que les paysans « n'étaient ni royalistes, ni partisans de l'Ancien Régime » et que les nobles furent d'abord surpris par le soulèvement, avant de l'exploiter à leurs fins." (...)"Plus récemment, Jean-Clément Martin a indiqué que, si les paysans sont passés à la contre-révolution, selon les provinces, pour des raisons très diverses, y compris entre les différentes zones de la Vendée, les mots d'ordre religieux et de la défense communautaire leur sont communs. Ces mots d'ordre sont dus au maintien du poids des impôts et des fermages, à l'aggravation du sort des métayers, à l'incapacité des petites élites rurales à acheter des biens nationaux, accaparés par les élites urbaines, à la perte de l'autonomie des petites communes rurales face aux bourgs, où sont installés les pouvoirs politique (le district) et économique, aux atteintes de la Constitution civile du clergé aux libertés des communautés, qui défendent leur prêtre et leurs cérémonies religieuses. Les tensions montent jusqu'en mars 1793, sans trouver d'exutoire, quand la levée en masse fournit l'occasion aux communautés de s'unir contre les agents de l'État, dans un mouvement qui renvoie aux jacqueries traditionnelles, et de former des bandes à la tête desquelles les élites locales sont placées, de plus ou moins bon gré." (...)
"Albert Mathiez, un jacobin partisan plus que quiconque de « l’unité française », mais qui fut un grand et véridique historien, a montré les vrais caractères de la Chouannerie en Bretagne et en Vendée : si les paysans se soulevèrent, ce fut beaucoup moins pour défendre les prêtres et le roi, que pour lutter contre les bourgeois et les robins qui s’emparaient des biens nationaux." (Daniel Renoult dans l'Humanité, 1932)
"La résistance contre-révolutionnaire des Chouans (l'échec de la bourgeoisie à séparer les paysans de l'aristocratie) ne résulte-t-elle pas de la volonté même des fractions dirigeantes de la bourgeoisie (avant Thermidor et surtout après) de ne pas soutenir une révolution paysanne radicale dont les germes existaient ? Dans ce cas n'est-il pas unilatéral de qualifier la Chouannerie de contre-révolutionnaire ? L'analogie avec les Tchèques et les Croates n'attendant rien de la révolution bourgeoise (autrichienne) timorée de 1848 ne s'impose-t-elle pas ?
Enfin, soit, on ne refera pas la Révolution française. On ne peut que constater la carence de l'embryon de prolétariat, carence qui découlait de l'immaturité objective des rapports capitalistes de l'époque. Ce prolétariat, malgré son courage, a été écrasé par la bourgeoisie et n'a pas réussi à faire le pont avec les paysans pauvres de Bretagne." (Samir Amin, “Le développement inégal et la question nationale”, 1979)
À toutes fins utiles, pour bien comprendre qui étaient ces gens qu'affrontaient les z'horribles z'obscurantistes réactionnaires chouans (et barbets niçois, et insurgés savoyards etc. etc.) ; et surtout, QUI IL Y AVAIT DERRIÈRE :
Nous espérons donc bien, ici encore, avoir RÉDUIT EN POUSSIÈRE non seulement les vieux fantasmes réactionnaires façon Saint-Nicolas-du-Chardonnet, mais aussi et SURTOUT la propagande des maîtres en place de l'économie, la société et la pensée : la NOUVELLE ARISTOCRATIE FINANCIÈRE qui a à cette époque pris le pouvoir et remplacé l'ancienne de "sang bleu" ; et qui règne encore aujourd'hui sur notre pays (et le monde) avec ses hordes de petits positivistes-zététiciens pédantesques et arrogants, "de gôche" sauce 5 seringues (dans chaque bras...) et petit drapeau bleu et jaune ; dont la réaction hargneuse ne s'est d'ailleurs pas faite attendre lorsque nous avons partagé cet article sur les réseaux sociaux.Les résistances rurales, non pas "à la révolution" que le peuple avait initiée dès les Tuiles grenobloises à l'été 1788, mais à sa CONFISCATION par cette nouvelle aristocratie financière, étaient bel et bien une manifestation de la "Tradition" populaire démocratique au même titre que les Croquants et autres Bonnets Rouges, les Jacques et toutes les révoltes populaires depuis les Bagaudes du IIIe siècle ; nettement localisées d'ailleurs, outre les régions de collines bocagères de l'Ouest de l'Hexagone, dans des régions plutôt montagneuses ; autrement dit peu propices à l'époque féodale au grand domaine céréalier, et donc meilleur "refuge" de cette "tradition"...
Au XIXe siècle, sous tous les régimes (qui étaient de toute façon l’État napoléonien, quelle qu'ait été la "formule" de devanture...), en dehors des remuants faubourgs ouvriers parisiens et des corons miniers du Nord, on observera d'ailleurs une "concentration" géographique tout à fait similaire des rébellion collectives contre les autorités :
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Les physiques probablement les plus proches de ceux des anciens Égyptiens : les populations Bedjas, ou encore Bisharin ; minorités de langue couchitique d'Égypte et du Soudan dont elles sont de fait les populations indigènes, pré-arabes...
Regarder du côté des Afars d'Éthiopie, Érythrée et Djibouti est également intéressant, pour qui a les représentations égyptiennes classiques bien en tête.
https://www.quora.com/Why-do-ancient-Egyptians-look-exactly-like-Afar-people/answer/Olisah-Jideofor
Des populations 100% africaines, de souche africaine de l'Est, "hamite"*, "nilo-éthiopique", "couchitique" (terme normalement employé pour les langues, de la grande famille "afro-asiatique", dont l'ancien égyptien était le plus proche - de fait, "les similitudes linguistiques placent l'ancien égyptien dans une proche relation avec les langues parlées aujourd'hui dans le Nord-Est de l'Afrique, aussi loin que le Tchad à l'ouest et la Somalie au sud"...).
Car il n'y a pas à être congolais ou nigérian pour être africain, voyez-vous. Il y a, tant génétiquement que physiquement, des Africains (subsahariens) de l'Ouest, de l'Est ou encore du Sud ; tout comme il y a des Européens du Nord, du Sud ou encore de l'Est dont personne n'irait dire que l'un de ces types ne serait "pas européen" car "seul" un autre le "serait"...
* La théorie "hamite" est à l'origine une théorie racialiste issue du contexte colonial. Elle consistait à prêter aux peuples africains physiquement trop "gracieux" selon les critères raciaux de l'époque, et ayant développé des cultures élaborées voire des civilisations intéressantes (mais ce n'étaient pas les seuls...), une origine "nécessairement" extra-africaine, "caucasoïde", qui aurait "colonisé" le continent dans les temps pré- ou proto-historiques.
Ainsi, "pour les savants du début du XIXe siècle, à l'instar de Larrey, la supériorité intellectuelle du Blanc était tellement évidente que toute création d'ordre culturel, comme les monuments d’Égypte, ne pouvait être attribuée qu'aux seuls Européens, tout du moins à des peuples partageant la même origine que les populations d'Europe. On voit ainsi l'Égyptien prendre la suite de l'Assyrien dans la lente marche vers la « civilisation ». II est, selon Champollion, Lepsius ou Rougé, de race caucasienne, d'origine asiatique, et devient en quelque sorte un prototype de la « race » blanche, celle qui « a toujours été en travail pour avancer dans la connaissance du monde invisible et dans la possession du monde visible »."
Tout le paradoxe de la chose, d'ailleurs, étant qu'elle revenait à considérer "blancs" des phénotypes humains qui ne l'étaient absolument pas dans la gestion quotidienne des colonies de l'époque, la ségrégation raciale aux États-Unis, ou l'immigration extra-européenne qui commençait à apparaître dans les métropoles coloniales... Mais lorsqu'il s'agissait de s'approprier les civilisations des autres, et de nier qu'ils aient pu les engendrer par eux-mêmes, là oui ! Tout le monde devenait "caucasien", et le champ du "purement négroïde" se voyait méthodiquement restreint aux peuples n'ayant réellement jamais construit que des huttes. Un peu comme si l'on réduisait l'Antiquité européenne aux seuls Germains de type "nordique", qui n'ont effectivement rien édifié vraiment "en dur" avant l'époque médiévale...
Cette théorie a désormais son "point Godwin", en quelque sorte, puisqu'elle a notamment servi à établir la distinction entre les Hutus et les Tutsis au Rwanda, à l'origine du terrible génocide de 1994 dans ce pays. Mais plus cela va, plus l'on se rend compte que la façon dont elle est battue en brèche aujourd'hui est en réalité à double tranchant. On exagérait, insistait lourdement, sur les origines non-africaines de ces peuples (certes réelles et attestées génétiquement, comme nous allons le voir, mais très partielles). À présent, on les nie tout simplement ; ce qui revient finalement au même : nier leur africanité, mais de manière "politiquement correcte". Il "n'existerait" tout simplement "pas" de "Hamites" comme un des grands types humains d'Afrique. Leurs types physiques seraient soit, là où ils seraient "censés" être "vraiment" noirs, un pur fruit du "hasard" ; soit... ils ne seraient pas l'Afrique "proprement" noire et donc, lourdement sous-entendu, et enjeu absolument fondamental dans le débat que nous allons voir tout au long de cet article, "pas vraiment l'Afrique".
Pourtant, la génétique notamment (nous y reviendrons plus loin) permet de constater que l'aire d'extension du type dit "hamite" coïncide largement avec celle de l'haplogroupe E1b1b (+ les haplogroupes marqueurs des fameux apports extra-africains, J "Iran-Caucase" proche-oriental notamment, ou encore le fameux R1b-V88), tandis que le type que l'on qualifierait de "bantou" correspond à celle de l'haplogroupe E1b1a (+ E1a et E2)... par exemple. Deux haplogroupes parfaitement africains ; le "débordement" du premier sur le Proche-Orient et l'Europe du Sud pouvant être qualifié de marginal, et de "contrepartie" des apports dans l'autre sens. À côté de cela, on trouve la "souche originelle" que représentent les peuples nilotiques, d'haplogroupe A ou B ; dont les Khoisans (surtout A) se sont détachés il y a 270 000 ans, et les Pygmées (surtout B) il y a 220 000 ans. Mais l'essentiel, donc, de l'humanité africaine appartient à ces deux branches absolument "sœurs" de l'haplogroupe E, jailli de cette même souche, dans l'Est du continent, il y a peut-être 70 ou 80 000 ans.
Comme nous le verrons plus loin, toute l'Afrique a reçu à l'Holocène (et même avant) des flux de populations "proches de celles d'Anatolie ou du Proche-Orient qui ont amené le Néolithique en Europe" ; probablement "aspirées" par le Sahara dans sa dernière période verte, puis "repoussées" par sa désertification vers le Sahel et la vallée du Nil ; mais l'"aire" E1b1b "hamite" se caractérise par en avoir reçu nettement plus. Sans que cela ne signifie aucunement que ces régions et populations ne seraient "pas vraiment l'Afrique" (et, de fil en aiguille, que ce serait "pourquoi" se sont développées là des cultures passablement avancées...) ; car à ce jeu-là, c'est la moitié de l'Europe qu'il faudrait considérer comme "pas vraiment l'Europe" (voire la totalité, puisque, comme petite péninsule de l'Eurasie, le continent européen n'a jamais fait que recevoir des vagues de peuplement depuis l'extérieur).
Car cela revient exactement à considérer que l'Europe ne "pourrait pas" abriter deux types humains bien définissables : "blanc" proprement dit, peau très claire, cheveux châtains à blonds ; et "méditerranéen", brun et à la peau plus mate, effectivement caractérisé par plus d'apport génétique des continents voisins (Asie de l'Ouest et Afrique du Nord, haplogroupe R1b caractéristique des Européens plus minoritaire, et haplogroupes tels que J2 ou E1b1b très notablement présents)... et de fil en aiguille, que l'un d'eux, le second en l'occurrence, ne serait "pas vraiment" l'Europe ; alors que, comme nul ne l'ignore, c'est dans le cadre de ces régions que se sont développées les plus brillantes civilisations du continent qui ont "fait" son histoire jusqu'aujourd'hui, à commencer par la Grèce et Rome ; dont les langues étaient bien indo-européennes (ou alors, dans le cas de la civilisation ibère, issue du peuplement néolithique depuis l'Anatolie, l'autre grand "bagage" génétique qui caractérise la population européenne encore aujourd'hui), la "cosmogonie" également etc. etc.
Pareillement, il est possible de dire que l'immense continent asiatique ne compte que quelques "foyers" de "pur" type humain, "caucasoïde" autour du Caucase, "mongoloïde" au Nord-Est, et "négroïde" originel "Out of Africa" dans quelques rares terres du Sud ; et que le reste, plus de 80% de sa superficie et de sa population, est admixé entre deux ou les trois de ces différents types. Qui, alors, "est" asiatique et qui ne "l'est pas" ?
Ces simples éléments de comparaison suffisent à montrer à quel point tout cela est ridicule... De même qu'il y a deux, ou trois (avec le "type celtique/alpin" intermédiaire entre méditerranéen et nordique), voire peut-être quatre (avec les plus "asiatisés" slaves russes) types humains en Europe, il y a bel et bien à minima deux grands types humains en Afrique, ceux-là mêmes que les colonialistes appelaient "bantou" et "hamite" ; pour la bonne et simple raison que les continents ne sont évidemment pas cloisonnés et "déteignent" les uns sur les autres à leurs "frontières" ; et aucun d'entre eux n'est "moins africain" que l'un de ceux d'Europe ne serait européen ! On ne sait même pas, à vrai dire, dans quelles proportions les traits que l'idéologie coloniale prêtait au type "hamite" sont dûs à l'admixture extra-africaine (certes bien existante on l'a dit), ou alors tout simplement au milieu naturel, moins humide (la saturation en humidité de l'air joue notamment sur la forme du nez) et forestier, plus sec et "de savane"... On le voit, notamment, chez les peuples nilotiques, qui ont ces physique "élancés" (mais en revanche la peau la plus noire qui existe sur la planète) : les "Hamites" sont, de fait, une admixture entre ce type de populations et les "flux" extra-africains reçus au long de l'histoire.
On pourrait même aller jusqu'à dire, si l'on voulait vraiment "jouer à cela", qu'anthropologiquement parlant il n'y a tout simplement "pas" d'Afrique : si l'on se base, notamment, sur la linguistique (et son recoupement avec les haplogroupes, tel que nous venons de le voir), il y a une aire "Niger-Congo-Bantou" qui couvre une bonne moitié du continent, et une aire "afro-asiatique", flanquée de langues nilo-sahariennes, qui couvre l'autre moitié ainsi que le Proche-Orient ; ce dernier, de même que la côte méditerranéenne de l'Afrique du Nord, considérablement "blanchi" par les apports "caucasoïdes" au cours de 3 ou 4 derniers millénaires. Ces deux aires étant cependant dominées, comme nous venons de le dire et y reviendrons par la suite, par deux haplogroupes (E1b1a et E1b1b) "frères", phylogénétiquement très éloignés de tout autre que l'on trouve en "Eurasie occidentale" (R, G, I, J, H etc.). Et l'Égypte antique relevait bien entendu de la deuxième de ces aires ; dont 80% au moins de la superficie se situe... bel et bien en Afrique. Dès lors, soit l'ancienne Égypte était africaine, soit la moitié de l'Afrique ne l'est pas !
D'ailleurs, la faune animale était elle aussi, il y a encore 4 ou 5000 ans, absolument africaine ; avant que les dernières étapes de l'assèchement achevé du Nord de l'Afrique ne conduisent à la disparition de la plupart des espèces : l'anthropologie a tout simplement suivi le même chemin, dans la logique d'"écosystème" des sociétés humaines.
Ceci au contact, certes, de populations plus proche-orientales, proto-sémites dans le Delta (où la population aurait de fait toujours été apparentée aux premiers agriculteurs néolithiques de Palestine, "natoufiens") ; et proto-berbères à l'ouest du Nil, c'est à dire ressemblant déjà largement à des Maghrébins actuels, avec leur souche paléolithique "mechtoïde" (voir note (b) en bas d'article), l'apport capsien (plus ou moins natoufien du Levant) mésolithique, et aussi des individus assez blancs du fait de l'apport (probablement entre le Ve et le IVe millénaire av. J.-C.) "R1b-V88" du Sud-Ouest de l'Europe, qui pourrait être incarné par les "Dames du Tassili" (peinture rupestre saharienne d'environ -3000)(c) ou encore par les individus momifiés (naturellement) de Gebelein (vers -3400), à la peau claire et même l'un aux cheveux roux, portant des tatouages notamment de bovidés ; on peut voir aussi ce type humain dans les anciennes représentations égyptiennes de Libyens.
Mais ces individus proto-berbères de Gebelein portaient de multiples blessures, et ont visiblement subi une mort violente : ils n'étaient pas des autochtones, et ont manifestement été reçus avec hostilité, comme des intrus, par ceux-ci... Une représentation de cet affrontement pourrait d'ailleurs bien être la fameuse fresque de la Tombe 100 de Nekhen - "Hiérakonpolis" = "la ville du faucon" Horus, à une soixantaine de kilomètres de Gebelein - de la même époque ; où l'on voit nettement des individus rouges terracotta, évidente préfiguration des représentations des Égyptiens par eux-mêmes, en affronter d'autres venus les attaquer, blancs et comme tachetés... ce qui pourrait bien représenter, schématisé à l'extrême, des tatouages ; comme ceux de Gebelein donc, et comme en sont habituellement couverts ces "Libyens" fréquemment représentés au Moyen et Nouvel Empire comme des ennemis de l'Égypte, des captifs de guerre, ou au mieux des soumis versant tribut après une défaite.
En Libye voisine (Uan Muhuggiag), justement, a été découverte une autre momie, d'un jeune enfant, toute aussi voire légèrement plus ancienne (-3500 ou 3600) ; et là il s'agirait bien d'une momification "active" (viscères retirés et remplacés par des aromates etc.), dont ces populations auraient donc été les "inventeurs" : ici, pour le coup... le type humain de l'enfant laisse assez peu de place au doute ni à quelque discussion, n'ayant clairement pas été baptisé "the Black Mummy" par hasard ; conformément, par ailleurs, aux représentations humaines de la même époque du Gilf el-Kebir ("Grotte des Nageurs", en Égypte mais juste à la frontière avec la Libye). Il apparaît donc de manière assez claire que les deux types de populations, africaine et "europoïde"-méditerranéenne "de la même composition génétique que la culture du Néolithique méditerranéen cardial qui a atteint la Péninsule ibérique vers 5500 avant notre ère", cohabitaient alors dans cet actuel désert libyque qui était encore une relativement verte savane ; où elles commenceront à se mélanger avant que la désertification ne les pousse vers la vallée du Nil, où l'admixture se poursuivra bien entendu...
https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/les-premieres-societes-d-egypte-7449.php
De son côté, le couteau "du Gebel el-Arak" (en réalité, probablement issu des tombes royales prédynastiques d'Abdju/"Abydos") atteste quant à lui de contacts, plus ou moins conflictuels, à la même époque avec des éléments proche-orientaux ; aire culturelle à laquelle pouvait sans doute (dans un sens) se rattacher la Basse Égypte conquise par Narmer (la fameuse "palette"). Dès "la fin du IVe millénaire", en effet, "les échanges entre la Palestine et l'Égypte à travers le désert du Sinaï prennent de l'ampleur grâce à l'utilisation des bovidés comme animaux de bât, capables de franchir les quelques 200 kilomètres de quasi-désert séparant le Sud palestinien du Delta égyptien" – il est même parfois considéré par certains auteurs que, "pendant au moins quelques générations à la fin du IVe millénaire", se mettra en place une véritable administration politique de l'Égypte récemment unifiée en Palestine ; qui paradoxalement disparaîtra par la suite sous le puissant Ancien Empire, mais qui ne va pas vraiment dans le sens, en tout cas, d'une "colonisation" fondatrice... dans le sens inverse ; et bien plutôt d'une première sécurisation réussie du pays face aux assauts depuis cette région qui sera toujours perçue comme hostile ; ce débouché sur la Méditerranée étant, par ailleurs, ce qui changera profondément le cours de l'histoire de Kemet, la propulsant au rang de puissance politique et commerciale de son temps, tandis que la Nubie africaine au-delà d'Assouan demeurera dès lors dans son ombre (nous y reviendrons).
De fait, il apparaît acquis de notre point de vue que le type humain ici représenté est celui de l'élite, issue des pasteurs "J" Zagros-Caucase, qui régnait sur la Mésopotamie et qui, robuste et de haute taille, n'était sans doute autre que les "Anunnaki" de la mythologie locale ou les "géants" "Nephilim" bibliques ; dominant les populations "têtes noires" "natoufoïdes" de la région dans un mouvement du Nord au Sud Hassuna-Samarra-Sumer. Ils ont dès lors pu être tentés de poursuivre leur expansion en direction de la riche vallée du Nil, mais se sont heurtés là à d'autres robustes "géants", de type nilotique ou du moins "éthiopique", et se sont "pris une rouste"... De toute évidence, ce manche de couteau tourne en ridicule un de ces "géants", représenté invincible d'un côté, en montrant la déroute de ses troupes de l'autre ; ou alors, il lui appartenait à l'origine et représente une défaite proto-égyptienne initiale, mais constitue une prise de guerre ultérieure. Quoi qu'il en soit, en dehors de cet artefact isolé et unique en son genre*, aucun élément ne permet de penser que les premiers dirigeants de l'ancienne Égypte aient pu être issus d'une telle population qui aurait établi sa domination sur la région, ni même une colonie durable.
[* Autre rare, mais fameuse avec notamment la célèbre "palette de Narmer", imagerie moyen-orientale parfois retrouvée, les "serpopards", toujours "représentés comme conquis ou enchaînés", étaient censés "symboliser le chaos qui régnait le long des frontières de l'Égypte, et que le roi devait dominer"...]
Bien sûr, après cette première phase d'affrontement pour une vallée du Nil à laquelle se réduisait peu à peu l'espace vivable (qui pourrait bien n'être autre que l'affrontement mythologique de "Seth", divinité associée au désert et très probablement d'origine berbère, avec "Osiris et Isis", couple régnant divinisé par la suite des Nagadéens), un métissage s'opérera (Diodore indique bien pour sa part que "Myrina", la cheffe des "Amazones libyennes" = cette culture proto-berbère du Sahara encore un peu humide, fut "amie avec Horus" = les souverains égyptiens prédynastiques...) ; tout comme avec les éléments levantins venus par le Delta ; donnant naissance à cette "race" égyptienne antique bien caractéristique que nous montrent les représentations de cette brillante civilisation étendue sur plus de trois millénaires...
Pour ce qui est de l'introduction de l'agriculture, que l'on sait ô combien fondamentale pour la civilisation pharaonique, la question demeure complexe et controversée ; entre un volet pastoral, associé à une "zone grise" entre cueillette et culture vivrière, très ancien (poteries de plus de 10 000 ans, élevage bovin - notamment à Nabta Playa - à peine plus récent) et qui apparaît plutôt d'émergence endogène à la vallée et au Sahara vert voisin ; et une culture céréalière "systématique" généralement considérée comme d'importation proche-orientale depuis le Delta, bien que la part exacte de colonisation humaine ou de simple diffusion culturelle reste à déterminer (et dans tous les cas il se serait alors plutôt agi de Levantins de type "natoufien", ou "50-50" natoufiens-anatoliens comme attesté au Levant néolithique, et non de "blancs" ou "méditerranéens" à proprement parler, comme les "purs" Anatoliens qui ont peuplé le Sud de l'Europe... il est facile de semer la confusion quand on parle de "Proche-Orient" !) :
https://en.wikipedia.org/wiki/Ancient_Egyptian_agriculture
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1040618215010861?via%3Dihub
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0021934704265912
Il serait alors permis d'imaginer, puisque le consensus clair depuis les auteurs de l'Antiquité, est que c'est bien le Sud qui a conquis le Nord avec Narmer, que l'acte de naissance de l'État dynastique dans sa structure sociale a été comme en bien d'autres endroits du monde l'établissement de la domination d'une aristocratie d'origine "plutôt pastorale", mélange de "Sahariens verts Gebelein" et de Nilotiques "osirisiens" en Haute Égypte, sur des communautés agricoles d'autant plus importantes en allant vers le Nord (où les terres arables deviennent vastes) et au mode de vie jusque-là, d'après les données archéologiques, plutôt égalitaire... À l'opposé complet, donc, de ce qui a parfois pu être avancé au XIXe siècle, à savoir que la population laborieuse était "peut-être" noire, mais que l'élite dominante ne "pouvait être" que d'émanation "caucasoïde" !
Mais si les anciens Égyptiens étaient "un peuple métissé", nouvelle doxa historique qui a remplacé en version "politiquement correcte" l'abrupt "c'étaient des caucasoïdes" de l'époque coloniale, d'accord... mais métissés DE QUOI ET QUOI ? "Métissés" à partir de quelle "souche originelle" autochtone ?
La réalité est que toutes les études un peu sérieuses sur le sujet, font bel et bien apparaître une population de souche africaine.
https://www.iflscience.com/long-before-pyramids-this-is-what-the-people-of-egypt-looked-like-68298
On retrouve assez clairement ce qui vient d'être évoqué ici, dans cette étude de 2020 où il est question d'un "événement probablement survenu entre 6 et 5 kya (il y a 5 à 6000 ans, soit entre -4000 et -3000, pile à l'époque fondatrice de Nagada !) en Afrique du Nord-Est (vallée du Nil, Égypte, Soudan... quoi d'autre sinon ?), entre des groupes porteurs d'une ascendance génétique non africaine, liés à des groupes du Levant ("natoufiens + anatoliens") ou d'Afrique du Nord (mechtoïdes, "sahariens noirs" des peintures rupestres - voir note (b) + "ibériens" néolithiques, V88, comme nous venons de le voir), et des groupes locaux liés aux actuels Dinka ou Nuer"... (comme ce type de représentations de l'époque - culture de Nagada, IVe millénaire - tend clairement à le corroborer). L'étude explique ensuite comment cette admixture s'est de fait, postérieurement à -2500 où un individu d'Éthiopie demeurait encore "intouché" par elle, diffusée à travers tout le continent africain, principalement le long de sa façade orientale... jusqu'en Afrique du Sud (nous y reviendrons).
https://www.pharaon-magazine.fr/actualites/abydos/la-civilisation-égyptienne-est-elle-égyptienne : "Aujourd’hui, il est certain qu’une population nilotique (individus vivant aux bords du fleuve Nil) existait dans toute l’Égypte. Vers 8000-7000 ans avant notre ère, des mouvements de populations se font du Sud (Soudan) vers le Nord (Égypte). Ce sont les cultures de type Nabta Playa. Autre mouvement, sans doute plus récent, vers 4000-3000 av. JC, la désertification progressive du Maghreb oblige les tribus nomades ou sédentaires à migrer peu à peu vers l’Est afin de trouver de l’eau et un environnement humide, propice à l’agriculture et à l’élevage. Ces populations se seraient alors mélangées aux populations nilotiques, réalisant ainsi un « boom » démographique et peut être un boom de civilisation."
Reconstitution d'un homme de Wadi Halfa, à la frontière égypto-soudanaise, non loin d'Abou Simbel, environ 7000 ans avant notre ère... Exemple type de ce peuplement indigène nilotique rencontré par les migrations "ouest-eurasiennes" arrivées postérieurement, au Néolithique.
C'est sans doute là aussi le sens de ce que nous dit la mythologie biblique, c'est à dire l'histoire ancienne de la région, mais mythifiée et contée d'un point de vue sémite proche-oriental : Cham, venu de "l'Ararat" c'est à dire de l'Anatolie néolithique, a "engendré" les peuples et les royaumes du Nord-Est de l'Afrique ; mais, "par malédiction" selon la tradition ultérieure, n'ayant déjà là rien à envier à ses épigones occidentaux et arabes actuels, il y est ainsi que sa descendance "devenu noir" de peau... En d'autres termes, il y a bien eu au Néolithique un apport de populations depuis l'Asie de l'Ouest vers la vallée du Nil, mais il s'y est mêlé et en quelque sorte "fondu" dans les populations autochtones africaines, qui contrairement aux chasseurs-cueilleurs européens, s'avéraient sans doute être assez nombreuses.
"Une étude publiée en 2015 par Gallego Llorente et al. a proposé que tous les Africains subsahariens modernes (donc un phénomène général... qui ne rend pas les Égyptiens "moins" africains !) seraient légèrement mélangés avec une population d'origine eurasienne étroitement apparentée à la population actuelle de la Sardaigne et aux anciens agriculteurs du Néolithique européen, qui étaient eux-mêmes issus d'une ancienne population néolithique du Proche-Orient (on sait également par ailleurs, comme on l'a dit, que les "Sardes actuels" sont étroitement apparentés au peuplement néolithique d'origine ibérique / méditerranéenne occidentale du Maghreb et du Sahara encore "vert", qui sera l'autre grand courant de peuplement de la vallée du Nil lors de la désertification). En Afrique subsaharienne, cette part d'ascendance eurasienne est plus importante chez les populations d'Afrique de l'Est parlant actuellement des langues afro-asiatiques. L'homme de la grotte de Mota (Éthiopie, -2500) n'avait pas encore cette part d'ascendance eurasienne."
[Voir plus bas l'encadré au sujet des Coptes, qui dans une étude de 2015 montrent une étonnante et intéressante "composante génétique propre" partagée avec les populations du Soudan et d'Éthiopie bien plus qu'avec les actuels Égyptiens arabes, et qui pourrait bien être celle issue de l'admixture originelle vue ici ; avec également, à un stade plus "poussé" de l'analyse, l'émergence d'une "composante peule" également présente chez tous les peuples de la région du Nil, et qui "marque" selon nous spécifiquement l'apport "saharien"...]
Qu'attend-on, sérieusement, qu'un métissage "ouest-eurasien" (de type méditerranéen, en clair) avec des populations de type Dinka ou Nuer (ces peuples africains du Sud du Soudan) donne ?
Il y a eu nombre de ce que l'on appelle "backflows" génétiques ouest-eurasiens (Proche-Orient, Méditerranée) vers l'Afrique (essentiellement du Nord et de l'Est) ; dès le Paléolithique, dans le cadre des périodes sèches du Sahara "chassant" les populations africaines vers le Nord, où elles rencontraient des populations d'Eurasie descendues quant à elles vers le Sud, fuyant les températures glaciaires ; puis des périodes "vertes" ramenant tout ce monde dans ce qui était devenu un immense "Jardin d'Éden" ("effet de pompe" du Sahara) ; puis au Néolithique avec des agriculteurs G anatoliens dans la vallée du Nil (et, depuis l'Europe, au Maghreb) et des éleveurs J depuis le Proche-Orient également ; ainsi que, comme on l'a vu, R1b-V88 originaires du Sud-Ouest de l'Europe depuis le "Sahara vert" en voie d'assèchement (tout un grand repli général depuis le Sahara ainsi que le Sinaï-Néguev, devant la désertification, qui est très clairement "derrière" ce "backflow de 6-5 kya" à composante ouest-eurasienne dont parle l'étude de 2020, se mêlant dans la vallée du Nil, Haute Égypte et Nubie, aux populations locales d'haplogroupe E-V12 et de type "Dinka"...) ; jusqu'à celui, enfin, il y a 3000 ans, depuis le Sud de la Péninsule arabique (actuel Yémen, alors Saba, en contact légendaire par ailleurs avec le royaume israélite de Salomon) vers la Corne, qui donnera à l'Éthiopie et l'Érythrée leurs langues sémitiques... Tout ceci va donner des types humains comparables aux actuels Soudanais, Éthiopiens, Touaregs ou Peuls ou encore Toubous (tous caractérisés par ces "backflows" à un moment ou un autre de l'histoire) ; mais absolument pas des "Arabes" (proche-orientaux, ouest-asiatiques) qui eux, initialement "Basal Eurasian"* il y a plus de 70 000 ans, ont connu ensuite le métissage néandertalien, puis l'apport massif "Zagros-Caucase", d'haplogroupe J, du Néolithique et du Bronze ; puis des "flows" "blancs" du Nord Eurasien (apport d'haplogroupe R hittite, proto-arménien, proto-perse et kurde etc.), ainsi que "noirs" depuis l'Afrique, bien sûr ; un sacré "mix" donc, mais néanmoins impossible à confondre avec une population de souche africaine "sous backflows", et d'ailleurs représenté de manière très nettement différente d'eux par les anciens Égyptiens (voir plus bas).
[* Une curieuse affaire, d'ailleurs, que ces "Basal Eurasians"... car que peut donc signifier une population, issue de la grande sortie d'Afrique il y a 70 000 ans, qui ne se serait "pas mélangée avec des Néandertaliens" faute d'en trouver là (peut-être dans l'actuel désert d'Arabie, alors vert) où elle s'était établie ? Sinon des individus... en tout point identiques à ceux sortis d'Afrique à l'instant même de cette sortie, autrement dit, à ceux de la région d'où ils sont sortis ! En d'autres termes, ces "Basal Eurasians" pourraient donc bien être tout simplement les stricts équivalents de la population préhistorique de l'Égypte, porte de sortie évidente de l'Afrique vers l'Eurasie, telle que potentiellement demeurée jusqu'au Néolithique et ses arrivées d'éléments méditerranéens et proches-orientaux que nous avons vues ; rejoignant la composante génétique "marron" de l'étude Schuenemann, la composante "vert émeraude" de l'étude Dobon de 2015 ou encore la "race eurafricaine-hamite" de Giuseppe Sergi, toutes choses que nous verrons plus loin dans cet article... Tandis que les Natoufiens du Levant auraient été quant à eux constitués de "50% de Basal Eurasian", et "50% de chasseurs-cueilleurs européens" ("Cro-Magnon") probablement repliés là lors du dernier maximum glaciaire (voir notre excellente carte à ce sujet en fin d'article) ; les Anatoliens néolithiques et autres Caucasiens-"Iraniens", d'une "fourchette" de 30 à 45% et le reste d'Anciens Nord-Eurasiens (eux aussi issus du repli glaciaire) ; et les "Ibéromaurusiens"-mechtoïdes de plus de 65%, pouvant en être considérés comme des descendants directs (sauf que dans leur cas, les 35% restants sont carrément... subsahariens). En revanche, cette ascendance est totalement absente d'Eurasie de l'Est, aux populations intégralement issues du métissage néandertalien opéré (selon toute vraisemblance) dans l'arc montagneux de la Turquie à l'Iran ; y compris, de fait, les ancêtres de nos Yamnayas indo-européens. MAIS, décrétée donc arbitrairement "eurasienne", cette population "Basal" et sa plus que probable proximité avec la souche ancestrale égyptienne, permettra fallacieusement de nier l'africanité de celle-ci ! Alors que cette population était bel et bien africaine (certains suggérant à présent - enfin - de la rattacher aux Anciens Nord-Africains - ANA, à l'origine à la fois des Natoufiens et des "Ibéromaurusiens", voir note (b)), NOIRE, sans l'ombre du commencement d'une raison d'être autre chose (pas d'admixture Néandertal, pas d'adaptation à des climats frais ni à un faible rayonnement solaire) ; pour autant qu'elle soit génétiquement plus proche, en populations actuelles, de celles d'Afrique du Nord, du Levant et d'Arabie (toutes à fort héritage "Basal") que de n'importe quelle autre population africaine, dont ce rameau "hamite" s'est séparé il y a 100 à 200 000 ans... Rien que ceci étant dit, la controverse pourrait d'ores et déjà être tenue pour close !]
AUCUN continent (cela devrait aller de soi) n'est jamais "génétiquement pur", et surtout pas à ses "frontières" avec d'autres (il suffit de voir la génétique du Sud de l'Europe !) ; sans que cela ne signifie aucunement que les peuples ainsi admixés, et leurs civilisations, "n'appartiendraient pas" à leur continent en question ; en termes d'origine "matricielle", de linguistique, de culture, d'"univers mental" etc.
C'est sans hésitation aucune que les Européens / Occidentaux s'approprient comme leurs les civilisations d'Europe du Sud grecque et romaine ; pourtant étendues de fait sur trois continents (Europe du Sud, Asie de l'Ouest et Afrique du Nord) et, surtout à leur apogée, extrêmement admixées génétiquement ; mais bien, en effet, d'origine, langue, religion etc. indo-européenne...
Que l'Égypte serait "déconnectée" et finalement un "corps étranger", une "anomalie" entièrement dûe à un apport extérieur, en Afrique, est bien le type de raisonnement qui ne s'applique que lorsqu'il est question de ce continent !
[Représentations de la cité prédynastique de Nekhen : une architecture typiquement africaine]
De fait, "l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada (matrice de la civilisation égyptienne au IVe millénaire) a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques (ce qui ne veut pas dire métis de Congolais et de Chinois, mais des populations vivant à l'époque à la fois en Afrique du Nord et au Proche-Orient - nous pourrions proposer, à la rigueur, de rebaptiser cette aire "kémétique"...), de la Corne de l'Afrique et du Maghreb" (oui, mais le Maghreb d'alors (b), qui n'avait pas encore connu cet apport "éclaircissant" de populations du Sud-Ouest de l'Europe que nous venons de voir : une population "lointainement reliée aux chasseurs-cueilleurs natoufiens du Levant (vers 9000 avant notre ère) et aux agriculteurs du Néolithique pré-poterie (vers -6500)" mais aussi, dont "l'ADN autosomal (...) indique qu'au moins un tiers de leur ascendance provenait de populations d'Afrique subsaharienne" !).
Ce que dit même exactement l'étude (page 12), après de longs et insistants développements sur l'"absence de rapport" avec les populations africaines, c'est que "l'échantillon prédynastique de Naqada apparaît en lien avec l'Asie du Sud (les populations dites dravidiennes de l'Inde sont elles-mêmes issues d'un mélange d'ascendance ouest-asiatique typique, issue de l'Iran préhistorique, avec des populations aborigènes - les premières à s'être établies localement il y a près de 100 000 ans - semblables aux actuels Andamanais, qui eux-mêmes ressemblent beaucoup à des Africains nilotiques... donc oui), les Somaliens et les Nubiens ; tandis que l'échantillon de Basse Époque (dernier millénaire avant notre ère) de Gizeh (Basse Égypte, soit typiquement l'échantillon de la lamentable "étude" de 2017 sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir) rejoint ceux des populations néolithiques européennes et d'Afrique du Nord" (post-"apport blanchissant" sud-européen, autrement dit, de "type méditerranéen").
Et de fait, si cette étude de 1993 est l'une des plus récentes et citées, cela fait juste... deux siècles, depuis Larrey (1799) en passant par Bloch (1903, voir lien plus loin), Falkenburger (après-guerre) etc. que toutes les observations un peu sérieuses sur des squelettes ou momies aboutissent à la même conclusion : un type ancien allant de "tout au plus" sud-asiatique, ou "sud-arabique", à "éthio-somali"...
"L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties. Cependant, les fossiles de Nagada et ces squelettes anciens et récents sont phénotypiquement distincts des fossiles appartenant aux populations modernes parlant des langues Niger-Congo et vivant en Afrique tropicale" ; c'est à dire les populations bantoues : ça d'accord, en effet, personne ne dit le contraire – mais ⚠️ attention cependant, cette méthode "crânio-faciale" est un peu datée - l'étude ici est de 1993 - et a même pu donner lieu par un passé plus lointain à des théories franchement puantes ; aujourd'hui, l'ADN nous permet de savoir que ces individus "de type somali" étaient très certainement d'haplogroupe masculin E1b1b (notamment E-V12), largement dominant dans la Corne de l'Afrique dont il est probablement originaire et encore présent, dans une fourchette de 40-70% (devant tous les autres), chez les Égyptiens d'aujourd'hui dont il est le clair héritage autochtone* ; et quoi que l'on puisse dire sur l'"énormité" des différences sur le plan osseux, le lignage le plus proche, "frère" si l'on peut dire, de E1b1b est et demeure E1b1a... qui domine en Afrique subsaharienne de l'Ouest et équatoriale (populations "Niger-Congo").
[* Car il ne faut pas se mentir : bien sûr que beaucoup d'Égyptiens actuels... surtout si l'on "plonge" dans les "profondeurs" du petit peuple, de la paysannerie fellah longtemps opprimée par les élites arabes (ou carrément d'ascendance gréco-romaine) puis ottomanes (Anatolie-Balkans-Caucase), des bateliers du Nil dans le Sud, ressemblent encore à cette souche originelle de type est-africain "hamite" de l'époque pharaonique (voir aussi cette photo de... l'"extraction" du buste de Toutankhamon en 1922) ; ce qui est évidemment beaucoup moins le cas des élites "connectées" qui ont le loisir de passer leurs journées sur Internet à poster des memes racistes. Le refus de l'africanité du pays (tout en voulant quand même s'approprier le prestige de son antique civilisation !) s'accompagne ici d'un profond mépris social ; car en Égypte comme dans de nombreux pays profondément métissés, plus on est clair de peau et "caucasoïde" d'aspect, plus on est haut placé dans la société...]
C'est ainsi et pas autrement : aussi "tiré par les cheveux" qu'il ait parfois pu être, dans son "biais de confirmation" d'une intuition que les moyens scientifiques de l'époque ne lui permettaient guère d'étayer solidement, Cheikh Anta Diop avait bel et bien, dans ladite intuition, RAISON.
E1b1b est effectivement aussi (nous rétorquera-t-on) ultra-majoritaire au Maghreb, oui... où ces populations africaines ont été "éclaircies" dans des conditions bien étudiées et connues aujourd'hui ("les Marocains du Néolithique tardif (vers -3000) partagent en revanche une composante ibérique, la même composition génétique que la culture du Néolithique méditerranéen cardial qui a atteint la Péninsule ibérique vers 5500 avant notre ère : ces similitudes génétiques et culturelles entre Ibériens et Nord-Africains néolithiques renforcent l'idée d'une immigration depuis la Péninsule vers le Maghreb à cette époque" ; ou encore, autre étude, "la présence d'ADN européen chez les Nord-Africains varie, atteignant au maximum 25%, et est semblable aux populations méditerranéenne d’Europe du Sud comme les Basques et les Toscans"...) ; ainsi que présent (archi-dominant au Néolithique) au Proche-Orient... où pareillement, le contact des mêmes populations G ("göbeklitépéennes") de la migration néolithique vers l'Europe, et J "Iran-Caucase Néolithique" (aujourd'hui considéré comme le "marqueur sémite par excellence"), a conduit au type humain que l'on connaît actuellement ; et même en Europe (par migration néolithique puis apports ultérieurs dans le cadre de l'Empire romain etc.) où ses porteurs, comme rien moins que les ancêtres du président américain Lyndon B. Johnson, se sont totalement "fondus" dans la population locale et n'ont bien évidemment plus rien d'africain. Pour ce qui est du Maghreb, le sous-lignage E-M183 aujourd'hui archi-dominant en particulier au Maghreb central, en et autour de la Tunisie (60-70%), s'avère être extrêmement "jeune" : 2500 ans peut-être, et son expansion encore plus ; ce qui nous renvoie potentiellement à un dépeuplement puis repeuplement par des tribus porteuses (qui d'après la carte pourraient provenir de l'Atlas marocain) dans le contexte des guerres puniques ; ce qui ne serait pas forcément étonnant en soi, puisque pour la conquête de la Gaule par exemple, Jules César lui-même revendique "un million de morts" et "un million d'esclaves". Il n'est pas à exclure que la diversité génétique ait été beaucoup plus grande auparavant (avec des haplogroupes néolithiques européens : G, I, R1b-V88, et le moyen-oriental J arrivé peut-être dès l'Âge du Bronze et encore plus avec l'expansion phénicienne), et que ce "bagage" génétique soit demeuré dans l'aspect "blanc" d'une grande part de la population (dont au demeurant, 25-30% ne relève d'aucun lignage E africain ou levantin).
Mais il n'en reste pas moins que quelque "argument" de ce type que l'on puisse avancer, dans quelque sens que l'on veuille tourner la question, E1b1b est un "marqueur" humain africain, né, longtemps resté et encore aujourd'hui surtout présent en Afrique ; d'une population dont il n'existe, comme nous venons de le dire, pas de plus proche parente génétique que les Africains subsahariens E1b1a... point à la ligne !
Environ un tiers de la population égyptienne actuelle (et une bonne partie des Soudanais) est en revanche d'haplogroupe J, le "marqueur proche-oriental par excellence". Sa diffusion le long de la vallée du Nil (du nord au sud) a probablement débuté dès son arrivée au Levant et en Méditerranée orientale, vers 2500 avant notre ère ; mais bel et bien sur le substrat originel africain E1b1b que nous venons de voir. Il a ensuite été probablement renforcé par les Hyksôs dans le Delta, puis les Assyriens, les Perses, les Grecs... Sur les trois individus de Basse Époque (et d'un cimetière plutôt au nord du pays...) de l'étude génétique de 2017 dont l'ADN Y s'est avéré exploitable, deux en étaient porteurs.
Néanmoins, aujourd'hui la très grande majorité des Égyptiens J (de l'ordre de 20% de la population) sont J1, marqueur arabe. Ce qui peut impliquer en partie des contacts préislamiques, y compris anciens ; mais signe toute même très largement son origine et datation. Une population décimée par la Peste de Justinien (années 540 puis 18 vagues jusqu'au VIIIe siècle de notre ère), suivie d'un repeuplement dans le cadre de la civilisation islamique, est hautement envisageable.
Depuis cette étude de 1993, qui a notablement fait couler l'encre pour son obstination à marteler une thèse contredite par ses propres observations, d'autres chercheurs ont pu quant à eux conclure que "les études de crânes du Sud de l'Égypte prédynastique, de la période de formation (4000-3100 av. J.-C.), se montrent généralement plus similaires à ceux des anciens Nubiens, Koushites, Sahariens ou de groupes modernes de la Corne de l'Afrique qu'à ceux des Égyptiens dynastiques du Nord ou des Européens du Sud anciens ou modernes" (Keita et Boyce, 1996) ; "les habitants de la Haute-Égypte et de la Nubie avaient la plus grande affinité biologique avec les habitants du Sahara et d'autres régions plus au sud", "mais présentaient des variations locales dans un contexte africain" (Lovell, 1999) (toutefois, certes, "les preuves archéologiques et épigraphiques de - très anciens - contacts avec la Syrie-Palestine, suggèrent également un très probable apport génétique depuis ces régions") ; ou encore, que "les résultats de la comparaison des crânes de 18 groupes égyptiens et nubiens, s'étendant de la Basse-Égypte à la Basse-Nubie sur 7400 ans, ont montré que l’échantillon mésolithique nubien présentait les plus grandes similitudes avec les Égyptiens de Naqada" (Godde, 2018).
"Les découvertes anthropologiques physiques des principaux lieux de sépulture des sites fondateurs de l'Égypte ancienne au IVe millénaire avant notre ère, notamment Badari et Nagada, ne montrent absolument aucune dette démographique envers le Levant" ; ces populations présentant au contraire "les plus fortes affinités crâniennes et dentaires avec les populations présentes de longue date dans les régions environnantes du Nord-Est de l'Afrique, telles que la Nubie ou le Nord de la Corne", et n'étant donc "clairement pas venues d'ailleurs, (mais) descendant en droite ligne des habitants de ces parties de l'Afrique depuis plusieurs millénaires" (Ehret, 2023).
"Lorsque Mahalanobis D2 a été utilisé, les échantillons prédynastiques de Nagada et Badari présentaient plus de similitudes avec les Nubiens, Tigréens (Éthiopie et Érythrée) et certaines séries plus méridionales qu'avec des séries de Basse Époque du Nord de l'Égypte (Mukherjee et al., 1955). Badari s'est avéré très similaire à un échantillon de Kerma (Soudan), en utilisant à la fois la statistique de Penrose (Nutter, 1958) et la DFA des mâles seuls (Keita, 1990)" (Zakrzewski, 2007).
D'après Falkenburger (après-guerre), "l'étude des crânes prédynastiques fait apparaître la répartition suivante : 36% proprement 'négroïdes', 33% de type méditerranéen, 11% cro-magnoïdes, et 20% qui ne rentrent dans aucun de ces groupes, mais tendent soit vers le cro-magnoïde soit vers le négroïde. La proportion de 'négroïdes' apparaît ainsi nettement supérieure à ce qu'avaient conclu Thomson et MacIver"...
"Bien qu'une étude de 2007 ait conclu que l'haplogroupe (mitochondrial, maternel) M1 était originaire d'Asie occidentale et non d'Afrique subsaharienne, la majorité des lignées M1a trouvées à l'extérieur comme à l'intérieur de l'Afrique ont une origine plus récente en Afrique de l'Est, comme résultat d'un premier 'backflow' de M1 depuis l'Asie vers l'Afrique, daté d'il y a environ 30 000 ans. (...) D'autres auteurs ont en revanche proposé que l'haplogroupe M s'est développé en Afrique avant l'événement 'Out of Africa' il y a environ 50 000 ans, et s'est dispersé depuis l'Afrique du Nord ou l'Afrique de l'Est il y a 10 à 20 000 ans. Quintana-Murci et al. ont ainsi déclaré que sa variation et sa répartition géographique suggèrent que la variante asiatique s'est séparée de l'haplogroupe M d'Afrique de l'Est il y a plus de 50 000 ans. Deux autres variantes (489C et 10873C) soutiennent également la thèse d'une origine unique de l'haplogroupe M en Afrique."
Et quoi qu'il en soit, apparu d'un côté ou de l'autre de la Mer Rouge, l'haplogroupe M est porté par des populations aussi noires et semblables à des Nilotiques (semblables, tout simplement, aux premiers humains à sortir d'Afrique il y a 70 000 ans) que les Andamanais... La vaste blague, pour ne pas dire l'imposture, que de mettre en avant ce marqueur génétique pour laisser entendre qu'une population serait "asiatique" au sens physique où on l'entend aujourd'hui !
Il en va exactement de même pour l'haplogroupe U6, ainsi que pour son "parent" et prédécesseur immédiat R0 ; et l'haplogroupe HV (également issu de R) apparaît plus fréquent à El Hayez en Égypte (oasis résidu du "Sahara vert" à l'ouest du Fayoum) que nulle part ailleurs, y compris à travers tous les échantillons asiatiques testés : la mise en avant, chez les anciennes momies étudiées, de ces ADN mitochondriaux "eurasiens" en réalité présents par "mouvement de retour" dans la Corne et la région du Nil depuis des dizaines de milliers d'années, ne prouve donc strictement rien ; et certainement pas une arrivée massive de "colons" eurasiens concomitante et "à l'origine", entre -5000 et -3000, des débuts de la civilisation qui n'aurait "jamais vu le jour sinon"... C'est encore là une arnaque, une escroquerie intellectuelle pseudo-"scientifique", dans ce débat traversé de part en part par la mauvaise foi !
Ces haplogroupes largement présents en Afrique du Nord, Nord-Est, et Arabie ne signifient en rien que telle ou telle ancienne population n'était "pas noire", dès lors que les gènes de la peau claire au sens strict, qui n'existaient au début de l'Holocène que dans le Nord et l'Est de l'Europe, en Sibérie et peut-être en Asie centrale, et sur un "arc" Anatolie-Caucase-Iran où ils avaient probablement été apportés par des éléments nord-eurasiens refluant vers le sud devant le froid du maximum glaciaire, ne se diffuseront vers ces régions que progressivement et bien plus tard ; leurs porteurs anatoliens, par exemple, ne représentant encore que 50% de l'ascendance du Levant au Néolithique, et 15 à 30% seulement chez certains Natoufiens plus anciens (0% chez d'autres). Avant cela, ni les populations du Levant et d'Arabie, ni même celles du Sud de l'Europe issues des "réduits" glaciaires solutréen et épigravettien n'étaient "blanches" ; mais bien "hamitiques", mélange de quelques uns de ces Eurasiens refluant vers le sud comme on l'a vu, et de Noirs africains chassés au contraire vers le nord par l'hyper-aridité du Sahara. Et encore faudrait-il admettre, contre toute rationalité scientifique, que seules de telles populations auraient peuplé l'Égypte au Néolithique, sans que le moindre ("très noir" !) Africain nilotique ne remonte le long du Nil depuis l'actuel Soudan... (même la forfaiture Schuenemann étant forcée de détecter, chez ses momies des derniers siècles avant la conquête romaine et de très au nord du pays, quelques % d'haplogroupes L3 caractéristiques de ces populations : de fait, la somme de ce L3 et de tous les "ne prouvent rien" vus ci-dessus dépasse les 50%, rejoignant les proportions de "natoufien" et de "caucasien" en ADN global... quant à l'échantillon éthiopien actuel, probablement de la capitale dont la moitié des habitants ne sont pas amhariques ni tigréens mais originaires du Sud beaucoup plus "nilotique", il ne prouve pas grand chose non plus - une autre étude, que nous verrons plus loin, a trouvé ce même échantillon à 70% "copte" c'est à dire "égyptien d'il y a 2000 ans", et 30% "nilotique", tandis que les Égyptiens musulmans probablement classes moyennes du Caire et d'Alexandrie n'arrivaient pas à 10% de "copte").
"Une étude sur le chromosome Y a été menée en 2003 par Lucotte sur des Égyptiens modernes, les haplotypes V, XI et IV apparaissant les plus courants. Les haplotypes V, XI et IV sont tous principalement des haplotypes nord-africains ou de la Corne de l'Afrique, et ils sont beaucoup plus dominants chez les Égyptiens que dans les groupes du Moyen-Orient ou d'Europe (donc n'en sont pas originaires...). L'haplotype IV (surtout présent dans le Sud) est même caractéristique des populations subsahariennes."
http://ekladata.com/v1wBlLXeozMxH0stiBrbJeSsJJc/GENETICS-EGYPT-AND-HISTORY-project_muse_187884.pdf
"Keita (2008) a examiné un ensemble de données publiées sur le chromosome Y sur les populations afro-asiatiques et a relevé qu'un sous-clade clé de E-M35, à savoir la lignée E-M78, était partagé entre les anciens Égyptiens et les locuteurs actuels des langues couchitiques. L'origine de E-M35 se situe en Afrique de l'Est, (et) ses sous-clades sont dominants chez les populations de langue afro-asiatique comprenant les groupes couchitiques, les Égyptiens, les Berbères et les locuteurs sémitiques du Proche-Orient, chez lesquels on observe une baisse de fréquence d’Ouest en Est dans la région levantine-syrienne. Ces données génétiques indiquent clairement que les hommes sont d'origine (est-)africaine, par opposition à une ascendance asiatique ou européenne."
E1b1b, comme nous l'avons déjà vu plus haut, est un lignage masculin AFRICAIN, branche de l'haplogroupe E qui archi-domine ce continent : probablement apparu dans la Corne de l'Afrique, ou entre le Nil et celle-ci, il représente tout simplement la dernière migration humaine majeure hors d'Afrique, vers l'Asie de l'Ouest, lors du dernier maximum glaciaire, lorsque l'hyper-aridité du Sahara poussait certaines populations vers les conditions plus vivables des abords de la Méditerranée, et par la suite jusqu'au Mésolithique, lorsqu'au contraire les conditions redevenues humides verront les populations se diffuser dans ces étendues verdoyantes ne marquant aucune frontière entre les deux continents. Il constitue, naturellement, un premier élément majeur dans la "parenté" génétique détectée entre l'Afrique du Nord-Est et les populations du Levant ; bien plus grande en effet qu'avec les populations bantoues d'haplogroupe E1b1a d'Afrique de l'Ouest, ou les populations nilotiques d'haplogroupes ancestraux A ou B. Avec les haplogroupes mitochondriaux maternels vus précédemment (M1, U6, R0 etc.), il est l'héritage et la "marque" génétique d'une humanité préhistorique "à saute mouton" des deux côtés de la Mer Rouge et du Sinaï, en Afrique du Nord et au Proche-Orient ; dans laquelle s'inscrivaient les cultures de la vallée du Nil matrices de la civilisation égyptienne et qui n'avait, alors, absolument rien de "blanche" / "caucasoïde", définition anthropologique réduite à cette époque au Nord de l'Eurasie et (comme son nom l'indique) aux alentours du Caucase, et qui ne se diffusera pas massivement vers le Levant (et l'Europe méditerranéenne), et de là progressivement vers l'Afrique, avant le Néolithique. Tant ce commun héritage préhistorique E1b1b, que les communs apports "caucasoïdes" ultérieurs, font qu'effectivement il n'y a pas "plus proche" génétiquement parlant des Égyptiens, à toutes les époques, que les populations du Levant... mais sans que cela ne signifie aucunement que les Égyptiens d'il y a 5000 ans ressemblaient à des Syriens ou des Libanais actuels (ou aux élites égyptiennes d'aujourd'hui qui globalement ressemblent à cela), comme le laissent délibérément et frauduleusement entendre les auteurs et sponsors de ces "études" ultra-médiatisées. La réalité est bien plutôt qu'ils ressemblaient à un métissage entre les populations originelles de la vallée du Nil, porteuses de l'haplogroupe E1b1b et d'apparence nilotique (sans en être forcément génétiquement "très proches", les Nilotiques proprement dits étant d'haplogroupes A ou B), et cet apport "ouest-eurasien" néolithique ("pur" ou éventuellement, voire le plus souvent, déjà passé par une admixture natoufienne au Levant, ou mechtoïde et africaine noire comme l'enfant momifié de Libye, dans le Sahara) que nous avons vu (étude de 2020) : il va de soi qu'un tel métissage ne pouvait en aucun cas être d'apparence "blanche", ni "proche-orientale", les similitudes étant plutôt à rechercher, comme nous l'avons dit, du côté du Nord de la Corne.
Selon une étude, le marqueur mitochondrial Hpa I, caractéristique des populations bantoues d'Afrique de l'Ouest et australe chez lesquelles il peut atteindre 90 à 100%, est détecté à 13% chez les Arabes "israéliens" : à ce stade, l'on pourrait dire "façon" étude Schuenemann de 2017 qu'il démontre "l'apport subsaharien dans le contexte islamique médiéval et moderne" chez les Égyptiens d'aujourd'hui et les peuples du Levant voisin, "contrairement" aux Égyptiens de l'Antiquité. Le problème, c'est qu'il est également détecté à quelques 27% chez d'anciens Méroïtes ("post-Koushites") du Soudan, datant d'il y a 2000 à 2400 ans ; plus que chez les Somaliens (20%)... Les anciens Égyptiens, même tardifs de l'étude Schuenemann qui n'a pas recherché ce marqueur, regardant uniquement les haplogroupes, en eussent-ils eu moins ; "quelque part" (intuitivement, pour ne pas dire : impossible autrement) entre les anciens Méroïtes, établis plus au sud, et les Arabes "israéliens" actuels juste au nord ; la thèse de "l'apport subsaharien" exclusivement "post-antique", dans les (disons) 1000 dernières années, s'effondre (puisque nos Méroïtes vivaient plusieurs siècles avant ce supposé "apport récent"...). Hpa I, caractéristique de l'Afrique tropicale occidentale, n'est jamais majoritaire à l'Est et au Nord du continent ; néanmoins, il démontre irréfutablement la part d'africanité des populations qui en sont porteuses ; se caractérisant en revanche par son absence absolue, en dehors de 4% en Sicile et 2% chez les Juifs ashkénazes, en Europe et en Asie hors Palestine. Cet élément vient encore confirmer tout ce que nous venons de voir jusqu'à présent.
Nous avons la faiblesse de penser que tout cela mérite d'être qualifié de SANS APPEL...
Sur le plan de la culture matérielle : la caractéristique céramique rouge et noire du IVe millénaire avant notre ère est totalement commune entre Nagada et la Nubie ; où elle persiste par la suite tandis qu'elle disparaît en Égypte à l'entrée dans l'ère dynastique proprement dite ; de même que les tertres-tumulus funéraires, qui en Nubie ne connaîtront pas l'évolution vers les mastabas puis les pyramides (qui n'y feront leur apparition qu'au Ier millénaire avant notre ère, après la période de domination égyptienne de -1500 à -1000).
Les découvertes de Qustul, carrément à la frontière soudanaise (aujourd'hui hélas largement englouties sous le lac du barrage d'Assouan), ont également permis d'établir une totale identité culturelle voire un caractère tout aussi "matriciel" de la Basse Nubie que de Nagada pour la civilisation pharaonique.
Tous les éléments archéologiques et scientifiques à disposition, considérés honnêtement, indiquent très clairement que les populations de la Haute Égypte nagadéenne-tjenite ("thinite"), de la Basse Nubie du Groupe A (entre Assouan et Wadi Halfa) et de Kerma en formation étaient absolument les mêmes, "couchitiques", "hamitiques", issues de l'admixture que nous avons vue et sans doute d'autres plus anciennes encore ; mais l'aridification des conditions climatiques a, en toute logique, favorisé les "poches" fertiles le long du fleuve, plus étendues, de Haute Égypte ; puis, plus encore bien entendu, la conquête par cette dernière des vastes terres agricoles de Basse Égypte, ce qui était évidemment impossible aux groupes nubiens qui demeureront alors "dans l'ombre", à la fois partenaires et rivaux, de leurs voisins du Nord devenus puissance majeure dans le "grand jeu" méditerranéen de l'époque ; avant de connaître (toujours dans le contexte de désertification) de nouveaux importants afflux "noircissants" de populations nilotiques "sud-soudanaises" (voir note (e)).
D'autres éléments encore, quant à cette identité est-("corne"-)africaine des fondateurs de la grandiose civilisation, sont disponibles dans cette vidéo (en anglais) :
Proposition de carte des origines des principaux groupes ethno-linguistiques africains : l'origine des peuples, et des langues "afroasiatiques" est ici bien située en Afrique du Nord-Est, dans la région aujourd'hui de langues couchitiques, d'où elles se seraient diffusées à toute la moitié nord du continent et au Proche-Orient ; en corrélation probable avec l'haplogroupe E1b1b : le "Pays de Pount" (nous y reviendrons plus loin)... La région "Middle Nile" est quant à elle le berceau des peuples et langues nilotiques (dont les fameux Nubiens "si différents" des anciens Égyptiens dans leurs représentations antiques...) ; tandis que l'origine des langues bantoues, en lien avec E1b1a, se trouve vers le fleuve Niger :
"La découverte linguistique cruciale est que les trois clades les plus profonds de la famille afro-asiatique sont localisés en Érythrée et en Éthiopie. Toutes les autres langues de la famille en dehors de cette région appartiennent à des sous-clades d'un seul de ces clades profonds. La répartition cladistique est un critère de base de l'argumentation génétique en faveur des origines génétiques de la lignée bien comprise par les généticiens. Elle s'applique également à l'histoire linguistique." (Frigi, 2010)
À ce titre, on observe de fait en Afrique une diffusion similaire (comme "parallèle") des langues aussi bien afro-asiatiques, que nilo-sahariennes (dont les locuteurs, en dehors des "Nilotes" caractéristiques de type sud-soudanais, partagent globalement ce même type "hamitique" que nous avons vu) ; depuis la Corne jusqu'à l'Ouest, au Mali (touareg AA, songhaï NS) ou au Nigeria (langues tchadiques comme le haoussa, AA, kanouri NS), et depuis aussi bas que le Kenya voire la Tanzanie (burunge, alagwa AA, luo NS), jusqu'à l'Égypte ; qui ne peut pas ne pas frapper lorsque l'on observe la carte ci-dessous (un peu "améliorée" suivant nos propres analyses), relative à l'étude de 2020 citée précédemment :
[* Sachant que l'idée d'un flux "depuis le Levant" à travers l'Afrique du Nord il y a 15 000 ans mérite selon nous largement discussion (voir note b en bas d'article) : la "lointaine parenté" des Marocains préhistoriques avec les Natoufiens pourrait en réalité tout simplement signifier qu'ils proviennent de la même souche E1b1b d'Afrique du Nord-Est, vallée du Nil, justement... Néanmoins, il n'est effectivement pas à exclure (il serait même contre-intuitif de le faire) que le Nord de l'Afrique ait reçu des "backflows" depuis des temps très anciens.]
Cet aspect linguistique rejoignant la génétique, où pour D'Atanasio et al. (2018) notamment, si l'Afrique présente bien ce clivage net en deux aires à dominantes respectives E1b1b et E1b1a, un certain nombre de "lignages partagés" tout autour du Sahara traduisent cette aire de diffusion dont nous parlons ici : A3-M13, plutôt nilotique dans ses hautes prévalences, qui se retrouve également "à des fréquences de 1 à 7% en Afrique du Nord" et même, à des fréquences très faibles, au Proche-Orient et en Méditerranée ; les divers sous-clades de E-M78 (= E1b1b1a, voir note (b)), dont E-V12 en Égypte, E-V32 dans la Corne, E-V65 au Maghreb mais bien d'autres encore en Afrique sahélienne et de l'Est ; et bien sûr R1b-V88 que nous avons déjà extensivement vu, d'origine européenne ; tout ceci résultant le plus probablement d'un grand "brassage" dans le Sahara (et tout la moitié nord du continent) "vert", puis dispersion dans toutes les directions... notamment vers l'Égypte, à son assèchement ; suivie de diffusions postérieures comme celle du pastoralisme (peut-être né, avant tout autre lieu, il y a près de 10 000 ans dans cette grande savane saharienne d'alors) le long de la façade orientale du continent jusqu'au Sud ; et interactions jamais cessées depuis, à l'encontre du ridicule dogme d'une Égypte antique "coupée" du reste de son continent.
On voit donc bien (en tout cas) que cette "admixture" de 6-5 kya (-4000/-3000) avec une "composante ouest-eurasienne", donnant naissance à l'ethnicité "kémito-koushite" qui n'est donc pas "purement" africaine noire si l'on veut se faire plaisir à le souligner ; permet néanmoins justement à cette composante de servir de "marqueur", et de constater que cette admixture de la vallée du Nil a bel et bien interagi et s'est diffusée sur tout le continent vers le Sud (y compris jusqu'à Madagascar !), comme vers l'Ouest dans des échanges "trans-sahéliens" constants (on peut voir ici, notamment, que le royaume de Ghana - ou plus anciennement Wagadou - établi entre Sénégal et Mali au Ier millénaire de notre ère était encore une fois, comme nous l'avons dit et répété, une "croisée" de routes dont certaines le reliaient bien à l'Égypte...) ; et ce, très anciennement (dès 4 kya = -2000) ; seul le courant de 1 kya correspondant à l'expansion islamique.
Donnant ainsi raison à Cheikh Anta Diop ; "en même temps" que "tort", certes (présence d'un apport génétique extra-africain dans l'ethnicité) ; sauf que 1/ cet apport ne semble pas avoir été initialement "écrasant", 2/ il s'est bien fait sur une vaste population locale semblable aux populations du Sud-Soudan ou du Sud de l'Éthiopie, et 3/ rien ne semble indiquer qu'il ait été la condition sine qua non de l'émergence d'une civilisation dans la vallée du Nil, probablement plutôt liée aux mêmes facteurs climatiques qu'en Mésopotamie (désertification alentour et "contraction" de l'habitat humain dans la vallée fluviale fertile) et, comme nous le verrons plus loin en note (e), au formidable débouché obtenu par la conquête du Delta, sur les routes commerciales de la Méditerranée et de l'Orient.
L'admixture joue certes bien entendu un rôle, au sens où l'on peut dire quelque part que l'admixture "fait" l'État ("pour" lequel va être érigée la splendeur civilisationnelle) : l'État naît de la nécessité d'organiser la gestion du territoire et des ressources, devant une "confédération" de populations diverses qui ne permet plus de se contenter de l'organisation politique "innée" de la tribu / "famille élargie". Et ensuite, une fois cette collectivité organisée, il faut bien sûr la défendre contre sa "périphérie", ceux qui en sont exclus, et l'attaquent régulièrement...
Bien sûr, comme souvent dans l'histoire, les ÉLITES étaient beaucoup plus "cosmopolites" que la population, surtout rurale (songer qu'au début du XXe siècle, pratiquement TOUTES les familles régnantes d'Europe étaient apparentées, de la Russie à l'Angleterre en passant par l'Allemagne ; autrement dit il aurait été IMPOSSIBLE de déterminer l'ethnicité de tel ou tel pays à partir de l'ADN de ces seuls individus !).
On a ainsi par exemple trouvé toute une lignée thoutmoside (XVIIIe dynastie) d'haplogroupe masculin R1b (sous-lignage indéterminé : peut-être indo-européen, proto-grec mycénien pour prendre au plus près... il y a des mythes grecs qui pourraient aller en ce sens ; à moins que ce ne soit le fameux V88, issu comme on l'a dit du "repli saharien", encore présent aujourd'hui à hauteur de 5% dans la vallée et plus de 25% chez les Berbères de l'oasis de Siwa(d)).
On peut également évoquer les cas des trois grands "tokens" de l'Égypte "pas noire" sous l'Ancien Empire : les frères Ranefer et Rahotep (qui a en vérité plus un type métis qu'autre chose...) ; et le fils d'un troisième de leurs frères, Hémiounou (dont le visage de la statue, détruit, a au demeurant été considérablement reconstruit selon l'imagination de ses découvreurs allemands au XXe siècle) ; tous issus d'une même épouse secondaire de Snéfrou dont on ne sait strictement rien (qui n'est pas la mère de Khéops, né de la Grande Épouse royale qui elle, était probablement apparentée à son père, en principe une demi-soeur). Les relations diplomatiques et commerciales de Snéfrou avec le Levant, et peut-être jusqu'à la Mésopotamie et l'Anatolie, autorisant largement à envisager un mariage contracté dans ces régions-là, avec une aristocrate qui aurait eu des gènes caucasoïdes "un peu forts". Quoi qu'il en soit, en aucun cas trois individus étroitement apparentés, dans le cadre d'une union royale potentiellement très cosmopolite, ne sont un semblant d'argument valable pour dire à quoi ressemblaient les Egyptiens dans leur ensemble à l'époque !
Ces alliances étrangères, outre l'aspect diplomatique, permettaient de limiter un peu l'endogamie et la consanguinité, qui demeurent une caractéristique bien connue (mariages entre frères ou en tout cas demi-frères et demi-soeurs) des familles royales et de la noblesse égyptiennes ; et qui ont pour effet connu, dans un groupe humain issu d'un métissage de base, que les individus d'une même fratrie peuvent venir au monde très différents les uns des autres en apparence physique, et même, tendre vers les "extrêmes" ("blanc" ou "noir") de l'admixture originelle... Les pharaons et autres nobles pouvaient ainsi se retrouver "plus blancs" ou au contraire "plus noirs" que la population générale "du commun", non consanguine ; et ce, parfois, sans apparente "logique" entre frères et sœurs ou père et fils.
Mais globalement, dans l'ensemble, la grande masse de la population devait être à peu près comme nous l'avons vu jusqu'à présent, et allons maintenant l'illustrer en images ci-après.
Aujourd'hui, aux théories suprématistes ignobles selon lesquelles les splendeurs de la civilisation pharaonique ne pouvaient être dûes qu'à un apport de populations "blanches" venues du Caucase ou autre, ont succédé les (supposément) plus "politiquement correctes" "alien theories" (théories extraterrestres : "anciens astronautes" etc.) ; ce à quoi peuvent finalement sembler une réponse "de bonne guerre" les thèses afrocentristes "peignant" en noir jusqu'aux Gaulois, aux Vikings et une flopée de souverains européens médiévaux.
Ou alors, du côté des grands "rationnels" pourfendeurs de "pseudoscience" (les mêmes qui ont cru "rationnel" de faire injecter à 50 millions de personnes un produit inefficace...), tout doctes et bouffis de leurs "certitudes" niveau CAPES (et encore...), la pure et simple affirmation qu'"ils n'étaient pas noirs" est remplacée par le grand classique "c'est plus complexe", et puis de toute façon "les races, les blancs, les noirs ça ne veut rien dire" (merci Mr Obvious !), "les Égyptiens ne raisonnaient pas en ces termes" (non, c'était pire : ils se considéraient une "race" à eux seuls et n'aimaient pas... tout le reste), "il y avait de tout" ethniquement parlant en Égypte et tout cela n'a de toute façon "aucune importance" ; et il serait "racialiste" de penser que cela en a une...
Mais dans tous les cas, à l'arrivée, persiste dans l'imaginaire collectif la vision d'une Égypte profondément coupée de son "arrière-pays" africain, et relevant "plus" du Proche-Orient ; n'entretenant avec ses voisins du Sud que "conflit", avant de n'en prendre que tardivement le contrôle (vers -1500) pour y "apporter la civilisation"...
Nous avons d'ores et déjà démontré ici, dans les grandes largeurs, que tout ceci est une caricature absolue. L'ancienne Égypte était profondément liée à son continent africain ; dont elle constituait de fait (et tirait sa puissance de cela !) le "débouché" sur le monde méditerranéen et son foisonnant commerce.
L'Égypte, c'était l'Afrique qui débouche sur la Méditerranée ; et non "la Méditerranée" qui "colonise" une partie de l'Afrique, fantasme dont l'Occident a décidément du mal à se défaire, sous autant de kilos de bien-pensance que ce soit.
L'historiographie officielle, toujours épaulée par ses demi-savants zététiciens de service, apparaît bel et bien marquée par deux grandes dissimulations pour ne pas dire falsifications à valeur de dogmes : le refus catégorique, sous les déferlements d'émoticônes rigolards, d'une brillante civilisation en Europe et Méditerranée plusieurs millénaires avant nos "pères" grecs et romains ; et peut-être, sait-on jamais, portée (au début en tout cas) par de toutes autres valeurs ; civilisation qui se "cache" très clairement derrière ce que le champion intellectuel du monde grec Platon a appelé "l'Atlantide"... Et puis, le fait que l'une des plus anciennes (et la plus PRESTIGIEUSE de ces anciennes) civilisations au monde ait été profondément ancrée ethniquement et culturellement dans le continent qui était le sien, L'AFRIQUE ; que des siècles de colonialisme on considérées comme de simples ramassis de larbins et portefaix...
Jeune homme bedja / Le pharaon Ahmôsis (Ahmôsé) Ier (16e s. av. J.-C.)
[Ici la momie de son père Seqenrê Tâa... assez dénuée d'ambiguïté (nez, dentition prognathe, pommettes, cheveux "boucrêpus" typiquement "éthiopides") : Sequenre-taa.JPG]
On notera chez cet homme bishari les cheveux non-crêpus (a), ondulés, courants chez les momies et grand "argument" contre l'africanité des anciens Égyptiens...
Imhotep (architecte des premières pyramides, savant, 2600 avant notre ère) / Jeune homme afar. Le comparatif ici est intéressant car évidemment, sur les représentations artistiques antiques, tous les individus représentés sont beaux ! Alors que sur des photographies contemporaines, certains pourront être plus disgracieux... C'est un paramètre à prendre en compte. Ici, nous avons possiblement ce qui se rapproche le plus des "canons de beauté" égyptiens antiques, pris pour modèles dans les représentations. Et nous voyons bien que la similitude est tout à fait convaincante.
Khereduankh, sa mère....
Ancienne égyptienne / Femme afar actuelle
Couple afar : la femme plutôt "jaune", l'homme plutôt "rouge",
comme dans la plupart des représentations égyptiennes antiquesSoldats égyptiens de la XIe dynastie (XXIe siècle av. J.-C.) - Tombe de Mesehti - Musée égyptien du Caire
Guerriers bedjas
https://theafricanhistory.com/1017 Bedja people are the living descendants of Ancient EgyptPopulations diverses de la Corne de l'Afrique
Hommes de Pount portant des présents ; tombe de Rekhmirê / Plus haut : la reine Ati et le roi Perahu de Pount avec leurs suivants ; temple d'Hatchepsout. Nous avons donc là les représentations d'un peuple étranger, les plus similaires à celles des anciens Égyptiens par eux-mêmes : Pount, c'est-à-dire entre l'Érythrée et la Somalie actuelle... conformément à toutes les données paléo-anthropologiques que nous avons vues. Certaines interprétations des écrits égyptiens au sujet du Pays de Pount, pourraient même laisser entendre qu'ils le tenaient pour la terre d'origine de leurs ancêtres.
Une récente étude sur de l'ADN de... babouins momifiés, aurait désormais définitivement démontré que Pount était bien l'Érythrée, où se trouve le port antique d'Adulis. La question du type humain physique des anciens Égyptiens pourrait donc bien être définitivement close...
D'après Pline l'Ancien (ici, XXXIV, [4]), Adulis aurait même été fondée par des "esclaves fugitifs égyptiens"... Les sources antiques sont de fait nombreuses à évoquer cette idée d'un "exil" de nombreux "Kémites" égyptiens, asservis sous les bottes étrangères du Ier millénaire av. J.-C. (Libyens berbères, Assyriens, Perses, Grecs...) ; ce qui concorderait (même s'il y en a aussi des traces plus anciennes, dès -2000 voire -2500) avec la diffusion dans toute l'Afrique de l'Est de la fameuse "admixture" du IVe millénaire entre "ouest-eurasiens" levantins ou (plus encore) proto-berbères du Sahara futur-ex-vert et populations nilotiques, aux origines de l'ethnicité et de la civilisation de Kemet, que nous avons vue. La Bible elle-même (Livre d'Ézéchiel) évoque cette idée d'une "dispersion" des Égyptiens, à une époque qui correspond plus ou moins à celle des invasions assyrienne, babylonienne, perse etc. : "Je ferai du pays d’Égypte une désolation au milieu de pays dévastés (...) et je disperserai les Égyptiens parmi les nations, les disséminerai parmi les pays"...
Les peuples du Proche-Orient étaient quant à eux dépeints nettement différents, tout autant que les peuples nilotiques qu'étaient alors les "Nubiens" :
Afin de lever toute ambiguïté, ici deux représentations d'époque des peuples du Proche et Moyen-Orient par eux-mêmes :
Sargon d'Akkad (vers -2300) / Hammurabi (vers -1800)... définitivement rien à voir !Ici, définitivement sans équivoque, le hiéroglyphe ḥr désignant le visage humain... :
Et le fameux symbole "ankh" :
Le "ankh" reste de fait largement utilisé par les chrétiens d'Égypte-Soudan-Éthiopie. En réalité, même, au départ les chrétiens n'utilisaient pas tellement le crucifix comme symbole : ils utilisaient un poisson, ou alors un P posé sur un X, qui sont les deux premières lettres de Christ en grec (XP = ChR). L'usage du crucifix est parti de la chrétienté du Nil. Pourquoi ? Tout simplement parce que, à l'époque où ce n'était pas un cadavre décharné, mais un Christ "en gloire" représenté sur la croix, eh bien la croix avec sa tête (entourée d'une auréole) cela ressemblait à un ankh... La croix symbole non de mort, mais de résurrection, rejoignait le symbole de vie éternelle du ankh :
La plupart des représentations sculptées de pharaons de l'ANCIEN Empire sont tout de même... troublantes :
Narmer, le fondateur (vers -3150) Djéser, IIIe dynastie, vers -2650
[Plus de représentations ici de ces toutes premières dynasties (-3100 à -2500, en gros)... Édifiant.]
Houni (vers -2600) Khéops (Khoufou), jeune (tête sculptée en ivoire découverte en 2003) et plus âgé
Khafre/Kephren, son successeur - Sahourê, Ve dynastie, vers -2500/-2450 - Néferefrê, Ve dynastie également
Téti, VIe dynastie, vers -2300 - Pépi Ier, VIe dynastie, vers -2300/-2250 - Pépi II, vers -2250/-2200
Pour ne pas dire que celui qui voit là autre chose que des Africains, devrait sérieusement envisager une greffe de cornée...
De même qu'ici, en illustration même d'un ouvrage... sur les pyramides :
On aime à nous montrer, sur cette période de l'Ancien Empire, des statues de scribes et autres hauts personnages aux traits plutôt "méditerranéens" / "arabes", tels Hémiounou que nous avons déjà vu, ou le fameux "scribe accroupi". Mais on "évite" soigneusement de nous montrer cela, par exemple :
Tjeteti, fonctionnaire de Pépi II Pépi-Ankh, fonctionnaire de la VIe dynastie
Preuves irréfutables, si l'Empire des pyramides au sommet de sa gloire, maître du Delta et en contact intense avec le Proche-Orient, commençait à se "méditerranéiser" ethniquement ; d'une "présence" noire africaine conséquente et même sans doute majoritaire, conformément à l'identité originelle et profonde du pays...
De même au Moyen Empire, si l'on prend par exemple Nebhepetre Mountouhotep II (entre -2050 et -2000 environ) :
Sans appel. Ou encore la lignée des Sésostris (Senusret, -1960 à -1840 environ) :
Sésostris (Senusret) Ier Sésostris II
Sésostris III Sésostris IV
On peut franchement dire sur ces représentations que l'africanité de ces lignées issues de Thèbes (Waset), dans le Sud, est assez indiscutable. Le Moyen Empire est véritablement la période où il y a pour ainsi dire le moins "photo"...
Une étude de deux momies de cette même époque (XIIe dynastie, vers -1900), les demi-frères Khnum-Nakht et Nakht-Ankh, a également "confirmé les origines africaines" des deux individus... (ici, reconstructions faciales de leurs visages) :
Ils avaient toutefois la même mère, d'ADN mitochondrial, donc, M1a1 "caractéristique des populations afro-asiatiques de la vallée du Nil et de la Corne de l'Afrique" ; mais des pères différents (peut-être un nouveau mariage après le décès du premier époux...) : Nakht-Ankh, dont l'ADN paternel a pu être identifié comme d'haplogroupe H (plutôt "ouest-eurasien"), avait par conséquent des traits africains moins prononcés et (d'après l'examen de tissus résiduels) un teint de peau "olive" (mat), assez conformément à sa représentation sur son sarcophage ; tandis que Khnum-Nakht les avait particulièrement marqués, et la peau sombre, laissant entendre un géniteur clairement africain noir.
Il en va exactement de même pour cette reconstitution à partir de la momie de Shemaï, un important dignitaire d'à peu près la même époque :
https://www.facebook.com/share/v/vqqQSiFZv7Jn8URq/ (vidéo où la stupeur et la désorientation se lisent sur les visages sidérés...)
De la même façon, "origine koushite probable" pour la momie de Ta-Kr-Hb, prêtresse de Waset-"Thèbes" inhumée dans la première moitié du Ier millénaire avant notre ère... Chaque fois que les traits d'un individu ne laissent place à aucune ambiguïté, c'est le même argument.
Et puis, les représentations... il semble aussi qu'il faille aussi parfois, selon les publications, s'en méfier :
Fresque originale sur paroi : teint chocolat, cheveux "curly" finement tressés... vs reconstitution de la même destinée aux livres, publications online etc.
En revanche, après de brefs débuts avec le thébain Ahmôsis (que nous avons vu plus haut), fils de Seqenenrê Taâ dont la momie, en assez mauvais état, laisse néanmoins assez peu de doutes quant à son apparence physique ; celles des premiers Thoutmosides du Nouvel Empire sont assez cohérentes avec l'haplogroupe R1b (européen) détecté chez eux (... peut-être issus d'une "garde prétorienne" de mercenaires achéens, tel que nous l'avons envisagé comme racine possible de l'"alliance gréco-égyptienne affrontant les Atlantes" = en réalité Hyksôs liés à la Crète, chez Platon).
Thoutmôsis Ier (British Museum), qui "prend le pouvoir (vers -1500) à la mort d’Amenhotep Ier (fils d'Ahmôsis), avec qui il ne semble pas avoir de liens familiaux directs" (pourrait-il être "Épaphos", "fils de Zeus" et d'Io, "adopté" par le roi d'Égypte "Télégonos" qui épousa celle-ci, et qui lui succèdera en épousant lui-même sa fille "Memphis"... ?) :
Thoutmôsis III (Musée de Louxor) :
La reine Hatchepsout et Amenhotep II :
Momies et représentations diverses de la XVIIIe dynastie :
L'aspect nettement plus "européen" des visages est tout de même marquant (et souvent utilisé, du coup, comme argument "massue" par les anti-africanité de l'Égypte antique). Faut-il y voir, peut-être, ces souverains d'origine gréco-pélasge qui d'après la légende grecque d'Io auraient régné sur le pays, tout en participant aux fondements de la civilisation mycénienne : "Épaphos", "Bélos", "Danaos" ou encore "Égyptos" (qui lui donnera son nom grec et contemporain) ?
Cela dit, Amenhotep III (fils de Thoutmôsis IV et Mutemwiya ci-dessus, et père d'Amenhotep IV = Akhenaton)... par contre :
Akhenaton (le fameux promoteur de l'atonisme, peut-être première religion monothéiste de l'histoire, dont les Hébreux de l'Exode auraient d'ailleurs pu être des tenants exilés) ; et sa fille Mérytaton (qui lui a peut-être succédé quelques années) :
Franchement loin d'être "hyper-europoïdes" non plus... Et sur cette représentation de face, son autre et célèbre fils Toutânkhamon, celui qui a été testé R1b :
Si ce marqueur génétique lui venait bien des premiers Thoutmosides chez lesquels "ça se voit" (et en principe, la filiation masculine dans cette lignée est assez claire et incontestée), on voit donc bien également qu'au fil des générations le métissage a largement fait son œuvre (avec par exemple sa grand-mère Tiyi) :
[Non, comme le montre sa momie, elle n'a pas les cheveux crépus... et ? Les femmes en Afrique de l'Est, comme vous avez pu le voir jusqu'ici, sont loin d'avoir toutes des cheveux crépus portés en "afro" ou coupés à ras. D'autre part, il semblerait que le défrisage des cheveux existait déjà (offrant plus de "marge de manœuvre" pour la coiffure), et une fois que l'on est mort, bien évidemment, le cheveu tout aussi mort que le reste ne va pas "retrouver" sa texture naturelle (pas plus qu'il ne "pousse", contrairement à la légende). Voire, il est fort possible que le natron alcalin utilisé pour la momification ait eu une action défrisante, en plus de participer à la dépigmentation vers le blond ou roux qui est également un autre grand "argument" fallacieux... Un tel défrisage alcalin est en principe irréversible, même sur une personne vivante qui l'aurait subi quelques minutes (le "bain" de natron de la momie durait en moyenne 40 jours). Dans tous les cas, la texture crépue ou "curly" d'un cheveu repose sur des liaisons chimiques "fortes" de ses composants, qui peuvent se "relâcher" avec le temps - des millénaires - s'il n'est plus en vie : difficile à dire, les momies égyptiennes étant les seules dépouilles aussi anciennes, d'un peuple africain, qui aient encore leurs cheveux ! Il peut même nous sembler observer le phénomène... inverse, chez des individus asiatiques au cheveu vivant très raide : mort, chez une momie comme ici de 2000 ans, il "dé-raidit"...]
Et puis, au sujet de ces momies de Toutânkhamon et sa lignée (momies d'Amarna), ce que l'on nous dit beaucoup moins souvent et moins "fort" c'est que :
Dans cette étude, les affinités de "profil STR" autosomal (l'ADN "global", pas seulement l'haplogroupe Y) sont absolument ÉCRASANTES avec l'Afrique subsaharienne par rapport à l'Europe ou au Proche-Orient ; sans appel pour Toutânkhamon lui-même (plus de 1000 vs quelques points...) mais déjà colossales pour son père Akhenaton et son grand-père Amenhotep III... contredisant totalement la fameuse "étude de 2017" (les 100 premiers résultats Google, à peu près, si vous faites une recherche sur la question...), qui "démontre" soi-disant que "les anciens Egyptiens" (en réalité, une poignée d'individus de très au nord du pays et surtout, datant de la toute fin du Nouvel Empire jusqu'à l'époque romaine !) auraient eu "moins de génétique africaine que ceux d'aujourd'hui" ; sachant que la "référence" pour cette "génétique africaine subsaharienne" est un échantillon de Yorubas du Nigéria, à l'extrémité ouest du continent ; un peuple bantou dont les hommes sont essentiellement E1b1a, alors que les Africains de la Corne et de l'Est sont E1b1b ; et duquel ne provenaient même pas - pour l'essentiel - les fameux esclaves amenés en Égypte par la traite islamique ; ce qui rend déjà un "miracle" que les Égyptiens actuels en "aient" "15 à 21%" dans leurs gènes (les résultats sont déjà faussés par l'inclusion d'un nombre pas même indiqué d'individus d'El Hayez, oasis connue pour son importante admixture subsaharienne), sans même parler des "6 à 14%" des anciens ; écartant d'entrée de jeu toute prise au sérieux de cette "étude", que les plus grands spécialistes en anthropologie ancienne du Nord-Est de l'Afrique ont démolie en règle...
Le premier biais, et première malhonnêteté intellectuelle de cette "étude"-forfaiture étant déjà que "le Levant", qui sert de point de référence, n'est pas du tout une "souche"/"source" au plan génétique, mais au contraire un "carrefour", un lieu de passage et de brassage depuis les temps préhistoriques les plus reculés, entre des éléments venant d'Afrique et d'autres de la Méditerranée, de l'Anatolie et du Caucase etc. ; et tout ce que l'on va démontrer en l'y "comparant", c'est que la Moyenne Égypte de -1388 à +300 ou 400, soit de près de 2000 à presque 3500 ans après la conquête du "débouché" sur la Méditerranée, distante de quelques centaines de kilomètres, présentait un "brassage" à peu près similaire : bravo Mr Obvious ! Mais sans rien nous dire de la matrice de cette civilisation plus de 2000 ans auparavant, ce qui nous intéresse ; ni rien que les études morphologiques de crânes et squelettes il y a 30 ans ou plus ne nous disaient déjà ("les échantillons de Basse Époque du Nord du pays rejoignent ceux des populations méditerranéennes, nord-africaines et proche-orientales", etc.).
De fait, prendrait-on pour une référence sérieuse ces momies ultra-tardives, ce que nous montre l'analyse de leurs "composantes" génétiques est que leur taux "moyen" (ligne rouge) d'ADN natoufien, c'est à dire l'aile septentrionale du "hamitique" préhistorique (voir note b), est supérieur à celui de la plupart des Saoudiens, ainsi que très clairement de tous les autres échantillons proche-orientaux (Palestine-Jordanie-Syrie-Liban) ; et supérieur, également, à celui des Levantins du Néolithique comme de l'Âge du Bronze (c'est à dire des Cananéens... classés "descendance de Cham" par les Hébreux) ; la "part" d'ascendance eurasiatique et "blanchissante" stricto sensu, c'est à dire "Anatolia_N" (bleu foncé) et/ou "Iran_N" (bleu clair), étant systématiquement plus importante chez l'ensemble de ces populations. Le seul échantillon testé, dénué comme elles d'ascendance "yoruba" (en rouge) et en dehors bien sûr des Natoufiens eux-mêmes, à en présenter plus, est celui des Bédouins dits "B", c'est à dire réputés peu mélangés avec les populations environnantes et très "ancestraux" au Proche-Orient. Or, cette composante natoufienne est elle-même constituée d'une génétique africaine "cachée" qui pourrait s'élever entre 20 et 50% : outre leurs 6,8% "omotiques" (peuple plus ou moins nilotique du Sud de l'Éthiopie, dont même 7% seulement de "sang" ne peuvent en aucun cas faire de quelque peuple que ce soit des "blancs"...), encore potentiellement jusqu'à 11 ou 12% "contenus" dans leurs 21% "nord-africains" (autre notion qui comme "Levant" ne veut en réalité rien dire) ; et combien encore dans leurs 61% d'"Arabian" (de la Péninsule arabique), qui ne sont pas du "ouest-asiatique" (entre Syrie, Iran, Anatolie, Caucase...), comptabilisé à part avec 11%... ? Il serait pratiquement possible de dire que cette composante, ou "élément de référence" génétique, dit "natoufien" est en quelque sorte une société-écran génétique dissimulant peut-être 25% au bas mot, si ce n'est 30% d'ascendance africaine noire (plutôt de type nilotique à priori) : 60% "natoufien" = 15 à 20% africain noir, 80% = 20 à 27%, etc. etc. ; avec l'"impact" induit sur l'apparence physique, dont il suffit de regarder aujourd'hui les populations estimées les plus proches de ces "Natoufiens" (encore que "seulement" à 70-75%, le reste relié aux pasteurs J Iran-Caucase, en général) pour se convaincre.
Nous avons donc déjà là une donnée un peu plus intéressante qu'un élément de comparaison "yoruba" bien évidemment susceptible de ne détecter qu'une ascendance subsaharienne "forte" donc récente, des derniers siècles ou 1000 ans, dans le cadre des relations islamiques avec l'Afrique sahélienne ou swahilie ; et non une "part" d'africanité remontant à plusieurs millénaires.
On constate même que, chez les échantillons modernes, le subsaharien n'a pas tendance à "s'additionner" au natoufien, faisant monter la somme des deux à 70% ou plus ; mais plutôt à en "remplacer" une partie, maintenant la somme des deux au niveau (voire souvent au-dessous !) du "taux" de natoufien des individus anciens ; comme si, donc, l'un et l'autre étaient tous deux des marqueurs d'un lien avec l'Afrique, mais le natoufien représentait une admixture ancienne, tandis que les affinités subsahariennes "yoruba" détecteront plutôt des apports récents (moins de 1000 ou peut-être 2000 ans, en tout cas un individu ancien n'en présentera par définition pas)...
http://ekladata.com/pX9ep_HvI-2wzSAkUVRPgQAZ3TM.png
Il serait donc tout à fait envisageable que la "composante kémétique" que nous verrons plus loin chez les Coptes, se retrouvait (ou quelque chose de très similaire) à 80 ou 90% chez les Natoufiens, ceux-ci "tirant" simplement un peu plus vers l'Eurasie (tandis que les Égyptiens, en toute logique, "tiraient" un peu plus vers les Africains nilotiques voisins représentant un apport constant depuis le Sud). Car attention ! En génétique comparative, une population de référence ne signifie pas que vous "êtes" ou "descendez de" celle-ci, mais simplement, qu'une certaine part de votre génome ressemble au sien. Il est donc fort possible que, dans cette "étude" par-dessus-la-jambe, "Natoufiens" = pratiquement, "quelque chose de très similaire aux", anciens Égyptiens de l'époque des pyramides ; qui l'auraient "pleinement" été* tandis que leurs descendants de -1300 à 400 de notre ère (1000 à 2500 ans plus tard...) l'étaient à 55-60% et le reste d'apport additionnel ouest-asiatique, "fermier néolithique anatolien" et "pasteur irano-caucasien", ultérieur... Mais par contre, un Libanais ou un Syrien "comme" lequel les thuriféraires de cette "étude" voudraient que les anciens Égyptiens aient "toujours été", c'est à peine 30% de ce "natoufien" et le reste d'ouest-asiatique ; avec simplement quelques % de "subsaharien" en plus ; et même chez les Égyptiens actuels, l'ensemble du subsaharien (récent, du dernier millénaire) et du "natoufien" atteint péniblement les 50%.
[* C'est de fait ce qu'une étude "serpent de mer" en cours depuis plusieurs années, et soi-disant destinée à paraître en 2025 ; présentant certes elle aussi de gros problèmes de représentativité (100 individus seulement, choisis comment ? etc.), et très certainement vouée à permettre le même déferlement médiatique d'affirmations abusives que Schuenemann ; tendrait à corroborer selon les premières "fuites" de ses résultats : individus de l'Ancien Empire "matchant" à plus de 80% avec les Natoufiens (ou les populations actuelles qui en sont les plus proches : tribus du Sud-Yémen etc.), ainsi qu'un rattachement plus marginal aux "mechtoïdes" marocains (voir note b), et de très faibles apports anatoliens et irano-caucasiens ; puis, un accroissement notable de cette part ouest-asiatique au Moyen Empire, avec sa massification au Proche-Orient et diffusion de là vers le Delta (prémisses des fameux "Hyksôs", un individu du Moyen Empire montrant même de surprenantes proximités non seulement avec le Levant, mais avec l'Europe du Sud méditerranéenne - distances de l'ordre de deux fois inférieures à la "normale" - qui pourraient y laisser voir un héritier d'une première invasion et domination "atlante", libyenne et campaniforme - dont il porterait 15% de gènes - depuis l'Ouest, peut-être liée aux IXe et Xe dynasties d'Héracléopolis lors de la première période intermédiaire, vers -2200/-2100...) ; mais aussi, chez certains individus de cette époque, émergence d'un "matching" nilotique (Dinka) parfois plus que notable (jusqu'à près de 6%, ce qui ajouté au déjà "contenu" dans le natoufien peut déjà considérablement "noircir" un individu)... La même étude montrerait également une nette décroissance de cette part "natoufienne", et accroissement de la part ouest-asiatique (d'à peine plus de 25 à près de 50%) entre Ancien Empire, Coptes (restés assez proches de la population préislamique d'il y a 1500-2000 ans) et Égyptiens arabes musulmans ; et un "matching" plus grand avec le Levant, plus faible avec les individus de l'Ancien Empire, chez ces derniers que chez les Coptes.]
EFFECTIVEMENT, les "anciens" Égyptiens du premier millénaire avant notre ère n'avaient pas d'ascendance rattachable au Nigeria ou autre Afrique de l'Ouest ; mais ils avaient également moins d'ascendance "caucasoïde" proprement dite que les Égyptiens actuels (et beaucoup moins que les autres peuples du Levant, actuels comme anciens) ; et nettement plus de cette admixture "kémétique" ou "hamitique", qui "ressemble" à la génétique des Natoufiens préhistoriques et qui régnait de fait, au Mésolithique, sur toute l'Afrique du Nord et du Nord-Est, le Levant et la Péninsule arabique ; aire géographique ("Grand Koush"... ?) qui conservera de fait une étroite imbrication économique et culturelle à l'époque historique, entre Égypte, Soudan, pays de la Corne, Levant, Arabie et Yémen etc.
De fait, cette ascendance ou en tout cas "part génétique similaire" aux Natoufiens recoupe largement (et sans surprise...) l'aire des langues afro-asiatiques liées à l'haplogroupe E1b1b ; mais avec quand même un net "dégradé" en allant vers le nord (très clairement, plus un peuple en a, plus il est "foncé"...) : un tiers en moyenne en Afrique du Nord, et de l'ordre de 25% au Levant et en Mésopotamie ; pour atteindre son maximum, avoisinant ou dépassant les 50%, dans le Sahara, le sud de la Péninsule arabique et la Corne de l'Afrique – où là ce n'est au demeurant pas "natoufien" + "caucasoïde", mais "natoufien" + nilotique (les 50% restants... mais quant aux anciens Égyptiens, de par leur position géographique, on peut aisément concevoir qu'ils en comportaient entre 5 à 10% - comme les Natoufiens eux-mêmes - au nord, et peut-être 25 à 30% au sud). Elle n'est, en revanche, que de quelques % dans le reste de l'Eurasie occidentale.
Cette seule perspective que les anciens Égyptiens des premières dynasties aient pu "tout simplement" être "purement" de cette composante marron qui domine chez les Natoufiens (ou pas totalement, mais avec moins encore d'ascendance anatolienne qu'eux), résoudrait déjà largement le pénible débat puisque si certaines tentatives (sujet déjà en lui-même hautement controversé) de reconstitution de visages natoufiens "tirent" vers le sous-continent indien, d'autres penchent clairement vers l'Afrique de l'Est (ici : "les analyses craniométriques ont montré une affinité entre les Natoufiens et les populations d'Afrique du Nord et subsaharienne, ce qui est cohérent avec leur haplogroupe E d'origine africaine")...
Nous verrons en détail plus avant comment cette étude de 2015 incluant des Coptes, c'est à dire de stricts équivalents des Égyptiens de la fin de l'Empire romain ; donnant à un niveau "peu poussé" de test des résultats similaires à Schuenemann 2017, mais révélant en "poussant" un peu plus une "composante cachée" partagée par ces Coptes avec les peuples du Soudan et d'Éthiopie et très peu avec les Égyptiens arabes modernes ; et qui ne peut être selon nous que la fameuse admixture "kémétique", nilotique-ouest-eurasienne, du Néolithique que nous avons vue précédemment ; pulvérise les conclusions de cette vaste blague sponsorisée par Zahi Hawass et autres tenants du nouveau roman national égyptien "nos ancêtres les pharaons".
[Au final, une "carte" des distances génétiques (données issues de l'étude "serpent de mer" vue plus haut) vis à vis d'un Égyptien de l'époque des pyramides (2500 avant notre ère) tendrait à montrer que l'Égypte... "est où elle est" et "a toujours été", en effet, c'est à dire à la jonction de l'Afrique et de l'"Eurasie génétique" ; mais sans que cela ne présume aucunement, n'y eût-il que 20% de différence avec la population actuelle dans la composition génétique, que ces 20% ne "contiennent pas" justement les gènes d'une peau plus claire et de visages plus "caucasoïdes" en moyenne (c'est, de fait, plus que probablement le cas puisque cette différence porte pour l'essentiel sur plus d'ascendance anatolienne et caucasienne). Les populations actuelles les plus proches de cet ancien Égyptien ne sont pas, malgré la proximité géographique, celles du Levant, ni même les Égyptiens actuels, ni les Coptes ; mais celles, beaucoup plus "sombres", du Sud-Yémen. Ses distances génétiques avec un certain nombre d'Égyptiens actuels sont, de fait, de l'ordre de 0,08 à 0,12, soit celles entre un Écossais ou un Scandinave et un Sicilien, plus qu'entre un Breton et un Russe, aux deux extrémités de l'Europe, plus éloignées géographiquement que ne l'est l'Égypte de la Grèce, de la Syrie ou même du Qatar (toutes les vraies terres d'origine de nos champions hawassiens "nos ancêtres les pharaons"...). La distance génétique avec un Bedja, tel que vu en début d'article, est la même qu'avec un Européen "moyen" (compte tenu des distances génétiques toujours beaucoup plus grandes en Afrique, du fait d'une différenciation beaucoup plus ancienne, qu'en "Eurasie génétique", sans pour autant une grande variation d'apparence physique, d'un point de vue extérieur en tout cas) ; ce qui pourrait tout au plus laisser imaginer physiquement le résultat d'un métissage des deux... qui resterait largement d'apparence africaine (un peu comme les Sud-Yéménites...). Il est de fait parfaitement logique qu'un Bedja ou un Nubien avec deux ou trois fois plus (voir l'étude de 2015) d'admixture nilotique (distante de plus de 0,6) que cet ancien Égyptien, ou la même, mais récente (moins de 2000 ans) et non sous-jacente, obtienne une distance de l'ordre de 0,25 ou 0,28 ; exactement comme un Copte ayant deux ou trois fois plus d'anatolien et de caucasien, de grec etc. (distants de 0,2 environ) se retrouve à une distance de 0,08.
Dans tous les cas, une telle carte (déjà plus honnête qu'un simple tableau égrenant des chiffres) ne nous dira jamais où passe la "frontière" entre types humains considérés africains dans la conception commune, et "caucasiens" ; "frontière" qui va bien souvent traverser une même population, avec des variations importantes entre individus (quelques gènes y suffisant dans un génome à 95% commun) ; et au demeurant, se déplace avec le temps (réduits au Nord de l'Eurasie et aux régions du Caucase à l'époque préhistorique, les physiques proprement "blancs" n'ont dominé l'Europe comme aujourd'hui qu'à partir du Néolithique, et sont seulement par la suite descendus plus au sud vers l'Afrique du Nord, l'Arabie, l'Inde).]
(Et hop ! Nous croyons pouvoir dire ici, après l'avoir déjà rapidement évoquée plus haut, que "le compte" de cette "étude" est "bon"...)
Si les résultats, donc, de l'étude STR ci-dessus ne présentent peut-être pas toujours une cohérence absolue (Tiyi si "basse", y compris par rapport à son père Yuya ?), la méthodologie comportant certainement sa marge d'erreur (l'étude date de 2012), ils ont néanmoins de quoi faire réfléchir, et tendent en tout cas à confirmer une fin de lignée thoutmoside largement métissée africaine par le côté féminin, ce dont de toute façon la simple vue des représentations suffit à se convaincre :
Pour ce qui est de la célèbre Néfertiti, réputée sublime épouse d'Akhenaton, et sujette on s'en doute à une multitude de tentatives de reconstitution toutes plus "Gal Gadot" les une que les autres, voici ce qu'une intelligence artificielle a proposé tout dernièrement :
Oups ! Ils ont raison, il faudrait arrêter l'IA, en fait... (sinon on pourrait aussi proposer Jada Pinkett, assez ressemblante à nos yeux, mais cela ne ferait que déclencher encore plus de polémique).
Après eux par contre, le "putschiste" militaire Horemheb, faisant la "transition" entre XVIIIe et XIXe dynastie... est peut-être l'un de ceux pour qui il y a le moins "photo" :
Ou en tout cas, "semblable à un Égyptien d'aujourd'hui", comme ne cesse de le clamer l'idéologie anti-afrocentrique actuelle dans le pays.
C'est lui qui pour lui succéder installe sur le trône son "bras droit" et homme de confiance : Ramsès Ier, militaire également ; "issu d'une famille noble du Delta, près d'Avaris, l'ancienne capitale Hyksôs" (et même potentiellement "d'origine syro-palestinienne" selon certaines sources)... Et deux générations plus tard, voici le célébrissime Ramsès II (Musée égyptien de Turin) :
C'est aussi "le fameux" dont la momie (il faut savoir que les momies royales que l'on possède sont toutes du Nouvel Empire, période dont les méthodes avancées de momification le permettent) a révélé qu'il avait les cheveux roux (teints au henné à sa mort, à plus de 90 ans, où ils étaient évidemment blancs, mais aussi, affirme-t-on, naturellement dans sa jeunesse – il est cependant également possible que, parfois, les cheveux des momies prennent cette couleur après la mort, comme par exemple ici sur ces momies du Pérou, dont il est bien évidemment impossible qu'ils l'aient été de leur vivant)...
https://sciencenotes.org/your-haircolor-changes-after-you-die/
https://www.scienceabc.com/humans/hair-color-after-death-blonde-brunette-eumelanin-pheomelanin.html
Ceci étant, la momie de son père Séti Ier présente une peau très noire, que certains tiendront pour un résultat de la momification, d'autres pour sa véritable teinte ; et des traits eux aussi objets d'interminables débats et de tentatives de reconstitution très divergentes ; pour ainsi dire, selon l'angle de la photo. Et il existe de Ramsès Ier, son grand-père, des représentations également sujettes à controverse.
Concernant la fameuse question "du", ou plutôt des "pharaons de l'Exode" : il est en effet question, dans le texte biblique, non pas d'un mais d'au moins deux souverains ; et sans doute plus en réalité, si l'on s'efforce de rattacher rationnellement le récit à des événements historiques réels.
"Le" pharaon qui jette "les Hébreux" dans l'esclavage (au moins une, voire deux générations avant la naissance de Moïse) pourrait selon nous correspondre au "triumvirat" formé par le "putschiste militaire" Horemheb, qui "liquide" réellement et définitivement l'expérience monothéiste atonienne après la mort prématurée de Toutankhamon, tout en tâchant également de limiter le pouvoir du clergé d'Amon de Thèbes, c'est à dire du Sud ; son "adjoint", qui lui succèdera, Ramsès Ier, d'une famille aristocratique du Delta ; et le fils de celui-ci, Séti Ier, d'ores et déjà associé au pouvoir et successeur désigné de son père âgé. "Les Hébreux" désigneraient ici un groupe de partisans irréductibles de l'atonisme, ou en tout cas d'opposants politiques à la dérive tyrannique de la monarchie millénaire, condamnés aux "travaux forcés" sur les grands chantiers et qui dans leur servitude entreront forcément en contact avec la main d'œuvre exploitée venue du Levant, alors "protectorat" de l'Égypte.
Le pharaon sous lequel ces esclaves participent, entre autres, à l'édification de Pi-Ramsès (commencée, de fait, sous Séti) ; et qui, craignant leur possible révolte, ordonne la mise à mort des nouveaux-nés, dont réchappe Moïse qui grandira ensuite à sa cour (réalité, ou récit mythifié quant à un jeune noble d'origine plus ou moins levantine ?) jusqu'à son meurtre d'un contremaître et sa fuite vers le désert du Sinaï ; pourrait tout simplement être Ramsès II, au long règne de près de 70 ans (-1279 à -1213 selon les dates les plus communément acceptées).
Enfin, le pharaon qui explicitement dans le texte lui "succède" après sa mort "âgé", alors que Moïse lui-même est supposé avoir 80 ans et vivre auprès des Madianites dans le désert depuis 40 ans ; serait bien entendu son successeur Mérenptah, sous lequel apparaît sur une stèle la toute première mention d'Israël (comme peuplade, et non comme cité, d'après le hiéroglyphe déterminatif), sur qui il revendique évidemment la victoire (les Égyptiens ne relataient jamais par écrit leurs défaites, mais pouvaient éventuellement "enjoliver" en victoires des revers relatifs à leurs yeux).
Dans les faits, c'est effectivement sous le règne de celui-ci, par ailleurs soumis aux premiers assauts des Peuples de la Mer, et autres troubles et difficultés diverses (symbolisées par les "plaies" ?), que débute le processus qui conduira à brève échéance à la perte de l'hégémonie égyptienne (établie depuis -1500 environ) sur le Levant/Canaan ; d'où la campagne militaire rapportée sur la fameuse stèle : c'est de fait, en réalité et comme certitude historique que l'on peut avoir, le Levant en tant que tel qui est "sorti d'Égypte" à cette époque ; et peut-être aussi, par voie de conséquence, une bonne partie de la main d'œuvre servile qu'il lui fournissait ; les eaux de la "Mer des Roseaux" (région marécageuse-lagunaire à l'emplacement actuel du canal de Suez) qui se "referment" sur les troupes pharaoniques, pouvant alors symboliser la "fermeture" de cette frontière et la fin de cette domination...
Suite à cela, les semi-nomades "hébreux" (du vieux terme à la fois égyptien et levantin "hapirou", désignant ces bandes errantes et plus ou moins pillardes du désert) "régleront leur compte" aux cités cananéennes, auxquelles était peut-être reprochée leur longue "collaboration" avec le pouvoir égyptien, et en tout cas leur appropriation des terres ; affaiblies, forcément, par la rupture de leur lien avec la vallée du Nil, en ces temps troublés qualifiés d'"effondrement de l'Âge du Bronze"...
https://laviedesidees.fr/Jacob-Rogozinski-Moise-l-insurge
Le "yahvisme décalogique" de "Moïse", qui deviendra la religion pilier d'Israël, était sans doute le fruit d'une interpénétration de plusieurs siècles entre spiritualité et philosophie de Kemet ("Maât"), et les religions tribales du désert "madianite"-"shasou", "bédouin", entre Sinaï et Nord de l'Arabie ; peut-être, notamment, autour d'un puissant et impressionnant volcan de cette région dont la "Montagne de Dieu", "Horeb" ou "Sinaï" du récit a toutes les caractéristiques (et qui ne serait bien sûr pas le Mont Sainte-Catherine actuellement désigné comme tel).
Cette "coexistence" entre ces deux composantes sera de fait à l'origine d'une "tension" permanente dans l'idéologie spirituelle hébraïque ; entre la rude religion tribale de pasteurs nomades, et les valeurs de Maât portées par les prophètes et qui triompheront finalement dans le messianisme chrétien (imprégné également, quant à lui, d'une certaine philosophie grecque et peut-être de zoroastrisme).
Une autre conséquence de cette "sortie du Levant d'Égypte" autour de -1200, étant qu'elle affaiblira "mécaniquement" le Delta voisin, bastion de la lignée ramesside (XIXe dynastie) ; et permettra sans doute le "retour en force" du Sud "noir" avec la XXe (vers -1190) puis XXIe dynastie que nous allons maintenant voir.
En revanche, donc, après cette lignée directe ramesside (XIXe dynastie) de Ramsès Ier jusqu'à Séthi II ; Ramsès III (dont le père Sethnakht, "alors général des armées du pays", a lui aussi "pris le pouvoir - vers -1190 - en évinçant les derniers prétendants au trône de la famille de Ramsès II dont les dernières années avaient été particulièrement troublées", devenant ainsi le premier souverain de la XXe dynastie)... a été testé génétiquement (ainsi que son fils Pentaour) E1b1a, haplogroupe carrément subsaharien et il faut le dire cohérent avec sa représentation ici :
Un Afro-Américain d'Atlanta s'est révélé récemment partager une grande partie de son ADN avec lui.
Momie de Ramsès IX, un de ses petits-fils, tout aussi "flagrante" :
Momie de Nedjemet, fille de Ramsès X (donc petite-fille de Ramsès IX) ; fin de la XXe dynastie (vers -1100/-1065 avant notre ère), période caractérisée donc par un grand "retour noir" à la tête du pays :
Hénouittaoui, fille de Ramsès XI et nièce de la précédente, vers -1050 (les cheveux sont des faux mais, bien évidemment, conçus sur le modèle des vrais !!) :
Au demeurant, "tous les Égyptiens" étaient censés porter des "perruques", explication commode à leurs coiffures tout de même assez nettement africaines (encore faudrait-il expliquer quel peuple, et pour quelle fumeuse raison, porterait des "perruques" dans le style capillaire... d'un autre) ; mais, en pratique... on n'en a pratiquement jamais retrouvé aucune. Et lorsque c'est le cas, de quelques unes... elles présentent bel et bien un aspect en "dreadlocks" sans ambiguïté !
Statuette féminine en terre cuite, XIXe dynastie :
Encore des dizaines et des dizaines d'autres représentations, aux traits physiques sans équivoque, ici :
https://facebook.com/groups/471012627414308/user/100012802153006
https://www.facebook.com/nidia.senegal/
[À la vue de tout cela, on se dit vraiment que certes les afrocentristes exagèrent parfois, mais les tenants de la "continuité" avec l'Égypte arabe actuelle, eux, sont franchement grotesques (en plus d'avoir souvent des "arguments" littéralement odieux, que même leurs amis suprématistes occidentaux n'osent plus). Les visages que l'on peut voir, n'ont strictement rien à voir avec des physiques proche-orientaux !]
C'est à cette époque (XIe siècle) que le Nouvel Empire se désagrège et prend fin à son tour : des dynasties libyennes (issues du mercenariat berbère) prennent le pouvoir dans le Nord, tandis que l'identité proprement africaine "kémite" se replie autour du pouvoir du haut clergé d'Amon dans le Sud ; et la Nubie koushite voisine prend son essor comme royaume indépendant, jusqu'à parvenir brièvement (moins d'un siècle, XXVe dynastie) à réunifier le pays entre le VIIIe et le VIIe siècle. Bien évidemment, cette domination de type berbère maghrébin sur la moitié du pays (puis les Assyriens, les Perses etc.) jouera aussi son rôle sur l'apparence physique des Égyptiens de la toute dernière période pré-chrétienne, grecque puis romaine (celle de la fameuse "étude de 2017"), et de ceux d'aujourd'hui...
À noter que les pyramides, qui depuis les grands mastabas des tous premiers temps puis celles de la IIIe dynastie (vers -2600) seront érigées jusqu'à Ahmôsis Ier vers -1530 (sauf qu'après les grandes de Gizeh, elles seront généralement construites en briques, si bien qu'aujourd'hui il n'en reste plus que des monticules informes), disparaissent après lui ; on n'en construit plus, pour faire place aux caveaux creusés dans la roche (hypogées... comme un peu partout en Méditerranée) type Vallée des Rois (à partir de... Thoutmôsis Ier) : une telle "rupture" culturelle dans le rapport aux défunts, à la mort et à la vie dans l'au-delà, ne peut rien avoir d'anodin...
Ce n'est que bien plus tard, avec la XXVe dynastie (-750 à -650 environ), que des "pharaons noirs" nubiens/koushites venus de l'actuel Soudan s'établissent et règnent à nouveau sur l'Égypte (voir le plus ample développement à ce sujet en note (e)) ; et dans leur royaume originel de Napata, ces souverains se font en plein Ier millénaire toujours ériger des pyramides (très bien conservées aujourd'hui)...
L'un des principaux de ces souverains, Taharqa que voici : http:// ekladata.com/DGO pcuJPzdv _hWaNkCytpWMTfeE.jpg (ou ici en sphinx), est littéralement... un sosie de Sésostris II vu plus haut. Que l'on se refuse pourtant catégoriquement, comme tous les autres souverains de l'Ancien et du Moyen Empire aux traits similaires, à qualifier de "pharaon noir" : CQFD...
https://www.facebook.com/groups/471012627414308/permalink/1077232886792276/
https://www.facebook.com/share/p/VVgaf6SAfSAXUtz3/
Pour ce qui est, enfin, de l'argument "regardez : les Égyptiens représentaient leurs voisins nubiens, subsahariens, et les représentaient bien comme étrangers, ennemis, souvent captifs, et physiquement différents d'eux"... :
Ce shitposting répétitif comme un disque rayé, de débiles mentaux qui ne comprennent rien à rien avec leur "culture" Google, est vraiment le degré zéro de l'argumentation...
À cette époque, les pharaons du Nouvel Empire avaient unifié toute la vallée du Nil ; de fait, ils régnaient sur toute l'"aire kémétique" (pour l'appeler ainsi) depuis la 5e ou 6e cataracte, au centre de l'actuel Soudan, jusqu'à Canaan (Palestine) ; en relations cordiales avec Pount (Érythrée, Nord de l'Éthiopie). Et alors, que faisaient-ils ? Eh bien, ils défendaient ce territoire contre les "barbares" ; notamment, au Sud, les tribus nilotiques que l'on voit ici.
Nous pourrions pareillement vous montrer quantité d'images de Romains pourfendant des "barbares" plus blancs que blanc aux frontières septentrionales de leur vaste empire... Et donc, que faudrait-il en déduire ? Que les Romains n'étaient pas blancs, pas européens ?
D'autre part, il y a une multitude de représentations de la même époque où les mêmes pharaons écrabouillent des Libyens berbères pâles, et des Sémites à barbiche et au teint jaunâtre... Mais cela, nos "chers" trolls ne vous le montreront jamais, bien sûr !
Encore une fois : tous les Africains ne se ressemblent pas uniformément, et n'en sont pourtant pas moins africains. Les populations que les Égyptiens représentaient ainsi étaient ni plus ni moins que l'équivalent des actuels peuples du Sud-Soudan (l'homme actuel sur l'image est un Mundari), qui à l'époque "remontaient" beaucoup plus au nord (Doukki Gel voisine de Kerma - note (e)). Ce sont les populations aux peaux les plus noires qui existent au monde. Génétiquement, elles ne sont ni E1b1b ni E1b1a, ni même aucun E, mais très majoritairement A ou B : Dinka 62% et 23% respectivement, par exemple ; Nuba 46,4% and 14,3% ; Nuer 33,3% et 50%... La distance génétique (toujours importante en Afrique, même entre populations voisines, dans tous les cas) est dans l'ensemble considérable, même si légèrement moindre qu'avec les peuples bantous ("frères" en haplogroupe E mais plus éloignés géographiquement et admixés avec des "Pygmées") ; avec une différenciation par définition très ancienne, avant la sortie d'Afrique des populations "CT", D ou E et pratiquement dénuées de A ou de B, qui en sont sorties depuis l'Égypte et la Corne il y a 70 000 ans.
Il s'agit tout simplement du plus ancien type de populations humaines qui existe, dans la région des Grands Lacs, Haut Nil, où l'homo sapiens est probablement apparu ; et leurs langues, non pas couchitiques mais nilo-sahariennes (dont fait d'ailleurs partie le nobiin = nubien... petite population résiduelle - 1,7 million - entre Soudan et région d'Assouan en Égypte, de ce qu'étaient justement les Nubiens de ces représentations(e)), probablement les plus anciennes langues existantes également. Il est donc parfaitement logique que les Égyptiens, E1b1b typiques d'Afrique du Nord-Est, de langue et de "type" humain couchitique, les aient perçus et représentés comme différents d'eux et hostiles !
Il est même tout à fait envisageable, de fait, que les Égyptiens n'avaient pas réellement de "problème" avec ces "Noirs", dont les représentations comme ennemis ou captifs sont rarement antérieures au Nouvel Empire, à l'origine ; mais que la désertification de l'actuel Soudan, plus tardive que dans le reste du Sahara, avec notamment l'assèchement du "Nil Jaune", dans le courant du IIe millénaire, ait conduit à accroître la "pression" de ces peuples sur la frontière méridionale, et donc l'hostilité à leur égard.
Cette hostilité et mépris envers les peuples nilotiques "barbares" a encore par la suite, notamment, marqué l'histoire de l'Éthiopie et des peuples couchitiques de la Corne jusqu'à nos jours. Elle est au cœur des conflits que traverse le Soudan depuis son indépendance. Décrétons alors joyeusement qu'un quart de l'Afrique ne "l'est pas" !
Quoi qu'il en soit, le fait concréto-concret et indiscutable est que L'ÉGYPTE EST EN AFRIQUE. Et en Afrique avec un Nil qui relie en un couloir verdoyant, sans dure traversée du désert, la Méditerranée aux Grands Lacs ! La Méditerranée... donc sans aucun doute, oui, des influences et des apports de populations de ce côté-là. MAIS AUSSI l'Afrique nilotique, de la Corne aux Grands Lacs : il est matériellement impossible qu'il n'y ait pas eu DES NOIRS en Égypte ; et quand nous disons "des", cela ne veut pas dire quatre qui se courent après. Cela veut dire quelque chose comme le Brésil actuel, ou la République dominicaine, les Caraïbes... Ou tout simplement, la très métissée population afro-américaine (mais qui là-bas, avec "une goutte de sang", est considérée noire...) ; qui pour cette raison, sans doute, s'identifie particulièrement à la cause de l'ancienne Égypte africaine.
Un peuple, jusque dans ses élites, métissé et au métissage visible ; peut-être plus ou moins selon les individus, mais visible. À tout le moins...
Ne pas voir des Africains, ou des métis à l'africanité visible, dans toute une flopée de souverains de l'Ancien, du Moyen et même encore du Nouvel Empire, on l'a dit, c'est avoir sérieusement besoin de lunettes, si ce n'est carrément d'une greffe de cornée. Ou alors... de s'acheter une bonne foi ! (et non, ce ne sont pas là des "codes symboliques", sans quoi ces représentations se ressembleraient toutes, ce qui n'est pas le cas, surtout sur les sculptures : le réalisme des artistes vis-à-vis des hauts personnages qu'ils avaient en face d'eux, jeunes ou âgés, beaux ou laids, est absolument incontestable...)
Si la population égyptienne n'était peut-être pas intégralement noire comme celle d'un pays subsaharien, AUCUN pays donnant sur la Méditerranée ne comptait en tout cas AUTANT de personnes que nous qualifierions aujourd'hui de noires africaines ; de très loin, et pas uniquement comme esclaves ou populations subalternes, mais jusque dans les élites ; y compris encore à l'époque des Grecs qui ne pouvaient pas ne pas le noter... et l'ont effectivement noté (Hérodote, Diodore etc.).
Un métissage, comme on l'a dit, y compris potentiellement très ancien ; remontant peut-être aux mouvements "back to Africa" du Paléolithique, il y a 25 000 ans ou plus, pour donner (déjà, de base) ce type humain caractéristique de l'Afrique du Nord-Est ; mais à la composante africaine FLAGRANTE, jusque sur les visages de la plupart des souverains.
Même à la toute fin de l'Égypte indépendante, pour aborder brièvement la polémique qui secoue en ce moment les médias et les réseaux sociaux au sujet du documentaire de Netflix sur Cléopâtre, incarnée par une actrice métisse "plus noire que blanche" : on ne sait strictement rien du teint de peau de la célébrissime souveraine amante de César ; parce que ses rares représentations (pièces de monnaie etc.) ne nous en disent rien ; et parce que si son père était bien de la lignée gréco-macédonienne des Lagides, on ne sait en revanche rien de sa mère, qui n'était sans doute pas, selon Strabon, l'épouse royale officielle mais probablement une concubine. Sa sœur (ou demi-sœur), Arsinoé, a fait l'objet d'une analyse crânio-squelettique qui a conclu à des racines africaines : ça vaut, on l'a déjà dit, ce que ça vaut ; mais n'exclut donc pas que Cléopâtre ait pu également présenter un certain métissage, nullement incompatible avec le nez proéminent qui caractérise ses représentations. C'est la théorie de beaucoup, et elle n'a pas moins de valeur que celles qui s'y opposent... et n'ont pas plus l'ombre d'un élément scientifique incontestable à leur appui.
En tout cas, au Ier siècle de notre ère, dans le vaste empire cosmopolite romain, s'était développée une "mode" du culte de la déesse Isis. Et les Romains représentaient bien les prêtres, amenés d'Égypte pour ce culte... noirs (fresque retrouvée à Herculanum) :
La seule autre chose absolument certaine et indiscutable, c'est que ces réalités ou même simplement possibilités ont profondément emmerdé le monde scientifique à l'époque d'une Europe au faîte de sa puissance coloniale, sur l'argument idéologique essentiel que les peuples non-blancs et en particulier africains n'avaient jamais pu engendrer aucune civilisation digne de ce nom ; et si aujourd'hui l'on se pique de "politiquement correct", les éructations zététiciennes à la "pseudo-scieeence" (reprises en cœur par tous les autorisés par nul autre qu'eux-mêmes, ou à la rigueur par leur titre de prof de lycée, que l'ère internétique fait pulluler) n'ont fait en réalité que remplacer le basique "vos gueules les bamboulas" d'antan ; tandis que les foules haineuses arabes égyptiennes s'en mêlent, dans le sillage de la vieille hyène moubarakiste et champion du fake Zahi Hawass (dont on a hélas cru à tort que 2011 nous avait débarrassés), pour tenter de faire valoir une ancestralité directe et sans rupture entre l'ancienne Égypte et eux (en clair, que ç'aurait déjà été des "Arabes"... et il y a effectivement des "études" au référencement Google grassement monnayé pour le "démontrer"...) ; les surenchères fantasmagoriques de certains afrocentristes (véritables "théories des anciens astronautes" mais avec des "übermensch" noirs à la place...) n'aident pas toujours non plus, etc. etc.
Nous avons donc la faiblesse d'espérer, par ce travail qui ne pourra être taxé de "pseudo-science complotiste" ni de "racisme à l'envers"... d'Africains que nous ne sommes pas, avoir tranché une bonne fois pour toutes ce vieux et épuisant débat.
"Les Coptes sont les vrais descendants des anciens Égyptiens, et prouvent bien qu'ils n'étaient pas noirs" (random contradicteur internétique sur le sujet)... Euh, ben... pas vraiment en fait :
"Les Coptes sont considérés comme la population ancestrale de l'Égypte, et à k=4 (test déjà "bien poussé") ils font apparaître leur propre composante en vert foncé, distincte des Égyptiens actuels plus proches (en bleu) de la population arabe du Qatar" ; et cette composante n'apparaît dès lors largement partagée qu'avec les populations du Soudan et d'Éthiopie, qui en possèdent cependant quant à elles une autre, en vert clair, liée aux populations nilotes du Darfour et du Sud-Soudan...
https://www.nature.com/articles/srep09996
Auparavant, à k=2, ces mêmes Coptes apparaissent dominés de manière écrasante (90-95%) par l'ascendance bleue foncée "ouest-eurasienne", ce qui correspond bien aux "résultats" de la pseudo et fallacieuse "étude" de 2017 sur des momies de la période la plus tardive qui soit, dont les Coptes actuels sont largement les équivalents ; et de fait, même les populations du Soudan et d'Éthiopie le "sont", à plus de 60%... On peut même observer que les Égyptiens non-coptes sont porteurs de nettement plus d'ascendance bleue claire "subsaharienne" que les Coptes héritiers directs des Égyptiens du début de notre ère ; conformément, là aussi, aux affirmations de la forfaiture de 2017.
Mais déjà à k=3, fait son apparition une composante nilotique en vert clair qui va s'élever à 10-15% chez les Coptes, 40-50% chez les Soudanais et les Éthiopiens... et pratiquement néant chez les Arabes égyptiens. Cette nouvelle composante fait disparaître la quasi-totalité du bleu clair "subsaharien", et une partie du bleu foncé "ouest-eurasien" ; mais ici, sans doute pas parce qu'elle est une admixture des deux... mais parce qu'elle est ancestrale aux deux. Comme nous l'avons déjà dit, les peuples nilotiques sont très probablement les ancêtres de l'humanité entière ; des Africains bantous, mais aussi du "Basal Eurasian" que contiennent nécessairement les génomes proche-orientaux. On sait, par exemple, que les génomes natoufiens (Levant préhistorique) présentent à l'analyse comparative 7% d'affinités comparables ("omotiques", très voisin). Par conséquent, une petite proportion d'"ouest-eurasien" bleu foncé "devient" également vert clair à ce stade de l'analyse. On observe le même phénomène avec la part notable (de l'ordre de 20% à k=2) d'ascendance "ouest-eurasienne" chez les Masaï du Kenya (MKK). En revanche, l'échantillon du Qatar ne voit pas le moindre % de son bleu foncé archi-dominant se "transformer" en vert clair ; et l'échantillon égyptien, on l'a dit, pratiquement rien non plus... (mais on peut néanmoins constater que la "timide" apparition, chez lui, de cette composante, comme des suivantes, "fait disparaître" une partie non-négligeable de son ascendance subsaharienne... qui ne se réduit donc pas à "de l'apport récent, des 1000 dernières années", comme le conclut à l'emporte-pièce l'étude Schuenemann).
Puis, donc, comme nous l'avons vu, à k=4 la totalité de cette composante nilotique et la plus grande partie du bleu foncé "ouest-eurasien" s'effacent chez les Coptes au profit de leur fameuse "composante propre" vert émeraude ; qui représente donc, nécessairement, un très ancien mélange des deux (les populations du Soudan et d'Éthiopie conservant quant à elles, à hauteur de 25-30%, une "part" de nilotique vert clair, mais qui résulte ici des interactions récentes qu'elles ont constamment maintenues avec ces peuples - la part "ancienne" de cette ascendance disparaît en revanche "dans" le vert foncé, de même que la plus grande partie de leur bleu "ouest-eurasien"...).
Enfin, lorsqu'à k=5 les Peuls montrent à leur tour leur propre composante, en rose, celle-ci fait totalement disparaître chez eux le vert "copte", montrant par là qu'elle est d'une nature assez similaire ("méditerranéen" + africain) ; et elle apparaît également en petite proportion chez toutes les populations testées d'Afrique du Nord-Est : c'est ici très probablement la composante liée au R1b-V88, dont les Peuls sont fortement porteurs à plus de 50%, mais les Coptes et les Soudanais aussi, autour de 15% ; composante "saharienne" - voir note (c) - que l'on trouverait probablement chez les Touaregs, les Toubous ou encore les Berbères de Siwa - voir note (d) - s'ils étaient dans l'étude ; et qui représente ici la "constante" dans cet échantillon peul, aux côtés d'une "importante admixture" aussi bien nilotique, bien entendu (ce sont des Peuls du Soudan-Tchad), que "yoruba" bantoue (qui serait sans doute plus importante chez des Peuls d'Afrique de l'Ouest).
Ah ben mince alors ! Quand on "pousse", donc, un peu l'analyse génétique ; et que l'on "éventre", en quelque sorte, ce grand sac "MENA" ("Moyen Orient - Afrique du Nord") dans lequel la généticomique à la petite semaine se complait à "fourrer" toutes les populations qu'elle peut ; on s'aperçoit que nos "vrais Égyptiens" coptes (vrais Égyptiens d'il y a 1500 ou 2000 ans, un peu passés à la "moulinette" syro-hellénistique et romaine quand même, "mélange de toutes les nations qui ont successivement dominé sur l’Égypte"... disait Champollion, le "père" de l'égyptologie !) ont une composition génétique qui leur est propre et qu'ils ne partagent en proportion significative... qu'avec des populations plus au sud ; et en aucun cas avec les classes moyennes arabes du Caire ou d'Alexandrie, de l'armée de trolls haineux "not your ancestor"...
"Ces Coptes vivant au Soudan, où ils ont migré récemment (depuis l'Égypte) au cours des deux derniers siècles (...) ne présentent pas l'influence (génétique) du Qatar et d'autres populations arabes que l'on trouve chez les Égyptiens" arabes non-coptes actuels... mais par contre, les populations du Soudan, d'Éthiopie et même en petite proportion du Kenya "présentent" bel et bien à travers cette composante une parenté génétique avec eux !
Cette composante "copte" qui, lorsque l'on compare avec les résultats à k=3 (qui ne la font pas encore apparaître), consiste donc de toute évidence en un "mix" très ancien entre génétique "ouest-eurasienne", méditerranéenne/proche-orientale (bien sûr renforcée, à l'époque de la christianisation de l'Égypte, par des millénaires de flux constants) ; dont une composante issue (donc) du "repli saharien" qui apparaît à k=5 ; et nilotique (dont elle fait totalement disparaître le vert clair à k=4) ; n'est sans doute ni plus ni moins que celle résultant de "l'événement" génétique "fondateur" de l'époque prédynastique ("6-5 kya") que nous avons vu en début d'article : la composition génétique, tout simplement, des bâtisseurs de pyramides il y a plus de 4000 ans ; qui comptaient sans doute à côté d'elle, à l'époque, moins de bleu ouest-eurasien et plus de vert clair nilotique (quelque chose, peut-être, un peu comme le profil des Bedjas dont nous parlions en tout début d'article... ou peut-être un peu plus de bleu, et un peu moins de vert clair que ceux-ci).
C'est ce que finit d'ailleurs par reconnaître, certes du bout des lèvres, l'étude : "ceci pourrait suggérer que cette composante génétique des Coptes puisse être celle de la population égyptienne ancestrale, sans la forte (et historiquement récente) influence arabe qui prévaut actuellement" (en Égypte)...
Une très ancienne (néolithique voire antérieure) admixture "afro-eurasienne" qui donnait sans l'ombre d'un doute, comme nous l'avons dit et répété, des individus semblables à ceux de la Corne de l'Afrique aujourd'hui, issus quant à eux d'une autre admixture similaire mais plus récente (moins de 3000 ans).
Les Coptes actuels comportant pour leur part une proportion plus que significative de cette composante bleue "proche-orientale", qui les différencie et les rend globalement plus "blancs" que les Soudanais et Éthiopiens chez qui elle apparaît beaucoup plus minime, et même absente chez certains individus, tandis que la composante nilotique est en revanche beaucoup plus présente (en "gros", et en clair, un Copte c'est 50 à 90% de "kémétique" et 10 à 50%, évidemment selon un gradient Nord-Sud - peut-être même plus de 50% chez certains au Nord - de "méditerranéen"-"proche-oriental", tandis qu'un Soudanais ou un Éthiopien, Bedja, Nubien ou Afar c'est 70% de "kémétique" + 30% de nilotique).
Ceci dit, cette communauté avant tout unie par une même foi religieuse montre dans les faits une diversité d'apparences physiques là aussi pratiquement "brésilienne" ; à l'image probable de cette Égypte d'il y a deux millénaires, dont elle est issue :
Les femmes en tunique blanche sur la photo ci-dessus, typiques des "Coptes d'en bas" issus de la ruralité du Sud et distincts de la beaucoup plus "gréco-syrienne" bourgeoisie copte du Nord (dont on peut voir le mépris dans le regard des représentantes sur la même photo...), ne dénoteraient clairement pas dans des rues d'Éthiopie ou d'Érythrée ; une composition génétique à plus de 80 voire 90% "kémétique" et 10 à grand maximum 20% "méditerranéenne" étant plus qu'envisageable dans leur cas...
[Le réalisateur copte Namir Abdel Messeeh] [Sœur Sarah, successeure de Sœur Emmanuelle auprès des enfants du Caire]
[Et ne nous mentons pas : énormément d'Égyptiens, absolument pas coptes, sont ainsi également... Mais les Coptes, communauté minoritaire donc assez endogame, sont restés relativement "immuables" depuis 1500 ans, ce qui évitera que l'on vienne nous sortir qu'ils ont "reçu de l'apport subsaharien depuis", "par la traite esclavagiste" blablabla ! Notre article sur les Juifs et la Palestine montre lui-même bien, d'ailleurs, cette grande distance en réalité entre populations que l'on a tendance à regrouper abusivement dans ce "grand sac", à la dimension presque "sacrée" ("cosmogonie gréco-biblique" de l'Occident...), du "Levant" ; et le très grand éloignement, notamment, des Égyptiens coptes autant que musulmans de quelque échantillon que ce soit de Palestine voisine ou du Liban ; qui "explose" même celui, pourtant considérable, entre un Ashkénaze d'Allemagne ou de Pologne, un Grec de Trabzon (Nord de la Turquie) ou encore (et de loin !) un Grec chypriote, et un Samaritain = "Hébreu" autochtone du dit Levant...]
À ce stade, on peut dire que c'est TOTALEMENT PLIÉ !
Cette étude de 2015, incompréhensiblement et pour tout dire scandaleusement ignorée au profit de "la fameuse" de 2017 (ici totalement "débunkée" et pulvérisée), a tout simplement identifié chez les Coptes la "composante génétique kémite" issue de l'"événement" d'admixture du IVe millénaire ; trait d'union entre toutes les populations d'Afrique du Nord-Est, aux côtés de plus ou moins de composante méditerranéenne ou nilotique ; et même, en petite proportion, avec l'Afrique de l'Est (Kenya), conformément au mouvement de diffusion montré par l'étude de 2020 vue plus haut.
"Ayant visité le Sphinx et voyant cette tête caractérisée de nègre dans tous ses traits, il n’y avait aucun doute : les anciens Égyptiens étaient de vrais nègres de l’espèce de tous les naturels de l’Afrique. (…) Penser que cette race d’hommes noirs, aujourd’hui notre esclave et l’objet de nos mépris, est celle-là même à qui nous devons nos arts, nos sciences et jusqu’à l’usage de la parole." - Constantin-François Chassebœuf de La Giraudais, comte Volney ; "Voyage en Égypte et en Syrie", 1799
"Les premières tribus qui peuplèrent l'Égypte, c'est-à-dire la vallée du Nil, entre la cataracte d'Assouan et la mer, venaient de l'Abyssinie ou du Sennaar. Mais il est impossible de fixer l'époque de cette première migration, excessivement antique. Les anciens Égyptiens appartenaient à une race d'hommes tout à fait semblables aux Kennous ou Barabras, habitants actuels de la Nubie. On ne retrouve dans les Coptes d'Égypte aucun des traits caractéristiques de l'ancienne population égyptienne. Les Coptes sont le résultat du mélange confus de toutes les nations qui, successivement, ont dominé sur l'Égypte. On a tort de vouloir retrouver chez eux les traits principaux de la vieille race." Jean-François Champollion, le... premier égyptologue (1829)
Mais pour Larrey (expédition d'Égypte, 1799), cependant : "désireux d'avoir des données plus certaines sur le vrai caractère physique des Cophtes, j'ai profité de la démolition de quelques-uns de leurs cimetières, que des travaux publics avaient nécessitée, pour me procurer une suffisante quantité de crânes que j'ai comparés avec ceux d'autres races, desquels j'avais fait une collection, surtout avec ceux de quelques nègres éthiopiens que je m'étais encore procurés, et je me suis convaincu que ces deux espèces de crânes présentaient absolument les mêmes formes. La visite, que je fis dans les Pyramides et les puits de Saccarrah, me mit à portée de dépouiller un assez grand nombre de momies. Leurs crânes m'ont présenté les mêmes caractères que les premiers, tels que la saillie des pommettes et des arcades alvéolaires, la grande ouverture des fosses nasales, ce qui indique la forme courte et évasée du nez, et la proéminence des angles de la mâchoire... Ces motifs, les relations qui ont toujours existé entre les Abyssins et les Cophtes, la concordance de leurs usages, de leurs mœurs et même de leur culte me paraissent être plus que des probabilités que les Égyptiens descendent réellement des Abyssins et des Éthiopiens."
https://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1903_num_4_1_6514 : article de 1903, bien racialiste comme il se "devait" à l'époque ; qui en arrive à la conclusion "anthropométrique" que les Égyptiens étaient bien... des Africains de l'Est.
Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.-C.) : "Les Éthiopiens disent que les Égyptiens sont une de leurs colonies, qui fut menée en Égypte par Osiris." (...) LIRE LE TEXTE COMPLET >>>
(a) Autres Bisharin :
Tous ne sont pas aussi clairs que l'homme de la vieille photo plus haut ; certains ont même la peau très noire. Néanmoins les cheveux non-crêpus (argument souvent avancé pour la non-africanité des anciens Égyptiens, si l'on admet, comme on l'a dit... que ce ne soit pas tout simplement la plongée de 40 jours dans le natron alcalin lors de la momification) semblent caractéristiques.
Ils sont aujourd'hui majoritairement arabophones, mais leur langue originelle, la même que les Bedjas, est couchitique (c'est à dire probablement la famille la plus proche de l'ancien égyptien).
(b) Visages reconstitués d'"Ibéromaurusiens" ou "Mechtoïdes", population préhistorique du Maroc :
Bon ben aucune différence avec des Marocains actuels en fait... Ou peut-être, plus noirs encore que cela ? En effet, d'après cet article scientifique sur la génétique de l'Afrique du Nord, "une analyse récente de l'ADN autosomal d'échantillons marocains du Paléolithique final, du site de Taforalt, indique qu'au moins un tiers de leur ascendance provenait de populations d'Afrique subsaharienne"...
Car en fait, il faut même (pour bien comprendre) être "fucking" plus précis que ça : il y a deux branches de E1b1b, E1b1b1a et E1b1b1b, que l'on retrouve aujourd'hui globalement dans les mêmes endroits d'Afrique et d'Asie occidentale, mais qui ont des histoires notablement différentes.
Le E1b1b1a (aka E-M78) des Mechtoïdes de Taforalt, "ancêtre" de E-V65 que l'on trouve encore largement par là-bas, est COUSIN du E-V12 du Nord-Est de l'Afrique (ancienne Égypte, Somalie, Corne de l'Afrique) ainsi que du E-V22 du Levant, "natoufien". On trouve également des branches "filles" de tout cela au sud du Sahara. De fait, "apparu en Afrique de l'Est il y a environ 18 600 ans, (il) aurait migré hors d'Afrique via l'Égypte à la fin de la période glaciaire il y a environ 11 000 ans pour coloniser le Levant, l'Anatolie et la Grèce" (mais avant cela, donc, également au Maghreb, puisque Taforalt c'est il y a au moins 12 000 ans).
Ce que nous avons donc là, c'est une PREMIÈRE diffusion depuis l'Afrique du Nord-Est dès 15 000 ans avant notre époque, soit dès le début de la première (pré-Dryas) période humide du Sahara ; voire même avant cela, puisque les débuts de la culture "ibéromaurusienne" sont habituellement datés de 25 000 ans (ces populations auraient alors plutôt été chassées vers les régions méditerranéennes plus vivables, par l'aridité extrême du Sahara lors du dernier maximum glaciaire).
Lorsque l'on nous dit que les individus de Taforalt étaient "liés aux Natoufien du Levant", cela veut dire qu'ils étaient COMME EUX issus de la même souche nord-est-africaine ; non qu'ils "venaient" de là-bas, et encore moins qu'ils ressemblaient à des Levantins actuels ! En réalité, ils ressemblaient probablement à ces mêmes populations du Nil ou de la Corne de l'Afrique que "rencontrera" le fameux "backflow ouest-eurasien" d'il y a 5 à 6000 ans dans cette région ; telles qu'elles sont également très clairement représentées sur les plus anciennes peintures du Sud algérien (ci-dessous) : ils avaient "64%" de ces gènes là, et "36% seulement" d'ascendance subsaharienne si l'on prend comme référence pour cela une population Niger-Congo E1b1a de l'Ouest de l'Afrique ; soit qu'il y ait eu des mélanges... soit que ce soit tout simplement le lointain ancêtre E commun entre E1b1a et E1b1b qui "ressorte" (dans l'hypothèse du maximum glaciaire, cela voudrait dire que ce "refuge" maghrébin, "coupé" à un moment donné du Proche-Orient par le désert au niveau de la Libye, aurait reçu moins d'admixture eurasienne fuyant les glaces du Nord et serait resté "plus africain" que les Natoufiens du Levant : pour Lazaridis (2018) et Fregel (2021), rejoignant un peu ce que nous venons de dire, nous aurions potentiellement affaire à une population "détachée" du foyer originel nilotique "peut-être même avant le rameau Basal Eurasian" du Proche-Orient ; "coincée" là alors que l'Atlas maghrébin était une "île" entre la Méditerranée et un Sahara hyperaride inhabitable ; et qui aurait "contribué à hauteur de 13%" à l'ascendance des Africains de l'Ouest actuels, plutôt que d'être une admixture "avec une source subsaharienne inconnue"...).
Sur le schéma ci-dessous (source), qui est toujours ce qu'il y a de plus "parlant" dans ce genre d'études, on peut aisément observer que le "cluster" mechtoïde Taforalt (-12 000 au moins) / Ifri n'Amr (IAM, -5000), entouré en noir, se situe à la jonction entre populations eurasiennes et subsahariennes actuelles et finalement pas très éloigné d'un Tanzanien de -1100, un Kényan d'il y a 4 siècles ou encore de "Mota", le fameux Éthiopien réputé "intouché par quelque apport eurasiatique" de -2500 (tous entourés en rouge) ; pas beaucoup plus, en réalité, que des fameux Natoufiens et (un peu plus loin) Levantins néolithiques "lointainement reliés" (entourés en bleu) :
C'est encore plus clair avec Taforalt spécifiquement :
[Vert : Levant - Rose : Afrique de l’Ouest - Marron : Tanzanie]
[On peut d'ailleurs constater sur ces cartes (la première ayant été coupée par nous pour rentrer dans l'article), l'immensité de la diversité et des distances génétiques en Afrique subsaharienne (l'Afrique du Nord étant carrément classée avec les "Eurasiens"), à des années-lumière des préjugés occidentaux qui en font un "bloc" où les peuples se "ressemblent tous". À côté, l'ensemble des populations non-africaines et même nord-africaines, du Maroc à la Sibérie et même aux Amérindiens si on voulait les inclure, forment un petit "amas" 4 ou 5 fois moins étendu ; l'Africain subsaharien (généralement, de la Corne) le plus proche de cet "amas", étant ainsi 4 ou 5 fois plus proche du non-Africain le plus éloigné de lui que du plus lointain Africain (austral, en principe).
Un autre point encore plus troublant est que l'échantillon "Shaigi" (triangle beige pointant vers le haut), c'est à dire des tribus Shaïgiya du Nord du Soudan, mélanges de Bédouins arabes et de Nubiens, est positionné en plein cœur du cluster "eurasien"/nord-africain ; en tout cas plus "loin" de l'Afrique subsaharienne que les Tunisiens ou les Algériens... alors qu'ils ressemblent à cela. Ceci illustre encore une fois, s'il le fallait, l'inanité de vouloir déterminer génétiquement si les anciens Égyptiens "étaient noirs" ou non ; et tout simplement à quoi ressemble ou ressemblait jadis n'importe quel peuple du Nord-Est de l'Afrique ; en les comparant d'un côté à des populations du Proche-Orient voisin, à 200 km du Delta, et de l'autre à des Nigérians... à quelques 5000 km de leurs frontières ; ou fût-ce même à des populations deux ou trois fois plus proches géographiquement.
Aussi fabuleux que soit le nouvel outil génétique en d'autres circonstances, il n'y a sans doute rien de mieux pour imaginer à quoi ressemblaient les bâtisseurs de pyramides que de s'en remettre à la "bonne vieille" et "racialiste" étude morphologique des crânes et des squelettes, dont nous avons déjà indiqué les résultats (pour Falkenburger : pratiquement la moitié des crânes prédynastiques clairement "négroïdes" ou "tendant nettement vers", un tiers "méditerranéens" et peut-être 20% "cro-magnoïdes" ou "tendant vers", ce qui, on le sait aujourd'hui, ne veut même pas forcément dire "clairs de peau" ; la simple observation des statues et autres représentations des trois Empires, entre -3000 et -1000, donnant globalement les mêmes constats...).]
On le voit également très bien sur les schémas de l'étude de 2020, où les échantillons marocains préhistoriques (entourés en bleu), abusivement classifiés "non-africains"/ "ouest-eurasiens", sont en réalité nettement détachés du cluster bleu d'individus du Qatar (+ un Égyptien d'époque grecque) qui en est la "référence", et "collent" au contraire à celui (marron clair) des pastoralistes "hamites" d'Afrique de l'Est :
Ainsi, lorsque l'on nous dit que "les Ibéromaurusiens (Mechtoïdes) et les Natoufiens auraient hérité leur ADN commun d'une population qui aurait vécu au Proche-Orient il y a plus de 20 000 ans", il faudrait plutôt rectifier à notre sens par "en Afrique du Nord-Est" (futurs Soudan, Égypte, Érythrée...), d'où sont "il y a 20 000 ans" venus les uns et les autres (époque d'un terrible maximum aride en Afrique septentrionale, qui a fort bien pu pousser de telles populations vers les régions montagneuses plus humides du Maghreb comme du Levant, où elles ont d'ailleurs pu rencontrer et se mêler à des populations eurasiennes refluant quant à elles vers le Sud devant le froid polaire, donnant peut-être naissance à la première mouture de cette admixture "hamite" dont nous avons parlé...) ; de même qu'une bonne part de l'héritage génétique de toute l'Afrique de l'Est.
"Quant à la Palestine, il n’y a pas eu de changement radical pour le type principal pendant la transition du Chalcolithique au début de l’Âge du Bronze. En résumé, des similitudes frappantes relient les caractéristiques physiques des Égyptiens prédynastiques et de la population Bedja contemporaine au principal type berbère et aux squelettes palestiniens du premier Âge du Bronze." (Edward Lipinski - Langues sémitiques - aperçu d'une grammaire comparée, 2001, p.47)
Donc nos "Marocains" mechtoïdes, pré-apport ibérique néolithique, ressemblaient plus probablement encore à cela : ces Africains de type "hamite", "masaï", peints dans le Tassili, dont les dits "Haratines" du Maroc, Mauritanie, Algérie et Mali etc. pourraient bien être aujourd'hui les derniers descendants directs. Et les habitants de la vallée du Nil des premiers temps de Nagada, sur lesquels "régnait" Osiris, également ; si l'on suppose (et il y a toutes les raisons de le supposer) la même continuité qu'au Maroc depuis le Paléolithique jusqu'au Néolithique (frappantes silhouettes du Gilf el-Kebir, tout à fait similaires à celles du Tassili), qui verra partout déferler les "flux ouest-eurasiens" (poussés, forcément, par la démographie galopante conférée par l'agriculture).
En revanche, l'autre haplogroupe largement dominant en Afrique du Nord aujourd'hui, E-M81, est quant à lui le "fils" de E-L19 qui relève de la lignée E1b1b1b ; au même titre que M123 lui aussi caractéristique du Levant, ainsi que les lignages de CTS11051 que l'on trouve au Proche-Orient et en Arabie mais aussi, tout de même, un peu en Afrique du Nord-Est. Les individus d'Ifri n'Amr (-5000), très similaires on l'a vu à ceux de Taforalt mais "tirant" légèrement plus vers le Natoufien/Levant, appartenaient pour leur part à E-L19.
La question qui se pose ici est alors de savoir si ces lignages E1b1b1b procèdent, en Afrique du Nord comme au Proche-Orient, d'une diffusion concomitante à l'autre, de populations "sœurs" et mêlées aux premières ; ou d'une diffusion plus tardive ; ou alors, si tout le E1b1b1b ne serait tout simplement pas d'origine proche-orientale, présent en Éthiopie etc. par "backflow" tardif, et au Maghreb par une migration directe depuis le Levant – dans ces deux derniers cas, il pourrait alors s'agir de l'arrivée des Capsiens, vers -8000 avant notre ère.
Mais en tout cas, pas plus tardif ; car E-L19 a aussi à côté de M81 un autre "fils", PF2431, que l'on retrouve quant à lui au Maghreb et en Méditerranée mais AUSSI en Afrique subsaharienne ; donc ce lignage était bien présent dans le Sahara "vert" avant son assèchement. D'Atanasio (2023) a même identifié que quelques 30% de l'ascendance des Peuls serait rattachable à cette souche "mechtoïde" et du Sahara Vert mésolithique.
Par ailleurs, il est également connu que le sous-lignage de M81 aujourd'hui dominant (dans les 65-70%) au Maghreb central, ne remonterait en "plus ancien ancêtre commun" qu'à environ 2200 ans (autour de -200 avant notre ère) ; ce qui pourrait laisser envisager un phénomène de dépeuplement de cette région dans le très violent contexte des guerres puniques, "guerre des mercenaires" (Carthage contre les populations berbères environnantes), conquête romaine et guerres numides etc. ; puis de repeuplement par des tribus, peut-être, originaires du Maroc actuel, autre grande zone de prévalence ; ce qui serait cohérent avec le fait qu'après la chute de Carthage puis des royaumes numides, la Maurétanie demeurée indépendante prend son essor et prospère... Mais c'est encore une autre histoire (et tout cela demeure bien sûr totalement hypothétique).
Pour ce qui est des Natoufiens, les populations qui en sont génétiquement les plus proches aujourd'hui sont les tribus dites Mahra ou Mehri du Yémen, et plus largement toutes celles de l'Hadramaout, du Dhofar ou encore de l'île de Socotra, aux dialectes "sud-arabiques" distincts de l'arabe et apparentés au contraire aux langues d'Éthiopie ; ce qui peut peut-être donner une certaine idée de ce à quoi ils ressemblaient... et est déjà largement sans équivoque (il faut néanmoins, cependant, tenir compte de l'apport ultérieur J "Iran-Caucase", haplogroupe aujourd'hui écrasant - de l'ordre de 80% des hommes - chez eux). On pourrait dire de fait qu'ils ressemblent aux populations du Sud de l'Inde, qui sont, comme on l'a dit, une admixture des premières populations humaines ressemblant à des Nilotiques, et de peuplements ultérieurs de type plus "moyen-oriental".
[Propositions de reconstitution de Natoufiens :
https://www.youtube.com/watch?v=I6i5F-ZvWgc
https://preview.redd.it/facial-reconstruction-of-an-epipaleolithic-natufian-from-v0-xq3fnha8xxh81.jpg
https://archaeology.org/wp-content/uploads/2017/02/Trenches-Jericho-Skull-Reconstruction-Block.jpg]Cependant, les anciens Maghrébins mechtoïdes n'étaient pas "des Natoufiens" : ils possédaient une part de composante génétique apparentée, issue de la même souche ; mais étaient plutôt "à mi-chemin" entre ceux-ci et les populations d'Afrique de l'Est...
Voici la carte qui résume à la perfection tous ces mouvements et "mix" de populations que nous avons vus jusqu'à présent (cliquer pour agrandir) :
À vous d'imaginer à quels types humains tout cela a bien pu aboutir dans les différentes régions, et notamment la vallée du Nil, il y a 5000 ans, 4000 ans... et de voir quelles couleuvres vous êtes encore prêts à avaler, ou non !
(c) Les "Tassili Ladies" :
Un "instantané" pictographique, pourrait-on presque dire, du "jour où l'Afrique du Nord est devenue blanche" (les physiques à la Zidane quoi)... On retrouve l'haplogroupe R1b-V88 marqueur de cette migration, dont les plus anciens porteurs connus sont des individus épipaléolithiques du Sud-Est de l'Europe (très antérieurs aux indo-européens à l'origine de la plupart du R1b en Europe), puis qui s'est répandu ensuite vers le Sud-Ouest et le Maghreb dans le cadre du Néolithique cardial, jusqu'au cœur de l'Afrique autour du lac Tchad, chez 40% des Haoussas et 54% des Peuls (qui sont bien des peuples noirs en l'occurrence, car c'est un MARQUEUR qui permet de suivre des migrations, mais en soi ce n'est pas le gène qui "rend" blanc ou noir), et même plus de 80% de certains peuples tchadiques comme les Kirdis ; mais aussi dans la vallée du Nil, avec 5% des Égyptiens actuels et 15% des Coptes soudanais ; et autour de 25% des Berbères de l'oasis de Siwa ci-dessous.
De fait, si les populations à 80 ou 90% de cet haplogroupe résultent probablement d'"effets fondateurs" (une poignée d'hommes V88 ont "fondé" ces peuples il y a des millénaires et l'ont transmis de père en fils à toute leur descendance masculine jusqu'à nos jours), celles à "50-50" (peu ou prou) comme les Peuls du Niger ou les Haoussas sont en revanche caractéristiques de véritables "mariages" entre peuples, dont elles sont les descendantes : dans le Sahara Vert d'il y a 5000 ans, des communautés V88 d'origine européenne ont rencontré et fait alliance avec des tribus locales africaines, les hommes des unes épousant les femmes des autres et réciproquement ; le document "Here come the brides" ("Voici les promises"), ici, étant à cet égard extrêmement instructif – on y voit clairement sur une de ces peintures d'Iheren/Uan Derbuaen, page 14, des individus noirs africains caractéristiques des populations du Sahara Vert avant l'arrivée des Européens ibériques "atlantes" ; et auxquels les "brides" étaient certainement destinées (bien que ce ne soit pas l'interprétation de l'auteur de l'étude, qui voit dans cette "composition n°6" aux hommes noirs une œuvre "sans rapport" avec les autres, mais nous assumons penser qu'il se trompe : ces fabuleuses peintures montrent bel et bien ni plus ni moins que la genèse, la "conception" de ces peuples du Sahel aux traits métissés fameux tels que les Peuls, les Touaregs - un bon tiers de V88 chez ceux du Niger - ou les Toubous - un bon tiers également - etc.).
Comme nous l'avons vu précédemment, l'admixture issue de ce "mariage" se retrouve chez les Peuls et, dans des proportions de 5 à 15% qui correspondent à la présence de R1b-V88, chez les populations d'Égypte et du Soudan.
(d) Berbères de Siwa (ouest de l'Égypte) :
Certains présentent toutefois des traits africains beaucoup plus marqués : "apport subsaharien récent", "islamique", des "1000 dernières années"... ou quelque chose de beaucoup plus ancien ?
(e) En revanche, "bien que linguistiquement proches des populations nilotiques" (et, sur ce plan, héritiers directs des Nubiens ANTIQUES), les Nubiens actuels "en diffèrent génétiquement, à cause de leur fort mélange génétique avec des populations eurasiennes (proportion entre 39 et 47 %). Ils peuvent être vus comme un groupe possédant un matériel génétique substantiel lié aux Nilotiques", mais "qui a plus tard reçu beaucoup de flux génétique d'Eurasiens (probablement du Moyen-Orient) et d'Afrique de l'Est" (c'est à dire de langue couchitique).
Ainsi donc, il y aurait encore une fois bien eu un courant démographique "blanchissant" depuis le Nord, la Méditerranée et le Proche-Orient, le long de la vallée du Nil au cours des 3 ou 4 derniers millénaires. Les Nubiens (on sait que c'est le même peuple car ils parlent la même langue) ont donc "blanchi" depuis l'époque où les Égyptiens les représentaient tout à fait similaires aux peuples actuels du Sud-Soudan (dont on sait qu'ils portent aussi l'héritage génétique : "environ 40% d'ascendance liée aux Dinka" dans un cimetière nubien d'environ l'an 1000 de notre ère - et 60% par contre "liée à l'Eurasie occidentale", "semblable à celle trouvée chez les Levantins de l'Âge du Bronze ou du Fer")... mais les Égyptiens, eux, "non" : ils auraient de toute éternité ressemblé à ceux d'aujourd'hui. LOL ! Et les zététiciens de service viennent nous parler de "pseudo-science"...
En réalité, "blanchis" comme ils l'ont été, les Nubiens actuels pourraient eux aussi être vus comme une bonne proposition de "visages" de l'Égypte pharaonique :
Un type humain également caractéristique de l'Éthiopie, Érythrée etc., où l'admixture "ouest-eurasienne" qui a (légèrement) différencié les Égyptiens du reste de l'Afrique s'est donc répandue postérieurement à l'époque de l'individu de Mota (-2500) ; ainsi que directement, vers -1000/-800, depuis la Péninsule arabique, amenant avec elle des langues à caractère sémitique ("Salomon et la reine de Saba"...).
Historiquement, ce que l'on appelle Nubie (l'actuel Soudan, en gros) se confond avec la civilisation de Kerma, qui s'étend depuis l'époque contemporaine de Nagada (-3500 voire -4000) jusqu'à son annexion par le Nouvel Empire, vers -1500.
[À 8:20, très intéressant sur le "mépris" et la vision comme un "sous-produit" de l'Égypte dont souffre cette civilisation...]
Cette civilisation conservera des traits des cultures fondatrices de la vallée du Nil (céramique rouge et noire, tertre funéraire entouré de pierres au dessus de la fosse où est déposé le défunt, etc.) longtemps après qu'ils aient disparu en Égypte, avec l'entrée dans la civilisation pharaonique proprement dite ; et elle apparaît par ailleurs avoir très probablement vu la cohabitation-"fédération" de deux ethnicités, langues et cultures : l'une couchitique, cohérente avec l'autre appellation historique du pays : Koush ; ce qui semble avéré par le fait que "le nobiin (nubien) contient aujourd'hui un certain nombre de mots clés liés au pastoralisme qui sont d'origine couchitique orientale", (ce qui) "suggère que les populations du Kerma — qui, avec la culture du Groupe C, habitaient la vallée du Nil juste avant l'arrivée des premiers locuteurs nubiens — parlaient des langues chamito-sémitiques" ; l'analyse craniométrique des fossiles de Kerma ayant "par ailleurs montré qu'ils étaient morphologiquement proches des Égyptiens prédynastiques de Nagada, eux-mêmes étroitement apparentés aux populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique" ; et l'autre nilotique, de langue nilo-saharienne (à l'origine de l'actuel nobiin) ; coexistence peut-être incarnée mieux que tout par le voisinage des vestiges de Kerma et (à moins d'un kilomètre) de la surprenante cité de Doukki Gel, dont "les bâtiments d'aspect ovale et circulaire, qui intriguent considérablement les découvreurs" laissent penser à une "influence de l'Afrique centrale" (ou sans doute, pour être plus précis : du heartland nilotique, dans l'actuel Sud-Soudan), "peuples coalisés avec Kerma pour lutter comme l'hégémonie égyptienne"... (pour Claude Rilly, l'un des plus grands spécialistes actuels de la question, les populations à l'origine de la langue nubienne/koushite/méroïtique, dans ses aspects nilo-sahariens en tout cas, seraient issues "des étendues autrefois verdoyantes du Nord-Kordofan et du Darfour, dans l’Ouest du Soudan", "bassin du Wadi Howar, immense affluent du Nil aujourd’hui asséché et ensablé – d’où son surnom de « Nil jaune » – (qui) reliait le massif de l’Ennedi, dans l’Est du Tchad, à la grande boucle du Nil. Son dessèchement, consécutif à la désertification du Sahara, culmina dans la seconde moitié du IIIe millénaire, obligeant les tribus d’éleveurs qui en habitaient les berges à gagner des régions plus hospitalières (et) s’installer sur les rives du Nil" à cette époque - il n'est d'ailleurs pas inenvisageable non plus que certaines de ces populations aient pu également se diriger vers la Haute Égypte, alors au beau milieu de la crise de la première période intermédiaire, et y contribuer au "noircissement" de l'élite égyptienne nettement constaté sous le Moyen Empire, refondé à partir de Waset-"Thèbes" vers -2050).
De fait, la longue hostilité entre l'Égypte et la Nubie, bien sûr mise en avant à l'envi par tous les hystériques et ricanants docteurs en zététique de l'anti-africanité, pourrait tout simplement reposer sur le fait que de deux populations "sœurs", pour ne pas dire "branches" d'un même peuple, l'une a pris un fabuleux essor et l'autre moins ; méprisant dès lors cette dernière, assimilée à ses "barbares" fédérés nilotiques ; qui lui barrait la route vers les richesses de l'Afrique centrale et, en retour, la jalousait. Et nullement, sur une quelconque opposition entre des "Blancs" au Nord et des "Noirs" au Sud... d'une absolument inexistante "frontière" au plan géographique comme anthropologique.
Par la suite, comme nous l'avons brièvement vu plus haut, cette Nubie/Koush de Kerma sera annexée et deviendra une province du Nouvel Empire (vers -1500) ; avant de retrouver son indépendance dans le cadre du délitement de celui-ci (XIe siècle), mais cette fois largement "égyptianisée" et même, devenue avec la Haute Égypte voisine un "bastion" de l'identité africaine de l'Égypte profonde, notamment (comme à Waset-"Thèbes") autour du culte d'Amon ; ressuscitant, même, les pyramides abandonnées au Nord depuis -1500 ; bref, "plus égyptienne" que ne l'était devenue une Moyenne et Basse Égypte de plus en plus clairement intégrée dans le monde méditerranéen et, à partir de -950 environ, contrôlée par des dynasties libyennes (berbères), que les souverains de Koush alliés aux "nationalistes" haut-égyptiens chasseront vers -730 pour une dernière fois réunifier le pays (carrément, cette fois, du confluent Nil Bleu-Nil Blanc jusqu'à la Méditerranée) sous l'égide de sa culture "fondatrice". C'est sans doute dans ce contexte que s'opérera la "fusion" nilotique-couchitique donnant le type humain vu ci-dessus (avant les flux ultérieurs, notamment, bien sûr, arabo-islamiques) ; avec conservation minoritaire de la langue nilotique nobiin.
https://princesseloango.wordpress.com/2021/06/04/le-royaume-de-koush/
https://youtu.be/ufGTh41DEfE?si=U3gnQyDuW28pps0v
Le grand roi Taharqa, que nous avons vu plus haut, poussera même l'avantage jusqu'au Levant ; dans la Bible (qualifié de "roi d'Éthiopie" dans les traductions grecques puis latines, probablement "de Koush" dans la version originale en hébreu), il est même considéré comme un "sauveur" du peuple juif alors que Jérusalem était menacée par le féroce souverain assyrien Sennachérib (Isaïe, 37:9 et 2e Livre des Rois, 19:9) – ce qui s'inscrit bien là dans la longue tradition biblique de "sympathie" nubienne et "éthiopienne" (ainsi d'ailleurs qu'envers l'Égypte "vraiment africaine", du Moyen Empire par exemple, où sont sans doute raisonnablement à situer les épisodes d'Abraham et de Joseph, par opposition à celle du Nouvel Empire finissant et bien sûr de la Basse Époque - et encore, même à ce moment-là les relations seront disons "chaotiques" mais pas uniformément mauvaises, comme en atteste l'histoire fascinante de la communauté établie en Haute Égypte à la limite la Nubie, à Assouan et Éléphantine).
Ses successeurs devront cependant se replier, et regagner la Nubie devant les Assyriens qui installeront sur le trône leurs "obligés" de la XXVIe dynastie : plus jamais, dès lors, la vallée du Nil ne connaîtra une unité politique d'une telle extension. Par sécurité, la capitale koushite sera éloignée de la frontière égyptienne et transférée à Méroé, peu au nord (200 km) de l'actuelle Khartoum.
C'est cette civilisation, contemporaine de leur époque classique, que les Grecs nommeront pour leur part "Éthiopie" ; nom qui se "transférera", par la suite, plutôt aux régions de la Corne ; jusqu'au pays de ce nom aujourd'hui.
Elle jouera, par ailleurs, un rôle apparemment assez fondamental dans l'entrée de tout le continent dans l'Âge du Fer, métal qu'elle battait et exportait en quantités considérables durant cette période ; ce qui pourrait presque lui valoir le surnom de "Hallstatt de l'Afrique"...
À sa tête régnait un souverain, intitulé qore dans la langue locale (on peut avoir l'impression d'observer ici une mutation, entre Égypte kémite et Koush-"Éthiopie", des phonèmes p/b en k/q(w) ou g(w) : ainsi per-aâ - "la grande maison" = le palais, devenu "pharaon" - donne-t-il qore, de même que, peut-être, le terme neb - seigneur, prince, autorité politique suprême - aurait donné négus en éthiopien... ce type de mutation n'ayant linguistiquement rien de surréaliste, il est notamment courant entre les langues indo-européennes, comme par exemple hippos en grec = equus - "ekwus" - en latin = cheval) ; mais il apparaît également que "la monarchie était périodiquement contrôlée par des femmes, les illustres candaces (le titre « kentake » ou « kandake » en méroïtique, traduit « candace » dans sa version latinisée). Contrairement à son voisin égyptien, où les pharaons étaient par essence des hommes (les rares reines régnantes accédaient au trône dans des circonstances exceptionnelles), à Méroé les reines jouissaient de la même légitimité que les rois".
Ainsi, demeurée indépendante alors que l'Égypte ptolémaïque était devenue une province romaine, la Nubie de Méroé sous la conduite de la kandake (reine) Amanirena infligera une cinglante défaite aux armées d'Auguste, poussant même l'avantage jusqu'à Syène (Assouan) ; ce qui sera l'un des rares revers militaires subis par l'Empire à cette époque :
https://youtu.be/_mbSJUUq-qk?si=NDRm1BRDfAdyzHAM
Pour finir, toute la région (y compris l'Égypte elle-même, toujours province romaine puis byzantine) connaîtra un développement massif du christianisme, dans lequel les antiques "lois de Maât" étaient sans doute largement retrouvées (et, en Éthiopie, la vieille tradition des origines de la dynastie régnante dans l'union du roi Salomon et de la reine de Saba, en lien évident avec le courant de peuplement sémitique-arabique de la Corne vers -1000 ou -800 ; voulant même que l'Arche d'Alliance - rien moins ! - y ait été emmenée par leur fils Ménélik - selon une autre théorie toutefois, elle y serait parvenue via d'abord la communauté d'Éléphantine que nous avons vue, où elle aurait été mise à l'abri soit sous le règne du "roi impie" Manassé, soit plus probablement lors de la conquête babylonienne de la Judée : dans tous les cas, la présence dans le pays de la communauté des Beta Israël, aux très anciens rites pré-talmudiques, est depuis longtemps objet de fascination et de toutes les interrogations...) ; et de fait, l'émergence des premiers États officiellement chrétiens au monde (Axoum, en Éthiopie, avant même Rome... les royaumes post-méroïtiques de Nubie suivront rapidement). Un "eunuque de Candace, reine d'Éthiopie" aurait déjà été converti par l'apôtre Philippe alors qu'il était "venu au Temple de Jérusalem pour adorer", selon les Actes des Apôtres, 8:27-39 ; ce qui, réel ou pas, atteste déjà d'une présence ou en tout cas d'une notable "imprégnation" du judaïsme dans ce pays au Ier siècle de notre ère, puisque le texte est raisonnablement daté de l'an 80 ou 90.
Cette civilisation chrétienne du Nord-Est de l'Afrique est elle aussi d'un très grand intérêt et raffinement ; et, rappelons-le, l'Éthiopie demeurera au XXe siècle le seul pays africain à ne pas être colonisé (après, notamment, l'éclatante victoire d'Adwa sur les troupes italiennes en 1896, véritable nouveau triomphe de la "Candace" sur les légions d'Auguste !). La Bible éthiopienne, de doctrine monophysite, compte plus de 80 livres contre 73 pour la Bible catholique et 66 chez les protestants ; renfermant des clés de compréhension très intéressantes du message monothéiste.
Des déserteurs d'une légion originaire de Thèbes en Égypte auraient même participé à l'évangélisation d'une grande partie de... l'Europe alpine, comme nous l'avons brièvement évoqué dans notre article sur les Bagaudes : au Moyen Âge, ils étaient d'ailleurs généralement représentés comme des Noirs (lol... Jacquouille la Fripouille se posait moins de questions que nous sur l'identité des anciens Égyptiens). On aura bien sûr coutume de dire que tout cela "relève de la légende" ; mais, pour être tout à fait honnêtes avec vous, cet argument nous semble avoir ses limites : pourquoi, dans quel intérêt, avoir inventé des hommes venant d'un pays aussi lointain, et n'évoquant pour ainsi dire rien aux habitants de ces régions ? Offrons-nous donc le plaisir d'un instant, d'imaginer un tel lien entre le dernier "avatar" de l'antique Kemet et l'aire civilisationnelle "celto-romane" christianisée du Haut Moyen Âge de notre continent !
Enfin, l'islam se répandra depuis l'Égypte (VIIe siècle) jusqu'au Soudan et une partie de l'Éthiopie et l'Érythrée (XIIIe-XVIe siècles).
La réalité, en fait, est qu'autant qu'il y a un "continuum" civilisationnel dans le bassin Niger-Sénégal ; dont Djenné et Wagadou, Ghana, Mali et Songhaï ne sont que des noms transitoires à un moment donné (et probablement d'autres manifestations bien plus anciennes encore, en lien notamment avec l'héritage "saharien vert" que nous avons vu, mais quand on part du principe qu'une région n'a "pas d'histoire", forcément l'archéologie n'y sera pas à la fête...) ; ou encore un "continuum" au Maghreb depuis le Néolithique, en liens constants avec l'Europe du Sud à travers l'arrivée de la "composante ibérique" à partir de -5000, puis l'alliance Libyens-Peuples de la Mer, l'Empire carthaginois et les royaumes numides, puis Rome bien sûr, qui a tout mis sous sa coupe (avec à une époque des empereurs berbères), et enfin la civilisation islamique : Aghlabides, Almoravides, Almohades etc. ; il y a, tout autant, un "continuum" que l'on pourra appeler koushite, ou "nilo-éthiopique", depuis Kerma puis Napata puis Méroé jusqu'à (après légère "déportation" géographique du centre de gravité vers le Massif éthiopien) Axoum etc. ; et qui existe encore, puisque la civilisation abyssine existe encore (Éthiopie).
Et la Haute Égypte, c'est à dire Nagada, n'était à la base ni plus ni moins qu'un "appendice" de ce continuum nilo-éthiopique originel ; qui en se conquérant avec Narmer un débouché sur la Méditerranée orientale, véritable "hub", carrefour névralgique entre trois continents à l'époque, s'est ouvert une destinée et les voies d'une magnificence n'ayant bien sûr plus rien à voir ; et s'est (aussi) "orientalisé" (culturellement, génétiquement et en type humain) ; mais sa matrice était bien là.
Exactement comme la Crète minoenne de notre côté : à la base, c'est la Vieille Europe, le peuplement néolithique de notre continent depuis l'Anatolie ; ce sont les Cyclades, les "Pélasges diminiens" ; point, il n'y a pas à chercher plus loin ; mais qui, par sa position de "hub" en Méditerranée orientale, a atteint une magnificence inégalée en Europe auparavant et même pendant encore près d'un millénaire ensuite ; et s'est (là encore) "orientalisée" (tout en "minoïsant", par ailleurs, le Levant et le Delta du Nil hyksôs, comme l'ont montré Cline et d'autres).
Les civilisations, finalement, sont plus que toute autre chose des "routes" (plus même que des "bassins" comme nous l'avons dit précédemment) ; sur lesquelles vont se dresser selon les époques de plus ou moins grands "hubs" ; c'est avant tout cela qui va conduire à tel et tel endroit à se développer une civilisation, et non plus une société rudimentaire : nous avons montré que "l'Atlantide" était en réalité avant tout une telle "route", depuis la Méditerranée orientale (le grand "carrefour névralgique") jusqu'au Nord-Ouest atlantique de l'Europe en passant par Gibraltar ; et la vallée du Nil en était bien sûr une autre, majeure, depuis la Méditerranée jusqu'au cœur du continent africain.
Mais ce qu'il ne faudrait pas, finalement, c'est que cette "façade" resplendissante qu'est devenue l'Égypte pharaonique nous dissimule, et conduise à mépriser ce "creuset" civilisationnel millénaire entre (grosso modo) première cataracte, Massif éthiopien et Grands Lacs ; plus modeste, mais aussi fascinant qu'encore insuffisamment exploré (Doukki Gel n'a commencé à être mise à jour, sous un établissement égyptien du Nouvel Empire, qu'il y a une douzaine d'années seulement...) ; et qui en était (comme les auteurs grecs antiques l'ont dit et répété) la "matrice"...
Pas plus que la Crète (et son rejeton, car c'en était civilisationnellement un, mycénien), et son absence d'équivalent en raffinement jusqu'à la Grèce et aux Étrusques de -700, ne doit nous dissimuler et faire mépriser tout le reste de la Vieille Europe et des civilisations méditerranéennes ainsi qu'atlantiques de notre continent, depuis le Néolithique jusqu'au début du Fer, qui sont ce qui se "cache" derrière "l'Atlantide" de Platon et Diodore !
Mais évidemment, au-delà de son raffinement civilisationnel indiscutable, la Crète minoenne fait jubiler le dogme parce que "c'est l'Orient" ; au large de la Grèce, non loin du Levant ; omphales de toute notre cosmogonie gréco-biblique ! C'est ainsi que l'île de Minos est "devenue", à elle seule, "l'Atlantide"... dans une théorie aussi bienvenue et intellectuellement confortable, qu'en contradiction totale avec les descriptions et indications géographiques des deux auteurs.
Il en va exactement de même pour l'Égypte pharaonique ; au plus grand mépris de la "matrice éthiopienne" de cette civilisation sur laquelle toutes les sources antiques concordent pourtant !
Car en vérité, les "Atlantides", les civilisations perdues, ne gisent pas tant sous l'eau ou sous les sables ; qu'elles ne gisent sous nos décisions qu'"il n'y avait rien" à tel ou tel endroit "avant" la civilisation que nous avons décrété y avoir été la première ; décidant, de manière générale, que tout est nécessairement "parti" des abords de la Méditerranée orientale et que ce que l'on trouve au loin n'en saurait être que des "apports" ; alors que c'est plutôt, tout au contraire, en venant à elle de ces "au loin" que des cultures ont développé à son contact leur quintessence ; et que "Koush", notamment, a engendré l'Égypte pharaonique...
C'est "là-dessous", sous cette ignorance voulue, que sont enfouies et que, nous l'assumons, nous pensons avoir "dégagées", aussi bien "l'Atlantide" que la réponse à cette interminable controverse de l'identité ethnique de l'ancienne Égypte.
Voilà ce que l'on pourrait finalement dire, en dernière analyse !
[* Exemple simple : à la base, les "celto-italiques" ce sont un seul et même peuple indo-européen, centré sur les Alpes (culture dite "campaniforme", puis "des Champs d'Urnes" etc.).
Les Italiques en sont une branche, qui a peuplé l'Italie. Les Celtes domineront quant à eux l'essentiel du reste du continent.
Sa position stratégique en Méditerranée finira par faire de Rome (italique) une civilisation bien plus avancée, et même la plus grande du monde antique. Les Celtes étaient quant à eux une grande et respectable civilisation, mais plus modeste tout de même.
Rome finira même par dominer la plus grande partie du monde celte, et la "romaniser"... Tout comme l'Égypte a annexé la Nubie entre (grosso modo) -1500 et -1000 ; et après cette date, redeviendra indépendante une Nubie profondément "égyptianisée" et même, quelque part, "plus égyptienne" que ce qu'était devenue sa grande voisine du Nord !
Pourtant, tous étaient issus d'une même matrice.
Ah ! Et évidemment, si l'on regarde génétiquement l'Urbs à son apogée... on risque de se demander si c'est même l'Europe ! Ça tire vers l'Afrique du Nord, l'Orient (ici, notamment : l'"Italie centrale impériale" est représentée par les carrés roses)... Des empereurs sont berbères. Plus rien ne permet de dire que ce sont des "petits frères" des Celtes. Pourtant, à la base, c'est ce qu'ils sont...
En somme, ce que nous voulons, et pensons avoir démontré ici, c'est que l'Égypte était aussi africaine que Rome était européenne.
Le fait que l'une comme l'autre :
- aient atteint, au contact des routes méditerranéennes, un niveau de civilisation incomparable avec le reste de leur continent ;
- qu'elles aient reçu, dans ce cadre, de puissantes influences étrangères (grecque sur Rome, proche-orientale sur l'Égypte), non seulement sur le plan culturel, mais AUSSI au plan génétique (la génétique de la Rome impériale ferait douter qu'il s'agisse d'une ville européenne !) ;
- et qu'elles aient, dans des mouvements de "rétroaction", fini par exercer une "œuvre civilisatrice" sur le reste de leur continent "en arrière" ;
N'Y CHANGE RIEN, point :
- Rome était une civilisation européenne, issue de la population indo-européenne des Alpes "foyer" des Italiques mais aussi des Celtes ;
- la Haute Égypte de Nagada-Nekhen-Abdju, qui a conquis la Basse Égypte et initié la civilisation pharaonique, était "issue" ou en tout cas "sœur" de la Nubie/Koush.Et cela ne veut pas dire non plus, forcément, que ce qui était resté "en arrière" (Nubie, Celtes) ne méritait pas le nom de civilisation avant que l'Égypte ou Rome ne viennent les "civiliser". On SAIT aujourd'hui que c'est faux. Ce n'était pas aussi grandiose, mais c'était bien des civilisations. Si la tombe de Vix, cinq siècles avant que le moindre Romain ne mette les pieds par là-bas, ce n'est pas de la civilisation, nous ne savons pas ce que c'est ! Il en va exactement de même pour la Nubie de Kerma, sa "Deffufa" (sorte de ziggourat), la fascinante cité de Doukki Gel, ses tombes richement ornées etc. etc.
On a en fait, pour faire peut-être encore plus clair, tendance à considérer que les civilisations plus brillantes sont les "mères" des plus modestes, auxquelles elles ont "apporté" une civilisation que celles-ci n'ont su que "grossièrement reproduire"... Ceci est totalement faux et relève d'une vision typique de l'idéologie colonialiste de l'Occident des XIXe-XXe siècles. Cela ne fonctionne pas du tout ainsi. Une civilisation peut tout à fait en engendrer une autre, ou avoir une "sœur" voisine, tout d'abord à égalité (pourquoi devrait-elle forcément être "inférieure" ?) ; puis qui au fil des siècles, par tout un ensemble de facteurs, en arrivera à la dépasser de beaucoup. Deux exemples typiques sont ceux que nous venons de voir ici : les mêmes Champs d'Urnes, en Europe, qui ont donné d'un côté les Italiques (et même influencé les Étrusques, non-italiques), dont les Romains ; et de l'autre côté les Celtes, plus "modestes" bien que tout à fait respectables ; et dans la vallée du Nil, une même culture néolithique (100% attestée par une même poterie, notamment), qui deviendra d'un côté la grandiose Égypte et de l'autre la plus modeste Nubie de Kerma.
Pour ce qui est des dites pyramides nubiennes, datées du 8e siècle avant jusqu'au début de notre ère grosso modo (l'Égypte a construit des pyramides entre -2700 et -1500, plus ensuite) ; eh bien oui, c'était, en termes de distance temporelle, du même niveau que l'"hommage" à Rome de notre Renaissance...
Mais en tout cas, c'est bien à l'Égypte des pyramides, de l'Ancien Empire, qu'ils ont choisi de rendre hommage. Pas à l'Égypte qui leur était contemporaine, assyrienne, puis perse, puis grecque ptolémaïque. 2000 ans d'étroite interaction avec leur grand voisin du Nord, avait fini par en faire les "gardiens de ce qu'il restait" de la civilisation égyptienne originelle !!]
[Concernant le fameux "bullshit" prêté à Hérodote (Ve siècle av. J.-C.), qui affirme dans ses écrits que des Égyptiens "donc" des Noirs auraient peuplé jusqu'à la Colchide (actuelle Géorgie), ce dont le caractère "impossible" et même "ridicule" invaliderait toutes les thèses quant à l'africanité des anciens Égyptiens ; la réponse est apportée ici :
https://en.wikipedia.org/wiki/Colchis#cite_note-56
Car encore une fois, il faut lire les textes en grec dans leur version originale, et non des traductions approximatives : "Le mot grec original se lit 'μελάγχροες', qui a souvent été traduit par 'peau sombre'. Cependant, le mot est en réalité un composé des mots 'μέλι' (miel) et'έγχρωμος' (coloré)", "couleur de miel" donc, autrement dit "bronzé", "mat", "café au lait" ou "caramel"... et non "noir", comme sont au contraire explicitement désignés les "Éthiopiens" (Africains subsahariens en général, pour les auteurs grecs).
Encore une fois, africanité ne signifie pas nécessairement noirceur de peau façon Afrique équatoriale... Les choses prennent donc immédiatement une dimension beaucoup plus crédible : beaucoup de Géorgiens sont effectivement assez mats de peau ; ce dont Hérodote ne fait de toute façon pas le critère principal pour leur prêter une origine égyptienne (il invoque surtout la pratique de la circoncision) ; et cela recoupe par ailleurs... ce que l'on sait aujourd'hui par le biais de la génétique :
Comme on peut l'observer sur cette carte, on trouve au centre de l'actuelle Géorgie un petit "noyau" de prévalence E1b1b (haplogroupe Y, masculin) de l'ordre de 10 à 15%, isolé au milieu de prévalences très faibles (quelques %) voire proches de zéro ; et par ailleurs, depuis l'Égypte (qui au départ devait être pratiquement "noire" d'une prévalence aussi élevée que le reste du continent, mais a "baissé" depuis sous les apports grec et romain antiques, puis arabe J1 à l'époque médiévale), une "traînée" s'étirant pratiquement jusqu'à l'Anatolie et l'Arménie conformément au parcours prêté aux troupes de "Sésostris"....
(* L'importante concentration dans la région des Balkans relève d'un cas particulier, celui de la sous-clade V13 dont nous avons parlé à la fin - note de fin d'article (b) - de ce précédent article : une population venue de Levant avec la grande vague de peuplement néolithique,ayant fait souche dans les Balkans où V13 est apparu environ 5000 ans avant notre ère, puis qui aurait pour des raisons inconnues ("caste" de métallurgistes ?) accompagné les indo-européens R1b dans leur expansion sur tout le continent. Quant à la prévalence en Italie et dans la Péninsule ibérique, elle résulte de contacts trans-méditerranéens soutenus au fil des siècles ; et en région parisienne, de l'immigration récente.)
Sachant qu'il y a probablement là une confusion, en revanche : le souverain ainsi nommé désigne en réalité beaucoup plus probablement un ou plusieurs Thoutmosides, entre le XVe et le XIVe siècle avant notre ère, qui menèrent de très importantes conquêtes au Proche-Orient à cette époque... conquêtes dont le recoupement avec la carte de l'haplogroupe E1b1b est absolument saisissante, même si le substrat préhistorique natoufien pré-sémite y joue certainement aussi un rôle (mais par contre dans le Caucase il n'y en avait pas, c'était - et c'est toujours - une terre G et J) :
Ce qui serait cohérent avec cette annotation de bas de page ici :
"Ce prince vivait un peu moins d’un siècle avant la guerre de Troie, et il était à peu près contemporain d’Hercule, fils d’Alcmène. (...) Il se passa environ huit cents ans depuis la guerre de Troie jusqu’à Hérodote, et neuf cents depuis Hercule jusqu’au même historien."
Hérodote vivant au Ve siècle, sans chercher l'exactitude absolue, cela est beaucoup plus cohérent que "Sésostris", nom de pharaons qui régnaient entre le XXe et le XIXe siècle av.J.-C.]
[À la rigueur, si l'on voulait "passer en revue" les vieilles théories racialistes européennes, on pourrait évoquer celles de Giuseppe Sergi, qui se rapprochent déjà nettement plus de la vérité que les vieilles resucées de "caucasianisme" voire de "nordicisme" honteusement (et mal) dissimulées derrière le consensus bien-pensant mondial "Ex Oriente Lux" (qui plaît à nos indispensables alliés, sionistes comme arabes, de cette pétrolière région) :
- une "race eurafricaine" (ou l'on pourrait dire "afropéenne", ou "afrasienne" - afro-eurasienne - ce qui collerait avec le terme employé pour les langues), "hamite", s'est forgée durant la Préhistoire dans le Nord, Nord-Est de l'Afrique et au Proche-Orient : effectivement, on l'a dit, d'abord par évolution distincte par rapport aux populations africaines des épaisses forêts tropicales ; et par (légers) apports eurasiens déjà évolués vers le type "europoïde", lors des maximums glaciaires (mais Sergi, lui, refusait justement cette idée d'admixture, considérant que cette "race hamite" apparue "du côté de la Corne de l'Afrique" était au contraire "pure" et de fait "la première"... des "races" de l'humanité, tout le reste en étant des évolutions, "noircissant" en allant vers le cœur de l'Afrique et "blanchissant" vers le nord : là-dessus il se trompait, bien évidemment ; les tout premiers humains étaient très certainement de type nilotique - puisque ce sont les plus anciens haplogroupes, A et B - et se sont ensuite différenciés en Afrique même en un type "pygmée" puis bantou dans les régions tropicales humides, un type khoisan - "bochiman" - dans les savanes australes et, donc, ce fameux type "hamite" - haplogroupe CT puis essentiellement son "fils" E - dans celles du nord, à la faveur des périodes vertes de la moitié nord du continent ; type "hamite" qui sera le premier à sortir d'Afrique il y a 70 000 ans par le Sinaï, à partir de quoi se différencieront tous les grands types eurasiens - "fils de CT" C, D et "F" et descendants - dans divers degrés de métissage néandertalien ; tandis que des éléments de type plus nilotique sortiront quant à eux par Djibouti, passant au Yémen et longeant de là les côtes méridionales de l'Asie pour donner les populations de type andamanais et en dernière instance "australoïde", plus ou moins métissées denisovien...) ;
- la "race méditerranéenne" en est issue : c'est vrai, par mélange avec des éléments caucasiens (ou anatoliens) – mais il faut néanmoins noter à cet égard une différence entre l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, où si l'on tient l'ascendance "natoufienne" pour représentative de cette composante "hamite" (ou "kémétique"), elle est notable dans la composition génétique des populations ; l'Europe du Sud où elle est beaucoup plus mineure et l'ascendance anatolienne et caucasienne largement dominante ; la vallée du Nil ou le Sud de la Péninsule arabique où plus que notable, elle est majoritaire ; et enfin la Corne de l'Afrique où elle est majoritaire et le reste, d'extraction nilotique...
- les Européens et y compris les "nordiques" en sont eux aussi une évolution, septentrionale ; ce qui n'est pas totalement faux, pour leur part d'ascendance représentée par les "WHG" (chasseurs-cueilleurs d'Europe occidentale, "Cro-Magnon") ou contenue dans l'ascendance anatolienne, très clairement issue de cette "race afrasienne" qui rejoint un peu ici le concept de "Basal Eurasian" ; des évolutions vers un type très "clair" ayant même pu se faire jour chez les chasseurs-cueilleurs scandinaves ;
- la "race africaine" également : là c'est globalement faux, mais des apports importants ont effectivement pu se faire vers l'Afrique subsaharienne (ne serait-ce que la grande expansion de l'haplogroupe E, aujourd'hui archi-dominant sur tout le continent), depuis le Sahara successivement vert (il y a 40 000 ans, 13 000 ans, 10 à 5000 ans) puis sec, qui était très largement peuplé par ces "afrasiens" lors des périodes vertes (les contributions génétiques jusqu'au Kenya, en Tanzanie voire en Afrique australe après la dernière période humide sont également établies comme vu au début de cet article) ;
- les "Aryens" = indo-européens ne sont en revanche pas des "nordiques", mais issus d'Asie et de "race eurasiatique" : ce n'est pas faux non plus puisque, d'haplogroupe R issu de "P" et "frère" de Q (typique des Amérindiens), tout ceci issu de l'haplogroupe "basal" K, profondément asiatique, ils sont à ce niveau-là issus de Sibérie, Asie centrale... probablement poussés vers le sud pendant le maximum glaciaire ; puis entamant une expansion vers l'Europe de l'Est au Paléolithique final et Mésolithique, donnant les "EHG" (chasseurs-cueilleurs de l'Est) qui en se mêlant à des chasseurs-cueilleurs caucasiens (CHG) deviendront les Yamnayas ;
- la "race méditerranéenne" (et sa matrice "hamite") a engendré les plus brillantes civilisations de l'Antiquité : Égypte et Mésopotamie, Grèce, Rome, Phéniciens et Carthage... c'est factuellement vrai, mais pas lié à une quelconque "essence raciale" : cela résulte des conditions matérielles, en particulier du caractère de "carrefour" des échanges commerciaux acquis par la Méditerranée à l'époque, et de l'intérêt économique évident que représentait de s'en trouver proche.
Ces thèses s'inscrivaient bien évidemment dans un nationalisme italien de l'époque qui avait intérêt à contester les thèses "nordiques" associées à la domination, alors absolue, des puissances telles que l'Angleterre ou l'Allemagne. Toutefois, avant l'émergence de l'"afrocentrisme" proprement dit à la suite de Cheikh Anta Diop et autres, leur rattachement des plus grandes civilisations de la culture classique à une origine (plus ou moins directe) africaine a pu susciter l'intérêt de militants noirs de la première heure tels que W.E.B Du Bois.]
2 commentaires -
(Et quand un Africain égyptien chrétien donnait le signal de la libération de la Gaule, et de la révolution contre l'Empire romain esclavagiste vers le mode de production féodal, à la condition humaine améliorée sous les auspices de l'Église)
Comme dans la plupart des provinces romaines, au 3e siècle, sous un Empire romain au faîte de sa puissance, la condition des masses populaires était effroyable :
"Le spectacle que présentait l’intérieur de l’Empire, sous son voile de trompeuse félicité, était lamentable. Pour fournir à la gloire des Césars, à l’oisiveté du peuple-roi, à la multiplicité des fonctionnaires, à l’entretien des rouages de l’État, si complexes, si ingénieusement combinés, quel rendement colossal ne fallait-il pas ? L'industrie, dans son acception moderne, n’existait point ; Rome faisait venir, à grands frais, des pays éloignés, et principalement d’Orient, les objets de luxe : soieries, étoffes, pierres précieuses, ivoire, albâtre, porcelaine, ambre, aromates. Importation énorme, exportation nulle. L'agriculture, jadis si développée en Italie, n’existait plus. Ruinés par les anciennes guerres, saignés par le fisc, écrasés par les grands propriétaires fonciers dont les domaines égalaient des provinces, les petits cultivateurs avaient peu à peu disparu. Ceux qui ne pouvaient payer l’impôt, toujours plus écrasant, abandonnaient leur patrimoine à l’État ou se vendaient, esclaves volontaires ! Plus de classe moyenne, plus de colons libres. — Oh ! ce nom de colon, jadis allègrement porté par le laboureur, maître de sa personne et de son champ, il servira, pendant de longs siècles, à désigner le misérable des misérables, attaché à la glèbe, soumis, presque toujours, non à un homme accessible à la pitié, mais à ce maître impersonnel, l’État, aveugle et féroce, car il a sa mission fatale à accomplir. Plus rien qu’une poignée d’opulents patriciens et des populations d’esclaves travaillant et mourant sur les latifundia. De même, nous voyons aujourd’hui tous les demi-bourgeois, petits industriels ou commerçants, boutiquiers, agriculteurs, se débattre dans une formidable agonie, sous l’étreinte de leurs riches concurrents et, ruinés par le drainage des capitaux, tomber peu à peu dans le servage prolétarien."
En Gaule, notamment : "Les historiens ont chanté les bienfaits de la conquête romaine en Gaule. Grâce à elle, le sol fut défriché, des voies relièrent des provinces, des écoles s’ouvrirent : oui, mais la condition du peuple devint épouvantable. L’ancienne société celtique, où un lien de solidarité unissait tous les membres du même clan, dut disparaître. Sous la tutelle sévère de l’administration romaine, un immense réseau enveloppa la Gaule, emprisonnant dans ses mailles d’acier, chasseurs, pâtres, laboureurs, artisans, riverains, fixant à la terre ces nomades indépendants : commencement du servage de la glèbe. Le vaincu fut, non pas accablé, mais dévoré vivant par les impôts : capitation terrienne, capitation humaine, droit sur les successions, taxe commerciale, taxe sur les marchés, taxe sur le sel, tribut militaire, prestations en nature, corvée. Les municipalités, chargées à leurs frais et sous leur responsabilité du recouvrement des impôts, devinrent des rouages du gouvernement impérial, destinés à broyer les populations pour en extraire jusqu’à la dernière goutte de sang."
(Charles Malato, Révolution chrétienne et Révolution sociale, 1891)
Les premières "bagaudes", armées insurrectionnelles de paysans misérables, "colons" (ancêtres des serfs du Moyen Âge, à la condition bien plus dure encore) et esclaves fugitifs, émergent dans la seconde moitié du siècle en Armorique (Bretagne) et dans le Nord-Ouest de la Gaule (future France), "animées entre autres par les prédications des prêcheurs chrétiens contre la domination étrangère", "car, en maints endroits, le christianisme avait été salué comme un réveil du druidisme"* :
"Bagad, dans le vieux langage celtique, veut dire bande armée. Les rebelles qui s’intitulaient les Bagaudes étaient, pour la plupart, des cultivateurs ruinés ou des esclaves très celtiques de mœurs et chrétiens d’opinions, ce qui s’accordait assez car, en maints endroits, le christianisme avait été salué comme un réveil du druidisme. C’était donc, en même temps qu’une révolution profondément sociale, l’ancien fonds gaulois luttant contre le romanisme."
https://fr.wikisource.org/wiki/Révolution_chrétienne_et_Révolution_sociale (chap. IV "Le Christianisme épiscopal et le Christianisme populaire - La Bagaudie")
Mais assez vite, leur principal rayon d'action s'étend plutôt "dans les régions où débouchaient les routes qui, par les cols des Alpes et du Jura, menaient d'Italie en Gaule", et de là le long des axes menant vers la Méditerranée, le Rhin et la Seine :"Comme les Bagaudes furent les premiers ennemis que combattit, pour gagner le Rhin, Maximien qui était à Mayence en juin 286, il est probable qu'ils sévissaient surtout dans les régions où débouchaient les routes qui, par les cols des Alpes et du Jura, menaient d'Italie en Gaule, régions d'ailleurs sillonnées par les invasions alamanniques depuis 254 et, en 186 déjà, par les bandes de l'ancien soldat Maternus, pillant les campagnes et même attaquant les villes. Là effectivement, le brigandage était endémique à la fin du IIIe siècle, attesté tant par un praefectus arcendis latrociniis institué par la cité de Nyon que par le nombre des trésors monétaires enfouis avec des monnaies terminales de Dioclétien-Maximien dans la région de Genève et, du côté gaulois, dans la Franche-Comté et les départements de l'Ain, de la Saône-et-Loire, de l'Yonne, de la Nièvre, enfin de l'Isère et de la Drôme, c'est-à-dire aux abords des routes allant d'Italie soit vers Lyon et Vienne, soit, par Besançon, vers Chalon-sur-Saône et Autun, d'où partaient les routes de l'Ouest et de la basse Seine, vers le castellum bacaudarum de Saint-Maur-des-Fossés, sur la Marne, à l'entrée de Paris.
Le vaste secteur routier d'au-delà des cols des Alpes occidentales devint le tractus de la Gallia riparensis organisé militairement en duché très tôt : d'après ce qu'il en reste dans la Notice des Dignités, il correspondait au débouché des routes alpines entre le lac de Genève et Marseille, la partie septentrionale dépendant d'un duc de Séquanique, lequel n'avait plus, alors, qu'une petite garnison à Besançon, comparable à celles de Milites distribuées dans les provinces des Lyonnaises à l'ouest de la Saône, sans doute parce qu'au cours du IVe siècle le brigandage était resté très actif dans la zone alpine et sa périphérie"...
Autrement dit, dans une très large mesure, la future "Arpitanie" (domaine linguistique francoprovençal), et notamment l'Allobrogie ou Sapaudia, future Savoie.
http://www.e-stoire.net/article-286-la-revolte-des-bagaudes-gaulois-123659962.html
Toujours Malato : "Ils s’éveillèrent tout de bon sous Tétric et leur premier élan fut formidable : ils emportèrent Autun. Cette ville, la plus remarquable des Gaules, possédait des aqueducs, des thermes, des édifices magnifiques. La colère des Bagaudes n’épargna rien : chrétiens, ils détruisirent les temples des dieux ; plébéiens, ils jetèrent bas les écoles d’où sortaient ces fonctionnaires insatiables, sangsues attachées à leurs flancs ; esclaves, ils brûlèrent les palais. Et ces flammes vengeresses furent un signal : d’un bout à l’autre de la Gaule, les villes s’embrasèrent ; un hurlement d’épouvante s’éleva jusqu’aux Alpes."
Là nous sommes vers 271-274 (règne de Tétric en Gaule), mais à peine plus d'une décennie plus tard, tandis que le nouvel empereur "Dioclétien (croit) arrêter la décadence impériale par des lois, et ces lois, qui multiplient les gouverneurs, les magistrats, les employés, qui écrasent de plus en plus l’individu sous le despotisme de l’État, engendrent la révolte", "la bagaudie se réveille, plus vivante que jamais" :
"De nouveau, le coq rouge déploie ses ailes et, mille ans avant les Jacques, couvre la vieille terre de Vercingétorix. Villes et campagnes s’agitent, s’insurgent : de la Seine au Rhône, d’Amiens à Arles, de Trêves à Marseille, l’ennemi héréditaire est encore une fois attaqué." (...)
"Bizarrerie historique : de tout temps, les révoltés ont imité les formes de la société qu’ils voulaient détruire. Les Bagaudes, à l’instar de leurs ennemis, se donnèrent un Auguste et un César : Ælianus et Amandus. C’étaient deux officiers romains « de médiocre capacité, » disent les historiens qui ne peuvent guère le savoir et qui jugent le plus souvent du mérite par le succès. Tout au moins, le fait de s’être mis à la tête d’une insurrection aussi foncièrement plébéienne dénote un caractère énergique.
Autant qu’on a pu en conjecturer par les médailles et emblèmes retrouvés depuis, l’un de ces chefs était chrétien, l’autre païen. Leurs soldats appartenaient aux deux religions rivales, mais principalement à celle qui, toute sophistiquée qu’elle était par les évêques ergoteurs, continuait de s’adresser aux plébéiens et aux esclaves. Le fait même de la coexistence de ces deux religions dans l’armée bagaude prouve que le christianisme populaire n’avait encore rien de son sectarisme. D’ailleurs, il était vraiment question de dogmes, alors que la guerre sociale multipliait ses horreurs ! palais et cabanes incendiés, champs dévastés, riches et fonctionnaires égorgés, nobles dames et plébéiennes violées, rebelles torturés, surprises, embuscades, représailles atroces ; de part et d’autre, nulle pitié."
"Aux cris d’angoisse des patriciens", pour écraser la titanesque et prométhéenne rébellion et rétablir l'autorité impériale, le co-empereur (co-"Auguste" avec Dioclétien) Maximien Hercule, tyran réputé d'une cruauté sans bornes, "accourt : un torrent de guerriers roule du haut des Alpes vers la Gaule soulevée" ; "pour remettre sous le joug ces esclaves qui osent briser leurs chaînes, l’empereur fait venir des mercenaires de partout, Italiens, Barbares", parmi lesquels... la fameuse Légion thébaine, originaire d'Égypte, sous le commandement de Mauritius (Maurice).
http://www.e-stoire.net/article-saint-maurice-d-agaune-et-la-legion-thebaine-123719047.html
Maurice est donc, quant à lui, un chrétien africain (de Haute Égypte : Thèbes), noir, ce qu'on appelle un copte ; ces chrétiens du pays du Grand Fleuve qui s'écoule depuis les entrailles de l'Afrique, berceau de l'humanité et de la civilisation ; et qui ont trouvé la transcendance de l'immémoriale Maât dans la Bonne Nouvelle du galiléen Yeshua.
"On a levé des troupes à Thèbes d’Égypte et ces troupes sont justement chrétiennes ! Admirable hasard (?), ou profonde habileté de Maximi(e)n qui, pour annihiler à jamais les novateurs, entreprend de les faire s’égorger..."
Arrivé au débouché du col du Grand Saint-Bernard, dans l'actuel canton suisse du Valais, il reçoit avec sa légion l'ordre d'écraser et massacrer un premier foyer d'insurgés celto-chrétiens, à Octodurum, actuellement Martigny.
Bien entendu, il ne peut se résoudre à exécuter cet ordre du tyran sanguinaire, et égorger ses frères en Christ et en commune humanité : il refuse.
Il est alors, avec tous les soldats sous son commandement, passé au fil de l'épée, au lieu dit d'Agaune, où ils étaient stationnés :
"Dédaignant toutes ces subtilités, Maximien donna l’ordre de décimer les guerriers chrétiens. Cette hécatombe apaisera-t-elle sa colère ? Non, le sang n’a fait que le mettre en goût, et il donne maintenant un nouvel ordre : celui de les massacrer entièrement. En vain, s’efforcent-ils de le fléchir par une supplique des plus respectueuses : César demeure inébranlable et ils n’ont plus que la ressource de bien mourir. Mais, bien mourir, comment ? en se révoltant ? Non, en jetant leurs armes et en tendant le cou !"
Ce martyre héroïque, démontrant la puissance du Message d'amour et de charité, de justice et d'égalité au sein même de l'institution militaire chargée de faire régner l'ordre ploutocrate païen, galvanisera la flamme révolutionnaire dans toute la région, si cruciale pour la liaison entre la métropole romaine et ses colonies du Nord-Ouest du continent ; et au-delà.
Les Bagaudes seront de prime abord écrasés, mais d'autres révoltes bientôt se lèveront, en même temps que les invasions des peuples "barbares" ou les soulèvements de ceux de ces "barbares" servant comme auxiliaires militaires.
Le moine provençal Salvien, dont l'ouvrage phare De Gubernationae Dei ("Du Gouvernement de Dieu") contient certainement, de loin, les propos les plus révolutionnaires tenus par un clerc chrétien au 5e siècle (bien loin de la tiédeur loyaliste, et de la théorisation de l'impuissance du chrétien en ce bas monde, d'un Augustin d'Hippone...), en parle en ces termes :
« En effet, comment sont-ils (les pauvres) devenus Bagaudes, si ce n'est par nos injustices, si ce n'est par la malhonnêteté des juges, par les confiscations et les rapines de ces hommes qui ont changé la perception des impôts en profit pour leur propre bourse, et qui se sont fait une proie personnelle des indictions tributaires – qui à la ressemblance des bêtes féroces n'ont pas gouverné ceux qui leur ont été confiés, mais les ont dévorés [...] Ceux qui ne sont pas encore Bagaudes, ne les contraint-on pas à le devenir ? À considérer la violence et les injustices qu'ils subissent, ils sont forcés de vouloir être Bagaudes. »
« Ils (les pauvres) émigrent donc de tous cotés chez les Goths, chez les Bagaudes ou chez les autres Barbares qui dominent partout, et ils n'ont point à se repentir d'avoir émigré. Ils préfèrent en effet vivre libres sous l'apparence d'esclavage, que d'être esclaves sous une apparence de liberté. » De gub. V, 25 a et 26 b
L'Empire romain était agonisant ; entre temps des empereurs comme Constantin puis d'autres, dans le contexte de luttes permanentes pour le pouvoir, autoriseront le christianisme voire l'adopteront eux-mêmes, non sans un certain opportunisme certes, ni sans que "la Bête baptisée, le baptême en soit souillé" (S. Weil) ; jusqu'à ce que les invasions "barbares" déferlant au 5e siècle portent le coup de grâce, comme l'a brillamment évoqué en ces termes F. Engels :
"L'État romain était devenu une machine gigantesque, compliquée, exclusivement destinée à pressurer les sujets. (...) Il fondait son droit à l'existence sur le maintien de l'ordre à l'intérieur, et sur la protection contre les Barbares à l'extérieur. Mais son ordre était pire que le pire des désordres, et les Barbares, contre lesquels il prétendait protéger les citoyens, étaient attendus par ceux-ci comme des sauveurs".
Le royaume des Burgondes, puis les successifs royaumes de Bourgogne jusqu'à leurs héritiers directs les comtes puis ducs de Savoie, feront de Maurice le saint "patron" des Alpes arpitanes ("francoprovençales"), avec un majestueux sanctuaire : Saint Maurice d'Agaune, chez d'œuvre de la civilisation romane médiévale, édifié sur les lieux mêmes de son martyre ; où ils seront régulièrement sacrés, et/ou inhumés.
Mais même aux portes de Paris, le site d'un castrum (place fortifiée) des Bagaudes insurgés sera rebaptisé du nom de Saint-Maur (les Fossés), c'est à dire Saint Maurice...
Hommage, encore une fois, de la civilisation chrétienne médiévale née de cette mutation historique, à l'Africain héroïque qui par son sacrifice souleva l'invincible espérance des masses révolutionnaires faisant l'histoire, qui les armes à la main apportèrent une contribution essentielle à abattre le criminel et tyrannique, esclavagiste, impérialiste et décadent mode de production romain.
[* Sur cette question de la christianité (totale ou partielle) des Bagaudes, il est intéressant de se pencher sur les sources médiévale relevant pour l'essentiel de l'hagiographie de Saint Maurice, et qui sont révélatrices des tendances et enjeux idéologiques et sociaux de l'époque :
https://books.openedition.org/pul/13683 (ici le chapitre 4, mais ne pas hésiter à parcourir le reste de l'ouvrage pour avoir une vue d'ensemble - en précisant que nous ne sommes pas d'accord avec l'affirmation académique se voulant catégorique, que les Bagaudes n'étaient en aucun cas en "contact" - pour le moins - avec une forme de christianisme)
Eucher, première grande source sur le martyre de Maurice et des Thébains, était comme toute la hiérarchie ecclésiastique de l'Empire romain finissant (5e siècle) issu de la haute société ("honestiores") et, comme tel, foncièrement hostile et frappé d'horreur devant les soulèvements bagaudes (dont certains avaient encore lieu à son époque) ; très peu à l'époque, comme Salvien, osant prendre ouvertement leur défense : la foi révolutionnaire des esclaves et des humbles des 2e-3e siècle avait largement évolué depuis Constantin, dans ses hautes sphères de milieu aisé et lettré en tout cas, vers un "réformisme" institutionnalisé et défenseur de l'ordre, un peu à la manière de la social-démocratie des Gustav Noske et autres Jules Moch issue de l'idéologie révolutionnaire de Marx. Dans sa "Passio" de Saint Maurice, les Bagaudes, pourtant phénomène on l'a dit encore contemporain de la rédaction, sont purement et simplement "effacés" : ce n'est pas pour les réprimer, mais UNIQUEMENT pour persécuter les chrétiens que Maximien franchit les Alpes, ce à quoi Maurice et ses hommes se refusent.
Eucher ne pouvait pas ne pas être au courant, et s'est probablement saisi de la "tradition" populaire "révolutionnaire" au sujet des événements ; mais, membre d’une grande famille, il n'éprouve certainement aucune sympathie pour ces servi révoltés ; or il lui faut pourtant rédiger une Passio de Saint Maurice et des soldats martyrisés à Agaune pour susciter ou développer un culte, attirer pélerins et donations... Maximien étant connu comme un grand persécuteur de chrétiens, il explique donc l’entrée de ses troupes en Gaule par la volonté de lutter contre les masses chrétiennes, sans citer une seule fois le nom des Bagaudes.
Un autre document plus tardif, la "Passio" dite "B", datant de la fin de l'époque mérovingienne (vers 700), est plus ambivalent. "Collant" plus aux récits populaires en circulation à l'époque, il mentionne cette fois bien les Bagaudes et en fait effectivement la raison de l'entrée de Maximien en Gaule et l'objectif militaire de la légion de Maurice. N'osant cependant pas prendre ouvertement le parti de cette révolte, et encore moins la christianiser, la raison du martyre des Thébains devient leur refus de prêter serment sur les idoles païennes avant d'aller la combattre, MAIS peut-être pas d'aller livrer ce combat en soi...
On n'en demeure pas moins beaucoup plus proches de la réalité telle que transmise par les récits populaires à cette époque (et donc certainement authentique, si l'on sort deux minutes du mépris pour les sources anciennes qui caractérise l'historiographie moderne) ; celle d'une "révolution" articulant (de manière sans doute complexe) évangélisation et soulèvements populaires, et conduisant au basculement de l'Antiquité romaine esclavagiste vers la société médiévale féodale.
Enfin, les deux dernière grandes sources connues datent du 11e siècle : il s'agit d'une "Vie de Saint Babolin", d'auteur inconnu ; et d'une "Passion thébaine" rédigée par le moine chroniqueur Sigebert de Gembloux. Le premier texte est certainement le plus intéressant et sans doute le plus proche de la réalité historique : retraçant l'histoire de Saint-Maur-des-Fossés, dont Babolin aurait été ultérieurement le premier abbé, il en fait originellement un "castrum" (camp fortifié) du mouvement bagaude constitué de paysans révoltés rejoints par des militaires gallo-romains devenus chrétiens, dont leurs deux chefs historiquement attestés Amandus et Ælianus. Autrement dit une situation bel et bien révolutionnaire (les militaires donnant aux insurgés une perspective d'organisation que n'avaient pas les soulèvements paysans spontanés), que Maximien le féroce tyran païen vient bien en Gaule réprimer en tant que telle (récit offrant par ailleurs une référence commode, dans l'idéologie de l'époque de la rédaction, à la chevalerie chrétienne protectrice des humbles et réparatrice de l'injustice que l’Église tente alors de mettre en avant dans le mouvement de la "Paix de Dieu").
Ainsi s'esquisse le tableau de Bagaudes de l'an 285 certes pas forcément chrétiens, dans leur majorité en tout cas, mais SOUTENUS par des chrétiens minoritaires, encore violemment persécutés et surtout fidèles à un Message originel que de puissants courants, au 11e siècle, tenteront également de remettre sur le devant de la scène.
L’Église de cette époque s'inscrit en effet dans un fort contexte de contestation de l'arrogance et de la brutalité des princes féodaux ("Paix de Dieu" comme on l'a dit) et parfois, à sa "base", de sa propre institutionnalisation et opulence de sa hiérarchie si contraires à l'esprit des Évangiles ; mouvement "hérétique" qui conduira à Orléans au premier bûcher connu de l'histoire médiévale (auquel le roi capétien aurait pu être relativement "contraint", après avoir plutôt ménagé le mouvement jusque-là...) ; un courant intermédiaire "réformiste" émergeant parallèlement, impulsé par l'abbaye de Cluny qui saura intégrer certains éléments de la contestation hérétique et surtout s’enraciner dans la réalité idéologique et sociale du temps.
Sigebert de Gembloux, quant à lui, apparaît comme un idéologue pro-impérial (Saint-Empire romain germanique où il évolue, entre sa Belgique natale et la Lorraine), assez notoirement anti-capétien et même, tout ecclésiastique qu'il est, anti-"guelfe", c'est à dire prenant fortement le parti des empereurs Henri IV et Henri V contre les papes Grégoire VII, Urbain II et Pascal II (hostile, en un mot, à la suprématie papale sur les souverains temporels).
Dans son texte, les Bagaudes sont littéralement des monstres hirsutes osant troubler par les armes les affaires de la paix et répandant partout la terreur et la ruine, mettant l’Empire en grave danger d'effondrement ; et Maximien, pour ainsi dire, un légitime et presque honorable "César" venant à raison mettre fin à leurs déprédations ; ayant simplement le tort, "nul n'étant parfait", d'être païen et de martyriser pour ce motif la légion de Maurice...
On a donc ici, presque 8 siècles après les événements (et 6 après la fin définitive de l'Empire), la narration de ceux-ci la plus ouvertement anti-bagaude et pro-ordre établi ; dans un contexte, on l'a dit, d'opposition parfois radicale entre des pouvoirs étatiques post-carolingiens, un christianisme "populaire"-"révolutionnaire" encore plus que prégnant et un autre, institutionnel et défenseur de l'oppression sociale ("populares" vs "optimates," en quelque sorte...) jusqu'à refuser au Pape lui-même le rôle de garant des populations contre les princes.
Dans cette perspective, les "Sarrazins des Alpes en réalité peuples ligures autochtones insurgés", thèse développée dans les années 1970 par Josef Henriet et rie au nez à l'époque, mais désormais prise au sérieux par des historiens y compris catholiques https://youtu.be/mmJerHiACQ4 https://youtu.be/vSgaDXdE-Oc, pourraient bien avoir existé ; mais été non pas des "païens rejetant la christianisation" mais bien des tenants d'un CHRISTIANISME POPULAIRE plus ou moins syncrétique, issu de l'"évangélisation thébaine" à l'époque bagaude, résistant aux institutions ecclésiastiques officielles et aux tentatives néo-impériales des États carolingiens du 10e siècle (d'autant plus que, l'Empire de Charlemagne s'étant désintégré, ces pouvoirs ne présentaient même plus l'intérêt d'un grand "marché" et "réseau civilisationnel" de dimension continentale...) ; toute dissidence à l'époque étant rapidement qualifiée de "païenne", "infidèle" et par glissement "sarrazine", à fortiori si des éléments de la colonie musulmane, bien réelle quant à elle, du golfe de Saint-Tropez (Fraxinet) menaient AUSSI des raids occasionnels dans la région alpine...
Enfin, incontestablement la plus "folle", mais non moins fascinante est la dernière version, celle du "Liber de compositione castri Ambaziae". Ce texte du milieu du 12e siècle, œuvre de "propagande" des Plantagenêts qui, régnant sur toute la façade ouest de l'Hexagone (de la Normandie à la Gascogne) ainsi que l'Angleterre, pouvaient se prendre à prétendre eux aussi (face aux Capétiens et au Saint-Empire) à l'imperium continental, offre une "compression" historique des évènements évidemment très inexacte (pour trouver un Constantin qui se soit appuyé sur des Bagaudes, il faut éventuellement se tourner vers l'"empereur gaulois" dissident de ce nom, au début du 5e siècle...), mais néanmoins "fidèle" comme "synthèse" (si l'on veut) à la réalité de cette "révolution chrétienne" ouvrant la porte du Moyen-Âge : les "Baugards" = Bagaudes deviennent un peuple gaulois particulier, dont l'aristocratie (ce qui permet de respecter les codes de la geste chevaleresque en vigueur à l'époque, sans exalter une "simple" révolte de paysans) emmenée par "Helianus et Amandus" combat les tyrans Dioclétien et Maximien ; PUIS qui se place sous l'autorité de Constantin, le vrai (dont l'épopée débute en (Grande-) Bretagne, ce qui a sa commodité pour les objectifs du récit...), l'empereur qui légalisera le christianisme ; lequel battra finalement Maxence, le fils de Maximien mort entre temps, et donnera en récompense à ces "Baugards" l'autorité sur une vaste partie de la Gaule correspondant largement aux possessions Plantagenêts du 12e siècle (vallée de la Loire, Aquitaine)...
Tous les grands "acteurs" de cet épisode-clé de la fin du 3e/début du 4e siècle sont ainsi réunis, avec bien sûr des liens entre eux totalement romancés et sans réalité historique, mais voilà (dans les faits, Constantin qui ne sera baptisé - peut-être - que sur son lit de mort n'était certainement pas un ami des paysans et autres classes populaires insurgées, et s'avèrera sur le plan social, de la pression fiscale notamment, tout aussi oppressif que ses prédécesseurs et ses successeurs également ; donnant lieu sous des prétextes plus ou moins religieux comme le donatisme - rejet des évêques ayant "opportunistement" accepté de sacrifier aux dieux païens pour sauver leur peau sous Dioclétien - à des nouvelles révoltes, comme celle des circoncellions en Afrique du Nord).
Ce document, laïc quant à lui, montre bien comment encore après l'an 1000, un projet politique "challenger" dans la géopolitique de l'époque pouvait s'emparer de la mémoire, transmise par la tradition populaire, des différents éléments (en les "anoblissant" un peu comme il se doit) constitutifs de cette période charnière, de basculement historique d'une civilisation à une autre.]
En réalité... nous avons vu dans notre précédente (longue) étude sur la réalité historico-scientifique de l'"Atlantide" comment, sorties du stade de la communauté primitive rudimentaire, les sociétés humaines dans de multiples régions du monde (dont une partie de l'Europe) avaient pu développer ce qu'il est peut-être permis d'appeler un "SOCIALISME ARCHAÏQUE" (comme par exemple ici) : des civilisations organisées et sans doute non dénuées de certaines hiérarchies, mais "démocratiques", socialement utiles (pas parasitaires) et acceptées ; fondées non sur la force, la domination par les armes, puis un simple droit de naissance, ou l'opulence matérielle matérielle marchande (ploutocratie), mais, peut-être, sur le SAVOIR ; par exemple le savoir nécessaire (astronomie, géométrie etc.) à ces gigantesques réalisations monumentales que sont les mégalithes (d'où le personnage mythologique d'Atlas, associé à ces attributs, et la "traduction" en "Atlas" par Solon du nom donné par le prêtre égyptien...) ; et que l'historiographie moderne positiviste-zététicienne s'ingénie à "étouffer" et nier en balayant d'un revers de main rigolard toutes les tentatives de recherche un peu sérieuse sur ce sujet (laissant par contre pulluler à destination d'un public décérébré, comme pour définitivement "enfermer" les choses dans le ridicule, les fumeuses théories à base d'extraterrestres etc.).
"Socialisme" des premiers commencements de l'histoire, d'où serait issue la "TRADITION DÉMOCRATIQUE" qui, opposée à la "Tradition élitiste", traverse toute l'histoire de l'humanité et de ses mouvements politiques sociaux.
Et il est, peut-être encore, POSSIBLE de suggérer que la mise en place en Europe de la civilisation médiévale, après (donc) cette "révolution bagaude" que nous venons de voir, a PEUT-ÊTRE été une tentative de restaurer ce "socialisme archaïque" sous la forme de cette société de "contrats" entre les communautés populaires et une aristocratie guerrière la protégeant militairement, animée d'un "principe aristocratique" au bon sens du terme (valeurs chevaleresques) ; ainsi que (corporations) des "maîtres" en leurs domaines artisanaux ; le tout sous les auspices et l'"arbitrage" de l’Église (élite du savoir) ; ceci "EN TENSION" constante, bien sûr, avec les aspirations de certaines élites à refonder à leur profit l'ordre impérial romain, et des ploutocrates-marchands à retrouver par ce biais le chemin des grands réseaux commerciaux ; le triomphe partiel de ces aspirations ayant débouché sur l'entrée dans la Modernité et la constitution de ses États (et empires coloniaux dans certains cas), cas particulier (et unique) ouest-européen, comme l'a démontré Samir Amin, tandis que le "despotisme tributaire" des autres civilisations dans le monde poursuivait ses cycles habituels d'ascension - apogée - déclin -nouveau pouvoir - nouvelle ascension.
Là encore, la réduction par l'historiographie bourgeoise moderne de cette période de presque un millénaire (du Bas-Empire romain aux 3e-4e siècles, jusqu'au 12e ou 13e) à un "âge des ténèbres", d'où seule émergerait (un peu...) la figure de "restaurateur impérial" d'un Charlemagne (sans nier pour notre part les aspects utiles et positifs d'une telle restauration), a certainement des ressorts "intellectuels" qui méritent qu'on y réfléchisse ; peut-être en regardant (pour s'offrir le plaisir toujours agréable d'un point Godwin) dans la direction du cas "extrême" des élucubrations anti-"despotisme" du pétainiste Rougier...
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AUX SOURCES D'UNE LÉGENDE
Platon (ou plutôt, pour être exact, Solon, dont il fait la source du récit qu'il aurait lui-même reçu d'un prêtre égyptien) a emprunté le nom d'un Titan mythologique, Atlas, en modifiant substantiellement sa généalogie (devenant fils de Poséidon et d'une autochtone de la grande "île", Cleito), pour en faire le fondateur de son "Atlantide" :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Atlantide#Sources
- https://fr.wikisource.org/wiki/Timée_(trad._Chambry)
- https://fr.m.wikisource.org/wiki/Critias_(trad._Chambry)
Alors bien sûr, OUI, nous avons là d'abord et avant tout un "mythe", un "conte philosophique", de la "fable", du fantastique et du grandiloquent ; qui fera même l'objet, quelques décennies après sa rédaction, de parodies (Théopompe). Mais DE QUOI le célèbre philosophe, et son illustre prédécesseur, ont-il bien pu s'inspirer, dans quelle "matière" ont-il pu puiser pour construire ce "mythe" ; de même que, nous le savons, TOUTE légende ancienne comme fiction contemporaine puise son "cadre" dans une géographie et une historicité bien réelle ? Ou faut-il déduire de l'inexistence (probable) du "roi Arthur", qu'il n'y a jamais eu de Haut Moyen Âge et de lutte des Brittons contre les envahisseurs anglo-saxons en Grande-Bretagne ? Ou de celle de John Rambo ("Hercule" cinématographique à la gloire de la puissance américaine), qu'il n'y a jamais eu de guerre du Vietnam ? C'est ce que nous allons tenter de voir tout au long de cette étude ; qui assume la prétention d'apporter une réponse solide et définitive à cette question, en balayant les fantasmagories plus ou moins ésotériques qui ont depuis des générations, décrédibilisé le simple fait d'évoquer le nom de l'"Atlantide".
Dans le mythe original, Atlas, fils de Japet (!! nom qui évoque incontestablement Japhet, le "père" des populations européennes selon la Bible) et petit-fils de Cronos qui régnait alors sur le monde à ses origines ("Âge d'Or"), fut pétrifié par Zeus "à la bordure occidentale du monde connu" d'alors, devenant le massif montagneux marocain de ce nom aujourd'hui – mais cela pouvait peut-être également inclure les hauts massifs ibériques en face, tels que la Sierra Nevada (notion de "Colonnes d'Atlas", avant d'être rebaptisées "d'Hercule") ; et condamné sous cette forme à "porter la voûte céleste sur ses épaules".
Et surtout, il avait un frère : le célèbre Prométhée... qui est quant à lui mythologiquement associé au Caucase, où Zeus le fit enchaîner pour qu'un aigle lui dévore chaque jour le foie.
Allégorie (conjointement à d'autres indices comme l'appellation identique, pour les Grecs, d'Ibérie pour la péninsule aujourd'hui de ce nom... et une région du Caucase, partie de l'actuelle Géorgie) de ce gigantesque mouvement de population aujourd'hui attesté par l'archéo-génétique batisseurs-du-site-stonehenge-angleterre-etaient-originaires-turquie-recente-etude-1656940.html et "prométhéen", certes pas par la maîtrise du feu (antérieure de dizaines de milliers d'années), mais de l'agriculture et de techniques avancées pour l'époque, qui à partir de -6500 voire -7000 avant notre ère (voire -7700, date à laquelle le mystérieux site anatolien récemment découvert de Göbekli Tepe https://youtu.be/HK5ODzlNFDY, aux constructions monumentales évoquant tant le mégalithisme que nous allons voir ci-après, est subitement abandonné et enterré...) conduira des milliers d'agriculteurs-éleveurs de la région anatolo-caucasienne jusqu'à l'Europe occidentale, suivant globalement deux "voies" : une "voie sud" méditerranéenne, possiblement maritime (cabotage, "sauts de puce" d'île en île), correspondant peu ou prou à la diffusion de la poterie dite cardiale et une autre plus au nord, terrestre, par les Balkans, le Danube et les Alpes, à la céramique "rubanée" ; les deux se "rejoignant" au niveau de l'Armorique et globalement de l'ouest de l'Hexagone, avant de passer dans l'archipel britannique.
https://www.wikiwand.com/fr/Groupes_du_Néolithique_en_France
https://fr.wikipedia.org/wiki/Europe_néolithique#Génétique_du_Néolithique
Mouvement attesté également par les similitudes, étudiées par le soviétique Nicolas Marr et plus tard Federico Krutwig et Josef Henriet, entre la langue basque (euskara) et celles dites "kartvéliennes" du Caucase actuel :
https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/00437956.1951.11659408
https://core.ac.uk/download/pdf/11495609.pdf
http://ekladata.com/MgxQEld_4tzLJwgh6pyrfJ6awxI.jpg ; derniers vestiges "aux deux extrémités" (avec également des résidus "substratiques" ailleurs, en particulier dans les régions montagneuses) d'une commune langue européenne néolithique ("arpetar") "submergée" depuis par les langues indo-européennes – similitudes PARTIELLES certes*, car les langues du foyer originel anatolo-caucasien ont connu leur évolution propre par la suite (7 millénaires !), disparaissant pour certaines (hatti, hourrite), tandis qu'à l'extrémité occidentale elles se sont "posées" sur le substrat préhistorique "des cavernes" avant de subir l'influence des apports ultérieurs celtes et latins (sur les origines génétiques des Basques :
https://www.gasconha.com /spip.php?article2958 – ceux-ci seraient bel et bien, avec les Sardes ce qui a son importance pour la suite, les plus gros porteurs actuels de patrimoine génétique de ce peuplement de fermiers néolithiques ; mais marqués cependant par un beaucoup plus fort métissage avec les populations préhistoriques antérieures "Cro-Magnon", alors que la Sardaigne était quant à elle inhabitée lors de leur arrivée ; patrimoine relié, bien entendu, à celui des populations anatoliennes et du sud du Caucase...).Peuple basque dont la mythologie fondatrice (pour naviguer encore, comme nous le ferons tout au long de cet article, entre archéologie, mythologie, génétique et linguistique) fait remonter les origines à un certain Tubal, fils, là encore, de Japhet.
Caucase, où se trouvent aujourd'hui les plus fortes concentrations d'un autre marqueur fameux de cette migration néolithique anatolienne : l'haplogroupe du chromosome Y (transmission masculine) G2a ; dont la région d'origine il y a plus de 10 000 ans correspond totalement à celle de l'émergence de l'agriculture, de Göbekli Tepe etc. ; et les zones de prévalence actuelles semblent de là "traverser" littéralement l'Anatolie pour, en Europe et Méditerranée, présenter des "poches résiduelles" remarquables dans les régions montagneuses, où ces populations se sont visiblement "repliées" face à l'arrivée des indo-européens (sur laquelle nous reviendrons longuement plus loin) : dans les Alpes, "arpétares" jusqu'à leur conquête romaine selon la théorie d'Henriet et Krutwig ; le Massif Central et les Pyrénées, les Apennins et notamment l'ancienne Étrurie en Italie, et bien sûr en Sardaigne ; les montagnes berbères d'Afrique du Nord ou encore dans la Péninsule ibérique (côte méditerranéenne ou chaîne cantabrique au nord) ; bref toutes les régions décrites par Platon comme "atlantes" – mais pas, en revanche, au Pays Basque, où pour des raisons toujours objet de controverse prévaut aujourd'hui l'haplogroupe R1b typiquement indo-européen, ainsi qu'à 10-15%, prévalence notablement élevée pour l'Europe de l'Ouest, le I2a des chasseurs-cueilleurs préhistoriques européens auxquels se sont mêlés les arrivants néolithiques (mais le génome "global", comme on l'a vu, reste très largement dominé par ce "mélange", et la présence très élevée également, fait connu, du groupe sanguin O, etc. etc.).
[* Notre idée serait en fait que les langues caucasiennes actuelles proviendraient plutôt de celles des peuples "J2" (haplogroupe) de la culture dite "kouro-araxe", dont les héritiers historiques les plus connus sont les Hourrites et les Urartéens (culture fortement associée par ailleurs à la diffusion de la métallurgie du bronze, donc à "Prométhée", encore une fois) ; langues parentes, mais DIFFÉRENTES de celle du peuplement anatolien "G2a" de l'Europe néolithique qui constitue le superstrat du basque (sur un substrat chasseur-cueilleur préhistorique). D'où le fait que les concordances trouvées sont bien réelles (ne serait-ce que déjà le caractère ergatif et agglutinant), mais n'ont jamais pu être totalement satisfaisantes.
À la rigueur, le hatti pourrait avoir été un héritier plus direct de la langue "G2a" anatolienne néolithique, mais là encore les concordances avec le basque sont relativement minces – la langue est de toute façon mal connue, les sources textuelles réduites, essentiellement dûes aux Hittites qui l'avaient conservée comme langue liturgique ; nonobstant, elle a pu être rapprochée des langues caucasiennes du Nord-Ouest (abkhaze etc.) avec lesquelles la parenté du basque faisait (en tout cas) consensus à l'époque des savants réellement brillants en leurs domaines, au milieu du siècle dernier (article de 1949 qui dit globalement les mêmes choses que nous disons ici, mais avec une tendance à "comprimer" les dates "autour de la fin du IIIe millénaire av. J.-C.", car bien entendu les méthodes de datation des mégalithes, du cuivre, des céramiques etc. étaient à l'époque beaucoup moins perfectionnées qu'aujourd'hui, et l'archéo-génétique évidemment inexistante : on sait désormais que c'est au moins 5000 ans avant notre ère que s'est opéré l'apport humain anatolien en Europe atlantique, et avec lui le superstrat voisin des actuelles langues caucasiennes qui donnera lieu à la langue basque, sur une population conservant certes une "souche ethnique" préhistorique "de Lascaux" importante)...
Ici un autre travail récent (2017), et intéressant qui relance l'hypothèse avec une approche sérieuse et en faisant le lien avec les preuves génétiques de la migration anatolienne :
Ou encore :
https://elmiradoriu.wordpress.com/novedades-sobre-el-origen-del-euskera/ intéressant en termes de "stratigraphie" linguistique substrats/superstrats, car en réalité JAMAIS aucune langue ne remplace/"efface" complètement une autre...
Simplement, la notion de "paléo-indo-européen" évoquée serait plutôt selon nous ce que l'on pourrait appeler du "paléo-eurasiatique" préhistorique, parfois appelé aussi "nostratique" ; du "paléo-chasseur-cueilleur ouest-eurasien" si vous préférez : il y avait 10 000 ans avant notre ère, il faut le savoir, 4 MILLIONS d'êtres humains à peine sur toute la planète, dont sans doute quelques centaines de milliers tout au plus dans toute l'Europe, la Sibérie et l'Asie centrale ; il est donc largement possible d'imaginer que les langues de ces populations étaient fortement apparentées, et ont laissé des traces aussi bien dans le proto-indo-européen qui déferlera sur l'Europe à partir de -3500 que (comme substrat) dans les langues qui s'y parlaient antérieurement au Néolithique, apportées par les agriculteurs anatoliens, ou déjà pratiquées antérieurement par les chasseurs-cueilleurs...
De fait, l'"euskarique" autant que les langues caucasiennes, les "anatoliennes" disparues (hatti, hourrite, urartéen) et peut-être même dans une certaine mesure les altaïques voire les dravidiennes (comme le pensait sérieusement M. Morvan), ou encore l'ancien sumérien, dans toutes leurs différences, pourraient bien être les descendantes les plus "directes" de ce "paléo-eurasien", langue de cette humanité tout juste sortie d'Afrique au Paléolithique, hybridée entre Asie occidentale et centrale avec les derniers reliquats de Néandertal, et survivant de justesse au dernier maximum glaciaire (il y a 20-25 000 ans) ; tandis que les langues indo-européennes, qui ont plus tard "submergé" l'Europe et l'Asie occidentale de l'Arménie à l'Inde, en descendent elles aussi mais en sont une "branche" beaucoup plus "dérivée", une "évolution" flagramment différente (perte de l'ergativité notamment), bien que pouvant en comporter de notables "traces"... Ce grand ensemble "eurasien" n'ayant par contre rien ou presque à voir avec les langues d'émanation africaine (y compris les langues sémitiques, afro-asiatiques), ni bien sûr avec celles immémoriales des Aborigènes d'Australie, Papous et autres Andamanais ; et peu, fort lointainement en tout cas, avec celles émanant de l'haplogroupe O, d'Asie de l'Est et du Pacifique.
"Le basque est issu de l'eurasien pré-indo-européen ou proto-eurasien qui s'est trouvé morcelé il y a très longtemps par l'irruption des langues indo-européennes. Il représente une branche de ce super-phylum au même titre que les langues caucasiennes en représentent une autre. Mais il doit être clair que l'on ne parviendra pas, étant donnée la profondeur chronologique de l'eurasien, à établir des correspondances aussi régulières que dans le cas de familles bien délimitées" (telles que la famille indo-européenne par exemple) - Michel Morvan.]
LA CIVILISATION MÉGALITHIQUE : L'EUROPE-MÉDITERRANÉE D'AVANT L'HISTOIRE (... telle qu'on nous l'a contée)
Ce sont ces populations qui, supplantant (probablement absorbant, sans massacres) la maigre population de chasseurs-cueilleurs de type Cro-Magnon, ont érigé la brillante civilisation MÉGALITHIQUE sur toute la façade atlantique du continent et même jusqu'au Maroc (y entrant, peut-être, en contact avec les populations nombreuses d'un Sahara alors verdoyant et arrosé de grands fleuves comme le "Tamanrasset", véritable Jardin d'Éden de l'époque ? en tout cas, sur la côte nord du continent le contact est avéré par la génétique...) ; avec des monuments impressionnants tels que Barnenez ou Gavrinis (en Bretagne), Newgrange (Irlande) et aussi au Nord que Skara Brae dans les îles Orcades (Écosse), antérieurs de plus d'un millénaire aux pyramides de Gizeh (et d'autres plus contemporains comme le fameux Stonehenge en Angleterre) ; ainsi que dans la Méditerranée occidentale jusqu'à l'"avant-poste" de Malte, avec ses fameux temples colossaux pour l'époque également (et ayant peut-être, à des yeux grecs, "quelque chose de barbare"... comme dans le texte de Platon) ; ou encore la Sardaigne et la Corse, la Sicile et plusieurs sites en Afrique du Nord – la carte de la répartition des sites, comme celle de la diffusion de la céramique cardiale, fait écho de manière saisissante aux indications données par Platon : "en deçà du détroit, ils régnaient sur l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie (l'Italie, en clair), et sur la Libye (Afrique du Nord) jusqu’à l’Égypte".
C'est aussi ce que dans une acception plus large (incluant les non moins fascinantes civilisations néolithiques-chalcolithiques du Danube et des Balkans), certains courants "protohistoriens" ont pu appeler la "Vieille Europe" ; ici, plus précisément, la "Vieille Europe-Méditerranée" DE L'OUEST :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithe
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithisme_en_Europe- Bretagne : "Carnac, sur les traces du royaume disparu" (documentaire absolument passionnant : la pierre - jadéite - des lames de haches polies provient du Mont Viso, dans les Alpes piémontaises, et la variscite des bijoux, d'Andalousie ; des pierres ayant d'ailleurs une couleur verte évoquant le cuivre oxydé : "cuivre" des montagnes = "orichalque" ? et l'évocation très sérieuse d'un déclin brusque de cette civilisation... par un phénomène de submersion marine)
- https://www.academia.edu/2460253/Occupation du Néolithique moyen autour de la butte de Lillemer Ille-et-Vilaine (au niveau de l'habitat, dont la conservation par là-bas est rare, mais favorisée ici par la tourbe : une butte entourée d'une enceinte de 1,3 km renfermant, donc, plus de 10 hectares ce qui pouvait signifier plusieurs centaines voire milliers d'habitants ; des constructions en brique crue, bref... pas rien !)
- Provence (Fontvieille) : https://www.actes-sud.fr/node/50819 - http://dolmen2.free.fr/crbst_17.html (parcourir aussi le reste du site, très intéressant sur le Midi de la France... ce site de Fontvieille était probablement, comme Valencina en Andalousie que nous évoquerons plus loin, un "Gizeh", site sacré d'un établissement habité probablement d'importance, mais dont l'instabilité des terrains de la région - Delta du Rhône - a vraisemblablement englouti les vestiges à jamais)
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Statue-menhir
- Malte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Temples_mégalithiques_de_Malte - https://youtu.be/vD78nBjyAi8 - https://the-past.com/feature/megalithic-malta/ - https://fr.wikipedia.org/wiki/Préhistoire_de_Malte#Malte_au_Néolithique
- Portugal : dolmen d'Antelas et ses fascinantes décorations peintes
- Sardaigne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_prénuragique -https://fr.wikipedia.org/wiki/Tombe_des_géants -https://fr.wikipedia.org/wiki/Domus_de_janas -https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_d'Accoddi -https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_d'Ozieri -https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_d'Abealzu-Filigosa (on remarquera l'importance des représentations de taureaux, dont Platon évoque le culte, associé à celui de Poséidon, dans son "Critias"... l'île est de fait souvent envisagée comme une "candidate" très sérieuse pour la localisation de l'Atlantide, ce qui selon nous est à la fois vrai et faux : elle en faisait indubitablement "partie", mais ce qui est devenu la légende n'était pas un pays précis mais une "aire" culturelle, commerciale et "civilisationnelle" ; conformément à la description platonicienne d'un continent - l'Europe occidentale, + éventuellement le Maroc - et de ses "ramifications" jusqu'à la Mer Tyrrhénienne, puis même au-delà, et jusqu'aux portes de l'Égypte)
[Concrètement, on semble pouvoir identifier 4 "centres" essentiels dans cette civilisation : le groupe Bretagne / îles Britanniques en Atlantique ; Malte et ses temples, et la Sardaigne en Méditerranée ; toutes choses que nous venons de voir ; et enfin et surtout, le Sud de la Péninsule ibérique que nous verrons plus avant.]
- https://www.persee.fr/ doc/efr_0000-0000_1988_mon_109_1 (en Corse)
- Lampedusa (entre Sicile et Malte) : http://www.archiviostoricolampedusa.it/ 2016/08/ un-tempio-preistorico-sommerso-nel-mare.html
- Levant : https://www.unige.ch/expositions-virtuelles/megalithes/liban.html - https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithisme_au_Proche-Orient ; avec une question prégnante : "Historiquement, le mégalithisme du Proche-Orient, qui se caractérise notamment par grandes concentrations dolméniques a longtemps été considéré par certains spécialistes comme le berceau d’origine du mégalithisme d'où il se serait diffusé vers le monde méditerranéen puis vers l'Europe de l'Ouest. Les découvertes et les premières datations au radiocarbone réalisées dans les années 1950 en Europe et les travaux réalisés au Proche-Orient (notamment par Claire Epstein, Frank Braemer et Tara Steimer) ont contribué à déconnecter les deux phénomènes et à en inverser la chronologie" – nous aurions ici une théorie à proposer, que nous verrons en fin d'article (périple des "Amazones libyennes" chez Diodore) ; mais à présent, la découverte des "Tepe" du Sud de la Turquie (Göbekli, Karahan etc.), ou de sites submergés comme Atlit Yam en Palestine, extrêmement anciens, conduisent à relativiser encore cette affirmation ; bref, vraiment difficile de se prononcer.
- On pourrait également citer le cas de Karahunj, en Arménie ; à la datation controversée mais potentiellement très ancienne, peut-être de l'ordre de 5500 ans avant notre ère, si ce n'est plus...
- Afrique du Nord : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cromlech_de_M'zora -https://fr.wikipedia.org/wiki/Vestiges_de_Roknia -https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalithes_d'Ellès -https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibéromaurusien#Néolithique : contact avéré par la génétique entre les populations préhistoriques d'Afrique du Nord et les populations "atlantes" d'origine anatolienne évoquées : "entre 20 et 50 % du patrimoine génétique des Maghrébins modernes serait issu des Ibéromaurusiens", (mais) "des fermiers de la culture de la céramique cardiale de la Péninsule ibérique, issus de l'Anatolie, seraient venus répandre le Néolithique en Afrique du Nord et contribuer au trois-quarts de l'ascendance restants" ; "les Marocains du début du Néolithique sont lointainement reliés aux chasseurs-cueilleurs natoufiens du Levant (vers 9000 avant notre ère) et aux agriculteurs du Néolithique pré-poterie (vers -6500)" (en outre, "l'ADN autosomal d'échantillons marocains du Paléolithique final, du site de Taforalt, indique qu'au moins un tiers de leur ascendance provenait de populations d'Afrique subsaharienne") ; "en revanche, les Marocains du Néolithique tardif (vers -3000) partagent une composante ibérique, la même composition génétique que la culture du Néolithique méditerranéen cardial qui a atteint la Péninsule ibérique vers 5500 avant notre ère : ces similitudes génétiques et culturelles entre Ibériens et Nord-Africains néolithiques renforcent l'idée d'une immigration depuis la Péninsule vers le Maghreb à cette époque" ; ou encore, autre étude, "la présence d'ADN européen chez les Nord-Africains varie, atteignant au maximum 25%, et est semblable aux populations méditerranéenne d’Europe du Sud comme les Basques et les Toscans"... les langues berbères étant par ailleurs normalement considérées comme apparentées aux langues "tchadiques", en premier lieu le haoussa, à l'égyptien antique ou encore aux langues "couchitiques" de la Corne de l'Afrique, ce qui serait cohérent avec la "dispersion saharienne" de populations suite à la désertification de la savane verdoyante qui prévalait entre -9000 (et même dès -12 500, avec l'interruption du Dryas autour de -10 000) et -3000... mais d'éventuels liens avec le basque ne semblent pas non plus à balayer d'un revers de main.
- Ici un exemple de cette civilisation développée au contact de cet apport "ibérique" néolithique : https://www.science-et-vie.com/science-et-culture/ archeologie/oued-beht-decouverte-dune-civilisation-oubliee-en-afrique-du-nord-au-neolithique-179513 https://www.slate.fr/monde/decouverte-civilisation-disparue-afrique-du-nord-maroc-taille-troie-histoire-neolithique-maghreb https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/09/26/au-maroc-decouverte-d-un-complexe-agricole-vieux-de-5-000-ans-l-un-des-plus-anciens-et-des-plus-vastes-d-afrique_6334770_3212.html – "Cette culture du silo se retrouve à la même époque de l’autre côté de la Méditerranée, de l’ouest de l’actuelle Andalousie à ce qui est aujourd’hui l’Alentejo portugais. La tradition de la poterie peinte, attestée au nord du détroit de Gibraltar, fait également écho aux très nombreux récipients en céramique trouvés à Oued Beht, certains ornés de peintures polychromes d’une qualité rare" (...) "Dans le sud de la Péninsule ibérique, la présence d’objets en ivoire ou en œuf d’autruche témoignait déjà de connexions anciennes avec l’Afrique. Mais les résultats des fouilles menées à Oued Beht modifient la chronologie de ces échanges et invitent désormais à réviser l’histoire du commerce entre le Nord-Ouest africain et la Méditerranée occidentale. « On pensait qu’il datait d’une époque plus récente, avec les débuts de la navigation en haute mer vers 2 400 avant J.-C., mais c’est en fait mille ans avant qu’il a commencé », explique Youssef Bokbot, qui soupçonne d’autres liens avec la Méditerranée orientale, notamment Chypre"... (vous aurez l'occasion de voir l'importance cruciale de tout cela tout au long de ce qui va suivre, et là nous sommes clairement au "pays des Atlantes" selon la géographie antique - Hérodote etc.).- https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/prehistoire-sahara-neolithique-232/ - https://fr.wikipedia.org/wiki/Période_humide_africaine - https://fr.wikipedia.org/wiki/Tamanrasset_(fleuve) - https://journals.openedition.org/pm/715 ("Périodisation et chronologie des images rupestres du Sahara central", J.-L. Le Quellec) : sur cette question du Sahara humide entre -9000 et -3000, et des liens possibles...(a)
Sur la possibilité qu'une telle civilisation ait pu avoir un système d'écriture :
- https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/une-proto-ecriture-dans-l-art-des-grottes-la-pseudo-decouverte-qui-ravit-les-medias-et-herisse-les-prehistoriens_168877 : sur le Paléolithique, article zététicard hostile par principe à toute recherche audacieuse (comme si la science pouvait être autre chose que l'audace intellectuelle par définition...), mais bien obligé de reconnaître que "Depuis la découverte de l’art pariétal du Vieux continent il y a près d’un siècle et demi, traits, points et pléthore d’autres figures géométriques posent un problème d’interprétation aux chercheurs. Doivent-ils être compris comme les représentations symboliques d’importants concepts ou idées ? Comme les éléments d’une véritable construction syntaxique ? Ou encore comme rien qui ne puisse être appréhendé par les humains que nous sommes devenus ? À l’heure actuelle, ces questions restent sans réponse, et il est fort probable qu’elles n’en obtiendront jamais" (sic)... bien entendu, il est clair que nous serions ici dans la "figuration" d'idées, de concepts, de choses qui en tout cas ne se réduisent pas à une scène vue ; loin d'un système d'écriture tel que nous l'entendons aujourd'hui, mais nous savons qu'en général lesdits systèmes découlent toujours de ce type de symbolisme "idéographique".
- https://www.persee.fr/doc/bmsap_0301-8644_1893_num_4_1_5412 (Les signes alphabétiformes des inscriptions mégalithiques, C. Letourneau, 1893)
- https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1964_num_108_2_11755 (Les pré-écritures de la Préhistoire, M. Gorce, 1964)
- https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1944_num_41_10_1838 (Les peintures rupestres de style ibérique dans la vallée du Caramy (Var), IIIe millénaire au moins)
- Prosper Mérimée, "Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France", 1836 : "Toutes les pierres (de Gavrinis) sont sculptées et couvertes de dessins bizarres. Parmi cette multitude de traits, on en distingue que leur régularité et leur disposition singulière pourraient faire ressembler à des caractères d'écriture"...
- http://ekladata.com/VgXwz7fnhjPvI-k5PsVq1T48M7Q.jpg
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Indalo : célébrissime symbole andalou issu d'une figure idéographique du Néolithique ; petit bonhomme semblant... supporter la voûte céleste sur ses épaules et dont il est intéressant de remarquer, liminairement, que son nom proviendrait "de l'ibérique indal eccius"... qui n'est pas sans évoquer une origine possible du nom "Andalus", mais aussi, par contraction extrême... "Atlas" ; et qui signifierait en outre... "messager des dieux" - or toute la tradition mythologique associée au lointain Occident, au niveau ou au-delà des Colonnes d'Hercule = Gibraltar, identifie cette région comme la "terre d'origine des dieux", ce qui est sans doute à interpréter comme "là où sont apparues les premières manifestations massives et monumentales de religion"...
- https://www.agenciasinc.es/Noticias/La-escritura-mas-antigua-de-Iberia-puede-estar-en-la-estela-de-Montoro (curieux... et tout aussi curieusement "impossible à dater" – soyons sérieux, c'est visuellement très ancien, clairement pas de la veille de la conquête romaine ; en général ce type de stèles est daté d'au moins -1000 : "Ces signes apparaissent compatibles aussi bien avec les plus anciennes écritures ibériques connues, comme la levantine, tartessienne et méridionale, qu'avec des écritures orientales comme le phénicien, le protosinaïtique, le proto-cananéen ou l'arabe méridional"...)
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Un rapport possible, peut-être, avec la fameuse écriture tifinagh berbère ; dont l'ancienneté réelle demeure un mystère, sinon que la fantasmagorique idée d'une "origine phénicienne" est aujourd'hui à peu près totalement abandonnée ?
(Ici, art extrêmement symbolique-idéographique, typique du symbolisme susceptible d'évoluer ensuite en écriture, à Sefar, Tassili, Sud algérien ; probablement plusieurs millénaires avant notre ère - peut-être précisément l'époque de l'arrivée des Méditerranéens néolithiques "atlantes" que nous venons de voir... Ou encore ici... Quelle que soit la datation, on est en tout cas extrêmement loin de toute "influence phénicienne" possible et envisageable ! Un signe tifinagh célèbre, devenu l'emblème de l'identité berbère, se retrouve même dans des tombes mégalithiques de Sardaigne...)
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D'après "Le défi de l'abstraction : symboles, signes et systèmes de notation dans la préhistoire européenne", de Harald Haarmann, "depuis les premières manifestations d’une activité symbolique de l’Homo sapiens au Paléolithique, se trouve l’évidence de deux procédures cognitives indépendantes entre la représentation des images (images naturalistes ou sculptures) et les signes abstraits. L’utilisation de signes et de symboles est attestée chez Néandertal et chez Homo erectus, alors que l’art naturaliste est une innovation de Sapiens. L’interaction des deux capacités est illustrée par l’héritage visuel des représentation en Europe du Sud-Ouest, sur les rochers gravés des Alpes italiennes (Val Camonica) et dans la dynamique utilisation des signes et symboles en Europe de l’Est durant le Néolithique (Culture du Danube). Autour de 5500 avant notre ère, les signes utilisés en Europe du Sud-Est atteignent une sophistication telle qu’ils représentent le premier système d’écriture".
En effet, on a bel et bien retrouvé ce qui pourrait fort être une forme d'écriture dans ce qui était vers -6000 ou -5500 la culture balkanique de Vinča, ou encore à Dispilio en Grèce (près de la frontière macédonienne et albanaise)... autrement dit (cf. la carte plus haut) la première étape de la grande migration anatolienne qui allait gagner l'Ouest du continent durant le millénaire suivant, en y apportant possiblement (en toute logique) ce système. Et les signes de cette possible écriture peuvent effectivement évoquer dans leur "style" aussi bien l'ancien phénicien que le tifinagh, les systèmes d'écriture ibères (ici exemples de tartessique - il est clair qu'en comparant avec l'alphabet phénicien dont ils sont censés "être issus", les similitudes n'apparaissent que très partielles et 3 signes sur 4 semblent bien, de fait, provenir d'ailleurs...), étrusque ou encore le linéaire A crétois (60 signes seraient pratiquement identiques) ; sans même parler des runes nordiques ; tandis que des tentatives de déchiffrement auraient été tentées à travers le basque, bref... encore un sujet qui mériterait plus que d'être creusé.
Ce qui est même évoqué dans cette vidéo en espagnol, c'est que les Phéniciens, loin d'avoir amené leur alphabet dans ces régions de la Méditerranée et jusqu'à l'Atlantique, pourraient bien plutôt l'en avoir... TIRÉ ("serait-il possible de dire que ce ne sont pas les Phéniciens qui ont amené l'écriture en Occident, mais que ce seraient au contraire des Occidentaux, centre-européens voire ibériques qui, à Ougarit et dans les autres ports de Canaan, auraient enseigné aux Cananéens une forme d'écriture différente de l'écriture cunéiforme qu'ils utilisaient déjà depuis plusieurs millénaires ?" "lorsque Strabon faisait référence aux lois écrites tartessiennes vieilles de 6000 ans, se pourrait-il qu'il ne fusse pas si éloigné de la réalité, et que ce que les Grecs du Ier millénaire appelaient Tartessos puisse être un souvenir de ces proto-États des IVe et IIIe millénaires ?" "on peut également supposer que les dits 'Peuples de la Mer' furent le reflet en Orient de la fin de ces cultures occidentales du Chalcolithique et du Bronze, et nous demander alors si les Phéniciens, au moment de fonder Gadès - Cadix - 1200 ans avant notre ère, suivant 'l'oracle de Melqart', ne venaient pas en réalité récupérer des marchés déjà connus au cours des millénaires précédents, et savaient parfaitement où ils allaient"...) – et il est certes vrai que les tentatives d'en relier les origines au cunéiforme proche-oriental (vraiment aucun rapprochement crédible de ce côté-là, pour autant que cela ait été la première forme d'écriture connue au Levant Nord - à Ebla, Ougarit...), ou aux hiéroglyphes égyptiens, sont toujours restées il faut bien le dire peu convaincantes...
Diodore, que nous aurons maintes fois l'occasion d'évoquer dans cette étude, ne nous dit-il pas dans sa Bibliothèque historique Livre III, LXVII, que "Cadmos a apporté de Phénicie les lettres", qui "furent appelées, d'une dénomination générale, phéniciennes, parce qu'elles avaient été apportées de la Phénicie en Grèce" ; MAIS que ces lettres "portaient plus particulièrement le nom de pélasgiennes, parce que les Pélasgiens se sont les premiers servis de ces caractères" : les "Pélasgiens" ou Pélasges, sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir plus loin ; appellation grecque des premiers habitants pré-indo-européens, d'origine néolithique anatolienne, autrement dit "atlante", de la Méditerranée... ? Il n'est d'ailleurs pas improbable ici que Diodore confonde l'écriture grecque de son temps, celle que nous connaissons aujourd'hui (largement tirée de l'alphabet phénicien avec ajout des voyelles), et l'antérieure : le linéaire B mycénien (ce qui correspondrait plus à l'époque de "Cadmos"), très similaire au linéaire A minoen qui aurait lui-même partagé plusieurs dizaines de signes avec l'écriture ("proto-pélasgienne") de Vinča.
L'influence de tout ceci sur l'alphabet phénicien restant à étudier, mais le fait est que l'origine aujourd'hui principalement invoquée : le "proto-sinaïtique", proto-cananéen, "tiré des hiéroglyphes égyptiens" (encore que "tiré", parfois... un peu par les cheveux) et dont les premières attestations, entre -1850 et -1600, apparaissent par ailleurs fortement liées au contexte hyksôs (ou immédiatement pré-hyksôs) en Égypte (point dont vous comprendrez toute l'importance un peu plus loin dans l'article), "tient (encore que très vaguement) la route" pour une dizaine de caractères phéniciens seulement, sur 22... D'où venaient alors les autres ? Sans parler de tous les signes que les différents peuples "ayant appris l'écriture" de ceux-ci, ont dû rajouter pour pouvoir écrire leurs propres langues (ici encore un exemple d'écriture ibérique de l'Âge du Fer - Mendigorria, Navarre - dont on a bien du mal à voir le début de commencement d'un rapport avec l'alphabet phénicien qui en serait "à l'origine"...).
L'attestation la plus ancienne d'écriture phénicienne (sarcophage d'Ahiram) ne daterait pas, selon une étude paléographique et philologique de 2005, d'avant le Xe siècle (-900, -950...) ; soit bien après les dates données par les anciens pour l'arrivée des premiers Phéniciens en Occident (-1000 ou -1100) ; très tardif pour une civilisation censée puiser dans celle des cités portuaires cananéennes (qui elles, écrivaient en cunéiforme) depuis -2000 au moins ; et finalement assez peu antérieur à l'écriture proto-grecque eubéenne censée en "découler", attestée dès -740 en Italie (Ischia) mais sans doute plus ancienne (précédant par ailleurs de peu son adoption par les Étrusques...) ; ainsi qu'à des inscriptions en zone philistine ("Peuple de la Mer" - voir plus loin - aux origines mystérieuses, peut-être très occidentales), d'autres dans le même secteur (Ashkelon, Tell es-Safi = "Gath"), classifiées comme "chypro-minoennes" (écriture linéaire de Chypre) ou "proto-sinaïtiques", pouvant s'avérer peut-être bien plus anciennes encore (-1000 ?).
Sans aller, donc, jusqu'à affirmer que les Phéniciens "tirent leur système d'écriture" de la Péninsule ibérique "atlante", ce qui pourrait certes être légitimement considéré aller "un peu loin" ; quelque chose interdirait-il d'imaginer une apparition au moins SIMULTANÉE de cet "esprit" et "style" scriptural (il y a toujours des différences entre les différents peuples), dans une "koinè" alphabétique absolument pan-méditerranéenne et nullement seulement "phénicienne" ; puisant dans des sources aussi bien orientales ("proto-sinaïtique") que balkaniques-égéennes... voire occidentales, bien antérieures ; dans le cadre d'un commerce maritime méditerranéen qui "ressuscite" sous l'égide phénicienne ainsi que chypriote (il ne faut pas les oublier, ceux-là), puis rapidement eubéenne, après la grande crise d'autour de -1200/-1100 qui a vu déferler des peuples égéens mais aussi de beaucoup plus à l'Ouest vers le Proche-Orient, puis, dans une "foulée" de quelques siècles, un mouvement inverse d'expansion de la Méditerranée orientale (Phéniciens, Asie Mineure, Eubée) vers l'Ouest (ou pourquoi pas, même, avant ces évènements : le matériel archéologique ATTESTE que le Levant s'inscrivait clairement, déjà à l’Âge du Bronze, dans des circuits commerciaux maritimes jusque loin en Méditerranée occidentale et même au-delà, puisqu'on a trouvé de l'étain britannique dans une épave au large de Haïfa)... ?
Le cas sarde est également, à cet égard, intéressant :
https://gianfrancopintore.blogspot.com/2011/11/scrittura-nuragica-ecco-il-sistema.html - https://gianfrancopintore.blogspot.com/2009/03/allinizio-lalfabeto-nuragico-era-solo.html - https://gianfrancopintore.blogspot.com/2008/03/scritta-nuragica-intervista-con-lo.html - https://www.sardegnainblog.it/14449/scrittura-nuragica-prove/ - "Una tavoletta in scrittura Shardana a Pozzomaggiore" => casse-tête et polémiques sans fin, encore une fois, entre historiens et archéologues : "apport phénicien" ? Ou "chypriote" ou "proto-cananéen", en tout cas oriental, mais bien antérieur ? Ou création locale ? Voire, qui aurait carrément amené au Levant ce concept scriptural ?? Ou "symbiose" de tout cela ? Bien l'illustration de tout ce que nous venons de voir...
Pour l'archéologue britannique Leonard Woolley (1880-1960), c'étaient clairement les Peuples de la Mer ("post-atlantes", Sardes nuragiques etc., nous y reviendrons plus loin) qui auraient "apporté à leurs partenaires cananéens les secrets de la navigation, de la pourpre... et de l'écriture" : vision sans doute, "dans l'absolu", simpliste et en grande partie erronée ; mais "intuition" qui pourrait aussi contenir sa part de vérité.
Le "creuset" méditerranéen oriental, égéen-levantin-égyptien de l'Âge du Bronze ; la mythologie d'Io et de sa descendance, mêlant "Océanides" "atlantes"' et Pélasges, "Phénicie"' et Égypte ; ou encore la grande "virée" de l'Amazone Myrina, "Atlantide" -> Libye-Sahara -> Égypte -> Proche-Orient ; toutes choses que nous verrons plus loin ; pourraient peut-être également représenter des "clés" de compréhension de ce complexe processus.
Pour notre part, intuitivement, nous aurions tendance à penser que l'écriture ancestrale occidentale (Méditerranée occidentale, Europe de l'Ouest, Maghreb) si elle a existé était conceptuellement proche du tifinagh qui en est l'héritier le plus "direct", ayant perduré dans le Sahara "hors d'atteinte" des concepts alphabétiques ultérieurs (phénicien, grec, romain) ; tandis que les proto-écritures des Balkans (Vinča, Dispilio) ont plutôt engendré les linéaires (syllabaires) "orientaux" égéens (minoen et mycénien) (cette filiation se retrouve aussi dans d'autres éléments tels que la poterie, il est vrai beaucoup plus belle, et évoquant déjà les chefs-d'œuvre minoens et mycéniens, dans la Vieille Europe balkanique qu'en Occident "atlante") ; qui ensuite, par "hybridation" de leur concept avec les hiéroglyphes égyptiens simplifiés, dans le contexte hyksôs (comme nous le verrons plus avant) levantin mais lié à l'"empire" commercial maritime crétois-cycladique, ont débouché sur le proto-sinaïtique, l'abjad phénicien etc. etc.
Mais en tout cas, cette idée d'une émergence liée au monde de la mer a tout pour apparaître convaincante lorsque l'on pense à l'aspect pratique d'une écriture rapide, simple (en puisant, justement, dans des figures "primitives") et facile à maîtriser par le plus grand nombre (y compris des peuples assez "rudimentaires" que pouvaient rencontrer les marchands) ; comparée à des scribes "tranquillement" assis dans leurs palais, à rédiger des jours durant des écrits complexes que seule une infime minorité lettrée pouvait lire.
Rappelons toutefois qu'il a parfaitement pu exister de brillantes civilisations sans ce que nous appellerions une écriture : typiquement, les Incas ; ou encore, écrivant exclusivement en idéographique, avec un symbole (des milliers au total) pour chaque chose ou idée ; ce que font les Chinois depuis 3000 ans, et qui ne les a pas empêchés d'être la civilisation la plus avancée au monde pendant les 1500 premières années de notre ère... et de le redevenir actuellement.
Dans nombre de cas en effet, même s'il n'y a pas d'écriture (identifiée et académiquement acceptée comme telle en tout cas) ou qu'elle n'apparaît que beaucoup plus tardivement, "l'état de surproduction, de centralisation et de redistribution des surplus alimentaires", le niveau de développement technique et d'organisation politique méritent tout à fait que l'on considère une société comme entrée dans la civilisation, et dans l'histoire.
Beaucoup, pour ne pas dire la totalité de ces sites monumentaux présentent en outre (dès lors que l'on a décidé de se pencher sur la question...) de surprenantes caractéristiques d'alignement astronomique (dans la mythologie grecque, Atlas est aussi le Titan "bienveillant envers les hommes qu'il initie à l'astronomie, en leur révélant les rouages de la sphère céleste"...).
Pourquoi s'obstiner à chercher ailleurs que dans cette civilisation, incontestablement la plus avancée de l'époque hors Proche-Orient (et même peut-être plus que ce dernier), même en allant chercher jusqu'en Chine ou en Amérique, l'origine mémorielle de l'Atlantide de Platon ?
Une civilisation qui pourrait bien, par ailleurs, avoir été... égalitaire, "socialiste" : les sépultures (nombre de gros monuments avaient une vocation funéraire) étaient en effet collectives, et ne semblent pas indiquer une différenciation sociale très marquée ; bien que des chefs (peut-être élus ?) aient certainement été nécessaires à la planification et la supervision de tels ouvrages.
Une part, peut-être, du "négationnisme", du refus des mots quant au fait que ce mégalithisme ait bel et bien été une CIVILISATION "au point" d'être très probablement ce que Platon entendait par "Atlantide" (et d'autres, nous le verrons, par d'autres noms), dans sa phase initiale en tout cas, réside possiblement là : dans cette possibilité d'une conception alternative, aux antipodes de la nôtre, de ce qui mérite d'être appelé une civilisation ; que l'on va dès lors s'efforcer de "préhistoriser" en un ramassis de primitifs en pagnes et peaux de bêtes dressant des pierres "comme ça" à leurs "heures perdues", au mépris des réalités les plus élémentaires de la "masse" d'individus animés par une conscience commune, et des connaissances scientifiques (astronomie comme on l'a vu, etc.), nécessaires à de tels ouvrages. Là où Platon voulut la décrire, pour la faire écraser par son modèle "spartiate" d'Athènes rêvée qui sous-tend toute son œuvre philosophique ; ses successeurs, dès Aristote, jusqu'à notre "science" zététicienne contemporaine préféreront tout simplement la nier, comme "fable à dormir debout"... "Oui", "quelque chose" a bien existé, laissant de "grosses pierres", mais cela ne "saurait" être considéré comme une civilisation capable de laisser le souvenir d'une puissance à des Grecs classiques. Il est, littéralement, "préférable" que l'Europe ne soit "entrée dans l'histoire" que vers 700 avant notre ère, avec les aristocratiques puis ouvertement ploutocratiques sociétés grecque, phénicienne, romaine ; plutôt qu'elle y soit entrée trois voire quatre millénaires plus tôt sous une telle forme égalitaire !
Ou sinon "parfaitement" égalitaire, à entendre peut-être, du moins, dans le même sens où l'on pouvait parler parfois de "socialisme inca" dans les milieux académiques du siècle dernier...
Une certaine hiérarchie et caste supérieure ayant ainsi pu commencer à se former sur la fin de période, à l'époque de la céramique dite campaniforme qui émerge vers -2900 dans la Péninsule ibérique ; de fait, probable "épicentre" civilisationnel de l'ensemble avec par exemple le site emblématique de Los Millares (-3200 à -2200), dont on peut observer sur près de 6 hectares les fortifications "cyclopéennes" impressionnantes de 5 à 6 mètres de hauteur, nouveauté pour l'époque et sans doute signe de changements dans la situation sécuritaire en lien avec ce qui va suivre (une tendance similaire s'observe à la même époque dans le Midi de la France : Fontbouisse, Boussargues, ainsi que dans l'Ouest, en Vendée) ; et un habitat (pour potentiellement dans les 1500 habitants minimum) toujours pas construit en "très dur" mais néanmoins en pierre, ayant donc laissé des traces de fondations circulaires jusqu'à 6 mètres de diamètre :
Ou mieux encore : toujours en Andalousie, les vestiges d'une cité d'à peu près la même époque mais beaucoup plus grande (de 30 à peut-être 120 hectares, 650 mètres à près de 2 km de diamètre, et peut-être – par "extrapolation" à partir des 6 ha de Los Millares – entre 7 000 et... 30 000 habitants), construite selon un étonnant plan en cercles concentriques EXACTEMENT comme la métropole "atlante" de Platon ; mise à jour dans les années 1990 à proximité de Jaén mais encore très peu connue du grand public, les recherches archéologiques étant en conflit permanent avec des projets immobiliers (voir la vidéo en fin d'article à partir de 39:20, ou les liens suivants - en espagnol, utiliser la traduction automatique de Chrome éventuellement) :
- https://www.argarica.es/index.php/allcategories-es-es/9-argarica/14-calcolitico/61-entrevista-estela
- https://lacontradejaen.com/entrevista-no-sabria-describir-lo-senti-al-ver-marroquies-bajos/
- https://terraeantiqvae.com/m/blogpost?id=2043782%3ABlogPost%3A60873
On ne peut pas non plus ne pas évoquer ici le vaste site mégalithique des (impressionnants) dolmens d'Antequera (https://sciencepost.fr/dolmen-menga-plus-grande-prouesse-technique-lage-de-pierre/), à quelques dizaines de kilomètres au nord de Malaga ; sans oublier, surtout, celui de Valencina, juste à l'ouest de Séville, où autour de dolmens-tholos massifs connus de longue date (la Pastora, Montelirio etc.), foisonnant d'objets fabuleux (or, ivoire, dague en cristal de roche...), apparaît peu à peu mis à jour un ensemble qui pourrait atteindre les... 470 hectares, une bonne moitié à vocation funéraire et religieuse et une autre (200 à 250) d'habitation (à raison de 250 habitants par hectare... faites vous-mêmes le calcul !) :
- https://terraeantiqvae.com/m/blogpost?id=2043782%3ABlogPost%3A400180
- https://terraeantiqvae.com/m/blogpost?id=2043782%3ABlogPost%3A490669
(À moins qu'il ne soit agi d'un site essentiellement sacré à l'habitat humain secondaire, étalé dans l'espace et le temps ; auquel cas la véritable cité se trouvait ailleurs, probablement non loin... mais où ?)
La région recèle aussi, à Laja Alta non loin de Cadix et Gibraltar, les plus anciennes représentations de navigation à voile au monde ; longtemps considérées d'époque phénicienne, mais qu'une étude de 2018 avec des moyens pointus fait finalement bien apparaître de cette même époque autour du IVe millénaire avant notre ère... Ce qui est plutôt "pas mal", pour une civilisation censée selon le récit dominer les mers – voir aussi ici, à Los Millares ; ou encore en Galice, au nord-ouest de la Péninsule... ou encore en Bretagne : https://www.facebook.com/profile/100063507004866/search?q=barcos
De toute façon, dès le début du Néolithique, il était impossible sans navigation d'atteindre et peupler les îles de la Méditerranée, ni la Grande-Bretagne (totalement séparée du continent vers -6000), ni de passer d'Europe en Afrique du Nord, quelque part entre -5500 et -3500 (et dans ce cas, une navigation chevronnée, forcément à voile même : impossible de vaincre les courants sinon). Elle était donc nécessairement maîtrisée dès cette époque ; qu'elle l'ait été dès le départ au Levant et en Asie Mineure, ou acquise "en cours de route" de la migration par la voie méditerranéenne : c'est par elle que (symboliquement, dans le récit) "Poséidon" a abordé les rivages de la "grande île" occidentale, dont les habitants, eux, l'ignoraient...
De fait, toujours selon Platon, "l'extrémité de l'île (qui - nêsos - peut tout aussi bien désigner une péninsule, d'ailleurs les Arabes eux aussi avaient cette pratique d'appeler djeziret aussi bien les îles que les péninsules : Djeziret al-Andalus était ainsi la Péninsule ibérique, et d'ailleurs, AnDaLuS - fils de Japhet selon certaines traditions islamiques médiévales... - ne sonne-t-il pas un peu comme ATLaS - donc l'île d'Atlas ??) la plus proche des Colonnes d'Hercule" portait le nom de "Gadirique", c'est à dire la région de Cadix (ou encore, autre frère d'Atlas, et autre royaume issu du partage de la grande "île" : Élasippos... Olisippos étant le nom antique préromain de Lisbonne, etc. etc.) ; la (grande) "plaine entourée de montagnes qui s’étendaient jusqu’à la mer", protégée par ces montagnes des vents du nord et exposée à ceux du sud, évoque fortement le bassin du Guadalquivir (dont les dimensions mêmes tendent à correspondre !) ; sans oublier la découverte ces dernières années de possibles structures très anciennes enfouies sous les marécages de la Doñana, la "Camargue" andalouse du Guadalquivir - de fait, cette grande zone marécageuse résulte du comblement ces 2000 dernières années de ce qui était encore à l'époque gréco-romaine (donc de Platon) un vaste "golfe" lagunaire s'enfonçant profondément jusqu'à Séville, le Lacus Ligustinus... qui aurait pu être ces "eaux limoneuses", "difficilement navigables" à l'ancien emplacement de la métropole engloutie dans le texte du Timée : bref, beaucoup d'éléments tendent tout de même à pointer en direction de cette région andalouse située "au devant (les mots du texte original grec signifiant bien "JUSTE au devant", pró toú stómatos = littéralement "devant la bouche", AU DÉBOUCHÉ) des Colonnes d'Hercule" = Gibraltar...
C'est ce que pense, notamment, Stavros Papamarinopoulos, professeur de géophysique à l’université de Patras et l’un des experts les plus respectés au monde au sujet de l’Atlantide : "Si vous suivez Platon, vous allez tout droit à la Péninsule ibérique, parce que c’est là où le texte vous mène, littéralement. Il décrit une vallée plate et allongée entourée de montagnes. Ces montagnes sont la Sierra Nevada et la Sierra Morena. La vallée a la même position et la même orientation. Cela correspond exactement à la description de Platon. Comme une pièce de puzzle"...
https://www.slate.fr/story/100727/atlantide-platon
(Papamarinopoulos qui pense par ailleurs, tout comme nous, qu'un "mythe qui importe, un mythe 'authentique', est une histoire très ancienne, souvent pleine d’éléments surnaturels, qui explique un événement ou un phénomène d’autrefois. Les mythes de ce type incluent généralement des vérités historiques, telles que le mythe de la guerre de Troie raconté par Homère dans L’Iliade, qui a amené l’archéologue allemand Heinrich Schliemann à trouver les ruines de Troie en Turquie au XIXe siècle"...)
Diodore, sur lequel nous reviendrons amplement par la suite, évoque quant à lui un "pays très fertile" sur le "littoral de l'Océan", ce qu'est effectivement l'Andalousie ; au cœur d'un vaste empire s'étendant "principalement du côté de l'Occident et du Nord" du monde connu d'alors, ce qui ne peut signifier que (globalement) depuis les Canaries jusqu'à la Grande-Bretagne, soit l'extension de la civilisation mégalithique dont nous venons de parler.
Le terme d'"Atlantes" lui-même apparaît pour la première fois sous la plume d'Hérodote, environ un siècle avant Platon (mais pourrait résulter d'une tradition plus ancienne), pour désigner le peuple le plus occidental de Libye = Afrique du Nord berbère, vers la montagne portant le nom d'Atlas : ici nous sommes plutôt au Maroc, mais enfin ce n'est pas très loin, "en face". Cinq siècles plus tard, Pline parlera lui aussi (mais là, peut-être sous l'influence de Platon) d'une "île Atlantis, en face de l'Atlas", à "cinq jours de navigation" au nord de la "Corne occidentale" de l'Afrique (qui désigne probablement le Cap Blanc en Mauritanie) ; pointant lui aussi vers la même région, ou peut-être les Canaries (réputées abriter les "survivants d'une grande catastrophe" et effectivement peuplées, à l'arrivée des Espagnols au XVe siècle, de Berbères non-islamisés au mode de vie ancestral et aux traditions très anciennes : les Guanches).
Mais ce qui est certain en tout cas, c'est que c'est de cette tradition là ; en lien avec l'association mythique des hautes montagnes de la région (de part et d'autre du détroit) au Titan Atlas ; que Platon a tiré l'appellation qu'il a "collée" sur sa contrée fabuleuse.
Vu sous cet angle... c'est sans doute plus parlant (carte des grands sites de menhirs de la péninsule)
Dague en cristal de roche retrouvée au tholos de Montelirio (Valencina, à côté de Séville), -3000 av. J.-C. environ
Visages "atlantes" : "Calpeia", Gibraltar, -5400 ; et la "femme de Whitehawk", Angleterre, -3600 (un site, d'ailleurs... à
l'EFFARANT plan, encore une fois, en fossés circulaires concentriques ! Et il y en a plein comme cela dans tout le pays,
ainsi qu'en France et absolument dans toute l'Europe... à mettre en relation avec les "Mil Espaine", ce peuplement venu
d'Espagne dans la mythologie irlandaise ? https://www.bbc.com/news/science-environment-53059527 :
"Génétiquement, les premiers agriculteurs irlandais étaient étroitement liés aux personnes vivant à la même époque
dans la Péninsule ibérique. (...) Les agriculteurs ont traversé la Méditerranée depuis l’Anatolie jusqu'à la Péninsule
ibérique, puis remonté les côtes françaises avant de rejoindre l’Irlande par la mer"...).LA "SUBMERSION" INDO-EUROPÉENNE
Alors ensuite, bien sûr, il n'y a évidemment jamais eu de guerre entre cette "Atlantide" et "Athènes", inexistante avant l'époque mycénienne (vers -1500) en Mer Égée.
Mais il s'est bien passé quelque chose de très important, que l'on peut situer vers -2300/2200 avant notre ère, et qui semble bien être une INVASION meurtrière qui aurait visiblement été le fait de "proto-indo-européens", donc des ancêtres (entre autres) des Grecs, venus d'Europe centrale ; caractérisés par la céramique dite "cordée", la métallurgie du bronze et reliés désormais par le consensus archéologique à la culture dite Yamna ou "kourgane", entre Ukraine et Sud de la Russie actuelle (b).
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture de la céramique cordée#Apports récents de la génétique
- https://youtu.be/Mpiw4dy_kus
[Par ailleurs les populations néolithiques de la "céramique rubanée" du Nord-Centre-Est de l'Europe semblent avoir elles-mêmes développé dès -5000 - avant les "Yamnas", donc - des mœurs assez belliqueuses, peut-être sous l'influence d'événements climatiques, comme l'attestent de nombreux restes de massacres en Allemagne ou encore en Alsace, ainsi que la tendance à la fortification - palissades - des sites ; et parfois des sociétés assez fortement hiérarchisées avec une aristocratie guerrière, comme à Varna en Bulgarie, préfigurant donc ce que seront les principaux traits caractéristiques indo-européens un à deux millénaires plus tard... à moins qu'il ne s'agisse d'une première pénétration plus ancienne qu'on ne le pense ? : "L'ADN de la célèbre nécropole de Varna est génétiquement similaire à celui des autres premiers agriculteurs européens. Cependant, nous trouvons également un individu de Varna et plusieurs individus sur des sites voisins en Bulgarie qui avaient des ancêtres de la steppe d'Europe orientale. C'est la première preuve d'ascendance steppique aussi loin à l'ouest, 2000 ans avant la migration massive de la steppe qui a remplacé plus de la moitié de la population du nord de l'Europe" https://www.mpg.de/ancient-dna-study-reveals-the-prehistory-of-southeastern-europe ; de même qu'à Cucuteni-Trypillia plus au nord (entre Roumanie et Ukraine) : "Trois individus ont également montré des quantités considérables d'ascendance liée à la culture Yamna, suggérant un afflux précoce dans le pool de gènes de Cucuteni-Trypillia de gènes des pasteurs des steppes d'Ukraine orientale. Ce dernier scénario est appuyé par les preuves archéologiques". Ou alors, pour ce qui est des massacres en Allemagne autour de -5000, des "I1" ; ces chasseurs-cueilleurs d'Europe du Nord ayant adopté au fil du temps une certaine agriculture mais en tout cas, irrités par la "prise de place" des néolithiques anatoliens et menant des raids réguliers contre eux (à voir peut-être aussi dans les "Fomoires" de la mythologie irlandaise...) ; et qui se mêleront ensuite largement aux "Yamnas" dans la culture des "haches de combat" associée à la céramique cordée (le fameux "type nordique", ce sont eux ; pas les "Yamnas" qui devaient beaucoup plus ressembler à des Scythes = Ossètes).]
Des populations, quant à elles, également communautaires et relativement égalitaires "entre elles", mais à la civilisation très fortement hiérarchique en revanche lorsqu'elles arrivent par invasion "chez les autres", dont elles font leurs serfs. Il suffit de penser au cas de Sparte avec ses hilotes.
En tout cas, farouchement guerrières, ne "rigolant pas" ; car certainement poussées à l'assaut de nouveaux territoires par... la faim, du fait de modifications climatique, tout en connaissant en parallèle, du fait d'une alimentation riche (viande, lait : gros éleveurs, d'où leur structure sociale patriarcale également marquée, contrairement aux peuples où domine l'agriculture ou la cueillette, et comme ceux où domine au contraire la chasse), une forte expansion démographique.
Elles sont peut-être associées à ces mythes communs à toutes les civilisations antiques, de "titans", "géants", "néphilim" etc. etc. (de premières incursions "kourganes" pourraient avoir eu lieu au Proche-Orient vers la fin du IVe millénaire, même si l'implantation définitive - hittite, iranienne... - sera plus tardive, soit peu de temps avant... la date estimée des dépôts alluviaux signes d'inondations catastrophiques qui auraient donné naissance au mythe du Déluge) ; des populations qui peut-être, allant au-delà de la "classique" division du travail selon les sexes, en asservissant les communautés de cultivateurs, s'étaient "réservées" les travaux d'élevage et de chasse, donc une alimentation leur conférant haute stature et robustesse physique (la Bible en parle comme des fruits de l'union des "enfants de Dieu", ce qui a traditionnellement été interprété comme la descendance de Seth, frère puîné et "héritier" de l'éleveur Abel, avec des "filles des hommes" interprétées comme des descendantes du cultivateur Caïn : "Il y avait des géants sur la terre à cette époque-là. Ce fut aussi le cas après que les fils de Dieu se furent unis aux filles des hommes et qu'elles leur eurent donné des enfants. C'étaient les célèbres héros de l'Antiquité." - Genèse 6:4 ; rejoignant la "politique", attestée par l'archéologie, de ces populations de systématiquement épargner et s'emparer des femmes des communautés agricoles néolithiques, rarement retrouvées dans les vestiges de massacres de cette époque... d'autres interprétations, comme dans le Livre d'Hénoch, en font des "anges déchus" au rôle assez "prométhéen", enseignant aux populations la métallurgie des armes et l'art de la guerre, ainsi que le goût pour les parures de luxe ; bref, dans tous les cas, on "tourne" toujours plus ou moins autour de la même chose : l'entrée dans l'ère des métaux, l'explosion subséquente de la violence - déjà présente depuis "Abel et Caïn" = les temps préhistoriques - et de l'injustice d'une société de classes ; et une ou plus probablement une multiplicité - fusionnée en une seule - de catastrophes naturelles perçues comme le châtiment divin de cela - l'événement climatique de 1993 aux États-Unis, recouvrant sous les eaux près de trois fois la superficie de la Belgique pendant 3 à 6 mois, devrait suffire à nous convaincre de la possibilité de la chose...).
[https://umap.openstreetmap.fr/en/map/ancient-human-dna_41837 (naviguer sur la carte : les points verts foncés et clairs sont de l'époque de l'invasion ; les jaunes et les oranges sont du Néolithique)]
Le "taux" d'ascendance génétique indo-européenne en Europe et en Méditerranée, là où il est faible, fait encore aujourd'hui
apparaître de manière extrêmement visuelle cette "Pelasgia" du Bronze qui n'est autre selon nous que la "marche insolente
des Atlantes" sur l'Orient du récit de Platon ; et dont les Mycéniens (-1500 à -1100), puis les Grecs archaïques du début du
Fer (-800 à -500) s'efforceront de prendre le contrôle des routes commerciales.
Intéressant aussi : O5GO1LxjfDwUeWloEpVHaptMhj4.jpg ySfaRWUtAOcbn-YWiiBLSwCxnXY.jpgL'archéo-génétique, encore elle, montre ainsi par exemple qu'en Grande-Bretagne c'est 90% du patrimoine génétique de la population mégalithique "atlante" qui a été totalement remplacé par un autre, probablement originaire de l'intérieur du continent, en quelques générations dans la seconde moitié du IIIe millénaire avant notre ère ; bien que les nouveaux venus aient parfois perpétué l'usage de certains sites comme Stonehenge.
C'est dans la région de Stonehenge, justement, qu'ont été mises à jour deux sépultures datées d'environ -2300 et qui ne laissent guère d'équivoque : l'archer d'Amesbury, à 5 kilomètres du site (probablement entouré alors d'une certaine agglomération en bois, n'ayant pas laissé de traces), que les études génétiques font clairement apparaître comme un étranger, probablement né en Suisse ou en Bavière actuelle ; et "celui", sur le site même, qui en fait d'"archer" a manifestement été VICTIME des flèches tirées par l'autre ou l'un de ses congénères...
[Cette invasion ne serait en revanche pas à l'origine des langues celtiques parlées dans l'archipel, liées quant à elles à une autre vague de peuplement plus tardive, au début du Ier millénaire (qui s'avère avoir "ramené", paradoxalement, de l'ascendance néolithique dans les îles, s'agissant d'une population d'Europe centrale désormais "bien mélangée" avec ses prédécesseurs anatoliens, ce qui n'était pas le cas au IIIe millénaire). Mais elle aurait pu néanmoins être d'une langue assez proche, dans la mesure où le "noyau" indo-européen à l'origine des langues italiques et celtiques, établi sur le versant nord de l'arc alpin comme on peut le voir sur la carte plus haut, était probablement déjà le point de départ de l'invasion de -2300...]
Un millénaire plus tôt (vers -3300/3200), "Ötzi", retrouvé en 1991 congelé dans un glacier des Alpes autrichiennes et attesté génétiquement aujourd'hui comme un fermier néolithique de souche anatolienne, aurait fort possiblement pu faire la même (mauvaise) rencontre de ces mêmes populations guerrières conquérante : on sait de manière à peu près certaine aujourd'hui qu'il est mort après avoir reçu de cruelles blessures au combat ; ce qui serait cohérent avec l'historique de l'expansion de ces peuples issus des steppes, implantés dans le bassin du Danube et y développant une importante métallurgie à partir de -4000 environ.
Voilà ce qu'il s'est passé, et qui est très certainement la réalité proto-historique de la "destruction de l'Atlantide" de Platon ; le récit d'une submersion par un puissant phénomène tellurique étant probablement une digression faisant référence à des catastrophes comme celle de Santorin ayant affecté la civilisation minoenne crétoise, dont la défaite et la soumission par les Mycéniens est sans doute une autre grande inspiration du récit légendaire ; et/ou encore, potentiellement, une catastrophe similaire en Sardaigne, où de nombreux vestiges gisent sous une couche de plusieurs mètres de boue qui pourraient être le résultat d'un puissant tsunami... La région du sud de la Péninsule ibérique que nous venons de voir, étant elle-même aussi particulièrement sujette aux tsunamis, qui auraient été pas moins de 8 d'ampleur ces 7000 dernières années ; dont un... manifestement autour de 2200 avant notre ère, date extrêmement concomitante de la chute de la civilisation mégalithique sous l'invasion indo-européenne ; et le dernier en date en 1755 (ici il est même question de trois catastrophes majeures à l'époque qui nous intéresse, respectivement autour de -2000, -1500 et -1250 avant notre ère, "super vagues qui provoqueront l'inondation de la zone : l'estuaire du Guadalquivir en ressortira plus ouvert et soumis aux processus marins"... autrement dit le Ligustinus ; les "établissements humains de la région" ayant été quant à eux "complètement balayés : dans la Doñana, il n'est pas possible de trouver des vestiges archéologiques plus anciens que l'époque romaine, car ils sont engloutis sous des mètres et des mètres de sédiments").
[Il peut être intéressant, à cet égard, de comparer avec le cas de Thônis-Héracléion en Égypte, dans le Delta du Nil, zone alluviale côtière finalement assez similaire à l'Andalousie occidentale : des "tremblements de terre, suivis de raz-de-marée" auraient "déclenché des phénomènes de liquéfaction des terres et provoqué l'effondrement total sous la mer d'une zone de 110 kilomètres carrés (!!), emportant avec elle la totalité de la ville" (cette destruction, probablement au IIe siècle avant notre ère, étant postérieure à l'époque de Platon ; en plus de n'avoir rien à voir avec les indications géographiques ; non, ce n'est pas une inspiration possible pour l'Atlantide... mais cela donne une idée de ce qui peut tout à fait arriver à une vaste zone côtière aux sols meubles).]
Cela, et/ou tout simplement la transgression marine holocène (montée du niveau de la mer suite à la fin de la dernière glaciation) : la présence sur tous les continents d'immenses étendues englouties par celle-ci (en Europe de l'Ouest et en Méditerranée comme en Asie-Pacifique avec le Sundaland, etc.) ; non pas en quelques jours ou quelques années, mais sur plusieurs millénaires (la Grande-Bretagne n'a ainsi été totalement séparée du continent que vers 5000 avant notre ère, Malte de la Sicile très tardivement aussi...) pour ne s'achever pratiquement qu'à l'Âge du Bronze ; poursuivie encore ensuite par des mouvements du sol, tectoniques ou autres, entraînant la submersion de nombreux sites archéologiques côtiers (comme le cromlech d'Er Lannic dans le Morbihan, ou le site extrêmement ancien - VIIe millénaire - d'Atlit Yam et toute la côte au sud d'Haïfa au Levant ; cette chaussée vieille de 7000 ans sous l'Adriatique en Croatie, la cité "pélasge" helladico-minoenne - Âge du Bronze, IIIe-IIe millénaire - de Pavlopetri en Grèce, ou ces vestiges aussi bien du Néolithique que de l'Âge du Bronze à Agde dans le Languedoc ; ou encore, beaucoup plus récente, la ville romaine de Baiae près de Naples) ; a probablement donné naissance dès l'Antiquité à une multitude de traditions légendaires (il suffit de penser à "Ys" en Bretagne, probable christianisation d'une telle légende bien antérieure, ou encore Tauroeïs sur le littoral provençal, "disparition" très postérieure à l'époque de Platon en principe, mais dont les références de la légende locale au mythe atlante sont frappantes) : partout où des peuples ont vécu au bord et tournés vers la mer, l'Europe, la Méditerranée et le monde entier regorgent d'"Atlantides" !
Il semblerait d'ailleurs qu'un nombre important de propositions de datation, y compris antiques (Eumélos de Cyrène), de la "chute" de la civilisation "atlante" ; plus sérieuses que les "9000 ans" avant Platon qui renverraient pratiquement à l'époque des cavernes ; évoquent cette période de la seconde moitié du IIIe millénaire : https://atlantipedia.ie/samples/2200-bc ; première "crise générale" (si l'on peut dire) de l'histoire humaine, avec notamment ces violentes invasions et l'émergence des fortifications et des armes en bronze ; voyant même la chute du premier (Ancien) Empire égyptien (cette période aurait même pu voir une première invasion et domination du pays venue de l'Ouest, "libyenne", voire accompagnée d'éléments campaniformes, participant à l'élaboration du "versant" égyptien du mythe) ; avant celle, un millénaire plus tard, qui verra l'effondrement de la Crète puis de Mycènes et Troie, le déclin définitif de l'Égypte pharaonique et des civilisations mésopotamiennes de la Haute Antiquité etc. (Platon a peut-être, dans son exposé visant la vanité qui entraîne la mort des civilisations, "mélangé" plus ou moins volontairement et "propulsé" dans un passé forcément allégorique ces deux crises, sous les auspices d'un Zeus olympien dont on sait qu'il n'est pas le créateur de l'univers comme le Dieu de la Bible, mais un "ethno-dieu" incarnant les indo-européens, en premier lieu les Grecs, et leur supposée "mission" de restauration de la Vertu et de la Sagesse sur terre).
Il est par ailleurs fascinant de remarquer combien ce "séquençage" des peuplements par l'archéo-génétique, dans l'archipel britannique, peut "recouper" en quelque sorte les "âges" successifs de l'historiographie mythologique grecque : "âge d'or" = peuplement premier de chasseurs-cueilleurs comme l'homme de Cheddar ; "âge d'argent" = peuplement anatolien des mégalithes (femme de Whitehawk), effectivement aux origines de l'agriculture et dont les titanesques monuments sont peut-être la "folle démesure" qui leur valut le courroux des dieux, et que l'on retrouve dans le récit de Platon (par ailleurs la période néolithique s'achève partout en Europe et dans le monde par l'"âge du cuivre" ou chalcolithique, métallurgie caractéristique notamment à Los Millares, or l'"orichalque" des Atlantes dont parle Platon signifie littéralement "cuivre des montagnes", on a proposé mille théories pour la nature de ce fameux métal, mais n'aurait-il peut-être pas fallu prendre les mots grecs au pied de la lettre ?) ; "âge de bronze" = les envahisseurs destructeurs venus d'Europe centrale, "race guerrière, fille des frênes, terrible et puissante" qui inaugure... l'Âge du Bronze (comme son nom l'indique) ; l'"âge héroïque" est bien sûr absent (il ne concerne que la région égéenne) ; et plus tard, avec les Celtes (vers -700) débute l'"âge de/du fer". Au niveau des dites "ères astrologiques", la fin du IIIe millénaire avant Jésus-Christ voit l'entrée dans celle du Bélier (animal impulsif et "fonceur", et en outre symbole du sacrifice d'Abraham, vers cette même époque, et donc de la "Première Alliance") ; après celle du Taureau, animal emblématique des Minoens mais aussi de la religion de l'"Atlantide" selon Platon ; et avant celle, qui commence avec notre ère, des Poissons, symboles comme on le sait du christianisme...
Newgrange (Irlande) : -3200 av. J.-C., 85 mètres de diamètre, 12 mètres de haut...
À l'autre extrémité de la façade occidentale du continent, dans la Péninsule ibérique, ce que montrent en revanche les études génétiques c'est un remplacement, vers la même époque, de 40% du patrimoine génétique de la population antérieure mais, dans certaines régions en tout cas, de 100% de celui porté par le chromosome Y (masculin).
Là, hypothèse 1 : les envahisseurs sont entrés dans la péninsule, comme d'autres après eux (Celtes, Suèves et Alains), par le côté atlantique (plus "doux") des Pyrénées, en "négociant" avec les Basques leur passage en échange de les laisser tranquilles (raison de la survie de leur langue jusqu'à nos jours) ; et se sont emparés des régions occidentales et centrales, où les Lusitaniens pourraient être un de leurs reliquats demeurés jusqu'à l'époque romaine ; massacrant la population, du moins, masculine ; en revanche les régions côtières de l'Est et du Sud, protégées par des montagnes difficiles à franchir (le système ibérique de l'Andalousie à la Catalogne), leur auraient résisté pour devenir le foyer de civilisations ultérieures que les Grecs et les Romains de l'époque historique nommeront Ibères.
Ou alors, hypothèse 2 : une PARTIE de ces envahisseurs, tout en s'emparant largement des régions précitées, s'est MÊLÉE aux élites autochtones des régions méditerranéennes (les restes humains bien conservés dans des tombes, ce sont en général des élites sociales hein...), par mariage de ses guerriers avec leurs filles ; donnant naissance (approximativement à cette même époque : à partir de -2300/2200 jusque vers -1600/1500, voire -1450/1400) à la civilisation étatique et nettement hiérarchisée d'El Argar https://dailyscience.be/06/01/2020/el-argar-une-civilisation-prehistorique-tombee-dans-loubli/ http://www.la-bastida.com/LaAlmoloya/ https://argarica.es/index.php/allcategories-es-es/52-noticias/nationalgeographic-com/75-el-argar-sociedad-guerrera ; civilisation qui pourrait d'ailleurs fortement avoir péri, non d'une attaque extérieure ou d'une catastrophe... mais d'un soulèvement social, qui serait alors le premier attesté de l'histoire humaine (quoi qu'il en soit, sa disparition subite et visiblement brutale - traces d'incendies etc. - vers le milieu du IIe millénaire, concomitamment à la civilisation minoenne en Crète, est un point important à retenir pour la suite...) ; et établissant, contre leurs anciens comparses demeurés barbares et belliqueux, la ligne de défense constituée par les "motillas" (petits sites fortifiés) de la Mancha (moyen Guadiana) (première photo tout au début de l'étude) ; dans l'une desquelles (Castillejo de Bonete) on a effectivement trouvé la sépulture conjugale d'une femme autochtone et d'un homme étranger.
[Ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard si nous avons désormais là la nouvelle "première civilisation d'Occident", "confessée" plus de 1000 ans avant Rome, et même l'arrivée des Phéniciens et des Grecs : forcément, une société nettement hiérarchique, aristocratique, oppressive... Peu importent les établissements dix fois plus grands, et antérieurs d'un millénaire, du Chalcolithique ; beaucoup plus égalitaires, même si certains individus pouvaient se "détacher du lot" : ceux-là, par contre, c'est encore "la préhistoire" !]
Mais par contre, du fait de la grande supériorité culturelle de la civilisation locale, en s'y ASSIMILANT ; et en conservant sa langue, le futur ibère, qui n'est clairement pas indo-européenne (sans quoi, disposant de nombreux écrits lisibles en alphabet grec ou phénicien, on l'aurait déjà traduite, ce qui n'est pas le cas – c'est, de fait... avec le basque que les études tentées ont toujours trouvé le plus de correspondances potentielles*, même si les similitudes avec les langues berbères ne seraient pas rares non plus :
- https://istika.blogia.com/2011/070501-similitudes-entre-el-vasco-el-bereber-y-el-ibero.php
- https://en.wikipedia.org/wiki/Iberian_language#External_relations
- https://www.deia.eus/cultura/2011/05/15/convencido-euskera-iberico-son-lengua-5548843.html
Des "traces" substantielles de cet idiome "bascoïde" se retrouvent encore en Espagne aujourd'hui, comme notamment le célèbre patronyme Garcia, de la racine "hartz" = ours ; ou encore les fameuses terminaisons patronymiques en -ez, qui proviennent probablement de "etxe" = "maison"/famille.
* Sachant, pour bien situer les choses, que la différence entre de l'ibère d'inscriptions des derniers siècles avant notre ère, du basque de textes médiévaux, et la langue qui pouvait se parler dans la péninsule et peut-être tout l'Ouest de l'Europe mégalithique en -2200, c'est sans doute la même qu'entre du latin des débuts de la république romaine, du françoys médiéval de Chrestien de Troyes et de l'espagnol d'aujourd'hui !)
Bref, rien de plus ni de moins que ce qu'ont fait plus tard les Francs et autres Germains en Gaule, à la fin de l'Empire romain, ou quelques siècles plus tard les Vikings en Normandie (s'installer sur un territoire qu'ils défendront dès lors contre les assauts de leurs anciens congénères, et s'assimiler à sa langue et à sa culture).
Ou alors, autre et dernière possibilité, car après tout nous ne savons pas (pas d'écrits, déchiffrés en tout cas, etc.) quelle langue pouvait parler cette civilisation à l'époque : la langue de la féroce élite dominante argarique était bien proto-indo-européenne, conformément à leur génétique masculine ; et ce sont les soulèvements sus-évoqués qui ont réimposé celle, "proto-ibérique", de la population locale qu'ils opprimaient et qui n'a bien sûr jamais disparu (sa génétique est encore aujourd'hui présente à près de 25% des haplogroupes masculins - G2a, I2 - et deux bons tiers du bagage génétique global) : à ce moment-là seulement serait née la civilisation ibère proprement dite, avec son idiome caractéristique que seuls les plus abrutis zététiciens peuvent considérer "sans rapport" avec l'ancêtre du basque ; autrement dit la langue péninsulaire issue de la fascinante civilisation mégalithique.
Au plan génétique, les toutes dernières études menées sur des individus d'El Argar semblent de fait plutôt corroborer désormais la deuxième (ou la dernière...) de ces hypothèses : "La récupération de l'ADN de leurs ossements a enfin permis d'identifier la zone d'origine des fondateurs de cette civilisation de l'Âge du Bronze, qui, comme pour de nombreux autres peuples arrivés dans la Péninsule ibérique à cette époque, correspond à la steppe eurasiatique"...
Ce qui expliquerait aisément la disparition du monumentalisme funéraire mégalithique que nous avons vu jusqu'à présent, au profit d'inhumations individuelles... le plus souvent à l'intérieur ou sous les domiciles mêmes : d'abord parce que les indo-européens sont coutumiers de ces sépultures individuelles et de petite taille ; et ensuite, parce que lorsque l'on est une oligarchie étrangère qui craint les masses autochtones, que l'on opprime durement, on se réfugie dans des citadelles avec ses défunts, que l'on ne va pas exposer "aux quatre vents" accompagnés de richesses fabuleuses dans des nécropoles extérieures qui peuvent être pillées, qu'il faudrait faire garder en permanence etc.
Ceci pourrait également expliquer que l'on associe souvent ces grandes invasions de la fin du IIIe millénaire à la céramique campaniforme, dont les débuts en Espagne et au Portugal sont pourtant antérieurs (fin de la période Los Millares) ; tandis que les populations d'Europe centrale étaient alors plutôt associées à la céramique dite cordée : ces envahisseurs assimilés de la Péninsule ibérique se seraient tout simplement appropriés la céramique de leur terre d'adoption et l'auraient dès lors diffusée dans le reste de l'Europe occidentale, passée sous la coupe de leurs cousins. C'est d'ailleurs ce que tendent largement à démontrer les études les plus récentes : avant -2500, la diffusion de ce type de poterie ne s'est clairement accompagnée d'aucun mouvement de population depuis la Péninsule, où il est apparu (plutôt dans le Sud-Ouest, Portugal etc.), vers l'Europe centrale ; apparaissant donc purement commerciale ; et ensuite, comme nous l'avons vu jusqu'ici, c'est bien dans l'autre sens qu'un mouvement aura lieu, comme dans ce que l'on pourrait qualifier d'"attraction" des barbares indo-européens "clients" vers l'épicentre civilisationnel de production, d'où ils "accéléreront" alors cette diffusion (en Grande-Bretagne par exemple, c'est bien la grande invasion de vers -2300 qui introduira le style campaniforme, absent auparavant). Mais une fois entrés dans la civilisation argarique proprement dite (à partir de -2200), par contre, si certains éléments (boutons perforés "en V" etc.) sont bien présents et établissent la continuité, la poterie caractéristique "en cloche" disparaît quant à elle, remplacée par un tout autre style (plus élaboré dans ses formes, mais lisse - comme "poli" - et sans décorations).
En revanche, il est question ici qu'"en Andalousie occidentale", où l'on situe généralement, au millénaire suivant, la civilisation de Tartessos sur laquelle nous reviendrons plus loin, "les traditions chalcolithiques sont maintenues et perdurent même jusqu'à l'Âge du Bronze tardif" (mais peut-être sous une forme politiquement "vassalisée" par El Argar). Si l'inhumation individuelle en "cistes, habituellement placés à l'intérieur d'un cercle de pierre" se développe, "plus rares mais aussi plus impressionnantes" demeurent les grandes sépultures "faites de trois enclos de pierres adjacents de forme quasi circulaire, dotés chacun d'une ouverture et recouverts d'un tumulus" ; probablement destinées "au principaux dirigeants des ces peuples" ; sans compter la réutilisation des monuments mégalithiques antérieurs. Se développent par ailleurs à cette époque, entre -1600 et -1300 environ, les fameuses stèles représentant des guerriers en armes (voir plus bas). Génétiquement, trois individus testés des sites portugais voisins de Monte do Gato et Torre Velha se sont avérés d'haplogroupe mâle R1b, mais de profil génétique global "55% fermier néolithique anatolien et 45% chasseur-cueilleur ouest-européen"...
https://www.academia.edu/45245626/Las_prácticas_funerarias_de_la_Edad_del_Bronce_en_la_provincia_de_Málaga_España (Andalousie déjà orientale, zone comme "de transition" avec le contexte argarique, nécropoles de cistes individuels, réutilisation des monuments mégalithiques antérieurs et hypogées collectifs)
Un curieux "trou noir" archéologique semble toutefois exister, pour cette période du Bronze entre l'âge d'or mégalithique et l'arrivée des Phéniciens, entre cette culture du Sud-Ouest péninsulaire et le Sud-Est domaine d'El Argar ; précisément dans la région du Bas Guadalquivir, autour de Séville, Cadix... "Trou" laissé par un évènement catastrophique, qui aurait pu, notamment, laisser cette région sous les eaux ou du moins sous une forme lagunaire saumâtre et inhospitalière ? La question est ouverte, et mérite en tout cas d'être soulevée...
On a pu envisager un temps, au début, que la civilisation argarique serait le résultat d'une "colonisation" venue de Mer Égée, en particulier de Crète (on l'a même envisagé, à vrai dire, suivant la doxa "Ex Oriente Lux", y compris pour les vestiges chalcolithiques tels que Los Millares). Sauf qu'il y a... une ANTÉRIORITÉ, en fait ; donnée qui ne "pardonne pas" en archéologie : -2200 voire 2300 pour des sites comme La Bastida, contre -2000 au plus tôt pour l'émergence des premiers véritables palais (assez semblables d'ailleurs à certains sites argariques comme La Almoloya) en Crète ; ce qui pourrait même être de nature à suggérer... un mouvement dans l'autre sens (sur le plan culturel-civilisationnel du moins, car au plan génétique la Crète minoenne ne montre par contre aucune trace d'une aristocratie issue des steppes – en revanche leur ADN mitochondrial - maternel - présente de surprenantes affinités avec les individus néolithiques et de l'Âge du Bronze du Sud-Ouest "atlante" de l'Europe, Péninsule ibérique et Sardaigne notamment).
De fait, l'étude de novembre 2021 vue plus haut montre que si une part d'ascendance "Iran_N", caractéristique de l'Orient méditerranéen et notamment de l'Égée du Bronze, peut bel et bien être détectée chez des individus d'El Argar, elle augmente avec le temps et ne devient vraiment significative que vers la fin de la période ; ce qui montre bien que des contacts ont incontestablement existé, s'intensifiant au fil des siècles, mais qu'ils n'ont en revanche pas été fondateurs pour cette civilisation.
Pour ce qui est de la pratique de la navigation, la découverte du même "profil" génétique que celui d'El Argar (environ un tiers à 40% d'ascendance des steppes, haplogroupe masculin R1b-Z195) aux îles Baléares, ainsi qu'en Sicile à l'Âge du Bronze tend également à la démontrer de manière assez irréfutable (impossible d'atteindre ces îles autrement) ; ce qui serait là une autre assimilation de la culture des conquis, et de fait, les premiers Yamnayas navigateurs plus de 5 siècles avant les Mycéniens.
Quoi qu'il en soit, cela semble bien être ces invasions indo-européennes qui de manière soit "pénétrante" (prenant la place des sociétés néolithiques mégalithiques ou en tout cas, les intégrant pour y former une nouvelle élite), soit "réactive" (poussant celles-ci à se retrancher, s'armer, développer une culture guerrière bref changer de mode de vie), ont entraîné cette "mutation" dont parle le récit de Platon (qui ignorait tout, bien sûr, de cet aspect des choses) ; de sociétés "spirituelles", relativement pacifiques et démocratiques (sinon égalitaires), "attachées à la vérité, ne s’ouvrant qu’à de nobles sentiments, leur prudence et leur modération éclatant dans toutes les circonstances et dans tous leurs rapports entre eux, ne connaissant d’autres biens que la vertu" (Critias) ; vers des sociétés militarisées, agressives et conquérantes, "dominées par l’injuste passion d’étendre leur puissance et leurs richesses".
En réalité, si l'on veut s'aventurer sur ce terrain là, ce sont bel et bien les deux grandes "traditions" européennes, démocratique et aristocratique (et liminairement, "bourgeoise" dans le cas d'une évolution thalassocratique marchande), traversant toute l'histoire du continent, qui puisent leurs racines l'une dans la société néolithique "arpetar"/"atlante", l'autre dans celle issue des envahisseurs de l'Âge du Bronze venus des steppes...
Remparts de Los Millares (-3200 à -2200 avant notre ère)
"Citadelle" de La Bastida, civilisation d'El Argar, -2200 à -1500 (reconstitution 3D)
"Stèle de guerrier", Bronze final, musée archéologique de Badajoz
LES PROLONGEMENTS DANS L'ÂGE DU BRONZE : "PÉLASGES", PEUPLES DE LA MER, HYKSÔS, GRANDE "CONFÉDÉRATION" MÉDITERRANÉENNE...
Cette civilisation ibère se perpétuera donc comme on le sait jusqu'à l'époque de sa conquête par les Romains, dans les deux derniers siècles avant notre ère ; et il est impossible ici de ne pas évoquer également la mythique (mais historiquement incontestée) cité de Tartessos, dans la région de Huelva au sud-ouest de la péninsule ; "Tarshish" dans la Bible, à l'époque (entre -1000 et -600 grosso modo) où le royaume de David et Salomon était selon toute vraisemblance un des multiples petits États "clients" des Phéniciens dans leur arrière-pays, bénéficiaire en cela de leurs routes commerciales, et qui bâtira sur cela sa légende aujourd'hui mondialement connue (et non, cela ne pouvait pas designer Tarse en Cilicie - actuelle Turquie - comme on peut le lire parfois, car cela ne s'écrit pas du tout pareil en hébreu : טרסוס pour Ṭarsos = Tarse / תַּרְשִׁישׁ = Tarshish...) ; ou encore (selon certaines interprétations) sur la stèle phénicienne de Nora en Sardaigne ; ce qui tendrait à indiquer un rôle assez "clé" dans la Méditerranée de la transition du Bronze au Fer : une "piste atlante" sérieusement envisagée de longue date et attestée par de multiples sources antiques grecques, assyriennes, bibliques comme on l'a vu etc. ; plongeant ses racines dans l'ère argarique avant de régner sur le commerce méditerranéen entre -1500 environ et sa destruction (probablement par les Carthaginois, pour son alliance avec les Phocéens de Marseille) au VIe siècle ; en lien étroit avec les Phéniciens, cet autre et unique peuple sémite connu à l'époque pour ses talents de navigateurs, dont la vidéo en lien plus haut suggère même qu'elle pourrait avoir été sur cet aspect la "mère" civilisationnelle (toujours dans la Bible, Tarsis ou Tarshish désigne un lieu mais aussi, par "navires de Tarsis", un type de navire adapté aux expéditions lointaines... qui aurait pu être importé au Levant par les fameux "Tarsissiens" ? tandis que le Livre d'Isaïe, chapitre 23 "Oracle sur Tyr", semble même suggérer dans un verset que celle-ci serait une "fille de Tarsis", où ses habitants auraient vocation à "passer" = se réfugier – et l'on pourrait aussi évoquer, du côté de la mythologie grecque, l'origine "océanide" - Io - des "premiers rois" légendaires de Phénicie : Agénor etc., sur laquelle nous reviendrons plus loin) ; de même que la possible "métropole" des cultures "shardanes" / "Peuples de la Mer" de la Méditerranée occidentale, auxquelles nous allons maintenant venir (Isaïe chap. 23, toujours, l'associe également à "Céthim"/"Kittim" qui désigne Chypre mais aussi par extension toutes les îles de la Méditerranée et les "Peuples de la Mer").
- https://www.totallyawesomehistory.com/blog/tartessos-the-lost-civilization-youve-never-heard-of
- https://delattray.wordpress.com/2018/06/27/tartesse-et-latlantide/
- https://www.academia.edu/104086267/Tartessos and Atlantic Mediterranean Euro-Africa : Metals, Dolmens and Basque Iberian origins (intéressant sur la continuité "Atlantide" mégalithique - Tartessos malgré quelques petites erreurs factuelles dans l'exposé)
- https://algarveprop.com/fr/est-la-cité-perdue-de-l'atlantide-en-algarve/
- https://www.huelva24.com/huelva/muro-demuestra-huelva-ciudad-antigua-occidente-20231225000514-nth.html (murailles de pratiquement 1000 ans avant notre ère... "phéniciennes", ou d'une brillante civilisation locale en lien avec le commerce phénicien, et où des Phéniciens étaient présents ?)
[Ce qu'il faut comprendre, c'est que parler de "colonisation" phénicienne est en réalité assez inexact ; en tout cas jusqu'à ce que Carthage ne prenne la main au VIe siècle. Il y avait des comptoirs de marchands, mais pas de colonisation de peuplement massive proprement dite (contrairement à l'établissement conséquent de Grecs en Sicile, Italie du Sud, Marseille etc.). Les civilisations autochtones étaient "fécondées" par ce contact, bien sûr, et le florissant commerce qu'il ouvrait ; on peut peut-être parler d'"hybridation", ou de "symbiose" ; mais cela n'en faisait pas pour autant des "annexes" de la Phénicie : c'est cette narration historique, fondée sur le vieux dogme "Ex Oriente Lux", qui nous dérange profondément. On ne peut réellement parler de "phénicisation", comme on parlera de "romanisation" plus tard, qu'à la rigueur à l'époque de l'apogée de Carthage, entre -500 et -200 ; lorsque ces terres deviendront des refuges pour une Phénicie qui sous la botte assyrienne, puis perse puis macédonienne, n'existait plus.]
- https://www.nationalgeographic.fr/histoire/lorigine-du-tresor-del-carambolo-enfin-revelee (lire le contenu qui, en relation avec tout ce que nous venons de voir, contredit totalement ce qui est affirmé - "pas lié à Atlantide"... - en introduction : "Grâce à cette nouvelle étude, nous savons désormais que l'or a été extrait des mines d'Espagne. (...) L'analyse a révélé que le matériau provenait vraisemblablement des mêmes mines associées aux tombes souterraines monumentales de Valencina de la Concepción, qui datent du IIIe millénaire avant J.-C. et qui sont également situées près de Séville. Les auteurs de l'article affirment que les bijoux du Trésor d'El Carambolo marquent la fin d'une tradition continue du traitement de l'or, initiée en Espagne 2000 ans plus tôt.")
- https://www.almendron.com/blog/el-santuario-tartesico-de-cancho-roano/
Il va de soi, en tout cas, que si Platon était philosophe, il n'était pas archéologue : il connaissait l'existence d'une brillante civilisation, mégalithique-chalcolithique et Bronze ancien, dans le lointain Occident plusieurs millénaires avant lui ; y puisant comme on l'a vu l'inspiration première de son récit ; mais il ne pouvait se la représenter, et la décrire comme il l'a fait, qu'au travers de réalités beaucoup plus récentes ou même contemporaines de lui ; et en cela, ce "monde" ibérique-tartessien et plus largement méditerranéen occidental profondément "imbriqué" de pénétration et d'influence phénicienne-carthaginoise, apparaît bien sûr comme la référence évidente.
Si la "question atlante" pouvait au moins conduire à mieux découvrir, étudier... et mettre en valeur cette superbe civilisation ; par trop négligée (en dehors de l'Espagne elle-même en tout cas) car "mère" ni de la Grèce classique comme les Mycéniens et la Crète (que nous verrons bientôt ci-après), ni de Rome comme les Étrusques, ni même de "nos ancêtres les Gaulois" ; souvent perçue comme de purs "sauvages" et "sages élèves" des Phéniciens, alors que nous savons avec El Argar qu'elle présentait de véritables "Troie d'Occident" plus d'un millénaire avant eux... ce serait déjà une très bonne chose !
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibères
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Dame_d'Elche
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Trésor_de_Villena - Tesoro_de_Villena ("post-argarique", -1000 av. J.-C. au moins) - Trésor_de_Caldas_de_Reis (à l'autre bout de la Péninsule, Galice) : des concentration d'objets en or seulement égalées par Mycènes en Grèce... tout à fait le débordement de richesses impressionnantes que décrit Platon !
- tutugi-archaeological-site - necropolis-iberica-de-el-cabo-de-andorra - carmona-tombs-circular - necropolis-dinastica-de-cerrillo-blanco : nécropoles, pour admirer la formidable continuité funéraire (tumulus-tholos etc.) depuis l'époque mégalithique... (le parallèle méritant sans doute d'être fait aussi, outre-Gibraltar, avec les bazinas berbères du Maghreb)
(Rappelons que cette civilisation a aussi existé... de notre côté des Pyrénées : le Roussillon, autour de Perpignan, était ibère, domaine du peuple des... Sardones, et de leur mythique cité de Pyrène à laquelle succèdera la "ville neuve" d'Iliberri ; tandis que le Languedoc était celui de la population "intermédiaire" avec les Ligures, mais culturellement très liée - et bien sûr, à partir de -600, en lien étroit également avec l'expansion grecque - des Élisyques. Le nom de notre plus ancienne ville, plus ou moins à égalité avec Marseille : Béziers, est ainsi d'origine ibérique, "bascoïde", probablement Biterri ou Baiterri. Cette culture disparaîtra, probablement écrasée par les Celtes, un peu avant -200, un siècle avant l'établissement de la Narbonnaise romaine : ici, l'"Atlantide" vient mourir sur les rivages de "nos ancêtres les Gaulois", fameuse prémisse de notre histoire nationale hexagonale...)
En dehors de ce cas spécifique ibérique, on observe donc après la grande invasion yamna l'extinction subite de la civilisation des temples de Malte, ce qui laisse entendre que ce peuplement (sur une petite île très sèche) n'était pas vraiment autonome, mais plutôt un "avant-poste" de quelque chose "derrière" qui a disparu ; et la civilisation "atlante" des mégalithes se réfugie, en revanche, dans les derniers endroits vivables et fortement à l'abri que sont les grandes îles de la Méditerranée occidentale (Sardaigne et Corse, Sicile, Baléares : les Sardes auraient ainsi comme les Basques également très peu connu d'apport génétique indo-européen, même si par contre leur langue est devenue latine par la suite ; selon Thucydide, "il est établi que les Sicanes - en Sicile - étaient des Ibères, chassés par les Lygiens des bords du fleuve Sikanos en Ibérie", tandis que pour Salluste, Pausanias et Solin la Sardaigne connut la venue depuis l'Ibérie de Norax, qui ne peut pas ne pas évoquer les nuraghi ou nuraxi ; sans aucun doute une trace mémorielle de ce "repli" devant les proto-indo-européens... la parenté linguistique de la langue sarde pré-romaine avec l'ancien ibère ou le basque étant par ailleurs largement etudiée et documentée de longue date, de manière il faut le dire assez convaincante, de même d'ailleurs qu'aux Baléares, où "les liens linguistiques particulièrement significatifs avec le paléo-sarde suggèrent une unité linguistique et ethnique du bassin méditerranéen occidental au IIIe millénaire, altérée par l'irruption des langues indo-européennes") ; où le mégalithisme évolue vers le torréen/cyclopéen à caractère défensif (car malgré tout, même à des centaines de kilomètres de mer d'adversaires qui sont de grands guerriers et cavaliers mais pas encore de grands marins, on n'est jamais trop sûr...) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuraghe https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_nuragique https://youtu.be/FJKHQtegw5M https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_torréenne https://www.academia.edu/1265030/ Les_monuments_turriformes_de_l_Âge_du_Bronze_en_Corse https://it.wikipedia.org/wiki/Sese_(architettura) File:Lipari_Villaggio_Preistorico_Castello.jpg https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Castelluccio https://www.parcodisegesta.com/home/aree-tematiche/siti/mokarta.html https://leterrazzeustica.it/itinerari-archeologici-ustica/ https://ca.wikipedia.org/wiki/Periode_pretalaiotic https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_talayotique (ici culte du taureau en talayotique tardif, contemporain de Platon) (voir aussi le toujours mystérieux cas, sur le continent, des Ligures : pré-indo-européens repliés dans les régions montagneuses ? ou indo-européanisés "partiellement" ?) ;
et entre en lien croissant (de fait, probablement toujours existant et jamais rompu depuis la migration anatolienne néolithique - d'ailleurs les temples de Malte auraient pu représenter un "jalon" essentiel sur cette "route") avec la civilisation "pélasge" de Mer Égée, issue de ce même peuplement... mais aux liens culturels forts, quant à elle, avec l'Orient* (où se développent déjà les prémisses de la culture maritime cananéenne, bientôt phénicienne : Ougarit, Byblos...).Les diverses théories qui, à l'encontre des claires indications géographiques de Platon, prétendent rechercher l'Atlantide du côté de la Méditerranée orientale (par exemple ici, à Chypre, mais sans oublier bien sûr la vieille thèse minoenne), pourraient de fait exprimer une forme d'"intuition" diffuse de ce "lien" bel et bien existant, même si ce n'est pas la fameuse "civilisation perdue" à proprement parler. Nous allons donc voir, à présent, comment cette "interconnexion" d'un bout à l'autre de la Méditerranée (et au-delà, jusqu'en Europe atlantique) est absolument centrale dans ce que Platon a voulu nous relater comme "l'Atlantide", dans sa phase "agressive"...
[* "Fécondation" démique et civilisationnelle de la Méditerranée orientale, à partir de -3000 environ, par des métallurgistes d'haplogroupe J de la civilisation "kouro-araxe" Zagros-Caucase, dont les autres axes d'expansion s'étendront jusqu'à la Mésopotamie et au Levant - c'est à peu près prouvé aujourd'hui pour les prémisses de la civilisation cananéenne - voire jusqu'à la vallée de l'Indus/"Meluhha" ; à moins qu'il ne se soit agi d'un même "bloc" de populations, J1 plutôt "descendus" de l'actuelle Arménie - de l'Ararat ! - vers la Mésopotamie et l'Arabie pour s'y mêler aux populations "chamites" natoufiennes E1b1b et donner naissance aux Sémites, J2 de la Basse Mésopotamie et du Caucase jusqu'à l'Inde, à la différentiation tant génétique que culturelle ancienne* (la civilisation de l'Indus se révèle en effet, à chaque nouvelle découverte, d'une ancienneté toujours plus ahurissante !) ; peut-être flanqué de L et T, également notablement présents de l'Inde à l'Afrique du Nord-Est et qui pourraient même (surtout T) "faire le lien", évoqué par certaines sources antiques et envisagé par des chercheurs comme Henry Rawlison, entre cette dernière région et les Sumériens ; bref : on retrouve en tout cas là encore - un peu - Prométhée le "Caucasien", initiateur des peuples au travail des métaux... (* avec la fameuse question de la parenté entre sumérien et langues dravidiennes pré-indo-européennes d'Inde, balayée d'un revers de main par tous les zététiciens de service aux relents au demeurant souvent colonialo-racistes, mais qui apparaît saisissante et documentée dès que quelqu'un, notamment un concerné dravidophone qui connaît un peu son sujet c'est-à-dire sa langue, se penche sérieusement sur la question et compare bien sûr avec des formes ARCHAÏQUES et non actuelles de langues dravidiennes, sachant que ce dravidien archaïque est lui-même postérieur de quelques 2000 ans à la toujours indéchiffrée à ce jour langue de l'Indus, qui pourrait elle-même s'être différenciée plusieurs millénaires auparavant de ce qui deviendra le sumérien, ou le proto-élamite voisin et contemporain lui aussi indéchiffré - l'élamite déchiffré aujourd'hui date du Ier millénaire avant notre ère... dans certaines études génétiques, les "Iraniens" néolithiques et chalcolithiques présentent en petite quantité une composante "dravidoïde" surtout présente en Inde : serait-il envisageable que le Sud du pays, et le Golfe Persique encore émergé à la fin de la dernière glaciation, aient été le foyer d'une population de ce type, peut-être de ce fameux haplogroupe T, qui aurait par la suite "contribué" culturellement et linguistiquement aux civilisations alentour ?).
Il apparaît de fait hautement envisageable que la Basse Mésopotamie (pays de Sumer) ait été peuplée y compris jusqu'à la première période d'Obeid de "cousins" E1b1b des Natoufiens du Levant, "africanisants" comme pouvaient l'être les "Ibéromaurusiens" méchtoïdes du Maghreb ou les fondateurs de la civilisation égyptienne ; tandis que Halaf se rattachait vraisemblablement aux mêmes fermiers néolithiques G2a qui peupleront l'Europe ; et Hassuna était la première étape de cette diffusion de "Caucasiens" J qui se poursuivra à Samarra puis Uruk/Sumer, en soumettant les populations originelles ; avec ces représentations typiques et bien connues de personnages de haute taille et à longues barbes (typiquement "europoïdes") qui pourraient là encore être rapprochés des "néphilim" bibliques.
La découverte en Iran de la civilisation de Jiroft (vidéo), dans une région aujourd'hui aridifiée mais qui ne l'était pas à l'époque, pourrait bien selon toute vraisemblance être l'Aratta des textes sumériens et surtout le "chaînon manquant" démontrant l'existence de ce "bloc" culturel d'émanation "J2" qui s’étendait donc de la Mésopotamie et du Caucase, depuis lequel il aurait "fécondé" les civilisations du Levant et de Mer Égée (et même jusqu'en Méditerranée occidentale : on en trouve dès le début du IIIe millénaire en Italie du Sud près de Naples ; notable prévalence aujourd’hui en Italie, Sicile, Sardaigne/Corse et même dans le Sud de l'Espagne... et de la France) ; jusqu'à l'Inde et - dernière extrémité - la Bactriane entre Turkménistan et Ouzbékistan ; et dont pourraient par ailleurs être issues les brillantes traditions spirituelles, indo-européanisées par les invasions ultérieures, que sont l'Avesta en Iran et le Rig Veda en Inde, sans oublier la mythologie mésopotamienne et sa contribution à la Bible.
Après, les nombreuses études évoquant des similitudes entre le sumérien et le basque pourraient aussi conduire à suggérer pour ce peuple une origine anatolienne, "göbeklitépéenne", ce qui invaliderait en grande partie ce qui vient d'être dit (quoi que... le schéma de l'étude en lien plus haut montre bien, de fait, à la fois cette part d'ascendance anatolienne = Göbekli Tepe (près de 60%, même !) et une part d'ascendance "iranienne" paléolithique - qui elle, fait le "lien" avec l'Inde - chez les fermiers néolithiques de l’Ouest de l'Iran, donc pourquoi pas en Mésopotamie, si bien que les deux thèses pourraient être en même temps vraies !) mais expliquerait les difficultés à relationner la langue avec, par exemple, l'élamite de l'Iran voisin, et apparaîtrait cohérent avec le récit biblique d'une "descente" de populations depuis l'Anatolie-Caucase ("Ararat"), à la fois vers l'Europe et la Méditerranée ("Japhet"), la Mésopotamie ("Sem") et le Levant et le Delta du Nil ("Cham"), après le "Déluge" (Dryas récent ? ou un autre événement ?) – même si, nous l'avons dit et répété, l'Égypte pharaonique ne leur "doit" pas sa civilisation ; ayant même potentiellement "mis une rouste" à ces impétrants avant de "sécuriser" son territoire par l'annexion ferme du Delta (par Narmer) ; tandis qu'en Mésopotamie, la langue sémitique de la famille afro-asiatique tend à montrer que la population de type "natoufien" et d'haplogroupe E1b1b était la population autochtone ; les fameuses "têtes noires" qui contrairement à ce que l'on entend généralement, ne désignaient visiblement pas "les Sumériens" au sens de l'élite dirigeante, mais le "troupeau" humain de Basse Mésopotamie : selon la mythologie sumérienne, "le roi" était en effet "le représentant terrestre des dieux, en premier lieu le roi des dieux Enlil, mais aussi la divinité tutélaire de leur royaume, comme Ningirsu à Lagash, voire d'autres divinités aux attributs royaux, comme Inanna" ; "dans les temps antédiluviens, la royauté était descendue du ciel, c'est-à-dire du monde divin, puis s'était transmise aux plus méritants selon la volonté des dieux" ; et le roi Shulgi d'Ur, par exemple, pouvait ainsi se définir dans une ode à lui-même comme le "berger des têtes noires"... un "troupeau" donc, exploité, opprimé (problème déjà soulevé vers -2350 par le souverain sumérien Urukagina lui-même) et qui a peut-être fini par se révolter vers -2300 derrière Sargon d'Akkad... (dans la Bible, "Nimrod" fils de Koush et petit-fils de Cham = claire origine afro-asiatique, est généralement assimilé à Sargon ou à son successeur Naram-Sim, plus grand des souverains akkadiens ; et rattaché par ailleurs à la racine sémitique marad = "se rebeller" ; se rebeller "contre Dieu"... ou contre les "dieux" sumériens ?).
Bref, fin de cette parenthèse moyen-orientale, tout ceci étant tellement intéressant qu'on pourrait en pondre 300 lignes (ici, une recension des diverses hypothèses quant aux origines des Sumériens :
https://www.quora.com/Were-Sumerians-descendants-of-Anatolian-Levant-or-Iranian-farmers/answer/Ygor-Coelho).]En fait, on peut peut-être même aller jusqu'à parler de "hub", de "plaque tournante" entre cet Orient y compris lointain, avec des objets jusque de l'Indus retrouvés à Égine (île de la Mer Égée) ou encore à Troie ; l'Égypte bien sûr ; et toute la Méditerranée et au-delà, loin en Europe atlantique ; ce qui en fera la prospérité et la splendeur civilisationnelle (protégée, par ailleurs, "militairement" par l'insularité) :
- https://www.harappa.com/answers/there-any-evidence-trade-egypt-and-minoan-crete
- https://www.quora.com/Were-the-Islands-of-Corsica-and-Sardinia-in-the-Minoan-and-Phoenician-trade-network (TRÈS intéressant et documenté !!)
- https://www.chemistryworld.com/news/bronze-age-tin-from-israeli-shipwrecks-was-mined-in-britain/4010404.article (les fameux "navires de Tarshish"... ?)
- https://novoscriptorium.com/2019/09/08/minoan-crete-and-western-tin-trade-routes/ (très intéressant, celui-là, quant à cette interconnexion évoquée depuis le Proche-Orient jusqu'au Nord-Ouest de l'Europe, que suffit de toute façon à démontrer la simple présence d'étain - dans le bronze - en Méditerranée orientale, qui était totalement dépourvue de gisements)
- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352409X20302704 (relations Sardaigne-Chypre prouvées par de la poterie)
- https://www.ancient-origins.net/artifacts-other-artifacts/uluburun-shipwrecks-001962 (épave d'Uluburun, Turquie, datée de vers -1300 : "la provenance des artefacts (de l'épave) suggère que l'Égée de l'Âge du Bronze s'inscrivait dans un vaste réseau international de commerce entre la Syrie-Palestine, Chypre, l'Afrique du Nord et l'Égypte, et parfois jusqu'aussi loin à l'ouest que la Sardaigne")
- http://dispatchesfromturtleisland.blogspot.com/2011/06/case-for-minoan-as-greater-hurrian.html (sur la question linguistique... où l'on retrouve encore une fois la connexion "prométhéenne" avec le Caucase – et, faut-il en déduire, avec le "frangin" Atlas à l'horizon lointain extrême-occidental ?)
- https://www.samarigosa.com/fr/les-geants-de-mont-prama/ (graines de raisin et surtout de melon en Sardaigne = liens avec l'Orient et l'Afrique)
- https://www.persee.fr/doc/casa_0076-230x_1992_num_28_1_2601 ("La période pré-phénicienne en Péninsule ibérique : relations avec la Méditerranée centrale" - que l'on sait avoir été elle-même connectée à la Crète et l'Egée à la même époque...)
- Cerro de la Encantada (Ciudad Real, Espagne) : le site présentant peut-être le plus d'évidences de relations entre la Péninsule ibérique et la Méditerranée orientale, au milieu du IIe millénaire (sachant que de fait, les "autels à cornes" qui y ont été trouvés abondent non seulement en Crète et Méditerranée orientale, mais aussi sur le territoire d'El Argar - provinces d'Almeria et Murcia ; attestant de liens de plus en plus indiscutables à mesure de ce type de découvertes ; outre le fait qu'El Argar ne se limitait certainement pas à ces deux provinces, mais était une puissante civilisation s'étendant sur tout le Sud et le Sud-Est de la Péninsule, avec pour "ligne de front" face aux "purs Yamnas" des sites comme celui-ci ou les motillas, et n'était certainement autre que le royaume de Chrysaor et Géryon dans la mythologie herculéenne que nous verrons plus loin)
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Épave_de_Douvres (navigation en Atlantique-Manche à l'Âge du Bronze, "dernière étape" de la grande "route" maritime "atlante" : les "autres îles" en face du "grand continent" bordant une "véritable mer" ; Platon puisant sans doute là son inspiration dans l'ancienne tradition autour des "Cassitérides", "archipel" semi-fictif faisant office de "hub" du commerce de l'étain, indispensable au bronze, et qui aurait pu désigner "plusieurs pays successivement : les îles de l'ancien golfe de la Brière (ou plus globalement de toute la Bretagne Sud et la Vendée), où la ville de Tartessos se procurait l'étain", puis, "au temps de l'hégémonie carthaginoise, les îles Scilly à l'entrée de la Manche, où se faisait l'échange de l'étain provenant des mines du Devon et de Cornouailles" ; îles effectivement bordées par les "véritables mers" que sont l'Atlantique, la Manche, le Golfe de Gascogne - pas des "ports fermés par un goulet étroit" comme la Méditerranée ; et faisant face à la grande masse continentale "hercynienne" de l'Europe...)
Laquelle civilisation, donc, après la période cycladique du IIIe millénaire (et helladique ancienne sur le continent), passera comme on le sait sous la suzeraineté de la célèbre Crète minoenne (entre -2000 et -1500) (origines génétiques : "Les Minoens descendent principalement des premiers agriculteurs du Néolithique. Ces derniers ont migré des milliers d’années avant l’Âge du Bronze depuis l'Anatolie, dans ce qu’on connaît aujourd’hui comme la Turquie", comme l'ensemble du peuplement égéen "pélasge" ; de grandes proximités ont de fait été trouvées, en ADN mitochondrial - lignée maternelle - du moins, avec les populations néolithiques de la Péninsule ibérique, de Sardaigne, du Sud de la France et même de Grande-Bretagne), suzeraineté qui s'étendra d'ailleurs peut-être jusqu'à la Méditerranée occidentale : mythe de Dédale en Sicile, trouvant refuge auprès du roi sicane Kokalos qui apparaît comme un "vassal" de Minos ; commerce de l'étain, ressemblances parfois notables avec El Argar dans l'urbanisme ou les inhumations dans de grandes jarres - pithoi - etc. etc. ; les liens avec Chypre, les royaumes du Proche-Orient et l'Égypte (en particulier le royaume "hyksôs" du Delta, nous y reviendrons) étant pour leur part avérés.
[https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/archeologie-decouverte-etrange-structure-circulaire-monumentale-unique-son-genre-centre-crete-113987 : "découverte unique et particulièrement intéressante" d'un "bâtiment minoen monumental circulaire d'environ 48 mètres de diamètre", qui "s'étend sur environ 1800 mètres carrés et comporte huit anneaux presque labyrinthiques reliés par de petites ouvertures. Le site, qui servait probablement à des rituels religieux, a été en activité entre 2000 et 1700 avant notre ère"... !! Cette structure n'est pas sans rappeler le Rujm el-Hiri, que nous verrons plus loin. En tout cas, elle a tout de l'architecture circulaire concentrique "atlante" que nous avons pu voir jusqu'à présent...]
Cette carte de la prévalence de l'admixture génétique "Mycénienne Bronze" (en réalité, à très forte composante pélasge c'est-à-dire peuplement néolithique anatolien + J2 du Bronze kouro-araxe, additionnée d'un peu d'indo-européen), offre peut-être une assez bonne idée des contours de ce "monde pélasge" dont il est question ici.
Diodore (toujours lui) nous dit que Minos et son frère Rhadamanthe, fils de Zeus et d'Europe ("phénicienne" fille d'Agénor et descendante de la "pélasge" Io - voir plus loin : "symbole" du "mix" entre ascendance vieille-européenne néolithique et ce "courant" J2 venu du Levant ?), régnaient sur "de GRANDES îles (donc pas seulement celles, petites, de la Mer Égée) et presque toutes les côtes de l'Asie"...
Cette hégémonie maritime minoenne-pélasge pourrait donc bien n'être autre que l'ultime expression historique réelle de l'"Atlantide", "marchant insolemment" et asseyant sa domination sur "l'Europe (au-delà donc de ce qui était contrôlé jusque là, de Gibraltar "jusqu'à la Tyrrhénie" = Italie) et l'Asie toutes entières" ; donnant ainsi sa part de vérité à la grande et déjà ancienne thèse crétoise quant à la mystérieuse civilisation perdue ; mais sans que cette dernière s'y réduise.
Peut-être que Malte, avec sa position centrale stratégique et ses excellents ports malgré le problème de pénurie en eau, était autour de -3000 le grand "hub" du commerce trans-méditerranéen, la "Crète" de l'époque ; d'où la fascinante civilisation des temples. Mais l'effondrement de la civilisation mégalithique devant l'invasion indo-européenne, tandis que l'Orient atteignait quant à lui le faîte de sa grandeur (ère des pyramides en Égypte, Empire akkadien), a conduit à un "déplacement" du centre de gravité de ce commerce vers l'Est (Malte s'effondrant quant à elle, probablement victime d'une invasion venue d'Italie) ; et "propulsé" ainsi l'essor de l'Égée et plus spécifiquement de la Crète : la découverte, vue plus haut, de ce qui ressemble tout compte fait à un temple maltais "amélioré" avec les techniques de l'Âge du Bronze, dans le contexte du tout début de la civilisation minoenne proprement dite, pourrait parfaitement aller dans le sens de cette théorie.
"Creuser" le sujet à travers l'étude approfondie de la mythologie, mettre en perspective notamment Diodore (voir en bas de page) et la légende d'Io (voir plus loin), permet de fait de relier totalement cette tradition "atlantide"-"océanide" à la mythologie grecque pré-héroïque ("origine des dieux" et de multiples lignées légendaires, notamment, dans le couple Océan-Téthys - "Je pars visiter les limites de la Terre, l'Océan, père des dieux, et Téthys leur mère" : Diodore, citant Homère - autrement dit la "rencontre" entre l'Atlantique et la Méditerranée, et symboliquement, entre la grande migration néolithique anatolienne et les peuples autochtones d'Europe de l'Ouest) ; et de mettre en évidence le lien entre la civilisation extrême-occidentale dont nous avons parlé jusqu'ici, et cette civilisation minoenne-pélasge de Mer Égée (dans laquelle les interventions et accouplements répétés de Zeus symbolisent probablement la pénétration proto-grecque indo-européenne).
De fait, cette période entre -2000 et -1500 approximativement semble bien avoir vu une intensification des contacts et, pour tout dire, une "imbrication civilisationnelle" entre l'Égée, ethniquement, commercialement et culturellement reliée à la Méditerranée occidentale "post-atlante" et progressivement pénétrée par les indo-européens proto-grecs ; le Levant, et le Delta du Nil (où elle atteindra son paroxysme avec les Hyksôs que nous verrons plus loin) ; de laquelle jailliront littéralement toutes les grandes civilisations de la période suivante (y compris le Nouvel Empire égyptien refondé) et les traditions mythologiques associées (Bélos/Baal, Hercule/Melqart, Osiris/Zeus, Isis/Athéna, Danaos, Cadmos, Athènes "de la même origine que les Saïtes" égyptiens, comme rapporté dans le Timée, etc. etc.)...
Puis, donc, cette thalassocratie crétoise déclinera (avec comme évènement clé, on le sait, l'éruption de Théra-Santorin vers -1600 ou -1550, dont le tsunami consécutif dévastera ses côtes et ses ports mais épargnera ceux, mieux abrités, de Grèce continentale), sera militairement vaincue et passera sous la coupe des Achéens/Mycéniens ("Même si les Minoens et les Mycéniens possèdent des origines génétiques des premiers agriculteurs et des Orientaux" - fondamental substrat "pélasge" y compris jusque dans la langue : les termes maritimes notamment, comme "thalassa" ou "pélagos" qui fait bien sûr penser à "pélasge", n'ont rien à voir avec les racines indo-européennes "mar" ou "see" = étendue d'eau - "les Mycéniens ont une composante supplémentaire de leur ascendance vers les anciens habitants de l’Europe de l’Est et de l’Eurasie septentrionale : cette lignée, connue comme l’Ancien Nord eurasien est l’une des trois populations ancestrales des Européens actuels et elle se trouve également dans les Grecs modernes" -> bref même scénario qu'en Espagne, visiblement, à peu de choses près...), première grande civilisation de Grèce continentale (on entre là dans l'"âge héroïque" de la mythologie grecque et, on l'a dit, probablement l'autre grande inspiration du récit du Timée de Platon et de sa "guerre" d'"Athènes" contre l'"Atlantide") ; qui s'en approprieront les routes commerciales dans une probable "confédération" avec les très antiques cités pélasges, passées un temps dans l'orbite (indo-européenne) hittite-louwite, d'Asie Mineure, dont la fameuse Truwisa = Troie / Wilusa = Ilios ; ET sans doute les reliquats "atlantes" des îles italiennes...
https://mobile.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/de-minos-a-thesee-et-ulysse-139769
Les routes maritimes de l'Âge du Bronze (évidemment bien antérieures à -1400, mais auparavant dominées
par la Crète minoenne...). La Péninsule ibérique n'apparaît pas sur la carte, mais elle y était bien entendu
connectée, de même que toute l'Europe du "Bronze atlantique". L'enjeu géopolitique de leur prise de contrôle
par les Mycéniens est sans doute en grande partie ce qui sera retranscrit par Solon et Platon dans l'"Atlantide"."Temple-source" de Su Tempiesu, dédié au culte de l'eau. Ci-dessous, vue d'ensemble de celui de Santa Cristina :
Castellu d'Arraghju, Corse du Sud... impressionnant !
Statue-menhir de guerrier armé, Filitosa, Corse (FILITosa... PHILIsTins ?)
"Confédération" qui sous le nom de "Peuples de la Mer" (strict équivalent en égyptien du grec "Pélasgoi" : "pélagos" = en mer, au large, navigateurs ou îles loin de toute terre...), s'étant appropriée le talent maritime de ses glorieux prédécesseurs crétois, se lancera vers -1200 à l'assaut de l'Égypte de Mérenptah et Ramsès III, et du Proche-Orient où elle entraînera le déclin et la chute de l'Empire hittite, et l'établissement d'un peuplement que la Bible retiendra sous le nom de Philistins (Peleshet dans les écrits égyptiens) – "Les quatre échantillons ADN (philistins) incluent proportionnellement plus d'origines européennes additionnelles dans leurs signatures génétiques (environ 14 %) que les échantillons antérieurs à l’Âge du Bronze (2 % à 9 %), les modèles les plus plausibles renvoyant à la Grèce, la Crète, la Sardaigne et la Péninsule ibérique"... (l'haplogroupe G2a montre par ailleurs des prévalences "intéressantes" en Palestine, par rapport au reste du Proche-Orient).
https://youtu.be/eo5IysONVhI?si=kgwyTDLJsnOenwGj
Car des noms de ces peuples déchiffrés sur les stèles égyptiennes, les Aqwesh ou Aqishwaya sont de manière transparente les Achéens (périple de Ménélas "sur les côtes de Chypre, de la Phénicie et de l'Égypte", "amassant de grandes richesses", dans l'Odyssée chant IV) ; les Shardanes renvoient clairement à la Sardaigne (et la Corse torréenne avec laquelle aucune différence n'était probablement faite – et nullement à la région anatolienne de Sardes, en Lydie, comme cela a longtemps été affirmé : ce nom - Sârdis en grec - n'apparaît pas dans les sources avant le Ier millénaire, et sa forme sémitique et perse - Sfard/Spard - est par ailleurs employée en hébreu... pour désigner le lointain Occident, notamment l'Espagne, si bien que loin d'en provenir, les Shardanes pourraient même bien l'avoir fondée !*) ; et les Shekelesh aux Sicules (distincts des Sicanes, "pénétration-assimilation" dans l'Est de la Sicile - Castelluccio - d'ascendance des steppes, dès peut-être la fin du IIIe millénaire, mêlée peut-être de "Pélasges" égéens et de "Bronze oriental" J2 - influence frappante notamment à Thapsos : nombre d'auteurs antiques les disaient venus du continent, chassés par les Italiques, Denys d'Halicarnasse les dit même avoir occupé un temps le futur site de Rome...) ; les Turesh ou Tourousha... de manière toute aussi transparente aux Troyens (à moins que ce ne soit de la cité minoenne de Tylissos, qui se transcrirait "Tu-ru-sa" en linéaire A, ou à rapprocher du personnage biblique Tiras, le plus souvent associé aux Thraces... ou peut-être, carrément de Tarshish ?), dont ce n'est que plus tard qu'une colonie "tyrsénienne" en Italie centrale sera connue comme les Étrusques*, donnant lieu au "mythe" (pas si mythologique que cela, du coup) des origines troyennes (Énée) qui sera après la période des Tarquins approprié par Rome ; les Tjeker (seconde vague d'attaques) pouvant eux aussi renvoyer à "Teucros", ancêtre mythique (originaire de Crète...) des Troyens, également appelés (par conséquent) "Teucriens" dans l'Antiquité ; flanqués des Lukka = Lyciens (Asie Mineure également, originaires de Crète selon les auteurs antiques et alliés de Troie dans l'Iliade) ; des "Meshwesh" (que nous retrouverons plus loin) et autres "Weshesh", qui désignent selon toute vraisemblance des populations libyco-berbères ; sans oublier l'origine "incertaine", aux théories multiples, des Denyens (dnjn) – bref, de fait, toute la "Pelasgia" que nous venons de voir, réunie...
Sachant que certains de ces peuples ("Libyens" berbères, Shardanes sardes) avaient déjà pu attaquer et être combattus et repoussés par les Égyptiens auparavant (parfois de longue date), mais aussi... intégrer leur armée comme auxiliaires ; ce qui aurait pu leur permettre d'"alimenter" l'Égypte en informations sur leurs terres d'origine, les régions occidentales de la Méditerranée et au débouché de Gibraltar ; ces fameux éléments qui seront ensuite rapportés à Solon.
Dans la foulée de ces expéditions militaires, la "confédération" se rompra, peut-être pour cause de contentieux sur le partage du butin (bien plus probablement, en tout cas, que pour un "enlèvement d'Hélène" déjà contesté par les auteurs de l'Antiquité eux-mêmes) ; ce qui donnera lieu à cet autre grand mythe incontournable de la Grèce antique : la guerre de Troie https://una-editions.fr/les-historiens-et-la-guerre-de-troie/ https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/la-guerre-de-troie-a-bien-un-lieu
https://youtu.be/BWPAKdPrMgU ; archéologiquement attestée par des traces de violente destruction militaire (incendie manifestement consécutif à une attaque ennemie) au niveau Troie VIIa, vers -1180, soit la datation qui recueillait le plus large consensus déjà chez les auteurs antiques (une autre destruction, antérieure, est également constatée au niveau Troie VI vers -1300 ou -1250 : peut-être pourrait-il s'agir d'une première expédition correspondant à celle d'Hercule contre le roi Laomédon, à la place duquel il aurait installé Priam sur le trône - les tablettes hittites attestent effectivement d'importants changements politiques à "Wilusa" vers cette époque, peut-être effectivement avec une intervention mycénienne, et de manière générale, de "200 ans de conflits larvés" dans la région...) ; et de laquelle découleront par la suite les mythes fondateurs des "origines troyennes" que, à la suite des Romains l'ayant emprunté aux Étrusques*, revendiqueront également de nombreux peuples européens : Celtes belges ou bretons, ou Francs ; récits éminemment politiques bien sûr, pour tenter de s'approprier la "légitimité" de Rome, mais faisant écho, consciemment ou pas, à l'origine bien réelle de tous ces peuples dont, dans leur "masse" originelle des Balkans et du Danube ("Sicambrie"), la "confédération" mycéno-troyenne était effectivement l'"épicentre" économique et civilisationnel...Tandis que "deux générations" (ce qui ferait 50 ou 60 ans environ) après ce conflit, la civilisation mycénienne périra quant à elle sous l'assaut des Doriens, et la Grèce plongera pour plus de trois siècles dans les "âges obscurs".
[* Cette question de l'origine des Étrusques, complexe et controversée de longue date (depuis... l'Antiquité même), mérite peut-être que l'on s'y attarde quelques lignes : d'origine anatolienne (souvent lydienne) pour la majorité des auteurs antiques ; voire de Troie elle-même, bien que Virgile les distingue bien d'Énée et ses compagnons, et d'autres auteurs les font même le combattre, leur prêtant dans tous les cas une arrivée bien antérieure (a pu par exemple être évoqué un certain "Esio", "roi pélasge" arrivé vers -1500 par la côte adriatique), ceci étant cependant peut-être un moyen de leur "voler" cette ascendance glorieuse comme on l'a dit ; mais absolument autochtones par contre pour Denys d'Halicarnasse, réfutant ses confrères ; il est désormais claironné après de récentes études génétiques (2019, 2021) qu'ils auraient été "absolument identiques à leurs voisins romains et autres italiques", et même "avec des niveaux substantiels d'ascendance liée aux populations (indo-européennes) de la steppe pontique"...
Alors, et c'est un principe absolu à retenir : lorsqu'il est question de telles études génétiques, il faut absolument aller voir par soi-même. Et de fait, le constat effectué sur l'étude elle-même n'est pas tout à fait celui-là... : en analyse des proximités (anciennes et actuelles) du génome "global", les anciens Étrusques apparaîtraient presque... comme des "Minoens (tels que vus plus haut) de l'Ouest", auxquels il est d'ailleurs vrai que dans leurs représentations picturales, à un millénaire de distance, ils ressemblent un peu.
Si leur éloignement des populations du Proche-Orient, du Caucase actuel comme préhistorique (CHG) et du Néolithique iranien semble en effet considérable, et peu compatible à priori avec une origine anatolienne à l'Âge du Bronze, ils ne sont pas ou guère moins éloignés des populations d'Europe du Nord et de la steppe indo-européenne ; et, comme l'étaient les Minoens, très proches en revanche du Sud-Ouest européen actuel et des fermiers néolithiques anatoliens (les "origines anatoliennes" évoquées dans l'Antiquité pourraient-elles être tout simplement... celles-là ?). En tout cas, leur "positionnement" génétique entre ascendances steppe et néolithique n'apparaît pas très différent de celui des Ibères du Bronze et du Fer et des Basques actuels, locuteurs eux aussi d'une langue non-indo-européenne ou en tout cas "hybride" (le basque compte en effet un tiers sinon plus de son vocabulaire rattachable aux langues indo-européennes, mais le reste non et il ne l'est pas dans sa structure, ergative et agglutinante).
Cet autre schéma, avec pour éléments de comparaison la Sardaigne néolithique et la steppe russe yamnaya, donne des résultats tout à fait similaires si ce n'est encore plus clairs (avec l'individu "Ceu" tirant là encore "un peu plus" vers la steppe indo-européenne).
Par ailleurs, en termes d'haplogroupe masculin, leur région d'Italie centrale et globalement tout l'Apennin se caractérise par une notable prévalence de G2a (~10%), aussi bien dans des lignages comme L497, clairement lié au peuplement néolithique (culture de Rinaldone - IVe-IIIe millénaire - qui occupait strictement la même aire en Italie centrale) et dont de très nombreux anciens individus étrusques s'avèrent porteurs ; rejoignant la thèse de l'"autochtonie", en tout cas de la pré-indo-européanité, et de son "repli" devant l'invasion indo-européenne ; que dans d'autres comme L293 qui, couplés à une présence également importante de J2 (15 à 30%), traduisent là encore comme en Crète et en Mer Égée une importante pénétration en Italie du "Bronze oriental" depuis, effectivement, l'Asie Mineure ; rejoignant sur ce point la "thèse anatolienne".
En d'autres termes, les Étrusques pourraient bien être considérés comme des "Pélasges" (autre affirmation à leur sujet de maints auteurs antiques), qui peuplaient largement la Botte italienne à l'Âge du Bronze puis, devant la montée en puissance des Italiques indo-européens, se seraient "concentrés" civilisationnellement en Toscane. Ceci n'excluant pas pour autant que, sachant bien (encore une fois) "où ils allaient", des rescapés de la civilisation troyenne aient pu gagner ces mêmes rivages après la destruction de leur cité ; d'une part, probablement en trop petit nombre pour laisser une empreinte génétique considérable (on a vu comment les Philistins établis en Palestine se sont "dissous" génétiquement dans la population locale en moins de 200 ans) ; et d'autre part, ne présentant peut-être pas de toute façon de différence génétique réellement discernable, dès lors que les Troyens auraient eux-mêmes été des "Pélasges" (mélange d'ancestralité néolithique anatolienne "atlante" et d'apport "prométhéen" kouro-araxe J2 du Bronze), si l'on suit notamment les nombreuses traditions antiques les disant issus de Crète.
Autre parallèle potentiellement intéressant : le nom latin des Étrusques, Tusci, apparaît étonnamment proche de celui du dialecte méridional de l'Albanie, le tosque... Les Albanais, considérés par beaucoup comme les derniers héritiers actuels des Pélasges ; ce que tend effectivement à corroborer leur génétique, fort peu indo-européenne bien que leur langue, issue de l'ancien illyrien, soit considérée telle (mais avec un notable substrat antérieur).
A même parfois pu être évoquée, carrément, une parenté ibérique, "car on trouve des noms de lieux et de fleuves (Tubur, Tarasco, Arnus, etc.) pratiquement identiques sur les côtes de Sud de l'Espagne et en Toscane, région des Étrusques"...
Un autre "scénario" tout à fait envisageable pourrait d'ailleurs être que les Peuples de la Mer, certains issus de la région égéenne mais d'autres de provenance occidentale, les deux régions étant comme on l'a vu étroitement liées depuis l'ère minoenne et même depuis les origines néolithiques, ont donc déferlé sur les côtes de l'Orient et y ont fondé des établissements, le plus fameux étant celui des Philistins au Levant, mais sans doute pas le seul : la fameuse Sardes en Lydie, dont on a longtemps affirmé que les Shardanes étaient "originaires", aurait comme on l'a vu bien pu en être un autre ; puis, pas immédiatement, mais dans une "foulée" d'un ou deux siècles, passé le grand chaos de l'effondrement de l’Âge du Bronze, ils auraient repris contact avec leurs "mères patries" d'Occident, cherchant à "rétablir" les routes maritimes sur lesquelles ils régnaient autour de -1500 ; et, ce faisant, "relancé" l'élan civilisationnel là-bas : on pensera bien sûr au rôle bien connu des Phéniciens (que Ludovic Richer "Arcana", dans la vidéo sur Tartessos plus haut, qualifie de "mariage" des Cananéens sémites avec les Peuples de la Mer, ce qui est tout sauf improbable) dans tout le bassin occidental de la Méditerranée, mais aussi, pourquoi pas, des "Lydiens" = Peuples de la Mer établis en Anatolie, fondant la civilisation étrusque comme les anciens l'affirmaient... De fait, si le G2a caractéristique de la Sardaigne et de toute l'Europe néolithique est naturellement présent en Anatolie, d'où il est originaire, il s'y est largement "effacé" devant d'autres lignages postérieurs ; mais montre sur les cartes une "poche" remarquable... pile à la hauteur de la fameuse Lydie.
D'autres pratiques, comme la crémation des défunts et leur placement en urnes funéraires, semblent en revanche reliées aux cultures proto-celtiques d'Europe centrale. Mais si la présence d'une part d'ascendance génétique indo-européenne est absolument indiscutable, celle-ci semble s'être manifestement "fondue" dans un substrat ethnique, culturel et linguistique antérieur qui ne l'était pas – comme, après tout et pour "mystérieux" que cela apparaisse aux auteurs de l'étude, à El Argar, et plus largement en Espagne...
Le site de Frattesina (Vénétie), de la culture protovillanovienne (entre -1200 et -1000, grosso modo) souvent considérée comme principale prémisse de la civilisation étrusque, révèle en tout cas de très importants échanges commerciaux et une pénétration culturelle, qui ne saurait exclure un apport de population, depuis la région égéenne ; ce qui pourrait constituer une base sérieuse à la thèse antique de l'origine en Asie Mineure ; tandis que la précocité de Populonia (Piombino) et de l'île d'Elbe dans la même civilisation semble de son côté mettre en relief l'importance de liens et d'une influence de la civilisation corso-sarde (bronze nuragique retrouvé dans le lac de Bolsena, en plein territoire étrusque), rejoignant plutôt ici la thèse de l'"autochtonie tyrrhénienne" ; le territoire étrusque constituant, de fait, un "pont terrestre" entre ces deux "pôles". Sur cette carte, les implantations étrusques (en gris) dessinent très nettement une "route" reliant l'Italie à l'Anatolie (originelle ?) et la Mer Égée à travers les Alpes et les Balkans (il manque le très probable comptoir de Lemnos, à quelques encablures de la Troade, où des inscriptions en langue étrusque ou très proche ont été découvertes) ; tout en montrant par ailleurs de multiples implantations en Andalousie, Provence et Midi méditerranéen (manquent, là encore, les sites languedociens de Pech Maho ou encore Lattes), et des comptoirs au Proche-Orient ; bref, toutes les "routes méditerranéennes pélasgo-atlantes" d'une extrémité à l'autre de la grande mer que nous avons vues jusqu'à présent, disputées aux Grecs ioniens héritiers des Mycéniens repoussés par les Doriens ; en alliance (plutôt que conflit) avec les Phéniciens/ Carthaginois autres nouveaux grands maîtres de ce "circuit"... En plus d'être également un "pôle" d'attraction économique essentiel pour toute l'Europe alpine et danubienne, la Gaule (en concurrence avec les Phocéens de Marseille) etc. etc.
Au plan génétique encore, l'haplogroupe R1b-L23 caractéristiquement associé à l'Anatolie, Balkans et Égée est notablement présent en Italie (entre 5 et 10%), de manière assez uniformément répartie sur le territoire au-delà des fortes prévalences associées à la colonisation grecque dans l'extrême Sud ; et de là, apparaît comme "relié" à travers le col du Brenner à une "route" qui traverse toute l'Europe danubienne jusqu'à... la région de Troie (les Détroits de Turquie). Sachant que l'Europe centrale, entre Suisse et Autriche, était pour sa part le domaine de la culture proto-celtique de Hallstatt (dominée quant à elle par le R1b-S28) ; qui s'étendra sur la plus grande partie de l'Europe au tournant du Bronze au Fer, et influencera considérablement on l'a dit la culture de Villanova et de là les Étrusques mais aussi les premières civilisations italiques ; on retombe encore une fois ici sur les divers mythes des "origines troyennes" précédemment évoqués.
Le nom étrusque "Tarquin" (porté par une de leurs villes et deux rois de Rome) pourrait bien être rattaché, au travers de la caractéristique racine T(voyelle)R impliquant puissance et "seigneurie", aussi bien au dieu hittite Tarhun(t)a qu'au dieu celte Taranis ; rejoignant ici aussi la mythologie des "origines" aussi bien étrusques que "sicambres" (Hallstatt) dans une Troie qui ne dominait pas seulement l'Égée après la chute de la Crète, mais étendait aussi son influence le long du Danube jusqu'aux Alpes. Le premier nom grec même des Étrusques, "Tyrsènes", aurait fort bien pu être une contraction de cette racine de puissance / seigneurie "Tyr" (comme dans "tyran"), et "Rasna", leur autonyme ("les seigneurs Rasna").
Pourrait-on alors aller, quelque part, jusqu'à qualifier les Étrusques non seulement d'héritiers de la mythique cité de l'Iliade, mais aussi de "derniers des Atlantes" (ou "atlanto-pélasges", du moins) parvenus jusqu'à l'époque "pleinement" historique contemporaine de la Grèce classique et de la naissance de l'Empire romain ? Ceci ne semble effectivement pas pouvoir être totalement écarté... (voir la stupéfiante comparaison de monuments funéraires en fin d'article). En tout cas, en tant que "seconds maîtres" de la Méditerranée occidentale (avec les Carthaginois), ils feront indubitablement partie (nous le verrons également plus loin) des enjeux contemporains de Platon qui sous-tendent également son récit.
Leur civilisation se "dissout" dans l'Italie romaine (à laquelle elle aura culturellement énormément apporté) au cours des deux derniers siècles avant l'ère chrétienne.]
Voici pour le versant "grec"-égéen ("Athènes") de la légende ; côté égyptien, pour sa part, s'il faut chercher une période d'"oppression" étrangère ayant durablement marqué la conscience nationale, ce n'est pas vers ces "Peuples de la Mer", trop tardifs (-1200), incluant les "Athéniens" (Achéens-Aqwesh), et ayant visiblement été repoussés, qu'il faut se tourner ; mais sans doute plutôt vers les "Hyksôs" ("souverains des pays étrangers") qui dominèrent effectivement la Basse Égypte (Delta du Nil) entre le XVIIIe et le XVIe siècle avant notre ère (période intermédiaire entre le Moyen et le Nouvel Empire).
https://antikforever.com/hyksos/
Généralement considérés comme des Sémites, "poussés" par l'irruption des Indo-européens (Hittites etc.) au Levant ; parmi lesquels on trouverait même un "Yakub-Her" qui évoque immanquablement le Jacob de la Bible, rejoignant son fils Joseph en Égypte avec ses 11 autres fils et s'y établissant jusqu'à l'Exode de Moïse ; cette identification est en réalité loin d'être certaine à 100%, car elle repose pour l'essentiel sur l'unique source antique de Manéthon (IIIe siècle av. J.-C.) qui a mal retranscrit en shasou = "pasteurs", "bédouins" (donc proche-orientaux sémites) ce qui est en réalité khasout = (princes des) pays étrangers ; notion que l'on retrouve parfaitement dans la désignation des Peuples de la Mer ("gens des pays étrangers de la mer") quelques siècles plus tard (au demeurant Manéthon lui-même, cité par Flavius Josèphe car nous n'avons pas le texte d'origine, dit "venus de l'Orient" mais "un peuple de race inconnue"... or les Égyptiens connaissaient très bien leurs voisins sémites du Levant, qui n'étaient pas du tout des "inconnus" pour eux !).
Des chercheurs tels que Dominique Valbelle ont par ailleurs pu contester que les caractéristiques de ce que l'on connaît de la langue des Hyksôs, soient si clairement sémitiques qu'on le dit habituellement ("Dictionnaire de l'Antiquité", sous la direction de Jean Leclant, éditions PUF, 2005).
Il est également possible d'imaginer que la différence entre "Asie", au sens de Levant et Anatolie, et les îles de la Mer Égée et de la Méditerranée orientale (Chypre) ait été dans l'esprit des Égyptiens relativement nébuleuse (voir la notion complexe et débattue de "Haou-nebout") ; tant les ethnicités (migrations néolithiques et peut-être ultérieures), les langues (de type "hourritique"), les cultures et productions matérielles pouvaient être apparentées : la notion d'une Europe distincte de l'Asie occidentale de part et d'autre de l'actuelle frontière gréco-turque, était alors totalement inexistante !
Fameuse fresque taurine de Knossos / Fresque de femme minoenne et magnifique reconstitution faciale à partir de celle-ci
De récentes études isotopiques menées sur des individus de l'époque suggéreraient même que ces "Hyksôs" n'auraient... pas été une invasion brutale d'un peuple précis à un moment précis, mais le résultat d'une longue immigration, dès le début du Moyen Empire, de populations aux origines diverses, "Cananéens, Hittites, Amalécites et même Minoens de Crète et d'autres régions de la Mer Égée", dans le Delta du Nil où elles auraient fini par prendre le pouvoir... ce qui pourrait peut-être conduire à poser la question de qui, quelle INFLUENCE EXTÉRIEURE aurait éventuellement pu fomenter une telle sécession de ces populations installées là "sans histoires" depuis des générations, et dans quel but ; ce à quoi une réponse plus vraisemblable que les autres pourrait bien sembler se profiler.
Car en effet, sémites proche-orientaux ou pas, on imagine mal ce royaume du Delta du Nil (qui signifiait, il faut l'avoir à l'esprit, contrôler le commerce extérieur d'un quart du continent africain...) ne pas s'inscrire dans le contexte d'une Méditerranée orientale sous hégémonie crétoise (ou même, peut-être... méditerranéenne occidentale, "ibéro-sarde", "tartessienne"-"atlante", dont la Crète n'aurait été que le "poste avancé"), alors à son apogée.
Loin, très loin d'une culture de "barbares" nomades tournés vers le pastoralisme en milieu semi-désertique, les Hyksôs régnaient en effet surtout... sur le plus grand port de la Méditerranée et, de fait, peut-être une des plus grandes villes du monde à cette époque : "Le site portuaire de Tell ed-Dab’a (Avaris) voit s’établir une colonie de marins, de marchands, de constructeurs de navires venus du Levant ; leur présence devient tellement importante qu’apparait sur place une culture originale où se mêlent des éléments égyptiens et levantins : ainsi on trouve des inhumations au sein même des habitations, ce qui est une pratique « asiatique » (mais également courante... à El Argar par exemple) ; la taille des sanctuaires, des palais, des bâtiments augmente tandis qu’apparaissent dans les palais des salles de banquets qui réunissaient les alliés du roi. Par ce site transitaient les importations venues ou à destination des mondes égéens (Chypre) et levantins (dont Byblos, relais important vers Mari et la Mésopotamie) : on a retrouvé deux millions d’amphores pour l’huile et le vin à Tell ed-Dab’a ; les échanges s’effectuaient aussi vers la Haute Égypte, la Nubie et le royaume de Kerma. La richesse de Tell ed-Dab’a est incontestable selon les inscriptions même de son vainqueur le roi Kamosé : « des centaines de bateaux chargé d’or, d’argent de lapis lazuli, de turquoise, de haches de bronze, d’encens, de bois précieux et d’huiles parfumées (celles-ci étaient une spécialité minoenne...), tous les beaux produits du pays de Retenou (= Canaan) »."
https://www.archeobiblion.fr/les-samaritains-2/...De fait, si l'on se base sur d'autres sources mythologiques comme la légende (grecque) d'Io ; ainsi que sur des découvertes archéologiques comme celle d'un "scarabé" du roi "hyksôs" Khian en Crète (équivalent à l'époque de lettres de créance : preuve de liens diplomatiques forts), ou ces statuettes "hyksôs" au style cycladique marqué (voire... sarde), ou encore ces fresques incontestablement minoennes dans leur réputée capitale Avaris* ("La découverte d'un temple érigé à l'époque hyksôs a fourni des objets provenant de toutes les régions de la Mer Égée. Ce temple possède encore des peintures murales de type minoen qui pourraient même être antérieures à celles trouvées dans le palais de Knossos en Crète. (...) Des objets témoignant de contacts avec les premières civilisations méditerranéennes ont également été mis à jour"...), attestant de liens indiscutables ; ces "princes étrangers" pourraient bien avoir été le fruit d'un "mariage" entre, en effet, des Levantins cananéens proto-phéniciens (ce peuple aux talents de navigateurs si peu communs chez les peuples sémites de l'époque : influence "atlante" manifeste ?), qui enlèvent Io et sur lesquels règneront plus tard "Bélos" (Baal) et "Agénor" ; et... des Pélasges égéens ("Argos", "Pélasgos", "Europe" - dont le nom provient tout simplement du sémitique "Ereb" = ... le Couchant, l'Occident, vs "Assou" = le Levant, aux origines respectives des termes Europe et Asie - mère de... Minos, dans la même "famille") ; en profonde "interpénétration" de longue date dans cette grande "confédération" thalassocratique d'émanation "atlante" (aux origines de la généalogie d'Io : OCÉAN et Téthys, "parents de tous les dieux" - cf. Diodore en bas de page - séjournant à l'extrême Occident...) qui régnait alors sur les îles et les routes commerciales de la Méditerranée ; allant peut-être même chercher des "renforts" caucaso-hourritiques et indo-européens (périple d'Io jusqu'en Scythie-Cimmérie).
[* Nous assumons ici ne pas du tout croire à la datation très "basse" de ces fresques, des Thoutmosides du XVe siècle av. J.-C., qui s'est développée depuis leur découverte et qui apparaît totalement contre-intuitive, fondée sur des arguments très faibles (alors que ceux en faveur de la datation initiale hyksôs étaient solides) et appelant des explications plus alambiquées les unes que les autres ; une "aberration" au regard de 200 ans d'archéologie égyptienne : JAMAIS, au grand jamais un édifice royal, officiel, autrement dit sacré, en Égypte n'a été décoré autrement que dans le style égyptien ! Cette nouvelle datation n'est d'ailleurs pas restée incontestée, notamment par Eric H. Cline qui a par ailleurs travaillé sur des artefacts de style crétois-égéen parfaitement similaires, et même des éléments architecturaux de la même époque... au Levant cananéen, ce qui irait totalement dans le sens de notre thèse d'une "confédération" entre ces entités, rejoindrait la légende d'Io etc. etc. Ces œuvres ne peuvent selon nous avoir décoré que le palais hyksôs, comme cela avait été estimé lors de leur découverte, et serait au demeurant cohérent avec le fait qu'elles aient été retrouvées... en mille morceaux (dont certains, clairement en dehors de l'enceinte thoutmoside), évoquant fortement l'enlèvement "furieux" ("ôtez moi cette horreur !") des décorations du vaincu lors de la prise de possession et du réaménagement subséquent d'un édifice ; étant bien entendu par les historiens que "lorsqu'ils furent finalement chassés d'Égypte, toutes les traces de l'occupation des Hyksôs furent détruites".]
D'autres éléments peuvent encore être évoqués : selon la principale source antique sur le sujet, Manéthon, les Hyksôs auraient "introduit en Égypte le culte d'Apis" (par ailleurs autre personnage important de la mythologie d'Io), ce qui est bien sûr inexact (il était vénéré, associé à Osiris, depuis les temps les plus reculés), mais ce Apis est un dieu... TAURIN, ce qui peut certes se rattacher à la religion proche-orientale de Baal, mais aussi... bref : en tout cas, ce culte d'un taureau divin aussi bien en Égypte qu'au Levant, en Crète, en Sardaigne ou dans le Sud de l'Espagne montre bien que ces différentes régions ne fonctionnaient certainement pas en vase clos à l'époque ; de même que, de l'autre côté, la fameuse "déesse aux serpents" de Cnossos en Crète a tout, jusque dans ce qui a pu être déchiffré de son probable nom (A-sa-sa-ra), d'une Astarté-Ishtar-Ashera proche-orientale : on retrouve là, en réalité, le double principe masculin-solaire-taurin et féminin-serpentin-chtonien de toutes les religions de la proto-histoire dans le bassin méditerranéen, y compris occidental "atlante" (dualité qui se retrouve jusque dans la Bible et le christianisme, avec Adam - image de Dieu - et Ève - sauf que là, le serpent a le mauvais rôle... ; puis avec le Christ, assimilé au "Sol Invictus" = Soleil invaincu romain, et la Vierge Marie, "Nouvelle Ève" et "mère" de l'humanité...).
On pourrait (d'ailleurs) encore parler de la troublante légende tardive (Nouvel Empire) du dieu Yam ; également connue comme le "Papyrus d'Astarté" : Yam, divinité d'origine proche-orientale (tout comme d'ailleurs Astarté) qui constitue peut-être le premier exemple d'intégration d'une telle divinité étrangère dans un mythe égyptien, y "incarne" une terrible invasion venue de la mer qui soumet le Delta du Nil à sa botte tyrannique ; vaincue avec l'aide d'Astarté et surtout de Seth, qui symbolise historiquement les "Libyens" berbères. Si l'auteur de la vidéo en lien date ce récit d'environ -1100, et le relie donc aux Peuples de la Mer ; l'autre document présente une argumentation solide pour le dater du règne d'Amenhotep II, soit vers la fin du XVe siècle avant notre ère, se rattachant donc à des événements antérieurs qui pointent nécessairement vers l'ère Hyksôs (cohérente au demeurant avec l'intervention de divinités du Levant). Les Peuples de la Mer, qui ne surgissent pas de nulle part vers -1200 mais apparaissent déjà dans des textes antérieurs, notamment comme auxiliaires dans l'armée égyptienne (sort fréquent des peuples envahisseurs sur lesquels une civilisation a pris le dessus), pourraient donc bien n'avoir été que l'ultime épisode de siècles de relations tumultueuses de l'Égypte avec ces populations méditerranéennes-pélasges-"atlantes" ; notamment à l'époque des Hyksôs, "un peu rapidement" résumés (et de manière érigée en dogme) comme étant des "envahisseurs sémites", "bédouins" profondément terriens etc. etc. (et la conscience nationale égyptienne, en particulier dans le Sud thébain, était on le sait particulièrement sensible à ces agressions et dominations étrangères – il y aura même encore, par la suite, une nouvelle "période intermédiaire" de -945 à -715 environ, marquée par la domination de dynasties... libyennes - berbères, "Meshwesh", autre "Peuple de la Mer" post-"atlante" - sur le Nord, probablement non sans lien - à cette époque - avec l'expansion phénicienne ; bref, encore un nouveau "schéma hyksôs" de domination étrangère sur le débouché commercial du Delta en lien avec une thalassocratie méditerranéenne, avec conservation de l'identité dans le Sud autour des "prêtres-rois" de Waset-"Thèbes" et finalement "libération", cette fois, par les "pharaons noirs" koushites nubiens de la XXVe dynastie ; tout cela un peu plus d'un siècle avant la date supposée de la rencontre de Solon avec le prêtre*... date à laquelle, sous la dynastie suivante - le voyage du dirigeant athénien n'étant ainsi sans doute pas un hasard... - des Grecs jouent encore une fois comme auxiliaires un grand rôle dans les forces de défense terrestres comme navales du royaume, ainsi que dans le négoce : autre "inspiration", cette fois contemporaine, encore ?).
[* Solon, et rencontre, dont nous postulerons ici la réalité du rôle dans l'affaire, ne voyant franchement pas l'intérêt d'inventer une "chaîne de transmission" du récit aussi compliquée ; sauf à ce que, en particulier dans la "piste syracusaine" que nous verrons plus loin, le récit soit effectivement l'œuvre de l'imagination du seul Platon, qui a par ailleurs lui aussi séjourné en Égypte ; mais ce n'est pas, par exemple, ce que nous en dit Plutarque, biographe historique le plus complet et rigoureux de l'Antiquité, qui relate cette rencontre avec des prêtres égyptiens qu'il nomme ("Psénopis d'Héracléopolis et Sonkhis de Saïs"), ce que Platon ne fait pas et qui n'a donc pu être tiré de lui ; avant de regretter, plus loin, le caractère inachevé du récit tant par l'homme d'État que par le philosophe : "Solon avait entrepris de mettre en vers l’histoire ou la fable des Atlantides, qu’il tenait des sages de Saïs, et qui intéressait les Athéniens. Mais il y renonça bientôt, non, comme Platon l’a dit, qu’il en fût détourné par d’autres occupations, mais plutôt à cause de sa vieillesse, et parce qu’il était effrayé de la longueur du travail ; car il vivait alors dans un très grand loisir, comme il le dit lui-même dans ses vers : 'Oui, je vieillis en apprenant toujours' ; et ailleurs, 'Mes soins sont pour Bacchus, les Muses et Cypris, des plaisirs des mortels ces dieux font tout le prix'. Platon, s’emparant de ce sujet comme d’une belle terre abandonnée, et qui lui revenait par droit de parenté, se fit un point d’honneur de l’achever et de l’embellir. Il y mit un vestibule superbe, l’entoura d’une magnifique enceinte et de vastes cours, et y ajouta de si beaux ornements, qu’aucune histoire, aucune fable, aucun poème, n’en eurent jamais de semblables. Mais il l’avait commencé trop tard. Prévenu par la mort, il n’eut pas le temps de l’achever ; et ce qui manque de cet ouvrage laisse aux lecteurs autant de regrets que ce qui en reste leur cause de plaisir"... difficile, donc, à ce stade de prendre une position catégorique, notamment en faveur du "tout inventé", comme se plaisent à le faire certains.]
Il est d'une clarté cristalline que Yam peut totalement être assimilé à Poséidon, tout comme Baal à Zeus. Donc non seulement - d'une part - leur affrontement résonne d'une manière particulière au regard de celui entre Poséidon et Zeus dans la mythologie grecque ; mais encore, d'autre part, le récit de Solon et Platon quant à Poséidon qui "féconde" une jeune femme autochtone (en réalité, un peuple) du lointain Occident, prend une toute autre dimension... Sauf que, par contre, si une "fécondation" de l'Occident DEPUIS le Levant s'applique bien aux Phéniciens à partir de 1000 avant notre ère, auparavant, rien ne dit que ladite fécondation ne se soit pas opérée dans le sens inverse. Comment les Sémites de Canaan sont ils devenus des navigateurs, qui deviendront les Phéniciens ? Cela n'avait rien de "naturel" pour de tels peuples, issus du mélange de très anciens agriculteurs locaux (E1b1b ou G2a) avec des pasteurs (J) venus du Zagros ou du Caucase. D'où leur est venue cette influence maritime ? Il est tout à fait possible que ce soit d'Occident, dès le IIIe voire le IVe millénaire ; au travers peut-être, comme on l'a vu, de la "plaque tournante" qu'étaient la Crète et la Mer Égée (à moins que... certaines populations des côtes du Levant et d'Anatolie aient très tôt su naviguer au long cours, et que le courant de peuplement néolithique "cardial" de la Méditerranée par voie maritime - "Poséidon" abordant les côtes du lointain Occident... - soit directement parti de là, comme pourraient le suggérer par exemple ces vestiges mégalithique de plus de 8000 ans, et établissements humains y compris munis de digues, tellement côtiers qu'ils sont aujourd'hui... sous la mer, au large de la côte d'Haïfa ; rappelons également que Chypre a été atteinte dès 9000 ans avant notre ère, là aussi, obligatoirement à travers au moins 70 km de navigation hauturière... auquel cas les plus grands navigateurs de l'Antiquité classique, qu'étaient les Phéniciens et les Ioniens d'Asie Mineure, ne l'étaient pas par hasard, mais bien comme héritiers d'une tradition maritime plurimillénaire, transmise au Levant aux plutôt terriennes populations sémitiques, tout en conservant des liens jamais rompus avec les "cousins" d'Occident : les éléments que nous fournit l'archéologie ne permettent pas, de fait, d'arrêter pour le moment une position définitive sur le sujet).
Quoi qu'il en soit, selon la légende, si les Phéniciens ont vogué (au moins vers -950, voire -1000 selon le matériel archéologique et plus anciennement encore, vers -1100 au moins, selon les sources antiques) jusqu'aux Colonnes d'Hercule et au delà, aux rivages de Cadix-Gadir et Huelva-Tartessos ; ce serait suivant... "un oracle", qui leur en aurait révélé les richesses – mais oui, bien sûr !! À d'autres, l'"oracle" : ils avaient tout simplement CONNAISSANCE, une connaissance de tradition millénaire, de ces terres et de leurs richesses ; ils n'auraient jamais entrepris, investi dans un tel voyage de milliers de kilomètres vers le plus total inconnu, sans savoir s'ils allaient y trouver autre chose que des peuplades primitives avec trois chèvres et quatre moutons (leurs expéditions n'ont jamais visé une colonisation de peuplement, auquel cas il aurait en effet pu être intéressant de tomber sur des peuples arriérés et peu coriaces ; mais bien la recherche de partenaires commerciaux).
Bref, le fait que les Hyksôs aient bel et bien été des Sémites, comme cela semble faire consensus, n'exclut en rien leur appartenance (et leur perception comme tels par les Égyptiens, répercutée dans leur tradition orale jusqu'aux oreilles de Solon) au contexte beaucoup plus large d'une Méditerranée sous hégémonie minoenne/pélasge post-"atlante".
Une "confédération" autour de la Crète minoenne, possible "pointe avancée" au IIIe millénaire de l'expansion mégalithique "atlante" vers l'Est et "point de contact" avec les cultures du Proche-Orient ; ayant en quelque sorte "pris son relais" après -2200, un peu comme les États-Unis ont pris au XXe siècle celui de la puissance britannique ; dominant commercialement et bientôt militairement, en alliance avec divers peuples pouvant être utilisés comme "mercenaires"-"proxies" (comme les fameux "Hyksôs"), la Méditerranée de l'Âge du Bronze ; finissant dans son avidité de richesses ("folle démesure") par "piloter", donc, cette domination "hyksôs" sur une partie de la vieille Égypte ; puis affaiblie par les assauts des "Athéniens"-Achéens (d'aucuns ont même suggeré, comme origine des impressionnantes richesses retrouvées dans les cités mycéniennes du XVIe siècle av. J.-C., le retour de mercenaires partis combattre les pharaons hyksôs en Égypte - Schachermeyr, à noter aussi la reine Ahhotep, mère du "libérateur" Ahmôsis, qualifiée de "princesse des rivages Haou-nebout" = Mer Égée...) ; ainsi peut-être que par des catastrophes naturelles comme l'éruption de Théra-Santorin (qui aurait d'ailleurs bien pu être la véritable métropole de toute cette civilisation "égéenne", vu les vestiges impressionnants d'Akrotiri...) et le tsunami consécutif ; permettant en Égypte la contre-offensive victorieuse des souverains de Thèbes... voilà qui "collerait" de manière plus que séduisante, encore une fois, au récit fait à Solon et rapporté par Platon (Timée, trad. Chambry) :
"Les monuments écrits disent que votre cité ("Athènes" = les proto-Grecs, la civilisation mycénienne – ceci dit, si l'on se penche encore une fois sur les autres sources mythologiques, c'est bien Thésée l'Athénien qui mit réellement fin au joug crétois sur la Grèce, incarné par Minos et ses sacrifices humains au Minotaure... et certes aussi, très important ici mais beaucoup moins connu et répandu comme tradition, Ménesthée qui fonde une colonie en Andalousie après la guerre de Troie) détruisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur l’Europe et l’Asie (Anatolie-Levant et même, si on lit le texte un peu plus haut, Égypte...) toutes entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique ("venant" = "liée" ethniquement, culturellement, économiquement par un "courant civilisateur" ou peut-être plutôt un grand "circuit" d'influences reliant depuis les temps néolithiques un bout à l'autre de la Méditerranée...).
Un jour cette puissance, réunissant toutes ses forces, entreprit d’asservir d’un seul coup votre pays, le nôtre (l'Égypte, par le biais des Hyksôs puis des ultérieurs, et sans doute confondus avec, Peuples de la Mer) et tous les peuples en-deçà du détroit. Ce fut alors, Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux du monde sa valeur et sa force. Elle vainquit les envahisseurs, éleva un trophée (les splendides trésors de vers -1600/1500 retrouvés dans les cités mycéniennes ?), préserva de l’esclavage les peuples qui n’avaient pas encore été asservis et rendit généreusement la liberté à tous ceux qui, comme nous, habitent en-deçà des Colonnes d’Hercule.
Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit funestes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d’un seul coup dans la terre, et l’île Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de même (ce qui n'est pas sans évoquer fortement, en "toile de fond" de tous ces évènements, la catastrophe de Santorin, datée de cette même époque autour de -1600/1550 et seule à avoir pu frapper de la sorte à la fois les Grecs ET leurs adversaires dans la même partie orientale de la Méditerranée, mais dont la puissance phénoménale, impliquant aux yeux de ses contemporains un caractère "mondial", a peut-être conduit à en faire erronément la cause de la disparition d'une grande cité énéolithique-chalcolithique du littoral andalou, qui pourrait quant à elle avoir subi un autre évènement catastrophique du même type à une époque relativement proche – les tsunamis, on l'a dit, ne sont pas rares du tout non plus au sud de la Péninsule ibérique et un "mélange" avec un tel évènement, comme l'un ou un "condensé" des trois qui seraient survenus d'après les études vers -2200 ou -2000, -1500 et -1250, est loin d'être à exclure).
Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, cette mer-là est impraticable et inexplorable, la navigation étant gênée par les bas fonds vaseux que l’île a formés en s’affaissant" (ce qui là par contre pointe clairement en direction du Lacus Ligustinus antique et de l'actuelle Doñana, rien de sérieusement envisageable en Mer Égée ou Méditerranée orientale).
[À noter que sous le Nouvel Empire, gouverné d'ailleurs par une "curieuse" lignée thoutmoside ayant pris le pouvoir dans des circonstances mal élucidées après Amenhotep Ier (fils d'Ahmôsis le grand vainqueur des Hyksôs) et aux traits étonnamment "européens" pour certains (en début de lignée en tout cas), ayant abandonné la pratique funéraire millénaire des pyramides au profit des hypogées de la Vallée des Rois et dont le dernier représentant, Toutânkhamon, a été testé génétiquement R1b (voir notre article sur l'Égypte ici) ; peut-être issue, donc, de ces "auxiliaires" égéens-achéens de la reconquête contre les Hyksôs et qui correspondrait à ces "rois grecs" (Danaos, Égyptos, Cadmos...) que la mythologie fait avoir régné sur le pays du Nil ; les "Keftiou" = Crétois semblent même devenus tributaires, VASSAUX d'une Égypte alors au sommet de sa puissance ; à l'époque même où l'île est supposée passer définitivement sous la domination mycénienne. L'épineuse question, débattue de longue date et de plus en plus remise en cause, du supposé "pacifisme" des Minoens pourrait peut-être trouver ici une forme de réponse : celle d'une nation démilitarisée par ses vainqueurs après sa défaite, comme l'Allemagne et le Japon après 1945 ; l'essentiel du matériel archéologique dont nous disposons aujourd'hui datant de cette ultime période (les vestiges nettement plus anciens d'Akrotiri, "figés" par l'éruption à l'époque de l'apogée de la civilisation, présentant pour leur part beaucoup plus de représentations martiales...) ; l'"absence"... ou ne serait-ce plutôt la privation de fortifications, évoquant depuis les temps antiques jusqu'au Moyen Âge et même l'époque moderne une sanction "classique" des cités vaincues, etc. etc.]
ÉPILOGUE... ?
Se rejoindraient donc ici les deux "grandes théories" historiquement élaborées sur l'Atlantide* : celle d'une brillante civilisation, très avancée pour son époque (néolithique, chalcolithique) et située "quelque part" au-delà des "Colonnes d'Hercule" (Gibraltar) donc en Europe atlantique, avec des ramifications sur toute la Méditerranée occidentale ; vaincue et conquise par des proto-indo-européens (ce dont la mémoire est peut-être parvenue jusqu'à leurs descendants grecs...) et transformée par eux en sociétés de l'Âge du Bronze militarisées et agressives ; et celle d'une civilisation crétoise qui n'est en réalité pas "l'Atlantide" à proprement parler, mais la "pointe avancée" ultime de son influence en Méditerranée orientale et son "héritière", en quelque sorte, après l'invasion proto-indo-européenne de l'Europe occidentale, au sein d'un vaste réseau économique et civilisationnel depuis Tartessos (Andalousie) jusqu'à la Phénicie (Liban) ; qui prendra jusqu'au contrôle par le biais des "Hyksôs" du Delta du Nil, débouché maritime donc commercial de l'Égypte et de toute l'Afrique, avant d'en être chassée ; et dominera la Mer Égée avant d'être vaincue et de passer à son tour sous la domination des Achéens (proto-"grecs") ; les "Peuples de la Mer" d'environ -1200 étant la dernière séquelle de cette offensive méditerranéenne en Orient, mais avec cette fois les Achéens (Aqwesh) conquérants et successeurs de la Crète et la cité para-hittite de Troie (Turesh) dans la partie en chefs de file (donc là on n'est plus dans le récit du Timée et du Critias, mais on s'achemine doucement vers les épopées d'Homère...).
Quant à la question de savoir si les Mycéniens auraient RÉELLEMENT pu, dans ce contexte de leur montée en puissance en Méditerranée dont fera les frais la Crète, mener également une expédition militaire jusque dans la Péninsule ibérique, contre El Argar par exemple (qui s'effondre subitement à cette époque, vers 1500 avant notre ère)... eh bien cela ne peut pas non plus être exclu du tout, dès lors que Hercule, qui symbolise mythologiquement en partie (avec d'autres comme Thésée, etc.) cette montée en puissance, est supposé avoir "traîné ses basques" par là-bas (c'est très net dans le récit qu'en fait Diodore) ; tuant le cruel prince libyen (berbère) Antée (dont Lixus au Maroc aurait été la capitale, Tingis=Tanger une autre ville nommée d'après son épouse, et le... cromlech de M'zora a longtemps été considéré comme le tombeau) (juste après, ou avant selon les sources, le tout aussi cruel roi "égyptien" Bousiris pourrait bien quant à lui symboliser les Hyksôs : à la lecture encore une fois de l'analyse de la légende d'Io, il ne serait en effet qu'un autre nom de Bélos, qui ne serait lui-même autre que le roi hyksôs Khian...) ; passant par "Tartessos" dont on trouve là une des toutes premières mentions, et... l'île d'Érytheia (traditionnellement localisée dans le golfe de Cadix) pour s'y emparer des... bœufs (encore les bovins, les taureaux...) de Géryon ("Voyant que cette entreprise demandait beaucoup de peine et d'appareil, Hercule équipa une belle flotte, et leva un grand nombre de soldats dignes d'une telle expédition", "Chrysaor, ainsi nommé à cause de ses richesses, régnait sur toute l'Ibérie, il avait pour compagnons d'armes trois fils remarquables par leur force et leur vaillance, chacun d'eux commandait de puissantes armées" - dans le mythe original, Géryon a trois têtes : Diodore "rationalise" ici la chose en trois individus différents ; "Hercule les tua dans un combat singulier, soumit l'Ibérie, et emmena ces fameux troupeaux de vaches"...) ; puis des "fruits d'or" (oranges ? dattes ?) du fabuleux jardin des Hespérides (qui n'est pas sans évoquer la grande et riche plaine de l'Atlantide de Platon), recevant pour cela l'aide d'Atlas, certes, mais celui-ci tentera finalement de le trahir et il lui échappera par la ruse (Diodore donne cependant une autre version, et fait par ailleurs de ces Hespérides des filles d'Atlas, également nommées par conséquent... "Atlantides" – il faut savoir que "Hespérie", de hesper/vesper = vêpres, soir, a toujours désignés chez les Grecs comme les Romains les terres "au Couchant", à l'Ouest - pour les Grecs cela pouvait même commencer à l'Italie, mais en général, l'Ibérie et les terres à la jonction de la Méditerranée et de l'Atlantique : Diodore nous donne donc ici, en filigrane, une indication absolument claire de localisation) ; tous situés dans ces régions de l'extrême Occident au-delà des "colonnes" (détroit) auxquelles il donnera d'ailleurs son nom ; régions où son aïeul Persée avait pour sa part combattu les Gorgones... Et sur le retour, à travers le Sud de la future Gaule et l'Italie, affrontant les "Géants" (Gigantomachie, dont il est un personnage clé dans toute la mythologie) aux Champs Phlégréens près de Naples. Plus tard, tandis qu'il s'"occupera" en compagnie de Jason du "versant" Mer Noire / Caucase ; il enverra également son neveu et fidèle second Iolaos fonder une colonie en... Sardaigne.
Il y a aussi, on l'a dit, "plus tard" (après la guerre de Troie), l'épisode moins connu, objet d'une tradition plus marginale mais qui pouvait avoir son importance aux yeux de Solon, du roi athénien Ménesthée fondant une colonie en Bétique (actuelle Andalousie).
Si Platon ne fut pas le seul à parler d'Atlantes, mais effectivement le seul à évoquer une guerre entre ceux-ci et les Grecs de l'époque héroïque (guerre dont Solon, nous dit-il, aurait voulu faire une "épopée qui surpasserait celles d'Homère", mais en fut empêché par les trop prenantes affaires politiques athéniennes...) ; l'on voit bien néanmoins que l'éventuelle mémoire d'un tel conflit n'est pas sans possibles "points d'attache" dans d'autres récits mythologiques, dont il est, encore une fois, d'une improbabilité totale qu'ils ne reposent pas sur quelques faits réels ; opposant, donc, des expéditions mycéniennes au monde ibéro-tyrrhénien.
N'a-t-on pas longtemps pensé que des sites comme Los Millares ou ceux d'El Argar étaient l'œuvre de "colons" égéens ? On sait aujourd'hui que c'est faux, et que ces sites sont même antérieurs de plusieurs siècles voire plus de 1000 ans à l'apogée des civilisations minoenne et mycénienne ; mais c'est bien, donc, que l'on estimait alors la chose tout à fait possible ; et de fait les découvertes d'objets mycéniens (bien d'époque mycénienne, -1200 au moins), outre l'Italie-Tyrrhénie où elles sont extrêmement abondantes, ne sont pas si rares en Espagne et même dans le Sud de la France. Lorsqu'aux VIIIe-VIIe siècles les marins grecs essentiellement ioniens (d'Asie Mineure : Phocée etc.), c'est-à-dire "réfugiés" et héritiers achéens suite aux invasions doriennes, referont leur apparition en Méditerranée occidentale, naviguaient-ils à l'aveugle ? Ou selon "un oracle" comme (soi-disant) les Phéniciens de Tyr ? Ou alors, savaient-ils parfaitement où ils allaient, voire, venaient-ils "reprendre possession" de quelque chose ??
Ce serait ainsi bel et bien, non pas un simple "axe", d'ores et déjà établi avec une quasi certitude, entre Minoens et Hyksôs qu'auraient défait chacun de leur côté, voire avec une coordination loin d'être improbable, les Mycéniens et les Égyptiens ; mais bien une "triade", au "troisième acteur" sis dans la Péninsule ibérique, vouée au contrôle des routes commerciales méditerranéennes entre Orient et Occident ; routes dont nos proto-Grecs prendront alors un certain contrôle avant de décliner et s'effondrer à leur tour, et que ne leur succèdent les Phéniciens (possibles "plus orientaux des héritiers de l'Atlantide"...), puis que leurs héritiers phocéens et autres ne fassent leur grand come back cinq siècles plus tard.
"Géryon représente ainsi la population autochtone ibérique éleveuse de bovins, correspondant au stade final du Bronze Atlantique
et située sur les îles de Cadix, à proximité du noyau dur originel de Tartessos. Selon toute probabilité, Géryon a été diabolisé par
les Grecs afin de justifier leur expansion civilisationnelle vers l'Occident, en s'ouvrant les routes commerciales tant convoitées."
- Elisa Rivero BañuelosAutres hypothèses possibles (qui réactiveraient pour le coup la thèse classique et répandue des Peuples de la Mer comme l'offensive "atlante" en Méditerranée orientale) :
- Les Égyptiens auraient confondu, et appelé "Aqwesh"/Achéens ceux qui étaient en réalité des PÉLASGES habitant la Grèce continentale (et/ou des Doriens ?) ; que certaines sources mythologiques grecques décrivent expulsés (notamment d'Athènes/Attique...) vers cette époque, dans le cadre de l'apogée de la civilisation mycénienne indo-européenne, mettant brutalement fin à une cohabitation séculaire. Les Égyptiens avaient en effet parfois tendance à se "perdre" dans l'"ethnologie" des contrées étrangères, et à raisonner plus par terre d'origine que par ethnicité réelle des peuples dont ils parlaient ("Hatti" = Hittites, par exemple, alors que les vrais Hattis avaient justement disparus devant ces derniers). Cette expulsion aurait alors été l'une des causes majeures des offensives des "Peuples de la Mer", dont on l'a dit, une traduction en grec peut très bien être pela(s)gos qui évoque la haute mer, le grand large, et qu'il peut aussi nous sembler retrouver dans "Peleshet"/Philistins (qui apparaissent dans la deuxième inscription, celle de Ramsès III, où les "Aqwesh" ont "disparu"...) ; en lien avec le "phare de la résistance" pélasge qu'aurait alors été Troie (contre laquelle la guerre des Achéens s'inscrirait dans le même contexte), et les habituels "contacts" en Méditerranée occidentale (Sardes, Sicules...). Dans le cas de Doriens, on sait qu'Athènes ("ni pillée, ni abandonnée") leur a "résisté" ; l'Attique n'adoptant jamais ce dialecte du grec (Sparte, en revanche, sera la cité dorienne par excellence). On pourrait peut-être même envisager, dans la coalition des Peuples de la Mer, la présence d'Achéens MAIS pas Athènes, au regard du passage du Timée "réduite à ses seules forces par la défection des autres" ; fait grossi par la suite en "Athènes seule contre tous a défait la terrible invasion"...
En tout cas, deux faits historiquement établis sont que 1/ ce contexte d'"effondrement de l’Âge du Bronze", marqué par les Peuples de la Mer, s'est traduit en Grèce par sa plongée dans les "siècles obscurs" et sa "dorianisation", et 2/ Athènes y a "survécu" (sans même parler de l'île voisine d'Eubée, au rôle majeur à l'époque archaïque, entre -900 et -600), bien qu'il lui faudra longtemps pour s'en relever et devenir le phare de la civilisation grecque classique qu'elle commencera tout juste à être, de fait, à l'époque de Solon (mais Platon ne la décrit-il pas, à la fin du premier récit "synthétique" du Timée, durement frappée, "tous ses guerriers engloutis" par la grande "catastrophe" ; seuls des "gens sans lettres" des montagnes la perpétuant, "sans mémoire" de l'histoire antérieure ?).
Ces Peuples de la Mer, qui seront rondement vaincus mais marqueront le début du déclin irréversible du Nouvel Empire, auraient par ailleurs peut-être été vus en Égypte comme un "retour" de la "botte étrangère" des Hyksôs (chute du Moyen Empire) et de là, plusieurs siècles après, "confondus" dans la mémoire collective avec ceux-ci ; et les deux "héroïques" victoires pareillement confondues ; bref.
- Ou alors... Solon aurait totalement inventé tout ce qui est relatif à Athènes et à sa campagne victorieuse contre les "Atlantes" ; par patriotisme et pour glorifier sa cité. Il aurait bien reçu, en Égypte, un récit relatif à ces attaques des Peuples de la Mer venus du "Grand Vert" (grand large, haute mer, particulièrement en regardant vers l'Ouest...) ; qu'il aurait alors relié aux diverses traditions grecques quant aux peuples d'Extrême-Occident, parlant sans doute déjà d'"Atlantes" comme le peuple d'Atlas vivant au bord de l'Océan occidental ; et rajouté une héroïque mais fabulée résistance athénienne à leur offensive. Les Aqwesh de la stèle de Mérenptah pourraient alors très bien être les Achéens, ou un mélange de ceux-ci et de Pélasges ; dans tous les cas, il n'allait évidemment pas le claironner. Il serait même possible que Platon se soit rendu compte de la supercherie, et que ce soit la raison pour laquelle, attaché à la vérité lorsqu'il a présenté un récit comme authentique, il interrompt brutalement son "Critias" sans raison qui nous soit connue. Et quels seraient alors, dans ce cas, les peuples ayant réellement arrêté les "Atlantes" ? Eh bien, de ce qui peut nous être connu par une certaine historiographie, nous avons donc les Égyptiens (Mérenptah et Ramsès III), et puis, un peu plus tard... les Israélites : Barak et Déborah contre le général Siséra de la cité d'Harosheth Haggoyim, que l'archéologue Adam Zertal a pu identifier à El Ahwat et ses vestiges d'aspect étonnamment nuragique shardane ; et bien sûr les "guerres philistines" avec Samson et surtout, David : "C’est toi (Dieu) qui as divisé la mer par ta puissance, toi qui as brisé la tête des monstres dans les eaux / C’est toi qui as écrasé les têtes de Léviathan (monstre marin assimilé à Yam), et l’as donné en pâture au peuple du désert" - Psaume 74, 13-14 (d'ailleurs le dieu principal des Philistins, Dagon selon les cultures sémitiques, mais qu'eux-mêmes appelaient peut-être autrement, était un dieu aquatique associé à un poisson, et de fait tout à fait assimilable à Yam et Poséidon)... Il n'est d'ailleurs même pas impossible que les "plaies d'Égypte" de l'Exode, "nuées de sauterelles" gigantesques, rivières rougies de sang, fils aînés des nobles familles décimés etc., soient en réalité une allégorie... des premières attaques des Peuples de la Mer, qui, fragilisant l'Empire ramesside, auraient facilité la libération des Hébreux ; allégorie d'autant plus nécessaire, évidemment, que ces derniers sont ensuite eux-mêmes entrés en conflits avec ces peuples, et ne pouvaient donc les glorifier.
Ce qui est certain, ou en tout cas hautement probable (à ce niveau-là d'histoire antique, la certitude n'existe pas, seulement la probabilité plus ou moins haute...), c'est que Solon ait effectivement entendu parler de "quelque chose" en Égypte ; "quelque chose" ayant peut-être voire probablement trait aux Peuples de la Mer ("les monuments écrits disent" : les fameuses stèles de Mérenptah et Ramsès III parlant de ce conflit), et peut-être aussi (ou confondu avec...) les Hyksôs et le Papyrus d'Astarté / légende de Yam ; aux lointaines "îles" du "Grand Vert" (la haute mer), le "neuvième arc" des "Haou-nebout", les terres du Couchant demeure, rappelons-le, pour les Égyptiens, des dieux et des bienheureux défunts dans leur séjour éternel ("Amenti" ou "Bel Occident"), etc. etc. ; et qu'il ait alors fait le rapprochement entre ces récits et ses propres traditions historico-mythologiques grecques, relevant de ce que l'on pourra appeler la "matière d'Occident" : la lointaine terre des dieux primordiaux (Ouranos, Océan et Téthys etc.), des Titans dont (surtout) Atlas et son supposé peuple (duquel Hérodote tirera le nom d'"Atlantes" pour sa population la plus occidentale de "Libye" = Afrique du Nord), ce que nous "clarifie" la lecture de Diodore ci-après ; les "travaux" d'Hercule (Géryon en son île d'Érytheia, Antée, Hespérides, colonie de Iolaos en Sardaigne) ou encore les péripéties d'Ulysse dans l'Odyssée d'Homère (Lotophages, Cyclopes et Lestrygons, Circé, Calypso... fille d'Atlas, Phéaciens, enfin, habituellement localisés à Corfou par les auteurs antiques mais dont la comparaison de la fabuleuse contrée "aux extrémités de la mer onduleuse" avec la description de l'Atlantide de Platon peut s'avérer surprenante...) ; Ménesthée sur un plan spécifiquement athénien, etc. ; probables, on l'a dit, souvenirs "romancés" d'expéditions mycéniennes vers ces contrées (afin de se positionner sur les routes commerciales millénaires, comme l'atteste un matériel archéologique non-négligeable) ; la longue lutte des proto-Grecs achéens contre les Pélasges et la Crète de "Minos", reliés eux aussi ethniquement et mythologiquement (Océanides) à ces terres occidentales ; ainsi peut-être que l'État hyksôs en Égypte, contre lequel (pensaient de nombreux archéologues et historiens il y a quelques décennies) des combattants mycéniens auraient pu participer à la lutte des Égyptiens ; le tout avec en toile de fond la catastrophe de Santorin, etc. etc. etc.
Et que, du "scénario" ainsi construit à partir de ces rapprochements, il ait formé le projet d'une "épopée qui surpasserait celles d'Homère", glorifiant bien sûr sa cité athénienne (qui n'a, dans le reste de la mythologie grecque, joué de rôle éminent que contre la Crète) en avant-garde de la geste héroïque ; récit qu'il commencera à coucher par écrit et qui est celui (et non exactement ce qu'il a entendu en Égypte) qui parviendra via la famille de Critias jusqu'à Platon... dont il n'est pas non plus exclu que lui aussi ait, dans son optique de conte philosophique, rajouté de l'hyperbole, notamment dans sa description de la fabuleuse capitale "atlante".
Un Platon qui (et peut-être, probablement même, déjà Solon lui-même), avec la très bonne connaissance déjà en -600 de l'Extrême-Occident par les Grecs (rappelons que Tartessos était non seulement connue, mais l'alliée des Phocéens de Marseille contre Carthage !), et à plus forte raison en -400, sait vraisemblablement très bien de quoi il parle ; et multiplie les indices désignant la Péninsule ibérique et sa grande plaine du Guadalquivir (peut-être dans un certain degré de mélange avec la Crète minoenne, et d'autres éléments encore comme la Tunisie de Carthage), sans toutefois jamais la nommer clairement, afin de préserver bien sûr la force allégorique de son récit dans lequel l'Atlantide doit être un symbole absolu de la "démesure" thalassocratique ayant subi le plus grand des châtiments divins : la destruction et la disparition totale de la surface de la terre comme de la mémoire des hommes (donc impossible, forcément, de désigner nommément un pays qui... existe encore).
Le tout, également sans l'ombre d'un doute, non sans considérations géopolitiques bien de leur temps : l'époque de Solon est celle, entre le VIIIe et le VIe siècle, où la Grèce "ressuscitée" après son effondrement de la fin de l’Âge du Bronze commence à implanter ses colonies au-delà de la Mer Ionienne ; en Sicile, en Italie continentale, puis à Marseille (-600) et en Espagne ; y rencontrant ces peuples aux cultures et aux langues si étrangères et mystérieuses pour elle, qui nécessairement fascinaient ; et surtout, s'y confrontant aux puissances carthaginoise (appuyée sur le monde berbère, ibère et thyrrénien-nuragique) et étrusque (bataille d'Alalia, en Corse, vers -540/-535) ; confrontation se poursuivant à l'époque de Platon, en plus de celle entre une Athènes sur le déclin (dont l'objet central des deux dialogues est, rappelons-le, de retrouver la "vertu"-virilité perdue) et les colonies grecques mêmes refusant son hégémonie ; époque marquée notamment par la désastreuse expédition de Sicile (-415) au cours de laquelle Alcibiade ("cerveau" de l'opération, disciple de Socrate qui pour sa part n'y est pas favorable, et surtout proche ami de... Critias) "fait miroiter aux Athéniens les richesses de l'Occident", objets déjà de longue date de toutes les fascinations et les convoitises (voyages d'Himilcon, carthaginois, vers -450, et du Grec massaliote Pythéas si plus ancien que sa datation la plus commune vers -330, ou encore si, tout simplement, son prétendu "récit" "perdu" n'était en fait qu'une compilation de descriptions de marchands et voyageurs depuis plusieurs siècles auparavant ; tandis que sur le "versant" africain de la "mer extérieure" - l'"Atlantide" de Platon présente aussi des "inspirations" africaines marquées, au niveau de la faune et de la flore notamment - les voyages d'Hannon et d'Euthymènes pourraient remonter jusque vers -600)...
Le "monde phénicien" était, on l'a dit, selon nous issu des contacts millénaires entre le Levant sémitique (a priori peu tourné vers la mer par lui-même...) et l'influence trans-méditerranéenne "atlante" ; avec peut-être, comme ultime "mariage", celui de cette civilisation cananéenne levantine avec les Peuples de la Mer établis là-bas après leur échec face à l'Égypte (établissement "tjeker" de Dor, prise de Sidon par les Philistins etc.) ; et de multiples éléments, mis face au récit de Platon (association du dieu Baal au taureau, rapport à la mer et à la navigation bien sûr, ainsi qu'aux sources et aux eaux souterraines, grandes richesses, architecture portuaire circulaire et habitude de s'établir sur des îlots entourés par la mer - proches de la côte - ou de lagunes - Carthage, Carthagène, Tyr, Motya... - etc. etc.), sont bel et bien saisissants :
https://facebook.com/groups/376621696607558/permalink/1429224374680613/
https://commons.m.wikimedia.org/wiki/File:Siege_of_Cartagena_209_BC.svg#mw-jump-to-license
Un "monde", on l'a vu également, dès -1000 avant notre ère profondément "imbriqué" avec la Méditerranée occidentale et son "débouché" atlantique (Ibérie-Maghreb) "post-atlante" (depuis l'Atlantique, la "Gadirique" = région de Cadix et même "Élasippos" = Olisippos = Lisbonne, "en Europe jusqu'à la Tyrrhénie" = Italie, et "en Libye" = Afrique du Nord "jusqu'à l'Égypte"...) ; face auquel le "conte" platonicien n'était, donc, certainement pas exempt d'arrière-pensées...
Mais dans ce cas, encore une fois, plus qu'Athènes, les fers de lance grecs de l'affrontement seront plutôt les Phocéens de Marseille (à Alalia) ; ou encore Syracuse, à Himère (-480) face, selon Hérodote, à des contingents carthaginois de "Phéniciens, de Libyens, d'Ibères, de Ligyens - Ligures - et d'Élisyques du Sud de la Gaule, de Sardes et de Corses"... bref, tout le monde post-"atlante" coalisé, pour une raclée mémorable par les Syracusains ; et quelques années plus tard à Cumes face aux Étrusques ; ouvrant réellement au monde des colonies grecques d'Occident son âge d'or, en plus d'écarter pour la Grèce toute entière la perspective d'un "deuxième front" en pleines guerres médiques contre l'Empire perse.
Syracuse qui, colonie de Corinthe, n'était pas vraiment une amie d'Athènes ; plutôt une rivale, et même le grand "frein" à ses ambitions occidentales (l'influence athénienne peinait à s'imposer hors de Mer Égée) ; d'où peut-être une forme de "frustration" géopolitique qui sous-tend le "conte", voire... une pure et simple "projection" sur la cité sicilienne de l'"Athènes" glorieuse du récit (Platon étant personnellement, pour sa part, plutôt un admirateur des modèles politiques siciliens contre la "démocratie" d'agora de sa propre cité*).
[* Ceci est même une piste d'autant plus probable que dans les "dialogues"-récits en question il y a un personnage (qui était même censé avoir "son" propre dialogue, à son nom, mais la trilogie prévue s'achève comme on le sait en "queue de poisson" en plein "Critias", le deuxième texte) dont la présence est de toute évidence fictive, et qui pour avoir bel et bien existé n'a probablement jamais mis les pieds à Athènes (quoique... ce ne soit pas totalement impossible non plus) : Hermocrate... "l'un des principaux généraux syracusains de son époque et l’ennemi le plus acharné de l’ambition athénienne, acteur prépondérant dans le fiasco de l'expédition de Sicile, prélude à la chute d'Athènes lors de la guerre du Péloponnèse" ; dont l'introduction dans l'affaire est tout à fait de nature à corroborer tout ce que nous venons de dire – que Syracuse se "cache" bien, selon toute probabilité, derrière l'"Athènes idéale" de la démonstration philosophique de Platon ; "Athènes idéale" agressée par la "mauvaise", honnie du philosophe, lors de cet évènement marquant de sa jeunesse que fut l'expédition d'Alcibiade ("début de la fin" pour le phare de la Grèce classique, qui ne retrouvera plus jamais sa grandeur) ; et qui deux tiers de siècle plus tôt avait donc sauvé le monde grec en remportant, à Himère, une éclatante victoire contre une coalition carthaginoise de peuples aux frontières recoupant exactement celles de "l'Empire atlante". De fait, les dialogues sont même supposés avoir été rédigés vers -358... soit très exactement à l'époque où Dion, son fidèle disciple syracusain, prépare son expédition pour prendre le pouvoir au tyran Denys dans la cité sicilienne ; et où, donc, après trois expériences infructueuses, il va peut-être enfin y voir ses idées, le "roi-philosophe" qu'il appelle de ses vœux, au pouvoir ! Tout se tient. Si, donc, l'Athènes idéalisée d'il y a "9000 ans" devait être en réalité la Syracuse de son époque, alors la grande et glorieuse "bataille", dans ce qui relève d'une mémoire historique immédiate, serait nécessairement Himère et sa "coalition" autour de Carthage vue supra ; et nous tiendrions donc là le "bon bout de la ficelle", que l'on pourrait ensuite "dérouler" si l'on veut jusqu'au Chalcolithique... (car élément d'inspiration plausible, sans le moindre doute, mais seul et unique certainement pas, énormément d'éléments du récit passant dans ce cas de figure "à la trappe", à commencer par tout ce qui a trait à l'Égypte, en rien impliquée dans les guerres carthagino-siciliotes : définitivement, l'Atlantide de Platon est une construction mythologique extrêmement "composite", ce qui a évidemment favorisé sa dénonciation comme "pure fable" par toute une flopée de Vidal-Naquet de tout poil).]
L'"Atlantide" de Platon pourrait donc bien, en définitive, être l'allégorie d'une réalité historique étalée sur plus de quatre millénaires ; avec trois "avatars" essentiels :
- Néolithique/Chalcolithique : civilisation mégalithique, Vieille Europe ; liée à l'Orient d'origine, proto-Pélasges de la Mer Égée, proto-Cananéens du Levant ; colonisant l'Afrique du Nord qui devient "blanche" à cette époque (voir ci-après). Destruction par l'invasion yamnaya de la steppe (vers -2300/2200).
- Âge du Bronze : "complexe" trans-méditerranéen argarique-minoen-cananéen ; grande "interconnexion", "route" maritime culturelle et commerciale depuis le Proche-Orient jusqu'au Bronze atlantique du Nord-Ouest de l'Europe, en passant bien sûr par la magnificente Crète minoenne, la Sardaigne nuragique et la Péninsule proto-ibère. "Route" de laquelle un grand combat des Mycéniens sera de prendre le contrôle (ce qu'ils parviendront dans une certaine mesure à faire à leur apogée), notamment face à la Crète (leur "suzeraine" au début de leur civilisation), mais peut-être aussi en aidant l'Égypte contre les Hyksôs cananéens, ainsi qu'avec de possibles expéditions au-delà de l'Italie, jusqu'à la Péninsule ibérique (mythes herculéens) – probable inspiration "première" du récit quant à la grande "guerre". Effondrement de l'Âge du Bronze (grande catastrophe frappant également la Grèce "dans la suite" de ces événements) ; Peuples de la Mer (-1200).
- Âge du Fer (de -1000 à l'époque de Platon, "enjeux contemporains" du récit) : "monde" phénicien-carthaginois en Méditerranée occidentale ("Tartessos" et Ibères, "Libyens" berbères, Sardaigne et Corse, Étrusques alliés, Ligures, Sicile sicane et sicule, etc.) ; confronté aux colonies grecques, elles-mêmes en proie aux ambitions hégémoniques d'Athènes (et/ou à l'attrait de ses philosophes pour leur "meilleur", de leur point de vue, système politique).
Finalement inachevé (aussi bien par Solon, trop absorbé par la politique athénienne, que par Platon qui interrompt son Critias juste avant la grande et épique guerre - peut-être parce que Solon lui-même s'arrêtait justement là ?), ce récit dans sa globalité n'aura jamais pu se constituer en véritable nouveau "chapitre" de la mythologie grecque, alternatif à la tradition herculéenne ou homérique et auquel nous accorderions aujourd'hui la même valeur ; ne nous étant connu (donc) que par Platon, raison pour laquelle "on n'a (à première... et courte, zététicienne, vue) pas d'autres sources" que lui, ce qui "démontrerait" qu'il a "tout inventé"...
Mais "creuser" un peu (encore faut-il s'en donner la peine !) permet en réalité aisément de retrouver les éléments de tradition qui le composent, tant du côté égyptien que grec ; chez (on l'a dit) Diodore, du côté d'Hercule ou de la Titanomachie, etc. etc. ; et de là, rechercher sérieusement le fond historique réel de chacun.
En raisonnement probabiliste et "économique" en explications alambiquées (la probabilité d'une hypothèse est inversement proportionnelle à la quantité d'explications complexes et finalement improbables que sa démonstration nécessite : Guillaume d'Ockham), cela fait plus que se tenir...
L'Atlantide ne se réduit pas simplement (et zététiciennement) à un "conte" à visées philosophiques (bien que ce soit certes l'objet premier dans lequel Platon en parle), dans lequel "tout serait inventé". L'ATLANTIDE A BEL ET BIEN EXISTÉ... et n'est même pas, en vérité, "à découvrir", même si beaucoup de choses bien sûr, comme toujours en archéologie, le sont encore. "L'Atlantide", ce sont tout simplement 4 millénaires, depuis l'époque mégalithique jusqu'à celle où Platon couchait son nom sur le papier (bientôt suivie par les guerres puniques et les conquêtes romaines), de civilisations fascinantes à l'extrémité occidentale du monde connu des anciens Grecs ; sur lesquelles en réalité les sources antiques abondent... quelles que soient les appellations employées : Atlantide (chez Platon uniquement) ou "pays des Atlantes", "Hespérie", "Érythéia", "Tartessos" / "Tarshish" (et "Cassitérides" comme "autres îles" en naviguant encore au-delà), contrées diverses de l'Odyssée d'Ulysse et des travaux d'Hercule, des périples atlantiques d'Himilcon et Hannon, Euthymènes et Pythéas etc. ; et parfaitement connues de notre archéologie actuelle, mais qu'il reste encore à explorer et surtout valoriser suffisamment, et oser, tout simplement, identifier et formellement nommer comme telles : "c'était l'Atlantide", c'était ni plus ni moins que de cela dont nous parlait Platon ; de même que l'on a sans hésitation identifié la sublime civilisation crétoise de l'Âge du Bronze comme celle de "Minos", la puissante cité découverte par Schliemann sous la colline d'Hissarlik, comme Troie etc. etc.
La réalité est plutôt, entre nous soit dit, que l'"Atlantide pure fable" est une thèse fondamentale, pour ne pas dire existentielle, de toute une intelligentsia plus philosophico-politique que "scientifique" ; car le fait qu'il puisse réellement y avoir quelque chose au plan civilisationnel derrière la "fable" de Platon contredit le dogme "Ex Oriente Lux" dont nous avons expliqué les ressorts ici en fin de cet article ; et il en va d'ailleurs de même sur la lancinante question de l'Égypte, et du dogme qui voudrait qu'elle ne soit qu'une "lumière" apportée du Proche-Orient jusqu'au cœur de l'Afrique (car cette civilisation a "illuminé" jusqu'au cœur du Soudan, donc, de l'Afrique). Deux minutes de raisonnement logique vous suffiront à comprendre à qui, et pourquoi, est lancé cet "os à ronger" du "Croissant Fertile" comme origine de toutes les civilisations en Eurasie occidentale et en Afrique.
En réalité, le récit de Platon présente deux défauts essentiels ; outre le fait de plus que possiblement mélanger et "synthétiser" des événements en réalité multiples et étalés dans l'espace et le temps (ce que font tous les récits mythologiques), et la possibilité également que certaines informations soient inexactes voire inventées de toutes pièces : 1/ celui de donner dans un superlativisme volontaire et une "projection" de son époque (dans ce qu'elle pouvait avoir de plus fastueux) sur celle des faits qu'il évoque ; ce qui a pu conduire à égarer des générations entières dans la recherche d'une fabuleuse cité perdue remplie de trésors engloutie dans les profondeurs marines, plutôt qu'une approche "réaliste" et "civilisationnelle" ; et permis la floraison de théories farfelues qui ont durablement décrédibilisé, aux yeux de tous les zététiciens de service, la simple évocation des mots "Atlantide" ou "Atlantes" (alors que nul, que l'on sache, ne s'est gêné ni n'est gêné aujourd'hui pour appeler la civilisation crétoise "minoenne" d'après le tout aussi légendaire et fantasmagorique récit de Minos et du Minotaure...) ; et 2/ de se vouloir le récit d'une GUERRE, enfermant ainsi la question de l'Atlantide dans une logique d'opposition Occident/Orient dont peuvent être friands les adversaires (parfois pour des raisons nauséabondes) de l'effectivement fort discutable axiome "Ex Oriente Lux" ("la lumière de la civilisation est venue d'Orient") ; alors qu'il faut plutôt, selon nous et comme nous l'avons fait tout au long de cette étude, l'analyser au travers d'un "ping pong", un "tourbillon" permanent sur plus de 5000 ans entre les deux extrémités de la Méditerranée ; finissant, peut-être, par se "poser" sur le cœur géographique même du "dispositif" : l'Étrurie, l'Italie centrale, où pour finir, ROME "raflera" finalement la mise dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne.
De fait, la source que représente Diodore de Sicile et que nous verrons en bas de page ci-après, avec ses Atlantes et aussi ses Amazones, est pour ainsi dire plus instructive et intéressante encore à cet égard.
Nous espérons, en tout cas, avoir exposé ici la possibilité d'une approche tout à fait sérieuse et scientifique de cette "énigme" historique de plus de deux millénaires...
[(a) Sur ce dernier point, il serait trop long de partir dans un nouveau développement qui nécessiterait un autre article entier. Rappelons simplement qu'il y a 10 000 ans, à la sortie de la dernière ère glaciaire, le Sahara (ainsi que la Péninsule arabique) n'était pas un désert comme aujourd'hui mais une verdoyante savane arborée parcourues d'une faune africaine abondante ; ce qui pourrait encore une fois rejoindre le récit de Solon et Platon évoquant des éléphants en grand nombre (qui auraient par ailleurs pu être présents jusque dans la Péninsule ibérique, tant il est difficile de croire que l'ivoire retrouvé en abondance sur les sites mégalithiques n'ait pu être que "fossile"... il y en avait en tout cas à l'époque des Carthaginois, que ceux-ci auraient supposément "introduits" et les Romains éradiqués par la suite, bref) ; ainsi que des "taureaux" = bovidés à longues cornes ; et baignée, donc, par ce fameux grand fleuve "Tamarasset" à l'existence détectée par les scientifiques dans les années 2010, qui partait du Hoggar pour se jeter sur l'actuelle côte mauritanienne ; et de très nombreux lacs comme l'"Adrar" (voire carte), ou un Tchad 20 fois plus vaste qu'aujourd'hui :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dernière période pluviale du Sahara
https://fr.wikipedia.org/wiki/Période_humide_africaine
Dans ce cadre luxuriant évoluaient des populations humaines nombreuses, au milieu d'une abondance pour subvenir à leurs besoins qui pourrait avoir donné naissance aux mythes antiques du Jardin d'Éden, de l'Âge d'Or etc. (Jardin d'Éden baigné selon la Bible par quatre fleuves qui sont le Tigre et l'Euphrate, en Mésopotamie ; le "Gihon" qui est de toute évidence le Nil ; et le "Pishon" qui a été rapproché au choix de l'Indus voire du Gange, du Danube, des fleuves du Sud-Caucase comme le Tchorokhi ou la Koura, mais qui pourrait bien être aussi, pourquoi pas, le "Tamanrasset"...).
Chasseuses-cueilleuses comme toute l'humanité au départ, ces populations pourraient selon des datations récentes avoir développé l'agriculture et l'élevage avant même (peut-être un millénaire avant) le Croissant Fertile et l'Anatolie longtemps considérés comme leur berceau ; et nous ont laissé de célèbres et magnifiques peintures rupestres représentant leur quotidien, de multiples artefacts, poteries etc. ainsi que parfois des mégalithes, tumulus voire édifices de type torréens ; bien que les mettre à jour soit, on s'en doute, difficile dans les conditions d'aujourd'hui (sables du désert etc.) :
https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/prehistoire-sahara-neolithique-232/
L'assèchement progressif, qui s'est opéré entre -4000 et -2000 grosso modo, a conduit ces populations à migrer soit vers le sud (bassin Niger-Sénégal), où les Peuls pourraient en être les lointains descendants ; soit vers la vallée du Nil, participant à l'émergence de la civilisation pharaonique ; soit vers le nord, entrant en contact et se mêlant avec les populations ibéromaurusiennes (paléolithiques) et capsiennes (venues plus tard au Néolithique, et estimées proches des populations dites "natoufiennes" qui peuplaient le Proche Orient), et... les "Atlantes" ? En tout cas, une certitude est que le contact avec les populations venues d'Anatolie-Caucase en Europe occidentale au VIe millénaire s'est bel et bien opéré, puisque vers -5000 on trouve leur poterie cardiale caractéristique sur les côtes de l'Afrique du Nord ; et que "selon une étude de juin 2018, entre 20 et 50 % du patrimoine génétique des Maghrébins modernes serait issu des Ibéromaurusiens", mais "des fermiers de la culture de la céramique cardiale de la Péninsule ibérique, issus de l'Anatolie, seraient venus répandre le Néolithique en Afrique du Nord et contribuer au trois-quarts de l'ascendance restants" – "les Marocains du début du Néolithique sont lointainement reliés aux chasseurs-cueilleurs natoufiens du Levant (vers 9000 avant notre ère) et aux agriculteurs du Néolithique pré-poterie (vers -6500)" (en outre, "l'ADN autosomal d'échantillons marocains du Paléolithique final, du site de Taforalt, indique qu'au moins un tiers de leur ascendance provenait de populations d'Afrique subsaharienne") ; "en revanche, les Marocains du Néolithique tardif (vers -3000) partagent une composante ibérique, la même composition génétique que la culture du Néolithique méditerranéen cardial qui a atteint la Péninsule ibérique vers 5500 avant notre ère : ces similitudes génétiques et culturelles entre Ibériens et Nord-Africains néolithiques renforcent l'idée d'une immigration depuis la Péninsule vers le Maghreb à cette époque" (ou encore, autre étude, "la présence d'ADN européen chez les Nord-Africains varie, atteignant au maximum 25%, et est semblable aux populations méditerranéenne d’Europe du Sud comme les Basques et les Toscans"...) :
https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1800851115
Cette "rencontre" aurait-elle apporté une contribution majeure à la grande civilisation néolithique des mégalithes que nous venons de voir in extenso ?
Aux alentours de -3000, de surprenantes peintures rupestres du Sud algérien nous donnent à voir des femmes.... blanches, aux cheveux blonds et roux même, montées sur des bœufs ; à mettre en parallèle, peut-être, avec les débuts de l'expansion des populations claires de peau aujourd'hui caractéristiques de l'Afrique du Nord ; avec, peut-être, ces individus de "type berbère" dont un aux cheveux roux (et portant des tatouages notamment de... bovins), découverts aux portes de la vallée du Nil (Gebelein) où ils vivaient à la veille de l'émergence de la grande civilisation égyptienne (-3400) (voir aussi le surprenant site mégalithique de Nabta Playa) ; ou encore avec cet étrange haplogroupe génétique R1b-V88 originaire d'Europe où il aurait même été présent d'ailleurs dès le Néolithique, bien avant l'irruption massive des populations indo-européennes R1b, "trouvé chez des chasseurs-cueilleurs d'Europe de l'Est (Serbie etc.) d'il y a près de 10 000 ans (et) ensuite répandu avec l'expansion néolithique de la céramique cardiale, qui a établi l'agriculture en Méditerranée occidentale" (...) "chez les anciens individus néolithiques du centre de l'Italie, de la Péninsule ibérique et, à une fréquence particulièrement élevée, en Sardaigne" (plus "atlante" tu meurs, quoi...) ; et que l'on retrouve à présent "en faibles pourcentages (1 à 4%) dans le Levant, parmi les Libanais, les Druzes et les Juifs" (sur la côte quoi, chez ces Sémites de manière si peu commune NAVIGATEURS qu'étaient les Phéniciens), mais surtout au cœur du continent africain, "en Égypte (5%), chez les Berbères de la frontière égypto-libyenne (23%), les Coptes du Soudan (15%), les Haoussas (40%), les Peuls du Sahel (54% au Niger et au Cameroun)" ou encore les Toubous du Tchad (34%) ; "et parmi les tribus tchadiques du nord du Nigéria et du Cameroun (surtout chez les Kirdis), où R1b-V88 est l'haplogroupe de 30% à 95% des hommes" : "en deçà (dixit le Timée) du détroit (à l'Est de Gibraltar), ils régnaient encore sur LA LIBYE JUSQU'À L'ÉGYPTE (la moitié nord de l'Afrique jusqu'au Nil, quoi...), et sur l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie" (Sardaigne etc.)...
[Voir aussi : https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1556 - Here-come-the-brides-Reading-the-neolithic-paintings-from-Uan-Derbuaen-Tasili-n-Ajjer-Algeria.pdf
Et, à propos du R1b-V88, CET ARBRE "généalogique" du plus haut intérêt : les porteurs de cet haplogroupe semblent de fait bel et bien être originaires d'Ukraine, comme tous les R1b ; mais être un rameau qui s'est détaché très tôt, au Mésolithique, de ce berceau originel pour venir faire souche (en deux sous-clades "frères", FGC21056 et PF6362) dans les Balkans, où ils seront effectivement "embarqués au passage" par la migration néolithique anatolienne et diffusés de là dans toute l'Europe du Sud-Ouest (notamment en Sardaigne, "dernier réduit" très représentatif aujourd'hui de la génétique européenne du Néolithique) ; puis, pour certains (ici, visiblement à ce jour en tout cas, uniquement de la descendance FGC21056), prendront le chemin de l'Afrique du Nord et du "Sahara vert" ; les actuels individus africains, y compris égyptiens, ainsi que les proche-orientaux d'ailleurs, apparaissant bien comme de lointains mais CLAIRS descendants de ceux d'environ 5500 av. J.-C. mis à jour dans les Abruzzes en Italie et à Els Trocs en Aragon (Espagne), laissant donc ces deux seules origines géographiques possibles ; et par ailleurs, AUCUN ancêtre commun entre individus subsahariens et nord-africains (ou proche-orientaux) aujourd'hui ne remontant à moins de 2000 ans avant notre ère ; ce qui démontre bien leur origine commune dans une population SAHARIENNE de cette époque qui s'est dispersée lors de l'assèchement de l'actuel grand désert.
Si les populations à 80 ou 90% de cet haplogroupe résultent probablement d'"effets fondateurs" (une poignée d'hommes V88 ont "fondé" ces peuples il y a des millénaires et l'ont transmis de père en fils à toute leur descendance masculine jusqu'à nos jours), celles à "50-50" (peu ou prou) comme les Peuls du Niger ou les Haoussas sont en revanche caractéristiques de véritables "mariages" entre peuples, dont elles sont les descendantes : dans le Sahara Vert d'il y a 5000 ans, des communautés V88 d'origine européenne ont rencontré et fait alliance avec des tribus locales africaines, les hommes des unes épousant les femmes des autres et réciproquement ; le document "Here come the brides" ("Voici les promises") ci-dessus étant à cet égard instructif – on y voit clairement sur une de ces peintures d'Iheren/Uan Derbuaen, page 14, des individus noirs africains caractéristiques des populations du Sahara Vert avant l'arrivée des Européens ibériques "atlantes" ; et auxquels les "brides" étaient certainement destinées (bien que ce ne soit pas l'interprétation de l'auteur de l'étude, qui voit dans cette "composition n°6" aux hommes noirs une œuvre "sans rapport" avec les autres, mais nous assumons penser qu'il se trompe : ces fabuleuses peintures montrent bel et bien ni plus ni moins que la genèse, la "conception" de ces peuples du Sahel aux traits métissés fameux tels que les Peuls, les Touaregs - un bon tiers de V88 chez ceux du Niger - ou les Toubous - un bon tiers également - etc.).
Quant à l'haplogroupe aujourd'hui hégémonique en Afrique du Nord, E-M81, apparu environ 2000 ans avant notre ère, il descend en ligne directe d'un autre, E-L19, qui ne semble guère s'y être déployé depuis le Proche-Orient (auquel l'ancêtre commun qui le relie remonte à plus de 20 000 ans) mais dont les individus les plus anciens connus à ce jour (autour de -5000) ont au contraire été mis à jour dans le nord-ouest du Maroc, en pleine zone cardiale/mégalithique/"atlante" ; une autre branche de sa descendance (E-PF2431) présentant pour sa part des individus à la fois au nord... et au sud du Sahara (Gambie, Tchad etc., E-M81 étant, lui, apparu trop tard - vers -2000, après la désertification totale du Sahara - pour cela) ; les deux branches présentant un nombre conséquent d'individus actuels en Sardaigne : de quoi envisager là des "accompagnateurs" de V88, un autre "marqueur" et preuve de cette grande migration "atlante" vers l'Afrique, aux origines profondes de la berbérité ? (En revanche, si G2a présente des prévalences notables dans certaines populations berbères du Maghreb, ainsi qu'en Égypte, il est totalement absent au sud du Sahara, ce qui reste à creuser... selon une "intuition" confirmée par les membres d'un forum spécialisé, ce serait parce que les G2a étaient avant tout des cultivateurs qui sont donc "sagement" restés dans les régions méditerranéennes, tandis que la pénétration dans le Sahara encore un peu vert mais déjà assez aridifié a été le fait d'éleveurs, qui se trouvaient être essentiellement des communautés V88... Par ailleurs, il est également connu que le sous-lignage de M81 aujourd'hui dominant - dans les 65-70% - au Maghreb central, en et autour de la Tunisie, ne remonterait en "plus ancien ancêtre commun" qu'à environ 2200 ans, autour de -200 avant notre ère ; ce qui pourrait laisser envisager un phénomène de dépeuplement de cette région dans le très violent contexte des guerres puniques, "guerre des mercenaires" (Carthage contre les populations berbères environnantes), conquête romaine et guerres numides etc. ; puis de repeuplement par des tribus, peut-être, originaires du Maroc actuel, autre grande zone de prévalence ; ce qui serait cohérent avec le fait qu'après la chute de Carthage puis des royaumes numides, la Maurétanie demeurée indépendante prend son essor et prospère... Et que la diversité génétique ait été beaucoup plus grande auparavant, avec des haplogroupes néolithiques européens : G, I, R1b-V88, et le moyen-oriental J arrivé peut-être dès l'Âge du Bronze et encore plus avec l'expansion phénicienne ; "bagage" génétique demeuré dans l'aspect "blanc" d'une grande part de la population, dont au demeurant, 25-30% ne relève d'aucun lignage E africain ou levantin. Mais c'est encore une autre histoire, et tout cela demeure bien sûr totalement hypothétique...)]
Une autre source antique maintes fois mais assez succinctement évoquée jusqu'ici, Diodore de Sicile (90-30 av. J.-C.), nous livre à cet égard un récit absolument fascinant ; au sujet des dites "Amazones libyennes" (à ne pas confondre avec celles du Caucase, clairement associées, elles, au monde "prométhéen" kouro-araxe et dont des preuves de l'existence commencent à être découvertes) :
https://www.mediterranees.net/geographie/diodore/livre3.html#Libye
"On rapporte qu'aux confins de la terre, à l'ouest de la Libye, habite une nation gouvernée par des femmes, dont les moeurs sont toutes différentes des nôtres. (...) Selon la tradition, ces Amazones habitaient une île appelée Hespéra, et située à l'Occident, dans le lac Tritonis (on a ici très concrètement une identité parfaite entre ces "Amazones" et les Hespérides de la mythologie herculéenne, que Diodore identifie quant à lui aux "Atlantides", filles d'Atlas...). Ce lac, qui est près de l'Océan qui environne la terre, tire son nom du fleuve Triton, qui s'y jette. Le lac Tritonis se trouve dans le voisinage de l'Éthiopie (l'Afrique noire, pour les Grecs) au pied de la plus haute montagne de ce pays-là, que les Grecs appellent Atlas, et qui touche à l'Océan. L'île Hespéra est assez spacieuse, et pleine d'arbres fruitiers de toutes espèces, qui fournissent aux besoins des habitants. (...) Les Amazones soumirent d'abord par leurs armes toutes les villes de cette île, excepté une seule nommée Méné, qu'on regardait comme sacrée. Cette ville était habitée par des Éthiopiens mangeurs de poisson. Après cela, les Amazones subjuguèrent dans les environs beaucoup de tribus de Libyens nomades et bâtirent, dans le lac Tritonis, une ville qu'elles appelèrent Chersonèse d'après son aspect" : comment ne pas être (plus que) tentés d'y voir les "Dames du Tassili", à la tête d'une société matriarcale comme pourraient le laisser supposer leurs riches vêtements comparés à la tenue des hommes ; qui venant (donc) du sud-ouest de l'Europe, se seraient établies sur une île d'un grand lac ("Tritonis") du Sahara humide qui ne peut de toute évidence être QUE le lac "Adrar" ("au pied de l'Atlas", qui le sépare de "l'Océan"), alimenté par le fameux "Tamanrasset" ("fleuve Triton") !
http://ekladata.com/oP_xM5_dahpw341_s0AE51uS7c8.jpg
Ensuite de quoi, "encouragées par ces succès, les Amazones parcoururent plusieurs parties du monde. Les premiers hommes qu'elles attaquèrent furent, dit-on, les Atlantes, le peuple le plus civilisé de ces contrées, habitant un pays riche et contenant de grandes villes (en effet, Jaén, Valencina, c'est ce qu'on peut appeler "grand" pour l'époque...). C'est chez ces Atlantes, et dans le pays voisin de l'Océan, que, selon la mythologie, les dieux ont pris naissance ; et cela s'accorde assez avec ce que les mythologues grecs en racontent ; nous en parlerons plus bas en détail" : la civilisation mégalithique ibérique et méditerranéenne occidentale que nous avons vue tout au long de cette étude, dont cette migration "R1b-V88" des "Dames"-Amazones et de leur peuple était peut-être une "dissidence" (?) ; plus précisément, ses établissements en Afrique du Nord : ayant "envahi le territoire des Atlantes, elles défirent d'abord en bataille rangée les habitants de Cerné", que l'on est tenté d'identifier aux îles Kerkennah, au large de la Tunisie, mais qui pourrait aussi être une île de la côte marocaine.
Les Atlantes frappés d'effroi, un "traité" est alors passé ; suite à quoi, "à la prière des Atlantes, souvent attaqués par les Gorgones établies dans leur voisinage et qui de tout temps étaient leurs ennemies, la reine Myrina s'en fut combattre (ces dernières) dans leur pays" : très présentes dans la mythologie grecque (Persée etc.) et systématiquement situées à l'ouest de l'Afrique, ces "Gorgones" étaient peut-être une autre société matriarcale africaine, établie dans la région du fleuve Sénégal, et dont les chevelures tressées façon "dreadlocks" seraient devenues dans l'imaginaire des "serpents".
Mais le périple de Myrina ne s'arrête pas là : elle se rend ensuite jusqu'en Égypte "où elle se lia d'amitié avec Horus, fils d'Isis, qui était alors roi du pays", ce qui nous renvoie clairement à l'aube prédynastique de cette civilisation, vers le IVe millénaire ; et poursuit jusqu'au Proche-Orient (où "son" passage pourrait bien sembler attesté par ces édifices mégalithiques comme le Rujm el-Hiri, absolument fascinant de similitude avec ceux du Sahara et le "schéma" circulaire concentrique "atlante" de manière générale, ou le Rujm en-Nabi Shu'ayb, tous deux estimés à environ -3000 av. J.-C. et aux bâtisseurs toujours inconnus à ce jour, les surprenants dolmens de Jordanie, vers la même époque, ou encore Mari ou Tell el-Rawda en Syrie, "villes neuves" subitement apparues par "volonté politique" vers la même époque et à l'étonnant plan circulaire concentrique qu'Uruk par exemple, typique cité mésopotamienne quadrangulaire, ou plus anciennement Çatal Höyük, n'avaient pas), l'Anatolie et la Mer Égée, qu'elle soumet à leur tour (la "boucle" étant ainsi, si l'on ose dire, "bouclée"...) ; n'étant finalement arrêtée que par "les Thraces et les Scythes" (les civilisations des Balkans type Varna ? la culture "kouro-araxe", ou de Maïkop - auxquelles Diodore semble fortement assimiler les "Scythes" de la "première période" dans un autre chapitre ? ou déjà les premiers Yamnayas ? le moins improbable étant très certainement ces "porteurs du bronze" venus du Caucase dans la Méditerranée orientale à cette époque, dont on a vu plus haut que les civilisations égéennes, crétoise en particulier, étaient probablement "nées" de la "rencontre" avec l'influence "atlante" venue de l'Ouest - on trouve, par ailleurs, un important mégalithisme de la fin du IVe au début du IIe millénaire avant notre ère dans le Nord-Ouest du Caucase).
Une autre tradition (évoquée par Homère, notamment) la relie même... à Troie, où elle serait inhumée.
S'ensuit une longue description de ces fameux "Atlantes" sus-évoqués, aux nombreuses différences avec les dialogues de Platon, mais néanmoins très largement concordante : "Les Atlantes habitent le littoral de l'Océan, et un pays très fertile. Ils semblent se distinguer de leurs voisins par leur piété et par leur hospitalité. Ils prétendent que leur pays est le berceau des dieux ; et le plus célèbre de tous les poètes de la Grèce paraît partager cette opinion, lorsqu'il fait dire à Junon : Je pars visiter les limites de la Terre, l'Océan, père des dieux, et Téthys leur mère". "Leur premier roi" n'est plus Atlas, mais "Ouranos" (normalement, le dieu du ciel), dont l'"empire s'étendait presque sur toute la terre, mais principalement du côté de l'Occident et du Nord" ; qui civilise les peuples (il "rassembla dans l'enceinte d'une ville les hommes qui avant lui étaient répandus dans les campagnes") et leur enseigne l'astronomie ("exact observateur des astres, il prédit plusieurs événements qui devaient arriver dans le monde, et apprit aux nations à mesurer l'année par le cours du soleil, et les mois par celui de la lune"...). Atlas est un de ses fils (grand astronome lui aussi, et "bon"), tout comme Cronos/Saturne qui lui, par contre, "se fit au contraire remarquer par son impiété et son avarice" ; ces deux frères semblant incarner la "bonne" et la "mauvaise" Atlantide du Critias (Cronos "régna sur la Sicile, la Libye, et même l'Italie" - anciennement appelée "Saturnie" selon beaucoup d'auteurs antiques, "en un mot, il étendit son empire sur tous les pays de l'Occident", construisant dans ces pays "des forteresses" : les nuraghi sardes et autres castelli corses, les citadelles d'El Argar etc., symboles de l'"Atlantide militariste-agressive"... CQFD). Et Ouranos a par ailleurs un frère : Zeus/Jupiter, qui aurait été le... "roi de Crète".
L'AUTRE Jupiter/Zeus, le "vrai", l'Olympien, étant quant à lui le fils de Saturne/Cronos à qui il succédera, "soit qu'il lui eût cédé volontairement (le trône), soit qu'il y eût été contraint par ses sujets, auxquels il était odieux" ; puis qu'il vaincra alors qu'il "était venu l'attaquer avec les Titans" : on retrouve là la Titanomachie, symbole absolu de l'imposition des premiers Grecs en Méditerranée contre tous les "Atlantes", "Pélasges", "prométhéens" d'émanation kouro-araxe etc.
On voit donc bien nettement comment, après une première étape où règne (selon lui) Ouranos, "principalement sur l'Ouest et le Nord" du monde connu ce qui correspond totalement à la civilisation mégalithique ; puis Atlas ; c'est bien, avec Cronos, le monde "tyrrhénien" (Sardaigne-Corse, Sicile sicane etc.) et "pélasge" que devient l'"Atlantide" de Diodore ; "Atlantide" version "mauvaise" qui finira par s'effondrer devant "Zeus" = les premiers Grecs ; exactement comme dans tout ce que nous venons d'analyser jusqu'à présent.
Par ailleurs, dans son Livre II, XLVII, il nous parle des "Hyperboréens", habitant une "île située au nord", "au delà de la Celtique, dans l'Océan", dans laquelle "on peut voir une vaste enceinte consacrée à Apollon" (à un culte solaire), "ainsi qu'un temple magnifique de forme ronde et orné de nombreuses offrandes" : il s'agit évidemment ici, de manière absolument transparente, de la Grande-Bretagne et de Stonehenge (que les successeurs indo-européens et celtes de ses bâtisseurs mégalithiques continuaient probablement d'utiliser).
Montrant bien que, loin d'une "invention" et d'une "fable philosophique", le récit du Timée et du Critias reprenait une tradition extrêmement commune dans le monde hellénique de l'Antiquité classique (entre -500 et le début de l'ère chrétienne) ; fut-ce en "jouant" avec les noms tirés du "panel" mythologique (les différences vont justement en ce sens, de montrer qu'il ne s'agit pas de simples "copiés-collés" d'une seule source).
Quant à savoir si cette brillante civilisation située sur la façade atlantique pourrait avoit atteint... l'Amérique, il n'est bien sûr tout simplement pas possible de ne pas évoquer la fameuse CHAUSSÉE DE BIMINI, aux Bahamas ; située à environ 5 mètres sous la surface autrement dit au niveau de la mer il y à 4 ou 5000 ans ; dont les affirmations "scientifiques" qu'il s'agirait d'une formation "naturelle" peuvent paraître confiner au ridicule ; et qui au premier coup d'œil du commun des mortels, semble bien avoir tout... d'un port.
Des études génétiques récentes pourraient commencer à venir sérieusement corroborer la thèse d'une navigation néolithique :
"Cette momie d'un homme de la culture Chinchorro est datée d'environ 6 200 ans (vers 4292 - 4242 av. J.-C.) et contre toute attente, la lignée paternelle de cet individu n'appartient à aucune des lignées amérindiennes habituelles (BT, IJK, Q, P, C, F) venues d'Asie via la Béringie ou le Pacifique, mais à une lignée eurasiatique, CT-M168, qui à l'époque où vivait l'homme Chinchorro n'existait qu'en Europe et en un seul endroit de Jordanie. De fait, elle n'atteindra l'Asie centrale que des milliers d'années plus tard. La proportion d'ascendance mésolithique européenne de 21% et d'ascendance néolithique afrasiatique-anatolienne de 14% observée chez les momies Chinchorro penche en faveur d'une origine dans la Péninsule ibérique. L'étude complète peut être consultée ici."
Sur ce point, la traduction du Timée par Victor Cousin (1822-1840) semble certes peu concluante : "De cette île on pouvait facilement passer aux autres îles, et de celles-là à tout le continent qui borde tout autour la mer intérieure ; car ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port ayant une entrée étroite : mais c’est là une véritable mer, et la terre qui l’environne, un véritable continent" ; ce qui semble faire référence au continent européen bordant la Méditerranée ("mer intérieure", qui "ressemble à un port ayant une entrée étroite") ; mais celle-ci, par Émile Chambry (1864-1951), est beaucoup plus évocatrice : "De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer. Car tout ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port dont l’entrée est étroite, tandis que ce qui est au-delà forme une véritable mer et que la terre qui l’entoure a vraiment tous les titres pour être appelée continent"... des terres "en face" (de l'autre côté de l'océan ?), un "véritable continent" auquel on peut accéder via "des îles" (Canaries, Açores – voir la vidéo ci-dessous à partir de 1:23:50, Cap-Vert...), BREF...
Rappelons que l'œuvre de Diodore (encore lui) contient, livre V chapitre XIX, un passage plus que troublant : "Après avoir parlé des îles situées en deçà des colonnes d'Hercule, nous allons décrire celles qui sont dans l'Océan. Du côté de la Libye, on trouve une île dans la haute mer, d'une étendue considérable, et située dans l'Océan. Elle est éloignée de la Libye de plusieurs journées de navigation, et située à l'Occident. Son sol est fertile, montagneux, peu plat, et d'une grande beauté. Cette île est arrosée par des fleuves navigables. On y voit de nombreux jardins plantés de toutes sortes d'arbres, et des vergers traversés par des sources d'eau douce. On y trouve des maisons de campagne somptueusement construites et dont les parterres sont ornés de berceaux couverts de fleurs. C'est là que les habitants passent la saison de l'été, jouissant voluptueusement des biens que la campagne leur fournit en abondance. La région montagneuse est couverte de bois épais et d'arbres fruitiers de toute espèce ; le séjour dans les montagnes est embelli par des vallons et de nombreuses sources. En un mot, toute l'île est bien arrosée d'eaux douces qui contribuent non seulement au plaisir des habitants, mais encore à leur santé et à leur force. La chasse leur fournit nombre d'animaux divers, et leur procure des repas succulents et somptueux. La mer qui baigne cette île renferme une multitude de poissons, car l'Océan est naturellement très poissonneux. Enfin l'air y est si tempéré, que les fruits des arbres et d'autres produits y croissent en abondance pendant la plus grande partie de l'année. En un mot, cette île est si belle qu'elle paraît plutôt le séjour heureux de quelques dieux que celui des hommes".
Il en attribue la découverte aux Phéniciens, qui "tentèrent de naviguer au-delà des colonnes d'Hercule, sur la mer qu'on appelle Océan", et "pendant qu'ils longeaient la côte de la Libye, furent jetés par des vents violents fort loin dans l'Océan. Battus par la tempête pendant beaucoup de jours, ils abordèrent enfin dans l'île dont nous avons parlé"... Ce passage étant littéralement AU BORD de démontrer une navigation transatlantique peut-être 800 voire 1000 ans avant notre ère (de quelle autre "île", "d'une étendue considérable", avec des fleuves navigables et habitée, donc pas Madère, les Açores ni même les Canaries, pourrait-il s'agir sinon ?), quel argument pourrait interdire d'en envisager une autre, antérieure encore ?
Néanmoins, si ces traversées antiques nous apparaissent d'une probabilité suffisante pour pouvoir être évoquées, en ce qui concerne le récit de Platon la "piste" ici semble tout de même "périlleuse", et les évidences scientifiques encore assez minces : il y a une différence entre des traversées exceptionnelles, dont le souvenir serait resté et nous a effectivement été rapporté ; et une civilisation véritablement fondée sur des échanges constants entre les deux rives de l'Océan. Notre interprétation selon laquelle, depuis le Sud-Ouest ibérique de "Tartessos" et du "monde" ibéro-phénicien contemporain du récit, on gagnait par la navigation les "Cassitérides" = îles ou péninsules entre France atlantique et Grande-Bretagne ; face auxquelles s'étendait la grande masse continentale de l'Europe ; nous paraît encore à ce stade beaucoup plus probable.
Newgrange, Irlande, mégalithisme, IVe millénaire av. J.-C. / Tholos de Los Millares, Chalcolithique
andalou, IIIe millénaire (reconstitution) / Nécropole étrusque de Cerveteri, Ier millénaire av. J.-C. /
Mausolée numide d'Imedghassen (Algérie), IIIe siècle avant notre ère... Jugez par vous-mêmes ![(b) La diffusion des indo-européens "Yamnayas" semble aujourd'hui être un sujet assez net et à la plupart des questions tranchées.
À la base, les populations d'haplogroupe R émanent de ce que l'on appelle l'Ancien Nord Eurasien ; aux côtés de celles d'haplogroupe le plus proche, "frère" si l'on ose dire, issu de P, qui est l'haplogroupe Q... dominant chez un certain nombre de tribus sibériennes, notablement présent chez les peuples turco-mongols, mais surtout, marqueur absolu des Amérindiens, venus de Sibérie au Paléolithique par le détroit de Béring ! Eh oui : l'un des plus grands génocides de l'histoire de l'humanité, celui de la conquête des Amériques, s'est en quelque sorte perpétré entre "frères"... L'éternel retour d'Abel et Caïn.
De fait, dès 40 000 ans avant notre ère, à Kostenki (Russie) par exemple, les crânes commencent à présenter une nette physionomie "europoïde" et sur plan génétique, l'homme n°14 étudié s'est révélé "proche à la fois des chasseurs-cueilleurs paléolithiques européens et sibériens, tels que les spécimens de Sungir dans l'Ouest de la Russie, la femme de Peștera Muierii (34 kya) en Roumanie ou le jeune garçon de Mal'ta (24 kya) au sud-est de la Sibérie (Ancien Nord Eurasien), des chasseurs-cueilleurs mésolithiques ultérieurs d'Europe ("WHG") et de Sibérie occidentale, ainsi que de la population basale ancestrale des premiers agriculteurs européens" venus d'Anatolie ; mais "pas des Asiatiques de l'Est" ("mongoloïdes"), avec lesquels il représente ainsi, manifestement, "une première séparation des lignées européennes". Toutefois, d'haplogroupe C (aujourd'hui caractéristique des populations asiatiques "mongoles") et non R, ni Q, ni G ou I ou J, il constitue une "ancienne lignée aujourd'hui éteinte de population des steppes eurasiennes" qui n'est "pas l'ancêtre directe des populations suivantes de chasseurs-cueilleurs ni des populations européennes actuelles" ; dont il serait plutôt à voir comme une sorte de "grand-oncle"... Mais il n'en demeure pas moins le plus ancien représentant connu d'une évolution, vers une adaptation aux milieux naturels septentrionaux, que connaîtront également ces lignages ultérieurs.
C'est en effet là, par adaptation à la faiblesse du rayonnement solaire sous ces latitudes (qui impacte la sécrétion de vitamine D), que se situe l'origine de l'évolution physionomique vers un éclaircissement de l'épiderme (qui "arrêtera" ainsi moins, et "absorbera" plus, la luminosité) ; en un mot, des êtres humains "blancs" (des peaux plus claires que celles, noires africaines, des origines de l'humanité se sont également développées en Asie du Sud comme de l’Est, mais néanmoins pas à ce point, sauf... à ce que des mélanges avec des individus de l'Ancien Nord se produisent, notamment lors des "maximums glaciaires" comme vers -20 000, qui impliquaient nécessairement des replis vers le sud).
Une partie (plutôt les Q, manifestement), continue l'article ci-dessus, se mélangera il y a 20 à 25 000 ans avec la composante de l'Ancien Est Asiatique pour donner donc les peuples sibériens et les Amérindiens, aux traits asiatiques effectivement plus marqués encore que pas totalement "mongols", si l'on regarde bien (nez, contours du visage...). L'haplogroupe R2 s'est quant à lui déplacé plutôt en direction de l'Asie du Sud, où il constitue aujourd'hui des lignages très minoritaires.
Les populations R1, quant à elles, iront s'établir et faire souche plus à l'ouest, aux portes de ce qu'on appelle aujourd'hui l'Europe (mais qui rappelons-le, d'un strict point de vue géographique, ne signifie rien : c'est l’Ouest de l'Eurasie...) : les R1b plutôt autour de la Mer Noire ; les R1a, plutôt vers la Caspienne. Là, ces peuplades encore essentiellement chasseuses-cueilleuses, commençant peut-être à développer un peu d'élevage nomade voire à domestiquer le cheval (attesté domestiqué et utilisé par elles en Europe centrale vers -3000, en tout cas), entreront en contact, disons entre -5000 et -3000, avec les puissantes civilisations caucasiennes du contexte "kouro-araxe" et notamment celle de Maïkop, dont ce caractère de zone de contact est désormais avéré ; et à ce contact, se "civiliseront" probablement de manière notable, acquérant diverses techniques telles que la métallurgie etc. (avec pour autre marqueur possible, intéressant, de ce contact fondateur, l'haplogroupe J2b-L283, que l'on pourrait peut-être se permettre de rebaptiser "Prométhée"...). L'importance de cette vaste zone de contact, entre Caucase et steppe, pour la genèse linguistique des langues dites indo-européennes, a également été récemment soulevée par une étude scientifique.
Puis, dans le courant du IVe millénaire, des facteurs encore mal identifiés, peut-être d'ordre climatique, donneront le signal de l'expansion : les R1b vers l'Ouest, l'Europe jusqu'à ses péninsules (ibérique, Italie, Grèce) et l'Anatolie dont ils s'empareront totalement vers ou peu après -2000 ; les R1a vers l'Est et le Sud, jusqu'à l'Iran et l'Inde, "occupant" par ailleurs progressivement l'espace est-européen laissé "libre" par les R1b (c'est aujourd'hui l'haplogroupe typique des peuples slaves et on le trouve également chez les peuples germaniques, jusqu'en Angleterre).
Les "nordiques" blonds aux yeux bleus, auxquels ils sont généralement associés dans l'imaginaire collectif (mais ce trait d'égalité, comme nous allons le voir, est faux...), résultent comme on peut le voir en superposant les trois cartes qui suivent d'un mélange de populations R1b (décroissantes d'Ouest en Est), R1a (décroissantes, elles, d'Est en Ouest, étant les plus nombreuses et Pologne et Russie du Nord) et I1, c'est à dire la population la plus septentrionale des chasseurs-cueilleurs "I" d'Europe, antérieurs au peuplement anatolien néolithique.
Ce "mélange" donnera lieu à partir de vers -3000 (ou un peu avant) à la culture de la "céramique cordée" et des "haches de combat", dont on voit bien là encore le recoupement quasi parfait sur la carte, entre Scandinavie, Allemagne du Nord et pourtours de la Baltique ; même si des éléments pouvaient peut-être déjà être présents au sein de la culture antérieure (-4200 à -2800) des "vases à entonnoir", déjà un peu dans les mêmes régions (Nord de l'Allemagne, Pologne, Danemark, Sud de la Suède...).
Voilà donc pour les "nordiques", mais leur diffusion en Europe, hors de ces régions, sera historiquement tardive : en fait, à l'époque romaine... avec le déferlement des Cimbres et des Teutons sur le Nord de l'Italie et le Sud de la Gaule, puis l'offensive d'Arioviste qui sera le prétexte au lancement de la Guerre des Gaules. Elle n'est pas à confondre avec celle, aux IVe et IIIe millénaires avant notre ère, des peuples indo-européens "Yamnas" en tant que tels ; qui loin de "blonds aux yeux bleus" devaient plutôt rassembler à ceux d'entre eux qui dans l'Antiquité classique n'avaient jamais quitté leur région d'origine : les Scythes, autrement dit les Ossètes (peuple du Nord-Caucase).
Les R1b proprement dits ont surtout été majoritaires sur un autre "axe" de pénétration. Leur diffusion apparaît en effet fortement corrélée à celle d'un autre haplogroupe, E-V13, d'origine probablement proche-orientale comme la plupart des "E" mais apparu dans les Balkans, où on le trouve encore principalement implanté aujourd'hui (Kosovo et ses alentours, Bulgarie...), mais en voyant bien qu'il s'est, seul "E" dans ce cas, diffusé même en faibles proportions dans pratiquement toute l'Europe, loin de la Méditerranée.
Parce qu'il a, ce qui est le plus probable, ACCOMPAGNÉ les R1b dans leur diffusion vers ces mêmes régions ; étant certainement le marqueur d'une population antérieure à leur arrivée, présente dès le Néolithique, et qu'ils auraient "recrutée" et emmenée avec eux... parce que bons métallurgistes, par exemple ? Les Balkans, qui sont leur probable origine et leur lieu de plus forte prévalence encore aujourd'hui, sont connus pour avoir été les précurseurs dans la métallurgie du cuivre et du bronze en Europe, dès l'époque des civilisations de Varna, Cucuteni, Vinča en Serbie (où ont été retrouvés les plus anciens objets en bronze au monde) etc., au Ve millénaire avant notre ère.
Et "curieusement", l'haplogroupe R1b, dans ces Balkans où ils est nettement moins bien implanté que dans l'Ouest du continent, montre une prévalence notablement plus importante... précisément là où E-V13 est très présent également.
Il n'en faut pas beaucoup plus pour déduire que les "Yamnayas" R1b se sont, peut-être dès -4000 voire avant, "appropriés" les civilisations balkaniques et leurs forgerons E-V13 et de là, lancés à la conquête de l'Europe occidentale ; où ce seront eux qui s'empareront jusque des Îles Britanniques (où R1a et I1 sont assez peu présents et probablement liés aux apports vikings très ultérieurs ; des I1 ou un mélange R1a-I1 attaquaient peut-être déjà ces régions dans des temps très anciens, et seraient peut-être les "Fomoires" de la mythologie irlandaise, mais n'y ont pas beaucoup fait souche avant que la "Loi Danoise" ne s'impose sur une grande partie de l'archipel au IXe siècle de notre ère).
Il est aujourd'hui démontré par les études scientifiques que l'"archer d'Amesbury" (exhumé près de Stonehenge et daté de vers -2300), qui n'était pas un autochtone mais bien un envahisseur étranger, provenait très probablement des Alpes, entre Suisse, Autriche, Bavière etc.
Ainsi l'invasion des R1b apparaît-elle très clairement s'être déployée depuis les Balkans et le Bas Danube, où ils n'étaient plus tout à fait des "barbares", mais les nouveaux maîtres d'une civilisation techniquement très avancée pour l'époque (dans ce qui deviendra, en clair, le domaine "thraco-illyrien"), le long du versant nord des Alpes jusqu'aux Îles Britanniques au nord-ouest et à la Péninsule ibérique au sud-ouest ; avec une pénétration plus tardive (après -2000) au sud des Balkans (Grèce), des Alpes (Italie) et en Anatolie (Hittites etc.) où l'on verra également, comme dans l'Est de la péninsule ibérique, une assimilation assez forte aux cultures antérieures.
Ce R1b est aujourd'hui le marqueur génétique le plus fortement répandu en Europe occidentale et "alpine" et, au regard de ses régions de plus forte prévalence, mis à part le Pays Basque dont le cas (langue absolument non-indo-européenne mais R1b à plus de 75%, MAIS en dehors de cela un génome "global" portant très peu de marque "des steppes") reste en questionnement, peut de fait être considéré comme le marqueur "celtique" par excellence, même si l'on ne parlera proprement de Celtes qu'à partir du début de l'Âge du Fer, soit à partir de -1000...
En revanche, malgré quelques "noyaux" de forte prévalence en Asie centrale, il n'a guère à voir dans la diffusion de la branche indo-iranienne en Asie du Sud, qui aura principalement été le fait d'éléments R1a ; eux aussi plus tout à fait "barbares", mais longuement civilisés au contact de la civilisation bactro-margienne.]
Un documentaire qui reprend assez largement tout ce que nous avons vu ici :
Pour bien comprendre : carte des grands mouvements de population et "civilisateurs" avec leurs marqueurs génétiques (cliquer dessus pour agrandir)
Les civilisations, plus que toute autre chose – plus même que des "bassins" – sont avant tout des "routes" ; sur lesquelles vont se dresser selon les époques de plus ou moins grands "hubs" ; c'est avant tout cela qui va conduire à tel et tel endroit à se développer une civilisation, et non plus une société rudimentaire :
Et c'est ce que nous avons ici, en définitive, montré que la "civilisation atlante" était...
Mais l'archéologie académique (celle qui doit dire ce que les "vieilles barbes" mandarinales attendent d'elle si elle veut voir ses travaux validés, et percevoir ses financements) a bien sûr tendance à raisonner "bassin", et surtout, à se focaliser sur la magnificence de tel ou tel de ces "hubs" d'une période donnée ; en méprisant tout ce qui se "cache" derrière, ou du moins, en "déconnectant" les choses les unes des autres.
La Crète minoenne, par exemple, que nous avons longuement vue dans cet article : à la base, c'est la Vieille Europe, le peuplement néolithique de notre continent depuis l'Anatolie ; ce sont les Cyclades, les "Pélasges diminiens" ; point, il n'y a pas à chercher plus loin. Mais qui, par sa position de "hub" en Méditerranée orientale, véritable carrefour névralgique entre trois continents à l'époque ; au cœur d'un commerce reliant comme on l'a vu le Proche-Orient jusqu'aussi loin que l'Europe atlantique ; a atteint une magnificence inégalée en Europe auparavant et même pendant encore près d'un millénaire ensuite ; et s'est aussi, de ce fait, "orientalisée" (tout en "minoïsant", par ailleurs, le Levant et le Delta du Nil hyksôs, comme l'ont montré Cline et d'autres).
Pour autant, pas plus que son rejeton (car c'en était civilisationnellement un) mycénien, son absence d'équivalent en raffinement jusqu'à la Grèce et aux Étrusques de -700 ne doit nous dissimuler et faire mépriser tout le reste de la Vieille Europe et des civilisations méditerranéennes ainsi qu'atlantiques de notre continent, depuis le Néolithique jusqu'au début du Fer, qui sont ce qui se "cache" derrière "l'Atlantide" de Platon et Diodore !
C'est pourtant ce qui a tendance à être le cas (au point d'avoir à une époque, rappelons-le, envisagé une "origine égéenne" pour les très antérieures civilisations chalcolithiques du Sud de l'Espagne !). Car évidemment, au-delà de son raffinement civilisationnel indiscutable, la Crète minoenne fait jubiler le dogme parce que "c'est l'Orient" ; au large de la Grèce, non loin du Levant ; omphales de toute la cosmogonie gréco-biblique de notre Occident moderne ! C'est ainsi que l'île de Minos est "devenue", à elle seule, "l'Atlantide"... dans une théorie aussi bienvenue et intellectuellement confortable, qu'en contradiction totale avec les descriptions et indications géographiques des deux auteurs.
Il en va exactement de même pour l'Égypte pharaonique (sur laquelle nous vous invitons également vivement à consulter notre article qui là aussi "plie" la controverse...) ; au plus grand mépris de la "matrice éthiopienne" de cette civilisation sur laquelle toutes les sources antiques concordent pourtant.
Car en réalité, de même que "l'Atlantide" ne désigne comme on l'a vu rien d'autre qu'un "continuum" civilisationnel de 4 millénaires dans le Sud-Ouest de l'Europe, depuis l'époque des mégalithes jusqu'à la conquête de ces régions par l'Empire romain ; il y a tout autant, en Afrique du Nord-Est, un "continuum" que l'on pourra appeler koushite, ou "nilo-éthiopique", depuis Kerma puis Napata puis Méroé jusqu'à (après légère "déportation" géographique du centre de gravité vers le Massif éthiopien) Axoum etc. ; qui existe d'ailleurs encore, puisque la civilisation abyssine existe encore (Éthiopie) ; et la Haute Égypte, c'est à dire Nagada, n'était à la base ni plus ni moins qu'un "appendice" de ce continuum nilo-éthiopique originel ; qui en se conquérant avec Narmer un débouché sur la Méditerranée orientale (le grand "hub"), a atteint une magnificence n'ayant bien sûr plus rien à voir ; et s'est (elle aussi) "orientalisée" (culturellement, génétiquement et en type humain)...
Mais sa matrice était bien là, comme les auteurs grecs antiques l'ont dit et répété ; et il ne faudrait pas, là non plus, que cette "façade" resplendissante qu'est devenue l'Égypte pharaonique nous dissimule, et conduise à mépriser ce "creuset" civilisationnel millénaire entre (grosso modo) première cataracte, Massif éthiopien et Grands Lacs ; plus modeste, mais aussi fascinant qu'encore insuffisamment exploré (Doukki Gel n'a commencé à être mise à jour, sous un établissement égyptien du Nouvel Empire, qu'il y a une douzaine d'années seulement...).
Nous venons pour notre part de montrer de manière éclatante, dans cet article, qu'il faut raisonner en termes de "routes" et que "l'Atlantide" était, en réalité, avant tout une telle "route" ; depuis la Méditerranée orientale (le grand "carrefour névralgique" avec aux "avant-postes", à son contact immédiat côté européen, la Crète et la région égéenne) jusqu'au Nord-Ouest atlantique de l'Europe, en passant par Gibraltar ; dont l'enjeu pour les Grecs, tant mycéniens que de l'époque de Solon et encore de Platon, était de prendre le contrôle ; et la vallée du Nil en était bien sûr une autre, majeure, depuis la Méditerranée jusqu'au cœur du continent africain.
Car en vérité, les "Atlantides", les civilisations perdues, ne gisent pas tant sous l'eau ou sous les sables ; qu'elles ne gisent sous nos décisions qu'"il n'y avait rien" à tel ou tel endroit "avant" la civilisation que nous avons décrété y avoir été la première ; décidant, de manière générale, que tout est nécessairement "parti" des abords de la Méditerranée orientale et que ce que l'on trouve au loin n'en saurait être que des "apports" ; alors que c'est plutôt, tout au contraire, en "venant" à elle de ces "au loin" que des cultures ont développé à son contact leur quintessence ; et que "Koush", notamment, a engendré l'Égypte pharaonique...
C'est "là-dessous", sous cette ignorance voulue, que sont enfouies et que, nous l'assumons, nous pensons avoir "dégagées", aussi bien "l'Atlantide" que la réponse à cette interminable controverse de l'identité ethnique de l'ancienne Égypte.
Voilà ce que l'on peut finalement dire, en dernière analyse !
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